Vladimir Poutine a reçu Marine Le Pen

Le président russe a assuré que la Russie ne voulait pas avoir «de l'influence sur les évènements à venir», selon des propos retranscrits par les agences de presse russes.

Discrète publicité dans la campagne électorale de Marine Le Pen: en déplacement vendredi à Moscou, la présidente du Front national a été reçue par Vladimir Poutine. Par le truchement d'une seule caméra officielle, la rencontre s'est déroulée à l'abri des journalistes dans un salon du Kremlin, en marge d'une visite, par la candidate, de l'exposition moscovite consacrée aux trésors de la Sainte Chapelle. Au menu officiel de ce tête-à-tête improvisé et inédit: la lutte contre le terrorisme, au nom de laquelle le président russe et son hôte française ont plaidé en faveur d'une plus grande collaboration internationale. Au passage, le leader russe a délivré un message tout à fait ambigu aux électeurs de l'hexagone: il s'est défendu de soutenir la candidate d'extrême droite tout en épousant les thèmes de campagne qui sont les siens.

Au-delà, l'opportunité d'une discussion sur la lutte anti-terroriste, paraissait évidente: mardi, les attentats de Londres revendiqués par Daech ont fait quatre victimes. La nuit dernière, en Tchétchénie, république musulmane instable du sud de la Russie, une attaque perpétrée contre une base militaire russe a fait douze morts - dont six soldats russes - et trois blessés. Tout comme Marine Le Pen, Vladimir Poutine rend l'immigration, principale responsable de la violence en Europe. «Malheureusement, la destruction des modes de vies traditionnels au Proche-Orient a conduit à une hausse de la violence et de l'afflux migratoire», s'est inquiété le chef du Kremlin. Pour sa part, la candidate du FN a souligné le danger de l'infiltration de l'Etat islamique au sein des «flux migratoires».

Source et article complet

Le Kremlin exige des excuses de Fox News pour avoir appelé Poutine «un tueur»

«Poutine est un tueur.» L'affirmation de Bill O'Reilly, l'un des intervieweurs stars de Fox News, n'a visiblement pas plu outre-Atlantique. Au lendemain de la diffusion de l'interview de Donald Trump, le 5 février 2017, le Kremlin a demandé à la chaîne conservatrice américaine de présenter ses excuses au président russe, explique Slate.com, qui indique qu'un porte-parole a estimé que la description de Poutine était «insultante», et «inacceptable».

Suite

2017 sera-t-elle l’année de la Russie ?

   
Michel Garroté - Olivier d'Auzon est écrivain, juriste, consultant auprès de la Banque mondiale et auteur du livre "Le grand échiquier de Poutine". Il a tout récemment publié une analyse intitulée "2017 devrait être l'année de la Russie" ; analyse à la fois non-conformiste et pertinente (notamment en ce qui concerne le Proche et le Moyen Orient), dont je publie ci-dessous des extraits adaptés.
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Olivier d'Auzon (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Theresa May, Donald Trump et François Fillon partagent l'idée qu'il convient de renouer diplomatiquement avec Moscou. Et il y a plus, les cartes du Moyen-Orient sont rebattues par le spectaculaire retournement de la situation en Syrie en faveur du régime de Bachar El-Assad. De fait, en septembre 2015, les rebelles syriens, aidés par les Occidentaux, les pétromonarchies du Golfe et la Turquie croyaient pouvoir s'emparer de Damas. Mais l'intervention russe a sauvé in extremis le régime et permis la reconquête d'Alep, la seconde ville du pays. Dès lors, les Russes se substituent aux Américains comme grande puissance de référence dans la région. L'idéalisme moralisateur comme masque d'un interventionnisme rapace a fait des ravages qu'on ne peut plus ignorer.
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Plus personne ne nie aujourd'hui les conséquences de la mauvaise définition des ennemis et des alliés puis de l'identification erronée de la menace par une Amérique privée de contre-pouvoir. Son hyper puissance arrogante a été préjudiciable à l'équilibre mondial. Au Moyen-Orient, la Russie a désormais beaucoup d'atouts dans son jeu, alors que les Occidentaux y sont affaiblis, constate Jean-Dominique Merchet dans L'Opinion. Moscou parle avec les acteurs essentiels : la Turquie, l'Iran, l'Égypte, Israël. Grâce à son intervention militaire, Vladimir Poutine est en position de force et il cherche manifestement une issue politique. Celle-ci devra ménager les intérêts de chacun, l'Iran notamment. Dans cette situation, il serait inconscient de souhaiter un échec du président russe au nom de nos rancœurs. Pour l'heure, les Russes ont marginalisé les Américains, ces derniers qui peinent à « soutenir sans soutenir » les djihadistes et essayer de maitriser leur allié turc indocile.
