Le livre de contes LGBT pour enfants qui a indigné la Hongrie

La Hongrie est secouée depuis le mois de septembre par la sortie d’un livre de contes pour les tout petits, «Le pays des merveilles appartient à tout le monde». (Les Observateurs en ont déjà parlé ici et ici.) Les auteurs sont un couple de lesbiennes et le livre est financé par le lobby LGBT. Les récits sont en vers, dans le style le plus classique des contes hongrois, mais dénaturés par la promotion LGBT.

Ainsi, un des contes parle d’un prince triste et paresseux qui tarde à se marier. La reine-mère organise une grande fête pour y inviter les prétendantes, afin que le prince puisse choisir sa femme. Mais lorsque la princesse d’Autriche arrive au bras de son frère, un échange de regards suffit pour déclencher une passion amoureuse non pas avec la princesse, mais avec son frère. Le prince est enfin heureux, le mariage est somptueux, les deux hommes vivront l’amour véritable jusqu’à ce que la mort les sépare.

Les contes classiques qui ont traversé les générations, comme Cendrillon,  finissent maintenant avec un happy end lesbienne et les enfants pauvres du tiers monde sont dorlotés par des familles hongroises.

D’autres contes évoquent la possibilité de changer de genre avec l’aide d’une bonne fée. Un garçon qui préférerait devenir fille afin de pouvoir porter de jolies robes est aidé par un coup de baguette magique. Une biche, née dans un mauvais corps, veut devenir un cerf et se voir pousser de jolis bois, pour avoir enfin l’apparence de ce qu’il est réellement.

Une autre déviance de ces contes classiques remaniés concerne leur fin: ce n’est plus forcément le gentil qui triomphe à la fin. Cela doit laisser les petits pantois, pour ne pas dire plus: la fonction réparatrice et rassurante des contes classiques laisse place à un sentiment d’inquiétude.

La gauche et le lobby LGBT ont tout naturellement salué le livre, évoquant son côté curatif et pédagogique qui inciterait à la tolérance et permettrait aux personnes concernées de se sentir moins isolées grâce à ces contes. (Vidéo en hongrois: interview des deux auteures.)

Depuis des semaines, les médias de gauche invitent continuellement les auteurs de ces livres, interviews et débats se succèdent pour défendre l'idéologie progressiste, évoquant l'argument que le livre favorise l'apprentissage de l'empathie et de la tolérance.

Certains enseignants et responsables de garderies ont acheté plusieurs exemplaires, qu’ils utilisent déjà comme support pour des exercices interactifs online que le livre propose à la dernière page. Ces exercices servent à vérifier que les enfants ont bien intégré les possibilités sous-entendues dans les contes LGBT.

Les lobbies LGBT nient catégoriquement que ce genre de propagande puisse influer sur la formation de l’identité d’un enfant en bas âge, en dépit du bon sens et des statistiques bien connues qui vont dans le sens contraire.
En effet, des statistiques alarmantes venant des pays où les manipulations de genre sur mineurs sont déjà répandues devraient faire comprendre qu’une catastrophe civilisationnelle est en cours.
Par exemple, dans une clinique en Grande-Bretagne, il y a eu en 2009 environ 100 demandes de mineurs pour un changement de genre, et en 2017, 2000 enfants ont reçu des «traitements» de genre. Cette augmentation spectaculaire en dix ans est constatable partout en Occident. Les réseaux sociaux et Youtube contribuent largement à booster cette mode et, ô miracle, la censure n’agit jamais contre cela.

Pire: des études récentes montrent que c’est via l’éducation sexuelle obligatoire que les troubles d’identité sexuelle et l’homosexualité ont connu une augmentation vertigineuse.

*

Extrait d’un article paru dans un journal hongrois récent: Le nombre des jeunes se disant hétérosexuels diminue dramatiquement en Occident

[...] Aux USA, seulement 70 pour cent de la tranche d’âge qui a bénéficié de l’éducation sexuelle se déclare maintenant hétérosexuelle.

Proportion de femmes et d’hommes hétérosexuels en 2016, par classe d’âge:

En abscisse, l’année où ils ont terminé l’école élémentaire.

Statistique publiée par David Shor, https://twitter.com/davidshor/status/1311108549116919810

Proportion de LGBT parmi les garçons (en haut) et les filles de 18 à 20 ans

[...] Ce graphique a été publié en septembre sur Twitter par David Shor, responsable de la section d’analyses politiques à l’institut d’analyses statistiques Civis Analytics. Le résultat est contesté par beaucoup, mais il est corroboré par une enquête du Williams Institute de l’UCLA menée sur un échantillon de 350 000 personnes, https://williamsinstitute.law.ucla.edu/visualization/lgbt-stats/?topic=LGBT&area=6#density

Il s’avère aussi que les États à majorité républicaine sont pour la plupart épargnés par le phénomène: ce sont justement ceux où l’éducation LGBTQ n’est que facultative et ne fait pas partie d’un programme scolaire obligatoire.

Les résultats montrent également:
– que dans certains États, plus de la moitié des filles appartiennent déjà à une minorité» sexuelle, c’est-à-dire que celles-ci sont plus nombreuses que celles qui ont une «identité» saine - pour autant que l’hétérosexualité puisse être qualifiée d’«identité».
– que dans certains États, un adolescent sur dix veut devenir une femme ou a déjà pensé qu’il était né dans le mauvais corps.
– que le phénomène évite non seulement les États où il n’y a pas d’idéologie de genre intégrée dans l’enseignement scolaire, mais évite également les générations qui ont encore eu la chance de ne pas avoir à subir un tel programme.

En résumé, à la suite de la propagande homosexuelle, la proportion de la population LGBTQ a doublé en trois ans et augmenté de huit fois en vingt ans.

(Fin de l’extrait.)

*

L’opinion publique hongroise, non seulement n’a pas suivi la propagande massive de la gauche pour la promotion du livre en question, mais elle a fait connaître son refus total par des pétitions. Des jardinières d’enfants, des enseignants, des parents ont écrit massivement pour demander la destruction des livres.

Une politicienne du parti «Notre Patrie», Dora Duro, a organisé le broyage du livre. Cette manifestation, diffusée par les médias, a déclenché une avalanche de réactions, voire des menaces de morts contre cette mère de quatre enfants.
Les médias de gauche ont fait immédiatement le parallèle avec les Nazis, qui a fait des autodafés de livres en Europe. Notons qu’aucun de ces médias ne s’est indigné lors du déboulonnage de statues qui représentent notre héritage culturel, ni n’a eu un mot pour églises détruites ou vandalisées.

https://www.youtube.com/watch?v=4lRSC97sO54

Environ 70’000 courriers, contestations et signatures sont parvenus au gouvernement hongrois via la pétition de citizengo.org demandant d’interdire la lecture de ce livre aux petits, ce qui prouve que le peuple hongrois est majoritairement derrière Orban et que le système immunitaire du pays est fort.

Un enfant de 3 à 6 ans n’a pas encore acquis la maturité nécessaire pour juger ce genre de contes avec du recul, son identité est en formation, exploiter cette fragilité est une forme de viol, de l’abus à l’état pur.
Les Hongrois ne veulent pas que l’homosexualité soit présentée aux enfants comme une option normale et encore moins que la possibilité de changer de genre passe pour un choix naturel.

Prôner la tolérance est une chose, mais changer les normes sur lesquelles la civilisation est bâtie et nier la biologie en sont une autre.

Il est intéressant de constater que cette confusion entre tolérance et normalité n’est pas acceptée aussi facilement dans les pays de l’Est qu’en Occident. Dans la tête d’un Hongrois moyen, une dysfonction ne doit pas être enseignée aux enfants comme la normalité. Les gens ne sont pas homos ou hétéros au même titre que blonds ou bruns.
L’homosexualité, que ce soit dans le monde animal ou humain, est considérée comme une dysfonction, tandis que la normalité, ce qui correspond à la majorité, c’est l’hétérosexualité.

Personne ne naît dans un mauvais corps. Ce slogan, «être né dans le mauvais corps», est passé comme une lettre à la poste en Occident, mais ne passe pas du tout avec la mentalité hongroise. La dysphorie de genre est un trouble mental et rien de plus. La biologie détermine le genre avant la naissance jusqu’au plus profond de nos cellules, de notre chimie, de notre formation physique et mentale.

Et pour être conséquent de la vision hongroise, le gouvernement hongrois a récemment décrété qu’une personne qui veut changer de genre ne pourrait plus faire valider le changement à l’état civil.
En dépit de la nouvelle apparence fabriquée à coups d’hormones et de bistouri, une femme va demeurer officiellement une femme et un homme va rester un homme.

Très certainement, après l’expérience de ce livre LGBT pour enfants, le gouvernement va se munir de dispositifs juridiques pour mieux protéger les enfants d’abus similaires.
Il est prévisible que l’UE et le lobby LGBT vont fortement s’indigner, mais les Hongrois n’en sont plus à ça près.

Une vaste étude scientifique récente a démontré que personne ne naît avec des gènes homosexuels. Le «gène gay» n’existe pas: https://www.breitbart.com/politics/2019/08/30/study-there-is-no-single-gay-gene/

Il faut savoir que dans la culture hongroise, les gens ne s’occupent pas des pratiques sexuelles les uns des autres. Pour comprendre la différence de mentalité avec nous, voici un exemple: le 7 octobre, la RTS a programmé une interview dans l’émission Forum sur les bienfaits de la masturbation. Ce genre de mélange des genres débilisant ne passerait jamais en Hongrie dans une émission consacrée à l’actualité politique.

Orban confirme dans son interview du 2 octobre que la Hongrie est un pays sans pudibonderie, traditionnellement tolérant envers les homosexuels, mais que la ligne rouge à ne pas franchir, c’est de toucher aux enfants.

La religion est moins déterminante en Hongrie qu’en Pologne, l’homosexualité n’y est pas une question morale mais une affaire privée entre adultes responsables. On peut considérer qu’en Hongrie, le respect de la dignité des gens différents est une chose déjà acquise mais l’instrumentalisation des minorités pour la diffusion d’une idéologie, dans le but d’obtenir des changements politiques, ne passe pas.

