Interdire la burqa dans l'espace public va trop loin. A l'instar du Conseil des Etats, le National a recommandé mercredi par 114 voix contre 76 le rejet de l'initiative de la droite dure. Les Chambres fédérales lui préfèrent un contre-projet indirect.
Seule l'UDC et une partie du centre ont soutenu ce texte au terme de plusieurs heures de débats. L'initiative populaire du comité d'Egerkingen veut interdire la dissimulation du visage dans l'espace public. Des exceptions sont prévues pour des raisons de santé, de sécurité, de climat ou de coutumes locales.
Le texte vise les femmes portant la burqa ou le niqab et veut protéger leurs droits au libre-arbitre. Le comité invoque aussi la sécurité publique, ciblant les bandes de casseurs aux cortèges du 1er mai ou les hooligans. De l'avis de la ministre de justice, Karine Keller-Sutter, les criminels ne vont pas renoncer à porter un masque parce qu'ils risquent une amende.
"Ce texte n'a pas d'effet de protection", a rappelé Damien Cottier (PLR/NE) au nom de la commission. Les maris qui contraignent leur femme à porter un voile sont déjà punis par la loi. L'initiative pourrait pousser ces hommes à interdire à leur épouse de sortir de la maison.
Vifs débats
La dignité de la femme est en jeu, a lancé Jean-Luc Addor (UDC/VS). Ceux qui s'engagent pour l'égalité de la femme doivent rester cohérent avec les principes énoncés dimanche lors de la commémoration de la grève des femmes du 14 juin 2019.
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"L'UDC veut devenir le parti de l'égalité. Mais, où était le parti lorsqu'il fallait défendre le droit de vote des femmes ou le droit au congé maternité", a répliqué Samira Marti (PS/BL). Et Irène Kälin (Verts/AG) d'arguer que ceux qui veulent s'engager pour l'égalité doivent s'opposer à la violence domestique ou pour des salaires minimaux décents.
"L'initiative ne libèrera personne", a abondé Ada Marra (PS/VD). Aucune femme de ce pays pâtira d'un non à ce texte. Aucune femme n'aura plus de droits. "L'initiative n'améliore en rien la situation des femmes", a avancé Michel Matter (PVL/GE).
L'initiative est islamophobe et populiste, a encore pointé Ada Marra. Elle amène sur le devant de la scène un problème qui n'existe pas. La femme à burqa est rare et n'est pas le prototype de la femme musulmane en Suisse. Et Sibel Arslan (Verts/BS) de rappeler que la plupart des femmes qui portent la burqa en Suisse sont des touristes.
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RTS
Nos remerciements à Victoria Valentini