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Les Russes dominent le front diplomatique et cherchent à réunir autour d'eux un panel crédible et représentatif de la diversité syrienne pour un processus politique qui débouchera sur des élections et surtout sur le maintien de l'unité syrienne même dans l'hypothèse d'une structure étatique fédérale. A l'inverse, au Quai d'Orsay, au lieu de s'insérer dans cette approche pragmatique, on persiste à criminaliser Vladimir Poutine, à parler d'Assad comme du bourreau unique de son peuple, à minorer le soutien populaire au régime de Damas pour accréditer l'idée qu'on pourrait, de l'extérieur, imposer un casting représentatif qui pourtant a sombré sans équivoque dans le discrédit et en est lui-même réduit à proposer « de parler avec la Russie » pour ne pas quitter tout à fait la scène. Et la guerre continue. Dans ce contexte, "Il faut choisir. On ne peut pas continuer simplement à s'indigner", tranche François Fillon. "Les Européens ne sont pas responsables des crimes commis en Syrie, mais un jour, l'Histoire dira qu'ils sont coupables de n'avoir rien fait pour les en empêcher".
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À ce titre, la libération d'Alep, est un tournant non seulement militaire mais aussi psychologique. Moscou, est de facto l'arbitre du jeu diplomatique face à une Amérique en retrait et à l'orée d'un changement de président à Washington. Aujourd'hui n'est–il pas urgent de changer de logiciel et cesser de croire que l'islamisme radical n'est pas soluble dans la pensée occidentale ? Le recul des djihadistes à Alep n'est en effet que la manifestation d'une déroute militaire globale, et d'un rapport de forces russo-américain où Washington perd pied. Même John Kerry dans sa déclaration de Bruxelles du 6 décembre 2016, à l'occasion de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'OTAN, semble jeter l'éponge. Etant entendu qu'il est dorénavant apparemment convaincu que le renversement du régime syrien et l'éclatement du pays sont inéluctables. Et c'est ainsi qu'il cherche habilement à dédouaner l'Amérique d'un soutien aux mouvements rebelles radicaux devenu indéfendable et surtout sans issue.
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La rivalité Washington-Moscou restera vive, au moins jusqu'à l'entrée en fonction de Donald Trump le 20 janvier 2017. Alep est tombée sous les coups de canons de Bachar El-Assad ? Il n'en est rien. "Alep n'est pas tombée, Alep est libérée". "Si vous ne le croyez pas, vous devriez venir ici et voir de vos propres yeux les gens fêter sa libération. Comment pouvez-vous dire qu'Alep est tombée ? "s'exclamait il y a peu un Alepin. Dans la même veine, Peter Ford, ancien Ambassadeur de la Grande–Bretagne en Syrie de 1999 à 2003, déclarait à la veille de Noël 2016 sur les antennes de la BBC: "Ecoutez, ce soir, il y a un sapin de Noël et des festivités au centre d'Alep. Je pense que si Assad était renversé et que l'opposition était au pouvoir, vous ne verriez pas de sapin de Noël à Alep. La diabolisation du régime a pris des proportions grotesques. Dans ce contexte, "La chute d'Alep a affaibli la position de négociation de l'opposition syrienne et de ses alliés", notamment les pays du Golfe, qui "devraient s'engager sur la voie d'un règlement politique car une solution militaire est devenue plus que jamais improbable", confie Ibrahim Fraihat, analyste et professeur au Doha Institute for Graduate Studies.
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Maintenant, "le défi pour les pays du Golfe, ce n'est pas Assad lui-même, mais la nouvelle alliance entre la Russie, la Turquie et l'Iran", indique Matthieu Guidère. Selon Abdulkhaleq Abdulla, professeur de sciences politiques émirati, la Turquie est en effet passée du camp qui cherchait à renverser M. Assad au camp qui souhaite son maintien. "Ceux qui avaient parié sur une alliance Turquie-Arabie-Qatar ont perdu". L'arrivée au pouvoir en janvier 2017 aux Etats-Unis de Donald Trump pourrait encore plus modifier la donne pour les pays du Golfe. "Les Saoudiens et d'autres savent que, sous le président Trump, la dérive occidentale vers Assad va s'accélérer", estime l'expert Neil Partrick, un autre spécialiste du Golfe. "Cela veut dire l'abandon de l'objectif d'un Etat client syrien, dominé par des sunnites, où l'Arabie saoudite rivaliserait ensuite avec les Turcs et les Qataris". Et "si l'Arabie saoudite était sage, elle enverrait des signaux à Assad maintenant, comme les Turcs et les Egyptiens l'ont fait" récemment.
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Chemin faisant, on s'interrogera tout à la fois sur la portée de l'assassinat de l'Ambassadeur russe en Turquie, le 19 décembre 2016 et sur l'attentat revendiqué par l'EI commise contre une discothèque d'Istanbul pendant la nuit du nouvel An 2017. Ce dernier pourrait signifier au président Erdogan qu'il ne peut impunément jouer sur tous les tableaux. De fait, la Turquie s'est en effet longtemps impliquée dans la déstabilisation du régime syrien, avant de reconnaître officiellement à la fin de l'été dernier, que Bachar El-Assad était un interlocuteur sinon légitime du moins incontournable. Avec cet attentat, Ankara est en passe d'expérimenter les limites de son jeu très habile de son positionnement acrobatique entre Moscou et Washington, souligne judicieusement Caroline Galactéros. La Turquie a simplement fini par devoir admettre qu'elle pèserait plus, y compris vis-à-vis de Washington, dans une alliance avec la Russie - qui s'est imposée comme principal décideur du futur syrien- que contre elle.