La focalisation sur les LGBT est en dissonance avec les préoccupations des Hongrois, un corps étranger de plus importé de l’Occident avec le marxisme culturel, pour en faire artificiellement un problème de société.
La majorité des gens considèrent les manifestations Gay Pride avec une certaine agacement, car la sexualité est une affaire privée.
Par contre, toucher aux enfants soulève une indignation générale.
La population s’accorde majoritairement sur la notion traditionnelle de la famille, du mariage et sur la façon d’éduquer les enfants.

Le sens du bien et du mal de notre civilisation, depuis des générations, avait aussi été formaté, renforcé, par les contes de la petite enfance, où il y a un papa, une maman et où les gentils finissent par gagner et les méchants finissent par être punis, cela fait partie de notre ADN culturel.

Mais le marxisme a besoin de renverser la table pour que son règne vienne. Cette idéologie cherche par tous les moyens à faire table rase du passé, et dans ce but, elle veut formater les enfants avec ses valeurs hors sol et totalement dénaturées. Cela donne, comme nous pouvons déjà constater sous nos cieux, une jeunesse manipulable en perte d’identité et de repères solides qui est très sensible à toutes les modes qui passent.

L’Union Européenne utilise tous les moyens de pression possibles pour transformer les pays plus traditionnels de l’Europe de l’Est à l’image de l’Ouest, où le multiculturalisme et les «progrès» des LGBT sont déjà entrés dans les mœurs. Le gouvernement hongrois a inscrit dans sa Constitution que le mariage est entre un homme et une femme, ce qui est considéré comme illicite par l’UE et la CEDH.
Les pays de l’Est refusent en général l’idée du mariage LGBT, de la procréation assistée pour les homosexuels ou de leurs droits à l’adoption. Des conflits et rétorsions sans fins entre l’UE et la Hongrie sont à prévoir.

Les pays de l’Est sont parfaitement au courant des problèmes insurmontables que le marxisme culturel a engendrés à l’Ouest, et ils n’en veulent pas.

La lutte devient de plus en plus difficile, et la génération Tik Tok semble déjà être davantage sous influence que la précédente.

L’UE est persuadée qu’elle arrivera à faire plier les Hongrois, et les Hongrois sont persuadés que l’UE va droit dans le mur. Pour le moment, chacun campe sur ses positions, les paris sont ouverts non pas sur comment cela va finir mais comment cela va mal finir.

Outre les pressions incessantes de l’UE, les médias de gauche, la tyrannie LGBT, l’imposture de la migration, l’infiltration de l’enseignement par le marxisme culturel, un sixième adversaire s’active à détruire notre civilisation, ce sont les organisations droit-de-l’hommistes. Et nous ne parlons pas ici que des ONG financées par Soros, mais aussi d’organisations de la taille de l’OMS ou de l’UNESCO, qui ont une réputation de défenseurs de l’humanité. Récemment, l’UNESCO a mis dans son programme l’éducation sexuelle des enfants dès 4 ans, qui enseigne la masturbation. L’OMS veille également aux droits LGBT des tout petits.

Forcer des pays traditionnels comme ceux d’Europe de l’Est à changer de fond en comble les bases sur lesquelles leur civilisation millénaire est bâtie, c’est un appel à rejoindre l’Ouest dans un suicide collectif.
En 2004, quand la Hongrie et la Pologne sont entrées dans l’UE, elles n’ont pas signé pour accepter les critères délirants d’aujourd’hui: les dérives idéologiques se sont rajoutées ultérieurement à la construction européenne.

En Suisse, des livres et d’autres productions culturelles pour enfants qui font la promotion LGBT bercent les enfants depuis des générations. Les lobbys LGBT sont très efficaces pour obtenir des changements sociétaux qui vont dans leur sens et rien ne semble leur suffire.

Dans les villes de Suisse romande, il est particulièrement frappant de voir de plus en plus des jeunes couples de même sexe.
Nous savons également qu’il y a une explosion des cas médicaux de «traitements» de genre: toutes ces dérives sont une forme de stérilisation. Ces facteurs se cumulent avec le remplacement de population par des religions et cultures incompatibles mais à forte fécondité, accélérant encore la disparition des allogènes. Voir la Hongrie se battre pour se préserver du délabrement morale et démographique nous pousse à réfléchir. Comment et pourquoi en sommes-nous arrivés là? Est-il encore possible de renverser la vapeur?

Cenator

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Arnaque Erasmus : l’UE veut que les pays riches payent davantage

À la suite de l’acceptation de l’initiative sur l’immigration de masse, en février 2014, les négociations pour l’association de la Suisse à Erasmus avaient été suspendues. Le Conseil fédéral avait donc dégainé un plan B, concrétisé dans le Swiss-European Mobility Programme (lire l’encadré).

Et alors que l’UE envisage de faire payer davantage les pays riches – en fonction du PIB – pour la période 2021-2027, ils sont de plus en plus nombreux sous la Coupole à se demander si une réintégration au programme européen vaut la peine. «Il faudra analyser la situation sans a priori, plaide Isabelle Chevalley (PVL/VD). Et regarder quelle solution a le meilleur rapport qualité-prix. Je n’ai aucun dogme avec Erasmus.»

[...]

Tribune de Genève

Vienne : 59% des élèves ne parlent pas l’allemand dans leur vie quotidienne

Susanne Wiesinger n'est plus médiatrice pour les questions culturelles au sein du ministère de l'éducation. Son livre "Machtkampf im Ministerium" est à l'origine de la situation.

"Catastrophe dans la politique de l'éducation"

Son livre intitulé "Lutte de pouvoir au sein de l'école" a fait sensation en 2018. La pédagogue y critiquait les sociétés culturelles parallèles dans les écoles. Son nouveau livre "Machtkampf im Ministerium" (Lutte pour le pouvoir au sein du ministère) fait également parler de lui. Elle y porte un regard critique sur le ministère de l'éducation.

[...]

Sa conclusion donne matière à réfléchir : "Chaque jour, une catastrophe éducative se produit dans nos salles de classe. Les enfants sont trop souvent les dommages collatéraux d'une politique idéologique aveugle. La ligne de parti est souvent plus importante qu'une aide réelle en faveur des élèves".

Ce nouveau livre met en évidence les problèmes croissants dans les écoles autrichiennes. Par exemple, les enfants immigrés de la deuxième et de la troisième génération ne parlent souvent pas suffisamment l'allemand pour obtenir un certificat de fin d'études.

 

 

Les droits des femmes et des minorités sont ignorés en raison d’une tolérance déplacée ou de lignes partisanes. L’antisémitisme de la part des élèves musulmans est également en augmentation. Les enseignants sont abandonnés face au problème.

La proportion d’élèves utilisant une langue parlée autre que l’allemand dans les écoles publiques a considérablement augmenté ces dernières années. Comme le montrent les statistiques scolaires pour 2018/19, la proportion d'élèves ayant une langue familière non allemande a augmenté de 39 %, de 40 % à l'école primaire AHS (entre 10 et 14 ans) et de 59 % à l'école secondaire AHS (école secondaire d'enseignement général).

La situation est particulièrement alarmante dans les écoles primaires de Vienne : 59 % des enfants ne parlent plus l'allemand dans la vie de tous les jours. Dans toute l'Autriche, 31 % des élèves utilisent une autre langue que l'allemand dans leur vie quotidienne.

En tant que responsable l'Office de médiation, Susanne Wiesinger a eu environ 160 entretiens avec des centaines d'enseignants durant son mandat. Le rapport de l'Office et les recommandations qu'il contient à l'intention des responsables politiques sont prêts. Toutefois, on ne sait pas encore si et comment ce rapport sera présenté.

Le ministre de l’éducation, Heinz Faßmann, s’est montré "surpris" et "irrité" par ce livre qui contient des révélations. L’ÖVP considère son comportement comme un "abus de confiance", Susanne Wiesinger a davantage été "une taupe qu’une médiatrice", a-t-il ajouté.

(Traduction libre Schwarze Rose pour Les Observateurs.ch)

USA : Les écoles de Seattle veulent dénoncer l’appropriation des mathématiques par les Occidentaux

Le district scolaire de Seattle prévoit d’introduire dans toutes les classes de mathématiques (de la maternelle à la 12e année) des questions d'études ethniques qui incitent les élèves à explorer la manière dont les mathématiques ont été « appropriées » par la culture occidentale et utilisées dans les systèmes de pouvoir et d'oppression. Une initiative controversée qui met le district à l’avant-garde d’un mouvement de «réhumanisation» des mathématiques.

Le cadre proposé par le district décrit les axes de discussion que les enseignants devraient intégrer à leurs classes. L’un conduit les élèves à explorer les racines des mathématiques «dans l’histoire ancienne des peuples et des empires colorés». Une autre demande comment les mathématiques et les sciences ont été utilisées pour opprimer et marginaliser les personnes de couleur et qui détient le pouvoir dans une classe de mathématiques.

Un autre thème met l'accent sur la résistance et la libération, en encourageant les élèves à reconnaître les pratiques mathématiques et les contributions de leur propre communauté, et en examinant comment les mathématiques ont été utilisées pour libérer les gens de l’oppression.

[...]

(Traduction libre Schwarze Rose pour Les Observateurs.ch)

Edweek.org

Pendant que la Confédération donne des milliards pour l’asile, Lucerne ferme ses écoles pour économiser

Lucerne: Le canton ferme ses écoles pour économiser 4 millions

Cette semaine supplémentaire de vacances permet au canton d'économiser 4 millions de francs. Pendant cette période, les enseignants ne sont pas payés.

«Vacances forcées»

Les opposants parlent de «vacances forcées». L'association des élèves du secondaire vlm et le syndicat des services publics SSP/VPOD protestent contre cette mesure pendant toute la semaine sur la Place du théâtre à Lucerne.

Le canton économise le salaire des enseignants sur le dos des élèves, peut-on lire sur un tract distribué lundi par vlm et le SSP. Cette mesure est considérée comme la plus indigne d'une longue liste d'économies imposées aux écoles lucernoises.

Source via le Facebook du PNS

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Rappels:

Les coûts de l’asile doubleront d’ici 2018

Lucerne dénonce une politique d'asile "trop généreuse" pour les Erythréens. Sommaruga prend leur défense

 

 

Pour une école développant de véritables compétences!

