par Laurent Lagneau · 23 août 2020
Les réformes structurelles conduites à partir de 2015 ont permis à la Finlande de réduire sa dette publique [59,4% du PIB en 2019] ainsi que son déficit public [-1,1% en 2019] tout en soutenant l’activité économique en s’appuyant sur l’innovation [numérique, biotechnologies] et sur ses atouts traditionnels [ressources naturelles]. En quatre ans, le taux de chômage est ainsi passé de 9,4% à 6,7%.
Seulement, et bien que relativement épargnée par la crise sanitaire liée à covid-19, avec 7.300 cas et 330 décès recensés à la mi-juillet, Helsinki a vu ses indicateurs économiques plonger. Avec une économie dépendante de ses échanges extérieurs [en particulier avec la Suède et l’Allemagne], lesquels représentent environ 40% du PIB, la Finlande a en outre pris des mesures pour limiter la propagation du coronavirus qui ont affecté l’activité. Dans le même temps, elle a bien été obligée de soutenir les entreprises et les ménages, via des dépenses exceptionnelles.
Résultat : le déficit budgétaire s’est envolé à 8,2%, de même que l’endettement public [71,3%]. Le tout avec un effondrement du Produit intérieur brut [PIB] estimé à -6/-10%. Ce qui fait l’objectif d’arriver à l’équilibre budgétaire d’ici 2023 relève désormais du voeu pieux.
Au regard des difficultés économiques que rencontrent la plupart des pays confrontés à la pandémie, certains analyses ont suggéré que les budgets militaires allaient en pâtir. Ce qui, dans le cas de la Finlande, mettrait en péril deux programmes majeurs : le Squadron 2020, qui vise à acquérir de nouvelles corvettes pour un coût estimé à 1,3 milliard d’euros, et le projet HX, lequel doit permettre de remplacer les avions de combat F/A-18 Hornet dans le cadre d’un appel d’offres de 7 à 10 milliards d’euros.
Ces deux programmes sont aussi importants l’un que l’autre, alors que la Finlande, membre de l’Union européenne [mais pas de l’Otan] a des relations difficiles avec la Russie voisine [cette dernière l’a accusée de « génocide » en Carélie, durant la Seconde Guerre Mondiale…]. En outre, Helsinki déplore régulièrement les violations de son espace aérien par l’aviation militaire russe, comme cela a encore été le cas le 28 juillet dernier, par deux Su-27 « Flanker ».
Quoi qu’il en soit, la crise actuelle n’ayant pas une origine financière comme les précédentes, les indicateurs économiques devraient repartir à la hausse l’an prochain. Pour la Finlande, les prévisions de croissance pour 2021 sont de l’ordre de +3% environ. Et, les programmes Squadron 2020 et HX ne seront nullement menacés par une éventuelle cure d’austérité.
En effet, à la mi-août, le ministère finlandais des Finances a proposé un budget 2021 de 61,6 milliards d’euros, avec un déficit de 7 milliards [contre 18,9 milliards en 2020]. Et sans plan de relance, comme cela doit être le cas en France.
Dans ce budget, le ministère finlandais de la Défense devrait obtenir 4,87 milliards d’euros, soit 1,7 milliard de plus qu’en 2020. Ce qui représente une hausse significative de +54%. Les dépenses militaires du pays dépasseront les 2% du PIB l’an prochain [contre 1,4% actuellement].
« L’augmentation est en grande partie due au financement proposé pour l’acquisition d’avions de combat polyvalents dans le cadre du projet HX », souligne-t-on à Helsinki.
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