Lettre ouverte
Monsieur Le Préfet,
Je vous écris en tant que citoyen mais aussi père, pour dénoncer des faits qui se produisent en toute impunité dans le centre ville de Grenoble, et plus précisément dans le quartier ******.
Pour mémoire et bien que tous ces faits soient relatés dans de nombreuses plaintes auprès des services de police, je reprends pour plus de clarté dans l’ordre chronologique.
Mon fils, W., est arrivé en novembre 2015 sur Grenoble pour reprendre un restaurant situé au sis au ****** .
Le restaurant avait été auparavant squatté par ce que le langage politiquement correct appelle des « jeunes », ce qu’on aurait qualifiés de « voyous » en un temps où l’on parlait un français sensé.
Mon fils a donc entrepris des travaux fort couteux de rénovation pendant des mois, alors même que ces « jeunes » issus du quartier mais aussi venant d’autres zones de non-droit réputées de Grenoble organisaient devant le restaurant une activité de deal de drogues, accompagnée des indispensables démonstrations de force, d’intimidations liées à l’activité nocturne de ce genre de business garant de la paix sociale selon vos services.
Comme ce renouveau d’activité commerciale semblait déplaire à cette population besogneuse issue de la mixité sociale, ces derniers s’en sont pris à mon fils à de nombreuses reprises, le menaçant de casser les vitrines, de mettre le feu au restaurant, ce qui fait que mon fils a du s’installer 24 heures sur 24 dans son établissement pour surveiller et prévenir en cas de mise en œuvre de ces menaces sous condition.
Certaines nuits, ces éléments de la diversité qui nous fait du bien vivre ensemble, sont allés taper dans la porte à plusieurs reprises alors même qu’ils se livraient à leurs activités favorites de trafic de drogue et de consommation de cannabis sur la voie publique, cela en parfaite impunité bien sûr, bénéficiant en cela de la quasi immunité accordée par les pouvoirs publics si on en juge les faits.
Depuis son ouverture au mois d’avril, mon fils ainsi que moi-même avons à de multiples reprises reçu des menaces de mort sous condition, des dégradations de véhicule, de vitrines, des menaces avec voies de fait par des individus armés dont au moins deux fois de possibles armes à feu.
Occasionnant non seulement des nombreux frais suites aux dégradations, non prises en compte par les assurances pour la plupart en raison des franchises et donc restant à notre charge.
Mais en plus des fermetures du restaurant alors en plein lancement, car il n’est pas possible d’être à la fois en train de porter plainte des dizaines de fois avec tout ce que ça sous-entend de délais d’attente quand on sait qu’en moyenne il faut à chaque fois trois heures pour porter plainte, plus le temps nécessaire perdu pour réparer les dégradations faites au véhicule ou au restaurant.
Si cela ne suffisait pas, mon fils a été victime de menaces de mort sous conditions, faits réprimés et normalement jugés auprès du Tribunal Correctionnel, de la part du même individu trafiquant notoire et dûment fiché par les services de police, identifié formellement et pourtant que l’on voit tous les jours se promener en toute impunité devant nos yeux dans le quartier.
Suite aux nombreuses plaintes de la part des habitants du quartier *****, se plaignant notamment des incivilités permanentes mais aussi du bruit, une réunion s’est tenue à la mairie début juillet où une quarantaine d’habitants étaient présents ainsi qu’un responsable de la Police Nationale, un responsable du secteur Nord de la Police Municipale, une adjointe au maire, un conseiller municipal du secteur et le responsable de la sécurité de la mairie, quoique je ne sois pas sur de la dénomination exacte du poste de ce dernier vu que du point de vue de la mairie l’insécurité à Grenoble n’existe pas.
Et que nous vivons dans une métropole apaisée selon le maire Eric PIOLLE, nonobstant quelques meurtres mensuels avec des armes à feu ou des armes blanches, qu’il convient dès lors de classer dans la catégorie « arts et spectacles » sans doute… à moins que comme l’absence du port du casque à scooter cela soit une coutume locale.
Comme je viens de revenir depuis peu sur Grenoble vous voudrez bien excuser cette imprécision de ma part et la mettre sur le compte de mon ignorance des traditions dauphinoises.
Néanmoins, le bon sens me commande d’établir quelques comparaisons entre la situation que je qualifierais de « normale », celle de mon fils par exemple jeune chef d’entreprise à l’âge de 23 ans, et celle d’individus du même âge ou guère plus jeunes qui visiblement ne bénéficient pas des mêmes largesses de l’état en terme de d’imposition, de normes, et de bienveillance d’une administration pourtant si prolixe de formulaires et de paperasse.
Mon fils a investi non seulement des heures de travail, mais aussi des dizaines de milliers d’euros venant soit de sa précédente activité mais aussi il faut le reconnaître de l’entraide familiale, et il lui faudra certainement encore de nombreux mois pour avoir une activité pérenne, le temps qu’il se fasse une clientèle et si toutefois cette dernière n’est pas découragée par l’activité des dealeurs qui ont fait du quartier **** le GQG du dispatch de drogue pour le centre-ville de Grenoble.