J’ai déjà traité par le passé de la question du rapport entre compétences et connaissances. Plus exactement, ma réflexion portait alors sur l’importance à accorder aux connaissances et à leur mobilisation pour développer une compétence. Tests internationaux à l’appui, je démontrai que, contrairement à ce que l’on veut nous faire croire de nos jours, la meilleure manière de façonner des élèves compétents était de leur fournir des connaissances.[1]

Je vais maintenant essayer, études expérimentales à l’appui, d’approfondir un peu la question des compétences, d’élaborer une distinction entre véritable compétence et illusion. Cela nous amènera à nous réfléchir sur les chemins à emprunter pour développer l’expertise chez nos élèves et sur les apports concrets que leur apporte celle-ci.

A l’époque, j’ai défini une compétence comme une « capacité à mobiliser et articuler diverses connaissances afin de résoudre un problème »[2]. Cette façon de voir les choses est d’ailleurs plus ou moins acceptée par le grand pape genevois de l’approche par compétences Philippe Perrenoud pour qui une compétence est une « faculté de mobiliser un ensemble de ressources cognitives (savoirs, capacités, informations, etc) pour faire face avec pertinence et efficacité à une famille de situations. »[3]

Divergences sur les finalités de l’école…

Cette convergence n’est que fort temporaire. D’emblée un certain nombre de différences nous séparent irréductiblement. Pour tout dire, la plupart d’entre elles séparent même Perrenoud des données fournies par les sciences expérimentales, le reléguant ainsi au stade de théoricien du café du commerce.

La première raison pour laquelle Perrenoud et les adeptes de l’approche par compétence ont tort réside dans les finalités attribuées à l’école. Ce point est incontournable puisque de là découle la nature des compétences qu’on peut envisager de travailler dans le milieu scolaire. Je précise qu’il s’agit bien là de l’école obligatoire et pas d’autres stades dont la dynamique est radicalement différente. Perrenoud insiste sur la nécessité de promouvoir à l’école ce qui sera utile dans la vie quotidienne, sociale ou professionnelle. Cette vision est insuffisante pour au moins deux raisons. Tout d’abord, apprendre quelque chose d’immédiatement utile est à la portée de tous et ce sans trop de difficultés. Lorsque l’être humain est confronté à une situation et que la nécessité s’en mêle, il apprend relativement facilement ce qu’il a besoin de savoir pour surmonter l’obstacle.

Au sujet de l’utilité, Perrenoud est doublement dans l’erreur car l’évolution nous a façonné de manière à ce que nous acquérions certaines compétences dites primaires sans faire d’effort particulier, inconsciemment et très rapidement. Ce sont les compétences qu’on retrouve à chaque époque de l’humanité comme résoudre des problèmes ou communiquer dans sa langue maternelle.[4] Une école qui suivrait les préceptes de Perrenoud est donc une école dont l’unique ambition est de fournir ce que la nécessité et la vie nous amèneront quasi automatiquement. Autrement dit, et paradoxalement, une école inutile dont on peut se débarrasser sans trop de scrupules.

Si on excepte les incontournables fondamentaux, c’est tout au contraire dans…l’inutilité directe de ce qu’elle enseigne que l’école doit aller chercher son intérêt. Afin de servir au mieux la société et les individus qui la composent, elle se doit de mettre à leur disposition du potentiellement utile et non du directement utile. Elle doit permettre aux personnes qui la fréquentent de répondre de manière plus que minimale aux différentes situations qu’elles rencontreront. Travailler l’utile, c’est offrir le strict minimum. Un plancher que quasiment chacun atteint de toute façon. A l’inverse, l’école doit donc permettre l’ouverture de nouveaux horizons, de répondre avec créativité aux divers défis rencontrés durant l’existence.

Il n’est pas possible de prévoir à l’avance ce qui pourra être utilisé de manière créative dans telle ou telle situation pour la simple et bonne raison qu’alors il n’y aurait tout simplement plus de créativité. On peut en revanche se dire que des savoir ou savoir-faire depuis longtemps éprouvés et acceptés sont des bases stables qui seront toujours potentiellement utilisables dans un futur plus ou moins proche contrairement à la nouveauté et à l’actualité dont la durée de vie se compte bien souvent plus en mois qu’en années.

Ces contenus trouveront tout leur sens dans des situations qui, à priori, ne semblent pas nécessité leur apport pour être traversées. Aucune innovation ne sort du néant. Elles sont toutes le fruit d’une analogie originale que l’esprit a réalisé entre ce qu’il vit et une connaissance d’un autre type qu’il possédait au préalable[5] Par exemple, ce sont ses connaissances en mathématiques qui ont permis à Einstein, par analogie, de développer ses principales découvertes en physique. Or, à priori, les équations mathématiques en question n’auraient dû lui être d’aucune utilité dans son domaine. Mais c’est parce qu’il les connaissait, qu’il a émis un rapprochement original entre celles-ci et les problèmes qu’il rencontrait, qu’il a pu changer sa manière de voir la situation et de développer ainsi quelque chose de radicalement novateur.[6] Il ne s’agit là que d’un exemple bien spécifique, mais le principe est valide pour toute situation de créativité.

De tels bonds qualitatifs vers l’avant ne sont possibles que si des savoirs et savoir-faire sont parfaitement maitrisés par les individus, sans quoi ils ne sont tout simplement pas capables de les réinvestir dans des contextes originaux. Voilà le rôle décisif que l’école peut et doit jouer pour permettre aux personnes, aux entreprises qu’ils fréquenteront tout comme à la société qu’ils composent d’évoluer.

sur la manière d’atteindre la compétence…

Si travailler des compétences utiles couramment n’a que peu de sens pour une école de qualité, la volonté affichée par Perrenoud de faire travailler et entraîner aux élèves la mobilisation des capacités et connaissances pour elle-même n’en a pas beaucoup plus. Il s’agit là d’une fausse bonne idée supplémentaire dont les théoriciens des approches constructivo-compétentes ont le secret.

En posant un regard superficiel sur la question, on peut effectivement penser que la coordination et la mise en pratique d’une multitude d’éléments dans un environnement complexe devraient être exercées pour elles seules. Mais les recherches menées en psychologie cognitive ne semblent pas soutenir cette hypothèse. Dès les années 60, des travaux ayant pour objet de recherche les contrôleurs aériens ont démontré que ceux-ci avaient beau travailler quotidiennement dans des univers extrêmement complexes et gérer de grosses quantités d’informations, ils n’étaient pas meilleurs que le commun des mortels dans des tâches de gestion de grosses quantités d’informations d’une nature différente à celles dont ils avaient l’habitude[7]. En revanche, dès que des contenus connus préalablement sont réinjectés dans l’expérience, ils reprennent un net avantage sur le reste de la population[8]. Autrement dit, travailler régulièrement en mobilisant diverses connaissances et capacités dans des situations complexes n’améliore en aucune façon l’aptitude à gérer cette même complexité dans d’autres domaines. Il n’y a aucun transfert d’une éventuelle capacité de mobilisation. On ne développe pas de nouvelles capacités stratégiques ou autres en se confrontant à la complexité, comme le croit Perrenoud, mais bien en acquérant des connaissances plus poussées dans le domaine qui nous intéresse.

D’autres études, plus récentes, permettent de prolonger le raisonnement. Certains ont émis l’hypothèse que des experts reconnus utilisaient des stratégies particulières pour mobiliser leurs connaissances dans des situations complexes relatives à leur domaine. Ici encore, c’est négatif. Les travaux réalisés au sujet des maîtres d’échec démontrent, par exemple, que les plus grands maîtres d’échec ne pensent pas plus profondément en considérant plus de coups à l’avance ou plus de coups alternatifs que leurs adversaires. Ils possèdent simplement des schémas de connaissances sur le positionnement des pièces plus évolués et plus nombreux que leurs opposants.[9] Ces résultats ont été confirmés par d’autres investigations menées dans divers domaines comme l’algèbre, la programmation, la compréhension et le rappel de texte ou le génie électronique.[10] Autrement dit, même sans se référer au transfert, le fait de gérer de la complexité régulièrement apporte moins que l’apprentissage des connaissances dans le développement d’une compétence. Attention toutefois de bien comprendre et de ne pas en déduire qu’il faille éviter la complexité. Bien au contraire, le développement des connaissances nécessite le passage par la complexité. Nous allons y revenir. En revanche, gérer de la complexité pour elle-même n’a aucun sens.

Comment se développe réellement une compétence

Comme on vient de le voir, la compétence passe nécessairement par l’acquisition préalable des connaissances. Et ce développement se fait par plusieurs stades. Au début, l’élève retient de manière proche au par cœur la connaissance. Ce passage a permis aux grossiers détracteurs des connaissances d’étayer leur discours en disant qu’on formait des perroquets incapables de comprendre ce qu’ils répétaient. Généralement, cette idée est totalement fausse car rares sont les cas où l’élève ne comprend rien à ce qu’il a appris (apprentissage par cœur). Il est par contre vrai qu’il peut être incapable de le réinvestir d’une quelconque manière. Dans ce cas, Daniel Willingham parle de connaissance inflexible. C’est un stade absolument normal par lequel passent toutes les connaissances. A force de pratique, cette connaissance va se flexibiliser, c’est-à-dire pouvoir être utilisée dans diverses situations. Plus elle se flexibilisera et plus le nombre de cas où elle sera potentiellement utilisable va augmenter.[11] Le cerveau flexibilise vraisemblablement la connaissance par analogie. Plus il la rencontre dans des cas différents, plus il la maîtrise, en connait les contours, les compatibilités et incompatibilités avec d’autres et plus il peut discriminer les liens pertinents ou non avec d’autres éléments, étendant ainsi le champ d’utilisation potentielle de cette connaissance.

A ce niveau-là, la personne est réellement compétente dans l’utilisation de cette connaissance. Elle augmentera son expertise en devenant compétente avec un maximum d’autres connaissances du même domaine.

La compétence se développe ainsi, à mon sens, dans au moins deux directions bien distinctes, à savoir la profondeur et l’amplitude de chaque connaissance et le nombre de connaissances. L’école doit ici faire des choix : elle peut insister sur le nombre de connaissances différentes tout en ne les flexibilisant qu’au minimum, voire même pas du tout, auquel cas on peut effectivement parler de savoir encyclopédique ou, au contraire se concentrer sur très peu de connaissances extrêmement approfondies. Un juste milieu est vraisemblablement la solution la plus souhaitable.

