Dans une interview au Financial Times, le milliardaire philanthrope George Soros, s'alarme du fait que la nationalisme, tel qu'il est selon lui porté par Moscou, soit désormais «l'idéologie dominante dans le monde», tandis que l'UE «s'effondre».
Le milliardaire américano-hongrois George Soros, à la tête de la fondation Open Society (OSF) intervenant dans la vie politique de nombre de pays, notamment en finançant des ONG pro-UE ou pro-migrants, s'alarme d'être en train de perdre la bataille idéologique qu'il mène à travers elle.
C'est l'Union européenne qui est sur le point de s'effondrer. Et la Russie est un pouvoir en pleine renaissance, basé sur le nationalisme
Dans une interview accordée au Financial Times le 15 janvier 2018, le philanthrope dresse un constat emprunt d'amertume : «L'idéologie dominante dans le monde est aujourd'hui le nationalisme.» «C'est l'Union européenne qui est sur le point de s'effondrer. Et la Russie est un pouvoir en pleine renaissance, basé sur le nationalisme», affirme-t-il, voyant dans ce constat la source de la recrudescence des blâmes et accusations à son endroit, notamment en provenance des pays d'Europe de l'Est.
Soros vilipendé en Hongrie...
Dans sa Hongrie natale, George Soros est accusé par le Premier ministre conservateur Viktor Orban de chercher à déstabiliser son gouvernement, qui s'oppose au système de quotas de migrants voulus par l'Union européenne (bien qu'il soit actuellement chahuté par son opposition, après la publication de statistiques selon lesquelles la Hongrie a accueilli 1 291 réfugiés en 2017).
Le chef du gouvernement hongrois a lancé une vaste consultation sur la question en décembre dernier, qui visait directement le «plan» supposé de George Soros, destiné selon Viktor Orban à promouvoir l'immigration en Europe d'«un million de réfugiés par an».
L'OSF milite en tout cas, de manière générale, pour une «société ouverte», dont l'ouverture des frontières et l'accueil des migrants constituent une clé de voûte.
La fondation de George Soros ne fait d'ailleurs pas mystère de son intense travail de lobbying pour faire avancer ses idéaux auprès des eurodéputés, dont elle a répertorié ses «alliés fiables» dans un document.
...comme aux Etats-Unis
S'il est fortement attaqué dans son pays d'origine, le milliardaire s'est également fait de farouches contempteurs dans son pays d'adoption. En mars 2017, des membres du Congrès américain écrivaient au secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson pour dénoncer les pratiques d'ingérence de l'OSF, pointant du doigt son activité d'agitation et de propagande en Macédoine, en vue, selon eux, d'un changement de régime. Les mêmes élus soupçonnent également George Soros d'avoir voulu influencer l'élection présidentielle américaine, puis d'avoir déclaré la guerre à Donald Trump, une fois ce dernier élu.
Je me sens plus que prêt à me battre et à défendre ce qui est juste
Mais le milliardaire de 87 ans n'a pas l'intention de baisser les armes, bien au contraire : il a décidé de faire un don de 18 milliards de dollars de sa fortune personnelle à l'OSF en octobre dernier, pour qu'elle poursuive ses combats. «Je me sens plus que prêt à me battre et à défendre ce qui est juste», conclut l'inusable financier dans les colonnes du Financial Times.
En faisant allusion précisément à l'effondrement de l'URSS, le magnat a déclaré que le moment historique actuel "est un déjà vu" et "il y aura un nouveau grand changement. A présent, l'idéologie dominante dans le monde est le nationalisme. Et l'Union européenne est sur le point de s'effondrer ".
Le spéculateur attaque Moscou et Vladimir Poutine, son ennemi juré: "La Russie a le pouvoir de ressusciter, basée sur le nationalisme", a déclaré George Soros, qui pointe le doigt vers le président russe. "Poutine ne m'aime pas", admet le magnat, décrivant une rancœur qui, selon lui, a été alimentée par les critiques du dirigeant russe et son soutien au géorgien Mikheil Saakachvili, l'ancien président arrivé au pouvoir après la révolution de 2003.
L'homme de 87 ans avait également envisagé de quitter l'Open Society Foundations mais, constatant la montée du nationalisme à l'échelle mondiale en opposition nette avec la "société ouverte" et le mondialisme dont il était le sponsor, il a récemment décidé de transférer 18 milliards de dollars. de son propre patrimoine personnel au réseau philanthropique, s'engageant à rester président pour encore cinq ans ou plus. "J'ai de la chance avec mes ennemis", a déclaré Soros. "Je me sens prêt à réagir et à défendre ce qui est juste". Au cours de la dernière année, certains dirigeants ont contesté le financement et l'ingérence de l'OSF.
En Hongrie, par exemple, M. Orbàn a promis une compagne médiatique acharnée contre George Soros et l'idéologie de l'ouverture des frontières. Une adversité que le Premier ministre a explicitée en avril 2017 aux micros de Kossuth Rádió. "Si quelqu'un veut venir vivre en Hongrie, il doit obtenir le consentement du peuple hongrois.
Il ne peut pas y avoir de loi internationale, de norme, de tribunal ou d'organisation qui puisse prétendre que ce que pense le peuple n'a pas d'importance. C'est impossible. Il y a cependant une campagne internationale très forte - note Orbàn - qui dure depuis une dizaine d'années.
Elle est liée au nom de George Soros et tente de montrer que les frontières n'ont aucun sens, que les nations n'ont pas le droit de décider ni de déterminer comment il faut vivre ".
Source
Source2 et article complet Traduction libre Schwarze Rose pour Les Observateurs.ch