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Face à ce réalisme froid, nous restons malheureusement intellectuellement sidérés et sans rebond. Nous avons manifestement le plus grand mal à comprendre l'ampleur du bouleversement stratégique en cours. Un bouleversement mondial dont le Moyen-Orient n'est que l'un des théâtres d'expression. Au-delà des enjeux régionaux, cet acte tragique est la rançon du succès global de la Russie, revenue dans le jeu international à la faveur de son implication militaro-diplomatique efficace en Syrie, confie Caroline Galatéros. Pour l'heure on soulignera volontiers que la Turquie et la Russie se sont entendues sur un accord de cessez-le-feu qui est entré en vigueur le 28 décembre 2016. Cet accord devrait être la base des négociations politiques entre le régime et l'opposition que Moscou et Ankara souhaitent organiser à Astana, au Kazakhstan.
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De fait, selon le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, les préparatifs aux négociations de paix sur le règlement du conflit syrien doivent avoir lieu prochainement à Astana, à l'initiative de la Russie. "Nous commençons avec les Turcs et les Iraniens à préparer la rencontre à Astana", a-t-il indiqué, alors qu'Ankara et Téhéran ont affiché leur volonté d'être avec Moscou des garants d'un accord de paix entre le régime syrien et l'opposition qui pourrait être conclu à Astana. Ne nous en déplaise, Vladimir Poutine est le seul à pouvoir faire en sorte que "les armes se taisent" en 2017. Dans le même temps, le prix du baril de pétrole va continuer de remonter et permettra à la Russie de surmonter la terrible crise économique.
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Et peut-être même que les sanctions contre la Russie seront abandonnées, par les Etats-Unis, si Donald Trump tient ses promesses de campagne, ce qui pourrait aussi animer un François Fillon réputé pro-russe et hostile aux sanctions s'il arrivait aux affaires. Pour toutes ces raisons : la remontée du baril de pétrole, le virage majeur en Syrie, ou encore le reset de Donald Trump/Fillon avec Moscou – et la nomination annoncée de Rex Tillerson comme futur Secrétaire d'Etat à Washington, 2017 devrait être l'année de la Russie, pronostique Alexandre Del Valle, auteur de "Les vrais ennemis de l'Occident", conclut Olivier d'Auzon (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Introduction & Adaptation de Michel Garroté pour https://lesobservateurs.ch/
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http://www.huffingtonpost.fr/olivier-d-auzon/2017-devrait-etre-lannee-de-la-russie/?utm_hp_ref=fr-homepage
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A propos d’Alep – La vérité si je mens

   
"L’Occident a perdu son honneur à Alep" (selon nos médias). "Je demande pardon au peuple d'Alep" (encore selon nos médias). "Avec la chute de l'ex-capitale économique de la Syrie, dans l'indifférence de la communauté internationale, c'est le dernier symbole d'une possible alternative à la dictature du régime d'Assad qui s'effondre" (toujours selon nos médias). J'aimerais, pour commencer, signaler que les rebelles islamistes empêchent les civils de quitter les quartiers assiégés d'Alep-Est et qu'ils s'en servent comme boucliers humains.
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Rebelles islamistes à Alep qui sont notamment membres du Fatah al Cham, du Ahrar al-Sham, du Fastaqim, du Noureddine al-Zenki, du Sultan Mourad et du Jabha Shamya, bref, des allumés aussi aimables que l'étaient, il n'y a pas si longtemps que ça, ceux d'al-Qaeda (qu'ils ont évincé d'ailleurs...). Quant à Barack Hussein Obama, il a jeté définitivement l’éponge devant les terribles images en provenance d’Alep et il a préféré prendre des vacances avec sa famille dans l’archipel d’Hawaï, comme l'écrit Freddy Eytan dans Le Cape.
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Je note, par ailleurs, qu'à l'ONU, une journaliste a démonté la rhétorique des médias traditionnels sur la Syrie. Sa démonstration a eu lieu lors d'une conférence de presse ayant pour thème « Contre la propagande et le changement de régime en Syrie ». Etaient invités à y participer les journalistes et activistes internationaux. Parmi les participants, la journaliste canadienne Eva Bartlett, qui s'est plusieurs fois rendue en Syrie depuis 2014, travaillant à y recueillir les témoignages directs des habitants de ce pays.
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Ci-dessous, je publie un certain nombre d'analyses sérieuses (parfois un peu longues...) et de commentaires (judicieux...) sur ce qui c'est vraiment passé - et se passe encore - à Alep.