La vraie compétence amène un changement qualitatif dans la manière de penser

Définir, comme cela a été fait jusqu’ici, la compétence simplement comme une capacité à traiter plusieurs ressources en parallèle s’avère à mon avis fort restrictif. La manière dont Perrenoud et consorts conçoivent la compétence est assez révélateur du peu d’intérêt de leur démarche au regard de ce que peut effectivement apporter une véritable compétence. Une fois constaté que l'utilité n'est pas un bon critère et que l’amélioration de la capacité de mobilisation pour elle-même ou le transfert de cette capacité ne semblent trouver aucune confirmation du côté des sciences expérimentales, on ne sait plus vraiment ce qu’il reste de la démarche qu’ils préconisent.

En revanche, une compétence traitée de manière sérieuse et selon les modalités que les données empiriques (voir le Visible Learning de Hattie par exemple) nous suggèrent, va bonifier la manière dont l’esprit fonctionne lorsqu’il traite le sujet concerné. En premier lieu, la quantité de connaissances stockées dans la mémoire à long terme décharge la mémoire de travail d’une personne experte. Elle peut donc traiter plus d’informations simultanément qu’un novice.[12] Mais ce n’est pas tout.

Lorsqu’il n’a aucune expérience dans un domaine, un débutant n’a guère d’autre choix que d’user d’un processus hasardeux d’essai-erreur pour tenter de résoudre un problème. Lorsque ce n’est pas le cas, des études relatives à la résolution de problèmes de physique ont démontré qu’un novice travaille de façon régressive à partir du but en utilisant une stratégie « moyen-fin » : il repère les différences entre l’état courant d’un problème et l’état but et cherche des opérations pour réduire ces différences. La personne experte, elle, travaille en allant vers l’avant.[13] Peut-être faut-il y voir le résultat de l’augmentation du niveau d’expertise qui permet d’élaborer une représentation précise des conséquences à long terme d’une action, de choix etc.[14]

Mais il y a plus intéressant encore : tant qu’ils n’ont pas atteint un stade suffisant dans la compétence, les débutants pensent au niveau de la structure de surface d’un problème ou d’une situation. Dit plus simplement, ils n’en voient que les éléments constitutifs alors que les personnes compétentes, elles, voient, les fonctions qu’occupent ceux-ci dans la structure profonde du problème ou de la situation. Penser de manière fonctionnelle aide à voir tout de suite ce qui est important et ce qui ne l’est pas. Etre compétent permet donc de penser à un niveau d’abstraction beaucoup plus élevé.[15]

Enfin, signalons aussi que des personnes moyennement compétentes augmentent leur rythme de résolution. Elles possèdent des schémas en mémoire à long terme ainsi que des automatismes qui le leur permettent.  Mais les personnes les plus compétentes, elles vont travailler plus lentement. La perspective semble s’inverser : au lieu de se ruer sur la solution la plus évidente, elles hésitent avant d’agir car elles commencent par chercher ce qui pourrait ne pas correspondre à ce qu’elles pensent. Elles envisagent plusieurs hypothèses, même les moins évidentes, avant de poser leur diagnostic et d’agir.[16]

Conclusion 

Ainsi donc, être compétent, ce n’est pas seulement acquérir de nouvelles connaissances, ni même être capable de les mobiliser dans des situations complexes. L’expertise va impulser à la pensée une dynamique totalement nouvelle, divergeant radicalement de ce que peut faire un individu qui ne maîtrise pas ces connaissances. Et ce par la vitesse, la capacité à appréhender des éléments en parallèle, à discerner les conséquences ou à penser de manière abstraite. Ces différences peuvent même culminer au niveau de la capacité à se remettre en question, à aller à l’encontre de sa propre pensée et ce même à l'aide des plus improbables possibilités.

On réalise ici le fossé abyssal existant entre les pauvres ambitions d’un Perrenoud et les potentialités extraordinaires qu’ouvre le développement de véritables compétences. On réalise également à quel point les grands penseurs adeptes d’une humanité externalisant sa mémoire et la remplaçant par la capacité à rechercher l’information se trompent. En suivant leurs préceptes, notre société se conditionne elle-même à cesser d’innover et d’aller de l’avant. On a beau savoir chercher l’information, on ne peut pas rechercher ce dont l’existence nous est totalement inconnue. De plus, quand bien même les informations nécessaires seraient trouvées, la manière dont l’esprit les traite est largement tributaire du degré de maitrise qu'il possède…

Autant dire que soit la post-modernité passe par pertes et profits, soit c’est notre société qui risque de s’effondrer. Nous sommes au bord du gouffre, à nous de choisir…

Stevan Miljevic, pour les Observateurs et Contre Réforme, le 19 août 2016

[1] https://contrereforme.wordpress.com/2015/12/17/enseigner-des-competences-ou-des-connaissances/

[2] ibidem

[3]  http://www.unige.ch/fapse/SSE/teachers/perrenoud/php_main/php_2000/2000_30.html

[4] https://contrereforme.wordpress.com/2016/02/05/un-regard-evolutionniste-sur-leducation/

[5] https://contrereforme.wordpress.com/2016/06/27/former-des-eleves-creatifs/

[6] Hofstadter et Sander, « L’analogie, cœur de la pensée », Odile Jacob, Paris, 2013 pp. 545 et suivantes

[7] Yntema, D. B. (1963). Keeping track of several things at once. Human Factors, 5, 7-17. Cité par Tricot, A. & Sweller, J. (sous presse). La cécité aux connaissances spécifiques.Education & Didactique http://andre.tricot.pagesperso-orange.fr/TricotSweller_French.pdf consulté le 12 aout 2016

[8] Bisseret, A. (1970). Mémoire opérationelle et structure du travail. Bulletin de Psychologie, 24, 280-294 . Cité par Tricot, A. & Sweller, J. (sous presse). La cécité aux connaissances spécifiques.Education & Didactique http://andre.tricot.pagesperso-orange.fr/TricotSweller_French.pdf consulté le 12 aout 2016

[9] De Groot, A. (1965). Thought and choice in chess. The Hague, Netherlands: Mouton. Cité par Tricot, A. & Sweller, J. (sous presse). La cécité aux connaissances spécifiques.Education & Didactique http://andre.tricot.pagesperso-orange.fr/TricotSweller_French.pdf consulté le 12 aout 2016

[10] Chiesi, H. L., Spilich, G. J., & Voss, J. F. (1979). Acquisition of domain-related information in relation to high and low domain knowledge. Journal of Verbal Learning and Verbal Behavior, 18, 257-273. doi: 10.1016/s0022-5371(79)90146-4, Egan, D. E., & Schwartz, B. J. (1979). Chunking in recall of symbolic drawings. Memory & Cognition, 7, 149-158. doi: 10.3758/bf03197595, Jeffries, R., Turner, A., Polson, P., & Atwood, M. (1981). Processes involved in designing software. In J. R. Anderson (Ed.), Cognitive skills and their acquisition (pp. 255- 283). Hillsdale, NJ: Erlbaum, Sweller, J., & Cooper, G. (1985). The use of worked examples as a substitute for problem solving in learning algebra. Cognition & Instruction, 2, 59-89. Tous cités par Tricot, A. & Sweller, J. (sous presse). La cécité aux connaissances spécifiques.Education & Didactique http://andre.tricot.pagesperso-orange.fr/TricotSweller_French.pdf consulté le 12 aout 2016

[11] http://www.formapex.com/daniel-willingham/1004-les-connaissances-inflexibles-premiere-etape-vers-lexpertise?616d13afc6835dd26137b409becc9f87=4d34101224fa8bcc8a53050fda55c277 consulté le 16 août 2016

[12] Si vous avez besoin d’un petit rafraichissement sur le fonctionnement du cerveau humain, vous pouvez jeter un œil ici https://contrereforme.wordpress.com/2015/12/17/enseigner-des-competences-ou-des-connaissances/

[13] Chi, M. T. H., Feltovich, P. J., & Glaser, R. (1981). Categorization and representation of physics problems by experts and novices. Cognitive Science, 5, 121-152. doi: 10.1207/s15516709cog0502_2 Cité par Tricot, A. & Sweller, J. (sous presse). La cécité aux connaissances spécifiques.Education & Didactique http://andre.tricot.pagesperso-orange.fr/TricotSweller_French.pdf consulté le 12 aout 2016

[14] Lucile Chanquoy, André Tricot et John Sweller « La charge cognitive, théorie et applications », Armand Colin, Paris, 2007, p.110

[15] Daniel Willingham « Pourquoi les enfants n’aiment pas l’école », La Librairie des Ecoles, Paris, 2010, pp.130-135

[16] Lucile Chanquoy, André Tricot et John Sweller « La charge cognitive, théorie et applications », Armand Colin, Paris, 2007, p.110

L’Education en échec. Former des élèves créatifs

On entend souvent dire qu’un prof qui transmet des connaissances n’éveille pas la créativité de ses élèves. Par contraste, permettre à l’élève de tâtonner et découvrir par lui-même serait nettement plus porteur. Chacun a bien entendu le droit d’avoir sa propre opinion sur un sujet. Même si celle-ci ne se fonde sur à peu près rien de sérieux. Personne ne peut vous interdire de croire aux soucoupes volantes. Mais quand ces avis ont un impact sur la vie d’autrui et qu’une tentative de validation empirique est possible, il serait peut-être bon d’approfondir un peu la question et de voir ce que des démarches scientifiques sérieuses peuvent nous apprendre avant de se servir de son prochain comme d’un cobaye.

Etre créatif, c’est être capable d’imaginer ou de mettre en œuvre un concept ou un objet nouveau, de découvrir une solution originale à un problème[1]. Selon André Tricot, on ne naît pas créatif, mais on le devient. Ce qui semble confirmé par l’intégralité des recherches menées à ce jour sur ce domaine. Attention toutefois de ne pas confondre la créativité consistant comme on vient de le dire à générer de l’innovation avec la qualité de ces créations. On peut être très créatif et ne produire que du très médiocre qualitativement parlant. Tout comme, à l’inverse, on peut n’être que peu innovant mais toucher au génie.

Comment donc l’école peut-elle contribuer à former des gens créatifs quantitativement comme qualitativement ? Comment peut-elle augmenter le potentiel créatif des individus qui la fréquentent ?

Etre créatif nécessite de connaitre son sujet

La première des choses à prendre en considération est le fonctionnement de l’esprit humain. J’ai déjà longuement évoqué sur ce site la manière dont les psychologues cognitivistes abordent la question, à savoir que c’est au sein de la mémoire que se fait le processus de réflexion. Pour faire court, la mémoire à court terme est le lieu de la pensée. Elle n’a qu’une capacité fort limitée (environ 7 éléments en simultané) et ne peut donc traiter qu’un nombre limité d’informations en même temps. Cette limite n’est toutefois plus valide si les informations en question sont déjà connues et stockées de manière cohérente dans la mémoire à long terme.

