Un membre présumé de l’État islamique aurait appelé à des attentats-suicides et aurait planifié des attaques terroristes. A présent, il doit comparaître.
Ce n'est pas le premier procès d'un membre présumé de l'Etat islamique en Suisse, mais peut-être le plus important : un Irakien de 52 ans qui vivait dans un centre d'asile suisse devra répondre devant le Tribunal pénal fédéral à Bellinzone à partir de mercredi prochain.
Le ministère public de la Confédération accuse l'homme d'avoir violé la loi fédérale sur l'interdiction d'Al-Qaida, de l'État islamique et de groupes apparentés et d'avoir participé à une organisation criminelle. En outre, lui est reproché la fabrication et le stockage de multiples représentations de violence, notamment propagandistes et cruelles, de commettre de multiples fraudes et de conduire une voiture sans autorisation.
L'acte d'accusation comporte près de 100 pages. Le site "Bluewin" résume les points principaux.
Qui est l'accusé ?
Selon le ministère public, l'accusé était membre de l'organisation terroriste interdite État islamique (EI), opérant à partir de la Suisse depuis 2014 environ, mais au plus tard à partir de la mi-2016.
L'homme vivait dans un centre d'asile et a fréquenté la mosquée controversée An'Nur à Winterthur. Selon le journal "Tages-Anzeiger", neuf hommes et trois jeunes gens des environs se sont rendus en Syrie, vraisemblablement pour y rejoindre le régime terroriste.
Selon le ministère public, l'accusé lui-même a agi depuis la Suisse. Son objectif était "d'établir un califat mondial en tant qu'entité étatique, basé sur les piliers d'une doctrine extrémiste violente, salafiste-jihadiste, dont l'utilisation de moyens de violence terroristes fait partie intégrante.
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Des attentats terroristes prévus en Suisse ?
Le 10 août 2016, l'accusé aurait téléchargé sur son téléphone portable un document contenant des informations pour débutants sur les explosifs et les poisons, a déclaré l'accusation.
Le document de 216 pages était un cours de formation de l'Etat islamique, qui comprend sept leçons ainsi que des chapitres de questions et de discussion. Selon le ministère public, il s’adresse expressément aux personnes qui souhaitent commettre des attentats djihadistes contre des pays occidentaux.
Le document décrit l'équipement et les matières premières nécessaires pour la fabrication d'explosifs et leurs possibilités d'approvisionnement. Il contient également des informations sur la fabrication d'engins explosifs et/ou incendiaires non conventionnels et leur mode d'utilisation, à savoir les "objets susceptibles de provoquer des éclats et les détonateurs improvisés", indique l'acte d'accusation.
Le document contient des descriptions et des illustrations sommaires d'explosifs, tels qu'une voiture piégée avec un chargement de bidons d'essence et de bouteilles de gaz, qui est déclenchée par un téléphone portable.
Les 216 pages sont également destinées à contenir des conseils sur la manière de se comporter, notamment en ce qui concerne la confidentialité, afin d'éviter d'être découvert par les parents et les autorités, "tout en indiquant, entre autres, d'autres moyens d'obtenir les substances requises afin de ne pas attirer l'attention".
Le 14 avril 2017, l'accusé aurait reçu un message vocal d'un cadre de l'Etat islamique. Selon le ministère public, celui-ci a ordonné à l’accusé de préparer "d'autres choses" "là-bas", c'est-à-dire en Suisse, afin d'obtenir la satisfaction d'Allah et de faire appliquer la charia. Selon l'accusation, les "autres choses" sont des attaques terroristes.
Le prévenu a répondu qu'Allah le récompenserait par la gentillesse, qu'Allah le bénisse pour cette belle déclaration, si Allah le veut, avec la permission d'Allah. Ainsi, le prévenu a accepté l’ordre de préparer des attentats terroristes en Suisse.
L'accusé aurait soutenu l'Etat islamique avec de l'argent de l'aide sociale
À plusieurs reprises, l'homme de 52 ans aurait effectué des transactions afin de permettre à l'Etat islamique de poursuivre ses activités terroristes. C’est ce que le procureur lui reproche. Par exemple, il aurait transféré près de 3 500 francs suisses à un destinataire en Turquie pour permettre la libération d'un membre de l'Etat islamique.
En outre, le ministère public accuse le prévenu d'avoir soutenu financièrement un homme qui a planifié un attentat suicide au moyen d'un bus.
Le prévenu aurait reçu de l'argent d'un bureau d'aide sociale pour "financer ses moyens de subsistance et, si possible, ses activités régulières de soutien à l'Etat islamique", selon l'accusation.
Il avait "frauduleusement" présenté des faits au bureau d'aide sociale afin d'obtenir de l'argent qui ne lui avait pas été accordé.
Lors des réunions, il aurait nié à plusieurs reprises avoir des revenus et des biens à sa disposition, mais ses dénégations auraient été fausses. Étant donné qu’il s’agissait de biens immobiliers en Irak, cela n’a pas pu être vérifié. Entre février 2017 et mai 2017, il aurait reçu un soutien de près de 4400 francs suisses.
Les cellules dormantes ont-elles été construites ?
Selon le ministère public, l’accusé aurait ordonné à une femme d’organiser les «frères kurdes» afin de créer une cellule dormante de l’État islamique. À cette fin, l’accusé lui aurait ordonné de suivre un cours de charia de l’État islamique et d’apprendre à construire des cellules dormantes, y compris en ce qui concerne leur répartition géographique et l’attribution d'ordres, aux fins des objectifs de l’État islamique, qui comprennent notamment la perpétration d'attentats terroristes.
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L'accusation exige que les frais de procédure soient partiellement à la charge de l'accusé. Sur un total d'un peu moins de 690 000 francs suisses, l'homme de 52 ans doit payer un peu moins de 327 000 francs suisses.
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(Traduction libre Christian Hofer pour Les Observateurs.ch)
Bluewin.ch / 24heures.ch (ancien article)
Rappels :