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Ainsi, le Père Ziad Hilal, chargé des projets de l’AED en Syrie (donc sur place), qui est interviewé (ci-dessous, extraits de l'interview ; voir lien vers source en bas de page) :
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Quelle est la situation actuelle à Alep ? Le cessez-le-feu est-il respecté ?
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Père Ziad Hilal - Non, après une trêve, les combats ont visiblement repris. Nous entendons des bombes et des tirs de roquettes à une distance relativement faible. Non loin de nous, il y a deux secteurs où se sont retranchés les rebelles qui ne veulent pas capituler. Jusqu’à maintenant, nous continuons d’entendre des combats.
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Et dans votre secteur ?
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Père Ziad Hilal - Dans notre secteur, les choses sont calmes. Beaucoup de gens ont quitté l’Est de la ville pour venir à l’Ouest. De nombreuses organisations sont sur place pour les aider. Il a fait très froid aujourd’hui. Mais il y a tout juste quelques jours, notre couvent a été l’objet d’une attaque. Samedi soir, vers 18 heures, une roquette a explosé dans notre bâtiment, causant des dégâts matériels. À cette heure-là normalement, nous célébrons la messe dans notre église, mais ce samedi-là, nous participions à une retraite chez une congrégation de religieuses. C’est ce qui nous a sauvés.
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Comment évaluez-vous la situation à Alep-Est actuellement ?
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Père Ziad Hilal - Pour la première fois depuis cinq ans, j’ai pu visiter aujourd’hui la partie Est de la ville et me faire une idée de la situation, en particulier dans le quartier chrétien de Al-Midan. Le spectacle qui s’offre à vous est celui d’une destruction totale. Notre centre Saint-Vartan est lui aussi très endommagé.
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Les médias font état de massacres de la population civile par l’armée syrienne et ses alliés…
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Père Ziad Hilal - J’ai des doutes quant à ces récits. Il existe peut-être des cas isolés, mais nous n’en avons pas entendu parler ici. Il faut savoir que ces temps-ci, on diffuse beaucoup d’informations erronées et aussi de fausses images. Les organisations sur place comme la Croix Rouge n’ont pas diffusé ce genre de nouvelles jusqu’à présent. Le problème est que les gens tendent à exagérer alors qu’aujourd’hui justement, il ne faut pas provoquer, mais au contraire garder son calme. Il importe maintenant d’encourager les gens à s’accepter mutuellement et à oser la réconciliation.
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Voyez-vous des signes de cette réconciliation ?
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Père Ziad Hilal - Pas encore. Nous avons détruit la ville parce que jusqu’à maintenant, nous ne sommes pas parvenus à nous mettre d’accord dans le dialogue. Nous avons perdu notre civilisation et détruit notre histoire ! Pourquoi ? C’est une tragédie.

Beaucoup de Syriens accusent les puissances étrangères d’être le principal responsable de la guerre…
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Père Ziad Hilal - Nous ne devons pas montrer les autres du doigt : ce sont d’abord nous-mêmes qui sommes responsables. Il faut néanmoins dire que les médias jouent un rôle déplorable dans cette guerre. Ils provoquent les deux parties et les montent l’une contre l’autre. Ces provocations doivent cesser.
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Maintenant que la partie Est de la ville est quasiment vide, y a-t-il selon vous l’espoir d’un rapprochement ?
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Père Ziad Hilal - La bataille d’Alep a été acharnée. La plupart de la ville est totalement détruite et la simple obtention d’un cessez-le-feu a déjà été un malheureux jeu de patience. Mais nous devons garder espoir, pourquoi sinon sommes-nous encore là ? Alep a connu bien des conquérants au cours de son histoire. Des milliers de personnes y sont mortes et elle a été détruite à plusieurs reprises. Et elle s’est pourtant toujours relevée. Gardons espoir.
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Y a-t-il quelque chose que l’Occident peut faire aujourd’hui ?
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Père Ziad Hilal - Avant tout : cessez les provocations. Appelez les hommes politiques à la raison pour qu’ils recherchent un discours modéré et la réconciliation. Le Proche Orient doit devenir une région paisible où tout le monde cohabite pacifiquement. Il deviendra sinon un enfer pour nous (fin de l'interview ; voir lien vers source en bas de page).
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Par ailleurs, lors d'une conférence, la journaliste canadienne Eva Bartlett a été interrogée par son collègue (gauchiste) norvégien du journal 'Aftenposten'. Il cherchait à comprendre comment elle pouvait accuser nos médias de mensonges sur la situation en Syrie. Deux minutes ont suffi à Eva Bartlett pour faire voler en éclats le mythe de la crédibilité des médias (https://youtu.be/0DZSPy5KkWg).
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Sur LSB, Paula Corbulon écrit (extraits adaptés) : En France, les réalités sont non seulement totalement ignorées des medias du régime socialiste, mais noyées sous une avalanche de bobards hystériques, qui marquent le désarroi de l'oligarchie hors-sol devant un échec, au moins temporaire, de sa campagne de déstabilisation de la Syrie, conclut Paula Corbulon.
