C'est dans le cadre du financement des mouvements politiques des albanais de l'ancienne Yougoslavie, exilés en Allemagne et en Suisse, que sont mentionnés les premiers liens supposés avec le milieu du banditisme kosovar et le trafic de stupéfiants.
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Cette situation a changé en 1981, après les manifestations du mouvement albanais du Kosovo, qui ont donné lieu à une répression systématique et massive. Les autorités yougoslaves ont alors forcé de nombreux Albanais à émigrer vers la Suisse, l'Allemagne et les Etats-Unis. Cela a eu pour effet une augmentation du nombre d'albanophones impliqués dans le trafic de stupéfiants au sein de la diaspora.
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Cette collaboration s'est confirmée par la suite dans la diaspora albanophone d'Europe occidentale, les Albanais y travaillant pour les Kosovars, notamment en Allemagne et en Suisse de 1992 à 1996. Le surnom « Tirana boulevard » donné à l'axe Bel-Air-Chaudron à Lausanne est un exemple parlant, désignant ainsi le lieu où s'effectue la distribution locale d'héroïne. L'implication croissante de jeunes Albanais d'Albanie dans les réseaux helvétiques du trafic de drogue a permis aux groupes albanophones de conquérir exclusivement le marché local de l'héroïne et de diversifier leurs filières. Selon le rapport de l'Office fédéral de Police helvétique de 1998, les Albanais, originaires d'Albanie ou d'ex-Yougoslavie, arrivent en tête de tous les cantons pour la vente d'héroïne tandis que leur implication dans la distribution de cocaïne est en pleine augmentation.
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Bénéficiant d'une expérience plus longue que leurs homologues d'Albanie, les trafiquants albanais de l'ex-Yougoslavie participent dès le début des années 1990 à d'importantes affaires de trafic de stupéfiants, principalement en Suisse et en Allemagne. Dès octobre 1990, les autorités fédérales helvétiques lancent l'opération « Benjamin », visant à stopper un trafic d'héroïne organisé par des Albanais du Kosovo. Cette opération, impliquant huit pays d'Europe centrale et occidentale, a révèle que les mêmes réseaux convoyaient des armes à destination du Kosovo.
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Les têtes pensantes d'une partie de ce trafic semblent se trouver en Allemagne et en Suisse, confirmant le rôle moteur et structurant des groupes de la diaspora pour les organisations criminelles albanophones de l'ex-Yougoslavie. L'héroïne provient de Turquie et rejoint ensuite l'Albanie ou le Monténégro.
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Journals.openedition.org
Cette étude date de 2001 mais qui elle met en lumière comment nos autorités nous ont mis devant le fait accompli (en toute connaissance de cause) tout en nous traitant à la moindre occasion de "racistes".
Or nos autorités savent aussi que la diaspora albanaise fait office de pompe aspirante en direction de notre pays. Dans son rapport de 2010, la Confédération note les éléments suivants :
- La plupart des migrants kosovars choisissent leur partenaire au sein de leur propre groupe ethnique. Souvent, ils retournent au Kosovo à cette fin.
- Ils se rencontrent surtout dans des communautés à structure éminemment patriarcale et traditionaliste, de croyances diverses
- Pour la majorité des jeunes gens vivant au Kosovo, le mariage est la seule voie de migration légale. L’on notera à cet égard que les candidats vivant en Suisse sont prisés.
- les trafiquants originaires d’Albanie et du Kosovo – dont beaucoup de mineurs – ont été particulièrement actifs, pendant les années 1990, sur le marché de la drogue en Suisse.
- L’on constate néanmoins des divergences dans le type de délits commis, avec une plus grande fréquence des délits de violence chez les mineurs étrangers (Eisner et al. 2006; Steiner et al. 2005 : 39). Ce constat se vérifie pour les jeunes Kosovars. Selon les experts interrogés, les faits reprochés sont souvent l’implication dans des bagarres ou des actes d’intimidation dans les cours de récréation ou pendant les loisirs.
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