En conséquence, plus on connait de choses sur le sujet qui occupe nos pensées, plus on libère de possibilités pour notre esprit d’aborder le problème différemment. Quelqu’un qui ne maîtrise pas sa matière ne peut donc que difficilement être créatif puisqu’avant même d’arriver au stade de la création, il lui faut se représenter la situation et la comprendre. Or, ces deux opérations vont consommer une grande partie des ressources mentales disponibles. En outre, être créatif demande d’aller vers le non-commun, ce qui demande également de grandes ressources cognitives. Si le capital disponible cognitif disponible est épuisé, alors rien ne pourra être effectué, la personne se trouvant en état de surcharge cognitive.

Ajoutons à cela que si l’individu ne possède pas suffisamment d’éléments de savoir au sujet de la situation, le risque est grand d’en créer une mauvaise représentation et de rendre ainsi quasi impossible toute action pertinente. On ne peut pas interagir correctement sur un objet qu'on a mal définit et compris.

Comme on le voit, le rôle joué par les connaissances disponibles en mémoire à long terme est primordial. Si capital d’ailleurs qu’il ne s’arrête pas là : un des plus puissants moteurs de la créativité réside dans la capacité de notre esprit à faire des analogies. Etre créatif ce n’est pas générer quelque chose de neuf en partant du néant car tout ce que notre pensée produit est le fait d’analogies réalisées avec des situations déjà rencontrées précédemment. Etre créatif c’est mettre à profit des connaissances existantes dans un domaine pour aborder un phénomène dans un autre domaine. Sans quoi il n’y a pas innovation. L’être humain fait d'ailleurs continuellement des comparaisons entre ce qui lui arrive et ce qu’il a déjà vécu. Sa cognition dépend de l’exploitation continuelles d’expériences passées avec lesquelles il arrive à lier la situation qu’il affronte.[2] Il le fait d’ailleurs maintes fois par seconde sans en être forcément conscient [3].

Notons encore que posséder un grand bagage de connaissances sur un sujet permet également de connaitre ce qui a déjà été dit ou fait en la matière et donc d’éviter de réinventer l’eau chaude à chaque instant.

Ainsi qu'une multitude d'autres…

Plus donc on a de connaissances stockées dans notre mémoire à long terme et plus nous avons la capacité de faire des analogies créatrices, que celles-ci soient volontaires ou non. Plus précisément, plus on connait d’éléments sur divers sujets, plus on a de possibilités de créer des analogies entre ces domaines. Ces analogies peuvent être de surface ou profondes. Une analogie de surface se fait entre deux connaissances simples, dont les traits communs peuvent être aisément identifiés. Par exemple, Einstein a développé une de ses meilleures idées en partant de la ressemblance quasi visuelle existante entre une équation mathématique et une équation physique ! [4]

Une analogie profonde, en revanche, a trait à la manière dont les concepts et connaissances se lient. Plus on connait les divers éléments constitutifs d’une situation, plus la manière dont ceux-ci interagissent entre eux apparaît. Dès lors, l’analogie peut ne plus porter sur les éléments de surface mais sur la structure de la situation, sur un regard plus abstrait. A ce jour, il semble qu’aucun moyen n’ait été trouvé pour pouvoir enseigner directement ces structures profondes, l’esprit commençant nécessairement par appréhender une situation en surface.[5] Ce qui ramène une nouvelle fois à l’impératif d’un bon bagage de connaissances sur une vaste gamme de domaines.

Ces divers aspects de la créativité doivent nous amener à penser intelligemment  les contenus scolaires. Certains voudraient en effet que l’école ne se focalise que sur ce qui est utile aux élèves directement. Or, et puisque les humains sont capables d’apprendre par eux-mêmes à peu près tout et n’importe quoi à partir du moment où cela fait partie de leur environnement et leur est utile quotidiennement, il est impératif, au contraire, que l’école apprennent aux jeunes des connaissances qui ne correspondent ni à leur environnement immédiat, ni à leur passion. L’école doit s’évader du carcan de l’utilité directe.[6] Une des pierres angulaires de cet impératif réside justement dans la nécessité d’augmenter au maximum le potentiel créatif des élèves. Pour faire des analogies créatrices en nombre, il faut avoir de vastes connaissances dans de multiples domaines autres que ceux dans lesquels on évolue régulièrement que ce soit professionnellement ou socialement.

N’oublions toutefois pas que si ces connaissances doivent être les plus étendues possibles, il est tout aussi impératif qu’elles soient bien maîtrisées sans quoi elles seront inutilisables.

Des techniques pour générer des idées créatives ?

D'autres affirment que la créativité est une compétence mobilisable dans n’importe quel domaine. Cette idée n’est qu’un mythe. La créativité est inextricablement liée aux connaissances qu’on possède sur un sujet. Mais cela ne suffit pas. Pour pouvoir être créatif, il faut également être capable de prendre du recul par rapport aux connaissances rencontrées et les aborder d’une manière nouvelle.

Connaître certaines techniques permet effectivement de maximiser la capacité de « lâcher prise », de prendre de la distance vis-à-vis du problème qu’on est en train de traiter et de créer ainsi volontairement des analogies créatrices. Par exemple, on peut imaginer enseigner aux élèves des techniques sur la manière de travailler pour générer des solutions créatives à un problème. Le travail de groupe peut avoir pour avantage de laisser autrui exprimer ses pensées et ainsi de détacher l’individu des siennes. Mais pas n’importe quel travail de groupe. Par exemple, contrairement aux idées reçues, le brainstorming est certainement une des plus mauvaises manières d’obtenir des solutions créatives.[7] Mais il existe également bien d’autres techniques individuelles efficaces. Ce n'est certes pas le Saint Graal car les analogies involontaires sont bien plus nombreuses, mais c'est mieux que rien.

A ce propos, Hattie affirme que l’efficacité des programmes de créativité est fortement liée à la manière de les transmettre. Et de vanter les mérites des pédagogies structurées, explicites, notamment le Direct Instruction pour y parvenir plutôt que les façons de travailler implicites et constructivistes.[8] Il est plus pertinent de considérer ces techniques comme des objectifs à atteindre, des connaissances procédurales à transmettre de la manière la plus claire possible plutôt que de miser sur l’implicite et de les traiter comme des outils mobilisables afin d’acquérir d’autres connaissances.

La passion comme moteur

Tous les grands scientifiques qui font des découvertes marquantes sont en général des obsédés de leur domaine. S’ils ne l’étaient pas, ils n’auraient jamais pu déceler les analogies demeurées insaisissables jusqu’à eux. En cela, on se rend compte que les poussées créatives vers l’abstraction ne peuvent pas être provoquées à merci. On peut bien évidemment inciter à émettre des idées créatrices sur un sujet, mais celles-ci sont totalement dépendantes du degré de maîtrise du sujet. Or, seuls l’obsession, l’engagement et la persévérance permettent de dépasser le stade de connaisseur expérimenté pour atteindre celui de véritable expert et ainsi ouvrir les portes nécessaires à de véritables innovations.[9]

Tricot avertit : ce statut d’expert n’est pas facile à gérer car bien souvent il interfère avec la capacité à trouver le bonheur dans la vie de tous les jours.[10] L’individu qui veut aller jusqu’au bout de sa passion doit donc être au clair et savoir qu’il lui faudra faire un choix.

Si l’école n’a pas pour rôle de créer de telles passions, en revanche, en valorisant l’effort, en apprenant à vaincre les difficultés sans abaisser le niveau d’exigences, elle apprend aux élèves la ténacité. Ce résultat, on ne l’obtient pas en s’alignant sur les envies des élèves.

En conclusion : une grave confusion

L’école du constructivisme et des compétences qui domine aujourd’hui la scène scolaire occidentale est une école qui n’a pas compris ce qu’est la créativité. Par son inefficacité à faire acquérir des connaissances, son incapacité à définir précisément les corpus à transmettre, son acharnement à chercher l’utile et à plaire, elle ne permet pas aux élèves d’acquérir le bagage de connaissances indispensables à toute activité créatrice.

Elle ne leur permet pas non plus de développer au mieux des techniques visant à faire jaillir de la créativité tant elle est obnubilée par l’apprentissage implicite de celles-ci inhérent à toutes les formes de pédagogies qualifiées à tort d’actives.

En fait, l’école constructivo-compétente fait une grave confusion entre laisser les élèves exprimer une créativité fort limitée et augmenter significativement leur potentiel créatif. La différence est à peu près autant grande que celle existante entre laisser un gamin qui connait l'addition en faire de nombreuses ou lui apprendre la soustraction, la multiplication et la division.

Le 28 juin 2016, Stevan Miljevic pour les Observateurs.ch et contrereforme.wordpress.com

[1] http://www.formapex.com/sciences-cognitives/640-et-la-creativite-le-point-sur-la-recherche-en-sciences-cognitives-sur-la-creativite-la-fin-dun-mythe

[2] Hofstadter et Sander « L’analogie, cœur de la pensée », Odile Jacob, Paris, 2013, p.38

[3] Ibid. p.26

[4] Voir la vidéo d’André Tricot suivante un peu après la 15ème minute

[5] http://www.formapex.com/daniel-willingham/1004-les-connaissances-inflexibles-premiere-etape-vers-lexpertise?616d13afc6835dd26137b409becc9f87=4d34101224fa8bcc8a53050fda55c277

[6] Amadieu et Tricot « Apprendre avec le numérique », Retz, Paris, 2014, pp.97-98

[7] De Bruyckere, Kirschner, Hulshof « Urban Myths About Learning and Education », Academic Press, Londres, 2015 p.79

[8] John Hattie « Visible Learning », Routledge, London and New York, 2009, pp.155-156

[9] Hofstadter et Sander « L’analogie, cœur de la pensée », Odile Jacob, Paris, 2013, p.364

[10] La vidéo d'une conférence donnée par André Tricot sur le sujet "Compétence et créativité"

Un regard évolutionniste sur l’éducation

La psychologie évolutionniste est le fruit de la rencontre entre la psychologie et la théorie de l’évolution. Elle vise à expliquer les comportements humains sur la base d’hypothèses évolutionnistes.

