Voici la traduction d’un article paru le 7 janvier 2016 dans le journal allemand « Die Welt » :
« Ils étaient, en majorité, des demandeurs d’asile, tout juste arrivés en Allemagne ». Des agents de la police démentent l’information fournie par leur direction selon laquelle les violeurs de Cologne seraient inconnus. Ceux qui furent contrôlés étaient majoritairement des Syriens. Pour les délinquants, il s’agissait « d’amusement sexuel ».
Auteurs de l’article : Wolfgang Büscher , Martin Lutz , Till-Reimer Stoldt
Le rapport de police révèle que ses agents ont été complètement dépassés par les événements de la Saint-Sylvestre. L’évacuation de la place devant la cathédrale fut chaotique – à certains moments, il était devenu impossible d’enregistrer des plaintes.
Manifestement, les déclarations faites par la hiérarchie de la police à Cologne sont, pour l’essentiel, fausses. Il s’agissait des agressions sexuelles commises lors des fêtes de la Saint-Sylvestre. Ceci ressort des informations fournies au journal ‘Welt am Sonntag’ par des policiers qui étaient en service, ce soir-là, à Cologne. Les fonctionnaires se défendent contre les allégations du ministre fédéral de l’Intérieur Thomas de Maizière (CDU) à l’adresse des agents de police à Cologne. Le chef de police de la ville, Wolfgang Albers, avait dit mardi : Nous ne savons pas qui a dépouillé les passants et commis des agressions sexuelles sur des femmes.
Les policiers de Cologne déclarent au journal qu’ils ont contrôlé et parfois mis en garde à vue un grand nombre de personnes. Par conséquent, la police sait quels groupes de personnes étaient impliqués. « Contrairement à ce qui a été rendu public, des relevés d’identité ont été effectués pour de nombreuses personnes » faisant partie de la bande criminelle devant la gare.
Environ 100 de ces personnes ont fait l’objet de contrôles ; certains furent placés en garde à vue. Jusqu’à présent, la direction de la police de Cologne n’a, par contre, pas indiqué que ses agents avaient arrêté ou bien mis en garde à vue des malfrats. Les policiers de Cologne indiquent, par ailleurs, que les contrôles d’identité révèlent que : « Seule une petite minorité était d’origine nord-africaine. Ceux qui furent contrôlés étaient, en majorité, des Syriens. »
Les auteurs arabes des infractions sont avant tout impliqués dans des agressions sexuelles ou, pour l’exprimer selon leur point de vue, d’amusement sexuel
Cela ressort, selon les agents de police, des papiers d’identité qui furent présentés. Mais jusqu’ici l’on orientait les soupçons vers de jeunes hommes nord-africains parce que ceux-ci étaient connus à Cologne, depuis plus d’un an déjà, comme un groupe de petits malfrats (kleinkriminelle Problemgruppe : un groupe à problème constitué de petits délinquants). Sauf que les hommes contrôlés ne sont en Allemagne que depuis quelques mois. « La plupart d’entre eux sont arrivés récemment, comme demandeurs d’asile. Ils ont présenté des papiers remis par l’administration qui enregistre justement les demandeurs d’asile ». On remet au demandeur une copie de sa demande et des photos.
Les déclarations des policiers contredisent celles de leur hiérarchie sur un autre point : dans la représentation officielle, il s’agissait principalement de larcins à l’égard des passants. Le harcèlement sexuel ne se serait produit qu’incidemment. « En réalité, c’est exactement le contraire qui s’est passé », déclarent les policiers de Cologne au journal ‘Welt am Sonntag’. « Pour les auteurs arabes de ces agressions, il s’agissait avant tout d’infractions à caractère sexuel ou, pour le dire selon leur point de vue, d’amusement sexuel. Un groupe d’hommes entoure une victime femme, l’encercle et s’en prend à elle ».
Un papier interne du 2 janvier contredit également les déclarations de Wolfgand Albers
Il n’y a pas que les révélations des policiers qui contredisent le chef de la police, Albers, il y a aussi la présentation des faits dans un document interne (un « debriefing » datant du 2 janvier et dont dispose la rédaction de ‘Welt am Sonntag’). Cette présentation est clairement en contradiction avec les déclarations d’Albers.
Il ressort de ce document de six pages que les auteurs des délits étaient en majorité des demandeurs d’asile: « Lors des contrôles d’identité effectués, les personnes ne disposaient, majoritairement, que de documents remis aux demandeurs d’asile par l’Office fédéral des migrations et des réfugiés. En règle générale, ils ne disposaient pas de papiers d’identité. »
D’après le rapport d’intervention de la police à Cologne lors du réveillon, entre 22 heures et 5 heures du matin, 71 fiches de données personnelles ont été établies, 11 personnes mises en garde à vue et 32 procès verbaux dressés. Par ailleurs, quatre personnes furent arrêtées. Ces données ont dûment été enregistrées par le système CEBIUS du centre de contrôle de la police.
Syndicat de Police : « Il est tout à fait certain qu’il y avait des réfugiés parmi les auteurs de ces actes ».
Arnold Plickert, président du GdP (Syndicat de police) en Rhénanie du Nord-Westphalie, a défendu ses collègues dans le journal ‘Welt am Sonntag’ : « Les allégations du ministre de l’Intérieur, De Maizière, font que de nombreux collègues à Cologne se sentent attaqués et mis au pilori de façon totalement injuste. Il est tout simplement faux d’affirmer que personne n’était arrêté par la police ou mis en en garde à vue, cette nuit-là ». Et il serait faux de prétendre qu’aucun contrôle d’identité n’aurait été enregistré, dit Plickert. « A ma connaissance, on dénombre au moins 80 cas de relevés d’identité, de personnes arrêtées ou de mises en garde à vue. »
Plickert défend également les policiers de Cologne qui font des déclarations aux journalistes sur la vérité de ce qui s’est passé lors du réveillon. « Je peux comprendre que des collègues rendent publiques, de façon anonyme, des informations qu’ils détiennent. Ils veulent balayer les déclarations erronées et se défendre. Certains agents m’ont déjà déclaré qu’ils avaient l’impression que c’étaient eux les coupables ».
Et le responsable syndical de poursuivre : « Prétendre que rien n’indiquait qu’il s’agissait de réfugiés relève, à mon sens, de la désinformation. D’après mes collègues, plusieurs individus contrôlés ont présenté des certificats émanant de l’Office des réfugiés. Aucun doute qu’il y avait des réfugiés parmi les auteurs des délits ».
Traduit par Pascal Hilout
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