Il faut dire que le stationnement certes légal mais bruyant d’une dizaine voir plus de « pépites de la nation » qui hurlent, braillent et cassent des bouteilles de verre juste devant le restaurant a découragé plusieurs fois des habitués de franchir ce tir de barrage pour y accéder.
Paradoxalement, comment justifier que dans le même temps où mon fils entreprend courageusement une première entreprise, que des dizaines de « jeunes » devant lui gagnent avec le trafic de drogue des milliers d’euros, sans payer ni impôts, ni charges sociales, ni CSG, ni RDS, ni CRDS, ni CFE, ni TVA, sans crainte d’une visite URSSAF, d’un rappel du RSI ni respect d’aucune norme légale ou d’hygiène.
Mais en plus font tout pour l’empêcher de travailler sereinement !
La réponse de l’état en la matière est tout simplement désespérante : de l’aveu même des policiers aussi bien nationaux que municipaux, non seulement disent qu’ils ne peuvent rien faire, mais en plus qu’ils ont reçu des consignes pour ne pas déranger ou provoquer les « jeunes » mis en cause.
Et d’aucuns dirent qu’ils n’oseraient jamais porter la main sur un voyou de peur d’être mis à pied et perdre les moyens de subsistance de leurs propres familles.
Mais aussi se plaindre du total manque d’appui de la part de leur hiérarchie ainsi que de décisions de justice totalement inadéquates qui consistent à relâcher les auteurs de troubles ou d’agressions avant même que les victimes n’aient fini de porter plainte.
Ainsi que du manque de moyen, mais sans volonté politique claire et forte soutenant sans ambages les forces de l’ordre il est évident que le problème se situe bien en amont et ne se limite pas à une question d’effectifs mais avant tout à une restauration du rapport de force et l’inversion de la peur : quand un policier a peur d’agir, il est évident que les voyous en profitent car ils sont très bien informés quand à l’impunité dont ils bénéficient.
En fait d’équité devant la loi, tout se passe comme s’il y avait une justice à double vitesse : d’un coté les gens qui respectent la loi, la paix civile, les biens privés et publics.
De l’autre ceux qui ne sont assujettis à aucune de ces obligations, et se sentent dégagés de toute forme de respect ou de devoir envers notre société.
Le message que vous (les institutions) envoyez est terrible : d’un coté une majorité de la population qui n’a que des devoirs et subit de plein fouet les conséquences de la tolérance zéro.
Le moindre kilomètre/heure dépassé sanctionné sans appel, le moindre retard de cotisations sanctionné par des amendes et pénalités, la moindre faute permettant de remplir le carnet à souches d’autant plus que les agents de l’état savent pertinemment que cette population respectueuse des lois et de l’état a peu de chances de se rebeller ou même de se montrer désagréable.
De l’autre, une population qui dégrade par plaisir ou par désœuvrement les biens publics et privés pour lesquels il semble qu’elle n’éprouve nul respect, et qui subvient de manière totalement illicite à ses besoins sans subir aucune des obligations légales et en toute impunité.
Le plus terrible est que cela semble être rentré dans les mœurs, quand on entend un responsable de la sécurité de la mairie de Grenoble déclarer devant quarante personnes, je cite textuellement, « le trafic de drogue tout le monde s’en fout ! »
Que faut-il comprendre ?
Que l’activité nuisible de certains emporte plus de droit que l’existence de ceux qui respectent les règles de notre société ?
Que faut-il croire ?
Que les politiques et l’état ont abandonné totalement ceux qui constituent le tissu économique local et qui supportent le principal de l’effort contributif ?
Que faut-il conclure ?
Que nous, les citoyens respectueux de l’état de droit n’avons plus notre place dans cette société qui nous abandonne au profit des éternelles populations à problème, pour qui depuis quatre générations on n’en finit pas de trouver d’excuses ?
15 000 entrepreneurs s’expatrient de France tous les ans parce qu’ils ne trouvent plus dans ce pays les conditions de vie nécessaires à leur épanouissement, faut-il que nous les suivions pour vous satisfaire ?
Que faut-il que je dise à mon fils ?
Que la France l’a abandonné ?
Que ce pays ne veut plus de lui ?
Que cet état le laissera toujours seul en face de problèmes de plus en plus nombreux, de voyous de plus en plus déterminés car convaincus de leur puissance par l’absence totale de réaction de l’état et de protection réelle des personnes et des biens ?
Au moins et à défaut d’avoir le courage d’appliquer les pouvoirs régaliens de l’état, ayez au moins celui de la franchise : si nous, entrepreneurs, sommes de trop dans votre pays, nous trouverons bien un autre pour nous accueillir.
Veuillez recevoir, Monsieur Le Préfet, l’expression de mes salutations respectueuses.
Noms connus de la Rédaction