Comment ça marche ?

Dans son acceptation universelle, cette nouvelle manière de concevoir le fonctionnement de l’esprit postule qu’à l’exemple des autres organes, le cerveau également a été façonné par la sélection naturelle. L’hypothèse est la suivante : lorsque certains problèmes universels se sont posés à nos ancêtres des cavernes, ceux qui possédaient les capacités cognitives les plus adaptées à leur résolution ont survécu et se sont multipliés alors que les autres disparaissaient. De cette manière, le cerveau de l’espèce humaine s’est adapté de manière à fournir les meilleures potentialités de résolution des situations problématiques rencontrées par nos prédécesseurs chasseurs-cueilleurs.

La quasi-totalité des humains de la préhistoire ont été confrontés à des problèmes globalement assez similaires. Ils ont notamment dû faire face à de longues périodes de fluctuations climatiques et ont été obligés de s’adapter à certaines contraintes issues de leur environnement proche. Comme la vie isolée du groupe n’était pas possible, ils ont également été exposés à des dynamiques sociales complexes plus ou moins pareilles. Celles-ci se sont exprimées au sein du groupe tout comme dans les relations entretenues avec d’autres clans humains. Face à des contraintes existentielles fortes et universelles, le cerveau humain a muté petit à petit pour permettre aux hommes d’acquérir le plus simplement possible toute une série de compétences nécessaires à leur survie.

L’évolutionniste David Geary classifie ces capacités dans un groupe commun appelé capacités primaires ou naïves. Elles sont naïves car, selon lui, après plusieurs dizaines/centaines de milliers d’années d’évolution, le génie humain est désormais naturellement programmé pour que ces compétences se développent par elles-mêmes, sans effort particuliers, inconsciemment et très rapidement. Le degré de complexité de ces compétences ne change absolument rien à l’affaire.

Mais quelles sont donc ces compétences primaires ?

Dès que l’homme des cavernes a été amené à bâtir des abris, à créer des outils pour la chasse ou à user du feu pour cuisiner et ainsi augmenter ses chances de survie, il lui a fallu définir ses besoins pour y arriver, explorer et analyser son environnement proche et en extraire les ressources nécessaires. En conséquence, et puisque ces activités se sont perpétuées sur de longues périodes, le cerveau de l’homme s’est adapté de manière à faciliter la mise en branle de ces compétences. Ainsi, des modifications sont intervenues et, depuis, l’être humain a acquis des prédispositions innées à résoudre des problèmes. Il en va également de même dans le domaine des interactions sociales

Comme l’encéphale de nos élèves est calibré de manière à ce que ces compétences primaires se développent naturellement, il en découle que les dispositifs pédagogiques de résolution de problème, de découverte, d’enquête ou autre projet sont inutiles en terme de développement de compétences. Tout comme d’ailleurs les systèmes d’enseignement visant à développer des compétences transversales du type communicatives ou collaboratives. Si tout cela se fait naturellement, inutile de réinventer l’eau chaude systématiquement en classe. Concentrons plutôt nos efforts sur des choses qui en valent la peine.

Le seul résidu d’utilité qui peut éventuellement rester à ces méthodes réside dans l’acquisition de connaissances qu’elles peuvent susciter. Or, à ce sujet, les études empiriques menées à ce jour sont claires : ces méthodes d’apprentissage ne génèrent qu’une efficacité très limitée.  La thèse évolutionniste abat ainsi définitivement les derniers vestiges de crédibilités qui pouvaient rester au constructivisme éducatif.

Autres apports évolutionnistes

L’apport de Geary et des évolutionnistes pour le domaine éducatif ne s’arrête pas là. Leur théorie prétend également répondre à la lancinante question du « pourquoi apprendre » et donc, par là même, du contenu de ces apprentissages. Selon eux, en exerçant et développant leurs compétences primaires, les hommes ont développés d’autres connaissances qui, elles, n’étaient pas nécessaires à leur survie directe. Ainsi, au fur et à mesure que les sociétés ont crû, qu’elles ont évolué, elles ont acquis un corpus de connaissances culturelles et scientifiques dont la nature diverge profondément des habilités primaires : les connaissances secondaires. Soit qu’elles soient trop récentes soit qu’elles n’aient pas trait à la survie de l’espèce, ces nouveaux savoirs n’ont pas suscité de développement particulier du cerveau et nécessitent donc un effort particulier et important pour être assimilés.

L’accumulation de ces nouvelles connaissances a permis aux hommes d’aller de plus en plus loin, de s’éloigner de plus en plus du concret de tous les jours et d’atteindre des niveaux d’abstraction de plus en plus conséquents. Les savoirs ainsi générés s’éloignent ainsi de plus en plus des aptitudes primaires humaines. Voici deux exemples pour illustrer le cas : en mathématiques, l’aspect très concret de la géométrie la place à proximité des aptitudes primaires alors que l’algèbre, abstrait, en constitue un pôle bien plus éloigné. Dans le domaine de la langue maternelle, la lecture et l’écriture, inventions culturelles tardives, sont nettement plus éloignés des capacités primaires que ne peut l’être l’expression présente très tôt dans l’histoire de l’humanité.

A ce sujet, il faut aussi noter que puisque les élèves sont pré-conditionnés au développement de leurs capacités primaires, ils sont aussi naturellement motivés à les utiliser. Ce qui explique pourquoi un déficit de motivation peut survenir dès lors qu’on les en éloigne. La nature humaine telle qu’elle s’est développée au travers de l’évolution interfère donc régulièrement dans l’acquisition des savoirs académiques.

Enfin, selon Geary, les écoles sont apparues dans nos sociétés dès lors que l’écart existant entre les compétences primaires et les aptitudes secondaires non vitales mais que la société estime nécessaires à une bonne intégration est devenu trop conséquent pour que les habilités primaires permettent à chacun de les acquérir par soi-même. L’école doit donc servir d’accélérateur pour leur acquisition. Ce qui signifie notamment que plus l’objectif à atteindre est éloigné des capacités primaires de l’élève, plus il est nécessaire que le guidage exercé par l’enseignant soit important car les capacités propres de l’élèves ne lui permettent pas d’y arriver seul.

De tout ceci il me semble pouvoir déduire que :

  • Le constructivisme n’a pas sa place dans l’éducation sauf éventuellement pour atteindre les objectifs les moins élevés et ambitieux, ceux dont la nature les place à proximité des capacités
  • Le travail sur la plupart des compétences générales/transversales n’a que très peu d’intérêt. Les compétences ne prennent du sens qu’en tant que combinaisons complexes de différentes connaissances académiques.
  • Une école utile et efficace est une école qui laisse aux individus la responsabilité des apprentissages qu’ils peuvent effectuer facilement tout seul (apprentissage basé sur l’utilisation des capacités primaires) et se concentre plutôt sur ce qui est plus difficile à atteindre tout seul.
  • Pour y arriver un guidage direct important des enseignants est nécessaire. Celui-ci doit être en adéquation avec l’architecture cognitive des élèves
  • Le déficit motivationnel dû à la nature des savoirs à acquérir doit être comblé par des systèmes pédagogiques efficaces permettant l’émergence d’un nouveau type de motivation issue du sentiment d’efficacité personnelle.

Autant dire que si on se fie à l’approche évolutionniste,  notre école fait à peu près tout faux aujourd’hui.

Stevan Miljevic, le 5 février 2016 pour contrereforme.wordpress.com et lesobservateurs.ch

PS: certaines conclusions émises ici bas ne sont pas celles de l'auteur étudié mais celles que j'ai personnellement déduites de ces lectures

Bibliographie et sitographie:

David Geary "The why of learning" in Educational Psychologiste, July 2009 pp.198-201 disponible ici https://www.researchgate.net/publication/233080942

David Geary "Evolution and Education" in Psicothema, February 2010 disponible ici https://www.researchgate.net/publication/41138739

David Geary "Primal Brain in the modern classroom"  disponible ici https://www.researchgate.net/publication/253952304_Primal_Brain_in_the_Modern_Classroom

David Geary "Principles of Evolutionary Educational Psychology" in Learning and individual differences, July 2013 disponible ici https://www.researchgate.net/publication/222830140

 

Suisse: Moins d’argent pour toujours plus d’élèves car les cantons n’ont plus les moyens

Les budgets alloués à la formation vont encore se réduire pour la période 2016-2018. Les parents sont invités à passer à la caisse alors que le nombre d'écoliers ne cesse de croître.

Les cantons exigent toujours plus de sacrifices de la part de la formation au nom de l'équilibre des finances publiques. Comme le souligne l'association faîtière des enseignants en Suisse, ces mesures d'économie ont représenté 265 millions de francs entre 2013 et 2015 rien qu'en Suisse alémanique.

Pour la période entre 2016 et 2018, le montant des restructurations atteindra 536 millions, révèle le Tages-Anzeigerdans son édition du 26 novembre.

«Si nous pouvions vraiment calculer toutes les économies, nous atteindrions le seuil du milliard de francs pour les années 2013 à 2018», estime Franziska Peterhans, secrétaire générale del'association faîtière LCH.

Source

Rappels:

La Suisse versera plus de 77 millions au Mali

En 2014 (données provisoires), la Suisse a consacré 3'246 millions à l’aide publique au développement (APD), soit 0,49% du revenu national brut (RNB), selon les chiffres des autorités fédérales. En chiffres absolus, l'APD de la Suisse a augmenté de 280 millions par rapport à 2013 (+9,2%). Cette hausse a été rendue possible par la mise à disposition de moyens supplémentaires par le Parlement

Najat Vallaud-Belkacem et les nouveaux bulletins scolaires

Incompréhensible. Pour mettre fin à un système de notation jugé traumatisant, Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, a la solution : un nouveau bulletin scolaire. Mais quel bulletin scolaire ! Il ne s’agit plus de noter les connaissances disciplinaires (français, maths, histoire…) mais les compétences « transversales » que l’élève doit acquérir au cours de sa scolarité, par exemple « les systèmes naturels et les systèmes techniques ». Ces compétences seront évaluées sur une échelle allant de 1 à 4 au primaire, puis de 1 à 5 au collège à laquelle s’ajouterait une notation sur 20. « Une note n’est qu’une indication, elle permet à l’enseignant d’aider l’élève à se corriger », rappelle pourtant à juste titre l’essayiste Jean-Paul Brighelli, auteur de Liberté - Égalité - Laïcité, dans nos pages. Ce nouveau bulletin scolaire sera présenté demain par la ministre pour une application prévue à la rentrée 2016.