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De son côté, Olivier Hanne, cité sur LSB, écrit notamment (extraits adaptés) : Le désastre diplomatique français au Proche-Orient est lié à l’irréalisme de notre politique depuis 2011, laquelle a toujours voulu défendre les principes du droit contre Bachar al-Assad, sans prendre en compte les réalités du terrain et la complexité des sociétés concernées. La France est le seul pays, avec l’Arabie Saoudite, à avoir toujours voulu le départ du président syrien. Cette opiniâtreté a coûté à la France sa place dans la région, puisqu’elle a été dépassée par le dynamisme russe et le pragmatisme américain. En fermant son ambassade à Damas et en refusant toute négociation, même parallèle, Paris s’est privé de tout levier semi-officiel en Syrie et a dû se rabattre sur les groupes rebelles qui, dès 2012, étaient tous pénétrés par l’idéologie djihadiste.
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Contre Bachar, la France a démontré l’usage d’armes chimiques et a défendu cette position même après avoir été lâchée par les États-Unis, puis elle a utilisé la qualification de crimes contre l’humanité et crimes de guerre, ce qu’elle n’a fait ni envers le régime irakien qui a pilonné les villes sunnites en 2012-2013, ni envers Riyad pour son action au Yémen ; contre Bachar, la France a refusé de frapper les troupes de Daech qui se sont emparé de Palmyre en mai 2015 puis à nouveau en décembre 2016, et elle ne l’a pas fait justement pour ne pas être accusée d’aider le régime, même indirectement ; contre Bachar, la France a soutenu la rébellion kurde dans le nord de la Syrie, quitte à fragmenter le pays et à fermer les yeux sur les exactions commises par certains groupes kurdes ; contre Bachar, la France a même fourni des armes à des groupes constitutifs de l’alliance Jabhat al-Nosra ; contre Bachar, la France a permis à l’Arabie Saoudite de financer la mouvance djihadiste de Syrie, la même qui a empêché par la terreur les civils de quitter Alep lorsque les Russes ont ouvert des corridors humanitaires ; contre Bachar, la France a laissé toute latitude à l’Arabie Saoudite pour conduire une coalition au Yémen du Nord afin d’y écraser dans le sang la rébellion des Houthis, faisant plus de 30'000 morts ; contre Bachar, la France a fermé les yeux sur les manœuvres turques visant à s’implanter sur la frontière syrienne.
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Accuser la France de ne pas s’être investie dans le dossier syrien est une ineptie et un mensonge. Certes, la France a d’abord parlé et n’a agi qu’indirectement. Mais qu’est-ce que les experts interrogés par Le Monde souhaitaient de plus ? Une intervention militaire directe de la France ? Toute seule, à la Cyrano, pour le panache ? Avec quelles troupes ? Avec les 3'000 soldats qui tentent de barrer la route au djihadisme au Sahel à travers l’opération Barkhane ? Avec les 10'000 soldats épuisés par l’opération Sentinelle ? Et contre qui la France aurait dû envoyer ces troupes ? Contre l’armée syrienne et son allié russe ? À Alep ou à Damas ? Les deux, mon général.
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Nos hommes auraient été immédiatement pris entre le marteau de Daech et l’enclume syro-russe, et ils auraient été accusés de néo-colonialisme, comme ils le sont déjà au Sahel ! Nous aurions déclenché une guerre avec la Russie sans aucune assurance de rétablir une paix quelconque. La France est allée jusqu’au bout de sa logique, celle des principes, mais depuis la fin des blocs, les principes ne suffisent plus à déterminer le camp du bien, et le Moyen-Orient est trop complexe pour supporter le manichéisme. Si la France est condamnable pour ce qui s’est passé à Alep, alors elle l’est aussi pour Saada au Yémen, pour Falloujah en Irak. Mais jusqu’où faudra-t-il s’accuser ? Une chose est sûr : les experts ne sont pas faits pour gouverner, conclut Olivier Hanne (fin des extraits adaptés).
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De son côté, Maxime Perrotin écrit notamment (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : La bataille d’Alep touche à sa fin après 4 ans de conflit. L’armée syrienne progresse dans les toutes dernières poches de résistances des quartiers Est de la ville qui pourraient être reprises dans les heures qui viennent. Un épilogue qui provoque un tollé général dans les médias français. Florilège. « La libération totale d'Alep est proche », c'est ce qu'annonçait une source militaire de Sputnik dès le 12 décembre au soir. Une libération qui pourrait être pleinement effective « d'ici 48 heures », si on en croit le témoignage de Pierre le Corf, français vivant à Alep Ouest où de nombreux habitants sont descendus dans les rues pour célébrer cette libération «imminente» et la fin des combats et des bombardements.
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Si 98% de la ville est à présent aux mains de l'armée syrienne, les médias semblent, contrairement à de nombreux « combattants rebelles », ne pas déposer les armes. En effet, depuis ce matin, les médias français mainstream se livrent à une surenchère de titres tous plus alarmistes les uns que les autres, comme par exemple Courrier International : « Syrie. À Alep, les civils attendent la mort », ou Libération : « Bataille d'Alep: "C'est le jour du jugement dernier" » « Alep, une fin dans le sang et les flammes » pour France Inter, quant à Le Monde : « Alep, en passe de tomber aux mains du régime de Bachar Al-Assad » (rappelons qu'un million et demi de civils vivent actuellement à Alep en zone gouvernementale).
