Le pape François a appelé vendredi les Européens "aujourd'hui plus que jamais, à construire des ponts et à abattre des murs", à l'image des pères fondateurs de l'Union européenne, en recevant le prix Charlemagne au Vatican.
"Les projets des Pères fondateurs (de l'UE, ndlr), hérauts de la paix et prophètes de l'avenir, ne sont pas dépassés", a lancé le saint Père en adressant un vibrant plaidoyer pour l'Europe dans son discours.
Il a également exhorté les Européens à oser un changement radical de modèle, pour aller vers une Europe plus ouverte mais aussi plus sociale, au moment où, a-t-il souligné, le chômage fait des ravages en particulier chez les jeunes.
La cérémonie a eu lieu au Vatican, et non à Aix-La-Chapelle (Allemagne), où le prix est traditionnellement remis, en présence de la plupart des dirigeants de l'Union européenne, dont la chancelière allemande Angela Merkel.
S'adressant à eux, le pape argentin, qui avait déjà "secoué" l'UE lors d'un discours devant le parlement européen en novembre 2014, a critiqué une Europe "en déclin (...), qui est en train de 'se retrancher' au lieu de privilégier des actions qui promeuvent de nouveaux dynamismes dans la société".
Jorge Bergoglio a également déploré que cette UE ne se contente en ce moment que de "retouches cosmétiques ou de compromis bancals", notamment en matière d'accueil, dont il s'est fait un grand défenseur, n'hésitant pas à monter l'exemple. Au terme d'un voyage récent sur l'île grecque de Lesbos, il avait ramené avec lui au Vatican douze réfugiés syriens.
Prônant un nécessaire "dialogue", le pape a insisté sur le fait qu'il "permette de regarder l'étranger, le migrant, celui qui appartient à une autre culture comme un sujet à écouter, considéré et apprécié". Car, rappelle le pape, "l'identité européenne est, et a toujours été, une identité dynamique et multiculturelle".
S'adressant à ses invités - la chancelière allemande, les présidents du Conseil européen, Donald Tusk, de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, du Parlement européen Martin Shulz, de la Banque centrale européenne Mario Draghi, la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini et le roi d'Espagne Felipe VI-, François les a exhorté à ne pas oublier la jeunesse européenne.
"Comment pouvons-nous faire participer nos jeunes à cette construction lorsque nous les privons de travail (...) nous ne savons pas leur offrir des opportunités et des valeurs ?", a-t-il lancé.
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Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, et Martin Schulz, président du Parlement européen rendent hommage au Pape
Face à la crise des réfugiés, l’avenir n’est pas au repli sur l’Etat-nation, déclarent Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, et Martin Schulz, président du Parlement européen. Ils rendent hommage au pape François, lauréat du prix Charlemagne 2016, « symbole d’une Europe unie qui ne cesse de rappeler que nos valeurs sont notre âme commune ».
La visite du pape François à Lesbos n’était pas uniquement symbolique. En ramenant avec lui douze réfugiés syriens, il a agi beaucoup plus concrètement et avec bien plus de solidarité que nombre d’Etats membres de l’Union. Le pape nous a ainsi adressé un appel à l’action. Les homélies sur la solidarité et l’amour de notre prochain ne suffisent pas. Ces valeurs n’ont de sens que si nous les mettons en pratique.
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