Source : Newsletter de Valeurs Actuelles

Pendant que le CF trouve des millions pour l’asile, Neuchâtel économise dans l’éducation

Le canton fait face à un exercice «difficile» en raison d'un recul «massif» des revenus.

Face à cette situation, le gouvernement veut poursuivre les efforts d'assainissement entamés avec le budget 2014. Le budget 2016, dont le résultat est proche de celui de l'exercice en cours, s'accompagne de nouvelles mesures d'économies de l'ordre de 15,9 millions de francs.

Sur ce montant, 13 millions relèvent de la compétence du Grand Conseil. Il s'agit notamment de la réduction ou l'abandon de subventions dans le domaine scolaire.

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Rappel: Le Conseil fédéral demande une rallonge de 258,8 millions à cause de l’asile

Le Pakistan face au désastre de l’éducation de ses enfants

Le Pakistan tente, une nouvelle fois, de contrôler ses milliers d'écoles coraniques. Essentiellement privées, elles se chargent d'éduquer pas loin de deux millions d'élèves. Le pays feint de réaliser qu'elles ne sont souvent qu'un instrument d'endoctrinement, dont sort une «armée» d'êtres frustes et fanatisés. Sauf que ces écoles ne sont que l'arbre qui cache la forêt du désastre de l'éducation.

Suite

La transmission est à la racine de tout acte d’enseignement

Nous sommes aujourd'hui arrivé à un stade de développement (je mets en italique parce que je ne suis pas sûr qu'il s'agisse là d'un terme véritablement adéquat comme vous allez le constater) plutôt étonnant. Certaines personnes s'opposent en effet à ce que les jeunes générations soient instruites par le biais de la transmission. Pour ces personnes, il ne doit plus être question de transmettre quoi que ce soit. Dans la foulée, elles proposent donc de substituer au phénomène transmissif  des méthodes où les élèves construisent leurs savoirs appelées méthodes actives ou (socio-)constructivisme. 

De vieilles lunes régulièrement ressorties de leur placard

Comme cela fleure bon la nouveauté, ces méthodes obtiennent un certain succès auprès d'esprits peu critiques pour qui l'important est d'évoluer, et ce peu importe dans quelle direction. Il est vrai que d'après l'expérience scolaire vécue par le plus grand nombre, il semblerait que les méthodes transmissives soient les méthodes du passé et que ces autres manières de faire relèvent de la nouveauté. Il ne s'agit là que d'une illusion. Comme je l'ai déjà souligné à plusieurs reprises, les méthodes actives ou constructivistes sont en fait de vieilles lunes qui réapparaissent épisodiquement. J'ai déjà montré que l'ensemble de l 'arsenal constructiviste a eu son heure de gloire dans l'URSS des années 20 (ce qui démontre en passant que la charge de démocratie qu'elles contiennent est plutôt faible contrairement aux dires de leurs promoteurs), que les soviétiques l'avait tiré des rares réflexions menées par Marx (1818-1883) sur l'éducation et sur diverses expérimentations déjà faites à l'époque de la Révolution industrielle dans le système scolaire allemand notamment. Auparavant, Rousseau (1712-1778) en avait lui aussi déjà esquissé le contour dans l'Emile (bien que cet apport soit à relativiser puisque Rousseau n'avait pas là pensé un système adapté à un maître en face d'une multitude d'élèves dans un laps de temps réduit mais à un précepteur face à un disciple à plein temps). A la lecture du dernier ouvrage de François Xavier Bellamy (les Déshérités), j'apprends que Descartes  (1596-1650) avait lui aussi déjà élaboré les idées maîtresses d'un système éducatif allant dans ce sens, et ce bien avant Rousseau. Au bas mot, cette pédagogie aujourd'hui qualifiée de novatrice a donc, au bas mot, soufflé ses 400 bougies. Il faut donc une sacré dose de malhonnêteté pour continuer à la présenter comme une innovation.

Certains seront peu être fort étonnés d'apprendre ces quelques faits et peuvent être tentés de se demander pourquoi alors si peu de monde connait l'ancienneté de ce courant. La réponse est assez simple: partout où ces conceptions ont été testées à large échelle, elles se sont soldées par de retentissants échecs et ont dû battre en retrait. Elles n'ont donc jamais pu s'imposer définitivement et devenir la modalité dominante sur de longues périodes, si bien que peu nombreux sont ceux qui l'ont déjà connue. Apparaît dès lors l'illusion qu'il s'agit là d'une nouveauté à opposer à un vieux modèle transmissif dont, soi dit en passant, on omet sciemment de se demander s'il peut évoluer (l'enseignement explicite en est pourtant la plus éclatante démonstration).

Quand les constructivistes transmettent leurs idées...

Mais ce n'est pas là le sujet de ce billet. J'aimerai traiter ici de l'opposition farouche à la transmission qui émane du camps constructiviste. Est-ce vraiment une position tenable? Pour ma part, je ne le crois pas un seul instant: je pense qu'à la racine de tout acte d'enseignement, constructiviste, transmissif ou autre, il y a transmission. Je vais donc essayer de démontrer que les pratiques constructivistes sont toutes, sans exception, construites sur une base transmissive, certes inavouée et occultée, mais existante.

Commençons cette quête de la transmission en nous basant sur la manière dont les constructivistes communiquent leurs idées. Il est somme toute assez intéressant de constater que Meirieu, Perrenoud et consort ont tous en commun d'utiliser le livre et l'article comme moyen de communication. Or, qu'y a t-il de plus transmissif que ces outils? A ce que je sache, leurs écrits ne se présentent pas sous forme de situation problème ou je-ne-sais-quoi-d'autre mais prennent bien la forme de textes totalement conventionnels, écrits par des gens ayant le désir de transmettre leurs idées. Dès lors, la volonté exprimée d'expulser la culture livresque de l'école prête à sourire puisque leurs propres actes sont en contradiction avec ce qu'ils prônent. Si donc mêmes les papes du constructivisme ne parviennent pas à enseigner à des adultes autrement que par le biais de méthodes transmissives, qui parviendra à le faire avec des enfants ou des adolescents? Si ces messieurs veulent être pris au sérieux, il ne leur reste donc plus qu'à innover et à trouver des moyens réellement opposés à la transmission pour promouvoir leurs idées. Je leur souhaite bien du courage.

Si les constructivistes sont incapables de diffuser autrement leurs idées à grande échelle que par des moyens transmissifs comme cela vient d'être relevé, ils sont tout aussi incapable de se passer de la transmission lorsqu'ils forment des enseignants. L'ensemble des formations à l'enseignement trouvent également à leur base une transmission: une transmission très mal assurée et pas du tout assumée, mais une transmission quand même. Tous les enseignants qui sont passés par des institutions formatives constructivistes (HEP et autres) savent qu'on y présente des outils avant de laisser l'apprenti enseignant réfléchir à la manière de s'approprier l'outil en question. On n'y donne donc pas l'ensemble des informations nécessaires à son utilisation, on force à réfléchir sur son utilisation. La rupture de transmission se situe à ce niveau, c'est à dire au refus de transmettre les pratiques adéquates. En revanche, l'outil en lui-même est transmis. Peut être un exemple est-il nécessaire pour illustrer le cas. On peut tout à fait présenter aux étudiants une carte mentale. En revanche, on ne leur dira pas vraiment comment et à quelles occasions utiliser cette carte mentale. Il sera du ressort des étudiants d'en comprendre le fonctionnement et l'utilité.

En conséquence, dans le chemin d'appropriation de la carte mentale par l'enseignant en formation, la première partie (la présentation de l'outil) est transmise alors que la seconde (l'appropriation de celui-ci) doit être construite. Il s'agit là d'un aveu d'impuissance : sans transmission préalable, il est impossible d'entrer dans un processus constructiviste. Une deuxième conclusion qui peut dès lors être tirée de ce cas est que toute une frange d'enseignement échappe donc à la possibilité d'être traitée par des méthodes constructivistes. Le contraire ne sera démontré que le jour où les enseignants en formation ne construiront pas uniquement leurs savoirs relatifs à l'utilisation de ces outils, mais qu'ils construiront d'eux-mêmes ces outils sans qu'ils ne soient présentés au préalable. Tant que ce n'est pas le cas, toutes les critiques sur la transmission ne méritent même pas d'être écoutées.

Bien entendu, tout le monde aura connu un ou plusieurs formateurs expliquant également l'utilisation de l'outil en question. Ce n'est cependant pas là un argument pour contredire ce qui est avancé: ce n'est pas parce que certains ne respectent pas l'orthodoxie constructiviste que celle-ci est fondée. D'ailleurs, pour tout dire, cela ne fait que renforcer l'idée contraire puisqu'il s'agit là d'un nouveau aveu désaveu de l'idéologie constructiviste.

Troisième aspect relatif à la transmission des conceptions constructivistes, la conception d'un plan d'étude. Lorsque des constructivistes réalisent un plan d'étude, ils ont beau changer la terminologie, remplacer les savoirs et savoir faire par des compétences ou je ne sais quoi d'autre, ils restent toujours dans le même schéma, à savoir celui de la transmission/imposition  de directives aux enseignants. Il est totalement impossible de concevoir un plan d'étude en expurgeant totalement la notion de transmission puisque d'une part, le plan physique lui-même a pour vocation d'être transmis aux enseignants et, d'autre part, puisque le contenu de ce plan doit lui aussi se transmettre. Sans quoi les enseignants seraient libres de faire à peu près tout et n'importe quoi dans leurs salles de classe au prétexte qu'ils construisent leurs représentation du plan d'étude.  Sinon, il faut bien reconnaître que des bornes sont transmises. Le fait d'utiliser un langage abscon ne change absolument rien à la question.