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D'autres médias titrent sur le spectre des massacres et autres « atrocités contre les civils », tel que RFI ou L'Express. La palme revient néanmoins à l'Obs, qui semble affectionner les comparaisons historiques, via Rue89, « Alep: "C'est Srebrenica qui parle. Impuissance" », quelques heures plus tard, autre article autre titre, « ALEP. Comme à Grozny, la stratégie russe est simple: c'est la destruction totale ». Christian Harbulot, Directeur de l'École de Guerre Économique (EGE), voit dans la couverture médiatique de la libération d'Alep, une sorte de « danse de Saint-Guy » des journalistes français : « Nous assistons hélas à un concert de protestations qui relèvent plus de l'intention d'influencer l'opinion publique que le devoir d'informer l'opinion publique française », conclut Maxime Perrotin citant Christian Harbulot (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Quant à Gilles William GOLDNADEL, il écrit notamment (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Autant l'écrire tout de suite, je ne me fais pas l'ombre d'une illusion. Dans ce conflit syrien inextricable et confus, ma parole est inaudible. Et le message écrit qui va suivre est pratiquement illisible, d'autant plus qu'il est écrit à l'encre antipathique. Mais je l'écris tout de même. Pour me regarder sans honte et prendre date.
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Gilles William GOLDNADEL : Le message scellé dans une bouteille lancée dans la mer des sarcasmes est le suivant : la prétendue realpolitik – à la mode aujourd'hui, plus à droite qu'à gauche, et qui exige que même lorsque les enfants d'Alep, dans les hôpitaux et dans les écoles, expient les fautes qu'ils n'ont pas commises, il faille soutenir Assad – est non seulement immorale, mais irréaliste.
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Gilles William GOLDNADEL : Elle est évidemment totalement immorale, car trop c'est trop. Un régime dictatorial et sanguinaire qui cible délibérément et spécifiquement des écoles et des hôpitaux et envoie sur eux les gaz et des tonneaux incendiaires est insoutenable et inexcusable. Mais ceux qui me connaissent savent que je ne souhaite pas particulièrement être enterré au paradis des moralistes désincarnés et que je sais surtout l'enfer pavé des meilleures intentions.
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Gilles William GOLDNADEL : Mais c'est sur le terrain du réel que j'entends contester l'expertise supposée des défenseurs de la realpolitik. Tout d'abord, à Alep, l'organisation État islamique et ses détestables suppôts sont pratiquement absents. Dans la ville martyre, c'est principalement le front al-Nosra qui combat Assad et ses supplétifs iraniens et hezbollahis. Entre ces deux rivaux islamistes radicaux utilisant la terreur – l'un sunnite, l'autre chiite –, notre cœur moral et notre cerveau raisonnant ne sauraient balancer d'une quelconque manière.
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Gilles William GOLDNADEL : La Syrie est condamnée à tout jamais à être divisée. Je sais bien, et mes amis à droite me le serinent souvent, que le régime bassiste syrien est plus tolérant à l'égard de la minorité chrétienne que les islamistes de tout poil. Je leur donne raison et j'en sais quelque chose. Qu'on me permette l'anecdote : en ma qualité de président de France-Israël, j'avais invité au début de la guerre civile une sœur syrienne d'origine palestinienne venue dire à l'assemblée que quand bien même elle n'approuvait pas le régime cruel d'Assad, elle le préférait aux bourreaux islamistes qui détruisaient les églises et massacraient les fidèles à la croix.
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Gilles William GOLDNADEL : Qu'avais-je fait là ! Je ne sais plus quel folliculaire de La Règle du jeu, la revue de BHL, m'accusa ni plus ni moins d'être un suppôt du régime. Moi qui, pratiquement dans le désert depuis plus de 20 ans, reprochait à Hafez puis à son rejeton les massacres commis en masse à Hama ou ailleurs dans l'indifférence la plus totale d'un journal du soir qui à l'époque disait officiellement et le bien et le mal.
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Gilles William GOLDNADEL : Mais pour autant, et alors même que quoi qu'il arrive désormais, la Syrie est condamnée à tout jamais à être divisée, est-on tenu de délivrer un chèque en blanc à la radicalité chiite, à l'Iran obscurantiste des mollahs et au Hezbollah terroriste ? Mes amis de droite me serinent encore que Churchill, pourtant anticommuniste de bon aloi, avait bien dû choisir Staline plutôt que Hitler. C'est vrai, et il avait eu raison.
