Le gouvernement allemand rapatrie des femmes allemandes de l'Etat islamique depuis le nord de la Syrie
Passage frontalier de Semalka (frontière irako-syrienne) - opération secrète explosive peu avant Noël !
Pour la première fois, le gouvernement allemand lui-même est intervenu et ramène en Allemagne les membres allemands de l'Etat islamique capturés dans le nord de la Syrie. Le ministère des Affaires étrangères a affrété un avion pour le rapatriement, prévu de longue date, de trois femmes et de leurs enfants ainsi que de plusieurs orphelins des camps kurdes. Des agents de la police fédérale accompagnent le vol.
Selon le BILD, les trois adultes sont Leonora M. (21 ans) de Sangerhausen, Merve A. (24 ans) de Hambourg et Yasmin A. de Bonn.
Jusqu'à présent, le gouvernement allemand a refusé de rapatrier les membres allemands de l'EI capturés en Syrie. La raison officielle donnée par le ministère fédéral des Affaires étrangères (AA) est qu'il ne peut pas intervenir en Syrie parce qu'il n'y a pas d'ambassade.
Cependant, ce n'est pas le régime du dictateur Bachar al-Assad (55 ans) qui est au pouvoir dans le nord de la Syrie, mais le PYD kurde avec sa milice YPG. Berlin n'entretient pas officiellement de relations avec le PYD - probablement par considération pour la Turquie, qui considère la milice YPG comme la ramification syrienne du groupe terroriste interdit PKK.
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Or, pour la première fois, le ministère des Affaires étrangères (AA) rapatrie activement les femmes allemandes de l'Etat islamique. La décision a été prise uniquement pour des raisons humanitaires, selon le ministère fédéral des Affaires étrangères. En effet, plusieurs membres des familles de prisonniers allemands avaient auparavant poursuivi avec succès le gouvernement fédéral en vue de leur rapatriement, mais aucune des décisions de justice n'a encore été appliquée.
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Qui sont ces trois femmes ?
► Leonora M. a disparu de sa ville natale de Sangerhausen (Saxe-Anhalt) en 2015 - l'écolière n'avait que 15 ans à l'époque. Comme le journal BILD l'a mentionné en 2017, Leonora est devenue la troisième épouse de l'homme de main allemand de l'Etat islamique, Martin Lemke de Zeitz. Martin Lemke a été actif dans l'appareil de sécurité de la milice de terreur, a vécu longtemps à Raqqa, et y a contrôlé et interrogé d'autres Allemands.
Selon les informations du BILD, Leonora l'aurait soutenu. Début 2019, Lemke a été capturé par la milice YPG, Leonora est arrivée avec ses deux filles au Camp al-Hol. Elle y a été soumise à une hostilité massive de la part d'autres femmes allemandes, cette situation menaçante aurait joué un rôle dans la décision du rapatriement.
► Merve A. est passée au djihad en 2014. Là-bas, elle a épousé Bilal Z., qu'elle avait déjà connu à Hambourg. En 2017, son mari est mort au combat, Merve s'est enfuie avec leurs deux enfants. Elle a été arrêtée par la milice YPG et vit depuis au Camp Roj.
La santé des deux enfants s'est récemment gravement détériorée, raison pour laquelle le ministère fédéral des Affaires étrangères a décidé de les rapatrier.
► Yasmin A. a émigré en Syrie en 2015. Son frère Yamin était déjà connu à l'époque. En effet, peu de temps auparavant, le service des médias de l'Etat islamique avait publié la seule vidéo de propagande officielle en langue allemande : plusieurs djihadistes allemands étaient réunis dans l'ancienne ville en ruines de Palmyre, l'Autrichien Mohamed Mahmoud appelait au djihad et insultait la chancelière allemande Angela Merkel. Enfin, Mahmoud et Yamin A ont tué deux prisonniers sans défense.
Mahmoud et Yamin A.
Deux ans plus tard, Yamin A. a été tué au combat, Yasmin s'est enfuie avec ses enfants. Elle a été arrêtée par la milice YPG et amenée au camp Roj. Sa santé s'est considérablement détériorée, c'est pourquoi elle a également été inscrite sur la liste des personnes à rapatrier.
Qu'adviendra-t-il des femmes islamistes rapatriées ?
Le procureur général fédéral enquête sur ces trois cas pour, entre autres, appartenance à une organisation terroriste (article 129b du code pénal). Toutefois, comme il n'y a pas de risque de fuite et qu'il n'y a pas d'autres motifs d'arrestation (par exemple, destruction de preuves), aucun mandat d'arrêt ne sera probablement exécuté, de sorte que les trois personnes resteront en liberté pour le moment. Toutefois, après la conclusion de la procédure préliminaire, elles devront répondre de leurs actes devant les tribunaux.
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(Traduction libre Schwarze Rose pour Les Observateurs.ch)
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