L'impératif du transmettre dans les salles de classe

Plus encore que le plan d'étude, il est intéressant de remarquer que l'ensemble des gestes exécutés par des enseignants constructivistes sont en fait surchargés de transmission. Prenez par exemple l'organisation d'une situation problème en classe. Si l'enseignant ne transmet pas directement le savoir nécessaire à sa résolution, il organise un dispositif qui devrait théoriquement permettre aux élèves d'y arriver par eux-mêmes. Se faisant, il inscrit dans le génome de son dispositif des contraintes qu'il espère suffisantes pour que les élèves parviennent à réaliser un certain cheminement. Un cheminement qu'il a préparé d'avance et qu'il va donc transmettre.  Pour tout dire, les contraintes en elles-mêmes sont également transmises puisqu'elles partent de l'action de l'enseignant pour aller rejoindre celle de l'élève. Tout cela relève ainsi de la transmission. En définitive, la seule chose qui change réside dans le fait que les constructivistes délèguent au dispositif mis en place la responsabilité de transmettre au lieu de le faire par eux-mêmes. Si tel n'était pas le cas, alors le constructiviste devrait accepter que n'importe quel acte posé par l'élève dans le cadre de sa situation problème est un progrès acceptable. Sinon, il faut bien admettre qu'il est en train de lui transmettre quelque chose.

A ce sujet, un élève qui resterait complètement immobile sur sa chaise sans rien faire me semble le seul exemple valide de refus catégorique de toute transmission: il se développe puisque son cerveau n'est jamais totalement inactif et, par conséquent ses connaissances se construisent (dans quel sens, on ne le sait pas vraiment) tout en rejetant tout apport transmissif provenant de l'extérieur.

Allons plus loin dans l'analyse des dispositifs mis à disposition des élèves: le simple fait de lui donner un texte, une carte ou un schéma est déjà bourré de transmission. Celui qui a écrit le texte, réalisé la carte ou le schéma n'a-t-il pas voulu transmettre une information? En mettant ces documents dans les mains  des élèves, le constructiviste favorise donc cette forme de transmission. Il en va d'ailleurs de même avec tous les dispositifs où les élèves sont sensés construire leurs connaissances en allant les chercher sur internet. A la base de toute information trouvée sur internet, il y a quelqu'un qui a construit un site internet et qui l'a enrichi d'informations dans le but de les transmettre à celui qui le désire. En définitive, on constate donc que le constructiviste ne fait que déplacer la transmission qui va traditionnellement de l'enseignant à l'élève en transitant par les documents (exercices etc.) vers une nouvelle forme de transmission allant du document vers celui qui apprend (en transitant par l'enseignant coach).

A ce stade là, certains rétorqueront peut-être que si effectivement la transmission est toujours présente, le taux d'activité de l'élève change dans une perspective constructiviste. Celui-ci s'approprierait plus activement ce qu'on veut lui transmettre. On peut légitimement se poser des questions sur la véracité de cette information ainsi que sur sa pertinence. Voici pourquoi.  Au stade précédant l'enseignement, l'élève dispose en mémoire d'un certain nombre de concepts, connaissances, savoir-faire regroupés sous formes de schèmes. Un apprentissage réussi est un apprentissage qui va modifier un schème de façon à y inclure la nouvelle conception. C'est là tout ce qui importe. Si je veux apprendre à un élève à additionner, mon objectif est qu'il sache manier cette opération. Peu importe le temps et l'intensité de l'activité déployée par l'élève pour y parvenir puisqu'il a été suffisamment actif mentalement pour parvenir à maîtriser cette nouvelle technique. Plus encore, j'aurai tendance à penser qu'en fait, ce taux d'activité devrait être le plus faible possible pour arriver au résultat attendu. Explication: un enseignement qui permet à un élève d'apprendre du premier coup est plus opportun et plus efficace qu'un enseignement arrivant à un résultat équivalent mais qui demande à l'élève une somme de travail beaucoup plus conséquente. L'économie de temps réalisée ainsi peut être réinvestie dans des apprentissages supplémentaires.

Si on veut être cohérent jusqu'au bout, le fait de laisser une plus grande part de chemin à parcourir seul à l'élève par ses propres forces implique automatiquement une déperdition au niveau des résultats! La plupart des élèves apprennent en effet nettement mieux si on les enseigne que si on les laisse se débrouiller tout seul. Dit plus simplement, il vaut mieux un enseignement où le maître démontre à plusieurs reprises le savoir à acquérir, travaille ensuite avec ses élèves oralement avant de les laisser agir de manière autonome qu'un maitre qui donne une fois l'explication et laisse ses élèves travailler. Je pense que personne ne peut dire le contraire! D'ailleurs, toutes les comparaisons effectuées à ce jour ne disent pas autre chose.

Partant de ce constat, il est stupéfiant de constater que le fondement du constructivisme consiste justement à rendre l'enseignement plus restreint pour laisser l'élève agir par ses propres forces, à l'image de l'enseignement transmissif mal exécuté ne consistant qu'à expliquer une fois avant de laisser l'élève se débrouiller dont on vient de parler! En définitive, le constructivisme n'est donc, au vu de ce qui a été dit jusqu'ici, qu'une transmission mal exécutée, brouillonne et déléguée au support de travail!

La réflexion ne s'arrête pas là. L'acte d'enseigner implique d'évaluer les progrès réalisés ou non par les élèves. Or, là aussi, la philosophie constructiviste se heurte à des difficultés insurmontables! Si on veut évaluer, on a des critères de ce que les élèves ont du apprendre. Par conséquent, on mesure leur capacité à digérer ce qu'on leur a transmis d'une manière ou d'une autre. Si on ne veut pas évaluer une transmission, quelle qu'elle soit, on ne peut tout simplement rien évaluer! Tout au plus peut-on évaluer le fait d'avoir évoluer simplement, mais là également, vouloir faire évoluer un élève c'est vouloir lui transmettre un mouvement, un processus. Rejeter la transmission c'est donc rejeter d'office la possibilité d'évaluer selon des critères cohérents, car il ne reste plus que l'arbitraire qui permette d'évaluer une prestation non basée sur une quelconque forme de transmission.

Conclusion

Bien entendu, la plupart des adeptes de constructivisme diront qu'on ne peut pas être si extrême et que les diverses situations de vie de classe existantes offrent de multiples occasions de varier les méthodes.  Je répondrais simplement en disant que si toute situation implique nécessairement transmission comme cela a été exposé jusqu'ici, il faut m'expliquer au nom de quels critères on peut choisir la voie du constructivisme. L'ensemble de ce texte démontre qu'il n'est en fait qu'une mauvaise version de transmission non avouée déléguée à un dispositif non structuré, ce qui est d'ailleurs corroboré par les multiples études comparatives réalisées sur le terrain par des myriades de chercheurs. Choisir l'option constructiviste c'est faire le choix délibéré de l'outil le moins efficient que le monde de la transmission connaisse.

Au fait, à bien y réfléchir, la seule manière de permettre à quelqu'un d'apprendre en rejetant toute forme de transmission, c'est de ne lui fixer aucun objectif, de ne rien lui enseigner, de n'utiliser aucun dispositif porteur de transmission, de ne pas l'évaluer et, en définitive, le laisser choisir lui ce qu'il veut faire tant la transmission est au coeur de tout acte d'enseignement. Dès lors, il est éventuellement possible de le questionner de manière à lui permettre d'approfondir ses conceptions, tout en se gardant bien de diriger d'une quelconque manière cette réflexion, ce qui semble totalement illusoire.

Stevan Miljevic, le 7 novembre 2014, sur le net et pour les Observateurs.ch

Eduquer au primaire en cachette

Eduquer au primaire en cachette : le but de l’Académie de Nantes ?

“Il est impératif que la phase de découverte ait lieu en classe et que les albums ne soient pas empruntés pour être emmenés à la maison. Les réactions très négatives de certains adultes à l’égard du livre pourraient compromettre son exploitation”.

Le livre aborderait, entre autres, deux sujet, dont la mort et l'activité des petits garçons et des petites filles, de façon, dirons-nous, peu conventionnelle........

(...)

L’auteur de l’album pour enfants, Nikolaus Heidelbach, ne dessine d’ailleurs pas que des petits enfants.

homme-coccombre-carottesCopie d’écran ci-contre, cliquer sur l’image pour l’agrandir.

Article complet

Genève: Manque d’argent pour ouvrir une classe mais pas pour la “Solidarité internationale”

De jeunes adultes inscrits pour préparer une maturité professionnelle ont été placés lundi sur une liste d’attente. L’ouverture de leur classe est suspendue à l’octroi d’un dépassement de budget.

Source

socialisme-pour-les-nuls1 (1)

A mettre en parallèle avec les subventions de la Ville de Genève cette année:

1) Fonds 1 % pour le développement : programme d’amélioration de revenus des femmes de Tohoué (Bénin) à travers la micro-finance, l’élevage, la transformation et la commercialisation de produits agricoles. Projet sur un an et demi.
Montant de la subvention : 46'846.–

2) Solidarité Orphelins du Liban – SOL : Ecole Mosaik du Foyer de la Providence. Ville de Saida, Liban. Projet sur une année.
Montant de la subvention : 58'000.–

4) Association Terragir – Energie solidaire : « Robin des Watts » - Programme de solidarité internationale lié aux activités de sensibilisation dans les écoles genevoises. Deux projets sur un an : Installation solaire pour le centre de formation de Baguinéda au Mali, rénovation pour une amélioration énergétique de l’école de Quisar au Pérou (chauffe-eau solaire, isolation des salles de classe et serre de marraîchage).
Montant de la subvention : 42'949.–

5) Compagnie des Cris : Formations - ateliers d’expression théâtrale à Thiès, Sénégal. Projet sur un an.
Montant de la subvention : 10'000.– (réaffectation de fonds non dépensés en 2013)

8) Comité pour le Concours Grands Lacs – CCGL : programme régional de formation en droit humanitaire et droits humains – Concours francophone Grands Lacs Africains, 2ème, 3ème et 4ème éditions (2014 – 2016). Rwanda, Burundi et République Démocratique du Congo.
Montant de la subvention : 55'680.–

15) Collectif urgence Palestine
Observatoire des droits humains à Jérusalem
Montant de la subvention : 160’500.–

etc. etc.

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« Endoctrinement gauchiste » : L’UDC lance un site de dénonciation antiprofs

Les jeunes pousses du parti conservateur lancent une offensive contre «l’endoctrinement gauchiste» en classe. Frei-schulen.ch, c’est le nom du dernier projet des jeunes agrariens. Sur ce nouveau site, qui mélange esthétique rebelle et doctrine très conservatrice, les écoliers du secondaire et les étudiants ont désormais la possibilité de «balancer» leurs profs jugés trop à gauche, qui égratigneraient l’histoire suisse ou se répandraient trop sur le réchauffement climatique.

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