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Gilles William GOLDNADEL : Sauf que. Sauf que c'était après avoir vainement bataillé contre les pacifistes irréalistes britanniques qui avaient refusé de s'armer contre Hitler. Sauf que Staline, au moment du choix churchillien déchirant, était infiniment moins puissant que Hitler. Dans notre présente espèce, l'État iranien et le Hezbollah sont infiniment plus puissants que le pseudo État islamique sur le recul et non présent à Alep. Sauf que, après Stalingrad, et contrairement à la crédulité (déjà) de son allié américain, Churchill commençait à envisager Staline avec une méfiance redoublée.
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Gilles William GOLDNADEL : À présent que l'organisation État islamique recule partout, il est temps de regarder avec une égale méfiance la radicalité islamiste chiite. Je l'ai dit, je me fais peu d'illusions sur mes chances d'être entendu. D'autant plus que l'on dira que mes sympathies pour Israël ne sont pas pour rien dans l'envoi de cette bouteille en Méditerranée. Et on aura parfaitement raison.
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Gilles William GOLDNADEL : On voudra bien pardonner effectivement le fait que le régime de Téhéran – qui fait graver sur ses missiles balistiques, dans l'indifférence absolue du monde, « Israël doit être détruit » – ne m'inspire pas une sympathie ou une confiance illimitée. Mais lorsqu'on s'intéresse de près au drame du Proche-Orient, il n'est pas impossible d'avoir quelques intuitions d'ores et déjà confirmées pour partie.
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Gilles William GOLDNADEL : Même s'il est antipathique et cruel de le faire observer : l'offre politique au sein du monde arabo-islamique est encore aujourd'hui entre le mauvais et le mauvais. Raison pour laquelle je n'ai jamais cru au printemps arabe, contrairement à tous les bons esprits qui m'accablaient alors et parlent avec la même assurance aujourd'hui.
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Gilles William GOLDNADEL : Qu'il me soit enfin et surtout permis, avec une immense amertume, de constater que les défenseurs autoproclamés des droits de l'homme, ceux que j'appelle les islamo-gauchistes, qui étaient descendus en masse dans les rues de Paris pour crier leur haine d'Israël – quand ce n'était pas des juifs – sous le prétexte de la guerre à Gaza déclenchée par le Hamas, se sont mis aux abonnés absents durant toute la durée du grand massacre.
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Gilles William GOLDNADEL : Que l'on s'en souvienne : Quand les Arabes sont massacrés par des Arabes, quand des musulmans sont massacrés par d'autres musulmans et non par des Occidentaux chrétiens ou juifs, ils ne méritent pas qu'on mette le nez dehors. Il y a quatre ans, l'ensemble des journaux télévisés ouvraient systématiquement sur le conflit israélo-palestinien, il est vrai qu'il était plus sûr pour un journaliste d'être présent à Gaza – dès lors qu'il était docile à l'égard du Hamas – plutôt qu'à Alep. Dans ce cadre médiatique et intellectuel déjà bien psychologiquement balisé, les diplomates, les politiques, l'ONU n'entendaient précisément regarder le conflit que sous un angle prétendument purement moral.
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Gilles William GOLDNADEL : Et pourtant, les missiles islamistes partaient de Gaza, les boucliers humains existaient déjà à Gaza, et les frappes chirurgicales israéliennes ne visaient pas les hôpitaux. Pour imparfaites, elles étaient autrement moins meurtrières et bouchères que celles du camp Assad et de ses alliés. Je prends date, vous dis-je. Il est des jours où la morale rejoint le droit et l'intérêt. Même un point de vue tristement et dramatiquement réaliste ne saurait nous faire abandonner ces enfants d'Alep qui sont aussi les nôtres, conclut Gilles William GOLDNADEL (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Michel Garroté pour https://lesobservateurs.ch/
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http://www.aed-france.org/syrie-situation-a-alep-interview-p-ziad/
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https://fr.sputniknews.com/points_de_vue/201612131029159921-alep-djihadistes-medias/
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http://blognadel.over-blog.com/2016/12/goldnadel-alep-l-encre-antipathique.html
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L’UE c’est l’URSS du temps présent

   
Vladimir Poutine reste "l'homme le plus puissant du monde", devant Donald Trump et Angela Merkel, selon le classement 2016 du magazine 'Forbes', édition du mercredi 14 décembre 2016. A 64 ans, raconte 'Forbes', le président russe remporte le classement du magazine américain pour la quatrième année consécutive. 'Forbes' me laisse totalement indifférent.
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En revanche, je dirai que Poutine (avec Trump tout de même, mais ça c'est au-dessus des forces de 'Forbes'), est, non pas "l'homme le plus puissant du monde" (formule stupide qui ne veut rien dire), mais l'un des chefs d'Etat du monde le plus intelligent : c'est lui qui a considérablement affaibli l'EI en Syrie, et, soit dit en passant, il n'est pas responsable des massacres à Alep, contrairement aux allégations mensongères de nos médias.
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De nos médias qui semblent soutenir, avec un plaisir jouissif, les terroristes musulmans de tous poils qui sévissent - ont sévi et séviront encore - à Alep et ailleurs. Je reviendrai, pour Les Observateurs, une fois encore, et, tout prochainement, sur ce qui se passe réellement à Alep, preuves et sources à l'appui.
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Par ailleurs, je note avec plaisir que lors d’une conférence de presse à Belgrade, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov (qui lui aussi, à l'égal de Poutine, est un homme intelligent), a comparé l’UE à l’URSS : « L'Union européenne délivre des instructions par écrit à ses différents Etats membres, associés ou candidats, indiquant l'attitude à adopter et les déclarations à faire concernant la Russie. Il est exigé à chacun de ces pays de condamner 'l'annexion de la Crimée' ou 'l'occupation de l'Est ukrainien' ».
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C’est une « approche absurde » des relations internationales. Si le rapprochement de l’UE avec la Serbie ou le Monténégro ne sont motivés que par la volonté de s'opposer à la Russie, « c'est une impasse, une voie sans issue ». « Cette manière de privilégier les intérêts idéologiques sur les intérêts économiques ou essentiels des pays membres fait penser à l'Union soviétique », a ajouté Sergueï Lavrov.
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En résumé et en conclusion, je dirai que l'Union Européenne, c'est l'URSS du temps présent. Que Poutine et Lavrov sont des hommes intelligents. Et que nos gouvernants, ainsi que nos médias, sont, lamentablement, en-dessous de tout. Quelle triste année que l'année 2016... Vivement 2017 dont je souhaite qu'elle soit "l'année coup de balai"...
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Michel Garroté pour https://lesobservateurs.ch/
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Guerre mondiale – Sarajevo 1914 – Al-Bab 2016

   
Michel Garroté - Une réforme visant à élargir - encore plus - les pouvoirs du Calife nazislamiste (et président) Erdogan sera soumise dans quelques jours au Parlement turc. Cette réforme prévoit de transférer l'essentiel des pouvoirs exécutifs du Premier ministre au président. En fait, la réforme prévoit, à terme, la suppression pure et simple de la fonction de Premier ministre, et, la nomination de deux "vice-présidents" aux côtés d'Erdogan. Etant donné le rôle de la Turquie, en Syrie notamment, cette réforme est particulièrement alarmante pour l'avenir.
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A ce propos, Laurent Leylekian, analyste politique et spécialiste de la Turquie déclare notamment (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : La Turquie cherche actuellement à renforcer ses positions en Syrie. Quand on voit le bilan de Recep Tayyip Erdogan dans le sud-est de la Turquie après la destruction de villes comme Sarnak, on peut dire que, finalement, ce n’est pas mieux que Bachar el-Assad. Il a parlé il n'y a pas si longtemps de frontière du cœur et des morceaux de l’âme turque, en évoquant l’ensemble des anciens territoires ottomans. Il manipule directement ou indirectement différentes milices dans le nord de la Syrie et maintenant l’armée turque y est présente.
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Le point de tension extrême ce n’est pas Alep (ndmg - les habitants d'Alep profitent aujourd'hui de l'offensive victorieuse des forces gouvernementales syriennes et de leurs alliés) mais Al-Bab (les Kurdes et les Turcs sont à moins d'un kilomètre de distance autour d’Al-Bab), où se cristallisent les ambitions turques d’aller plus loin à l’intérieur de la Syrie, peut-être jusqu’à Raqqa. Il est à craindre qu'Al-Bab 2016 soit un peu le Sarajevo de 1914 (ndmg - début de la Première Guerre mondiale). Cela risque d’exploser. Je pense que le dernier épisode où les soldats turcs ont été bombardés par l’aviation syrienne et non l'aviation russe  --  ce dont on a aujourd'hui la confirmation et il est clair que l’aviation syrienne n’aurait rien fait sans le consentement, sinon l’encouragement des Russes  -  c’est très clairement un signal de la Russie à la Turquie qu’il lui faut s’arrêter là et ne pas aller plus loin.
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Le maître des horloges et du déroulement de ce qui se passe en Syrie, c’est Vladimir Poutine. Il ne tient pas à s'aliéner d'avantage les Turcs, parce que les Turcs sont engagés dans un processus de rapprochement avec le groupe de Shanghai et d'éloignement de l’UE. Et cela fait les affaires de Vladimir Poutine. Maintenant, la question est : qui va prendre Al-Bab ? Peut-être l’armée syrienne tout simplement. Al-Bab est important, parce que c'est par là que passe l’une des routes qui mène à Alep. Dans l’hypothèse où la Russie soutient l’armée syrienne régulière (ndmg - ce qui est le cas), il ne serait pas illogique qu'elle (la Russie) laisse finalement l’armée syrienne régulière reprendre le contrôle d’Al-Bab, ajoute Laurent Leylekian (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Introduction, adaptation et mise en page de Michel Garroté
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https://francais.rt.com/opinions/29934-turquie-syrie-declarations-erdogan-credible
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Effet Trump – Bulgares et Moldaves contre “zélites” occidentales

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Michel Garroté - Effet Trump ? La Bulgarie et la Moldavie viennent d'élire des présidents pro-russes. Ce sont-là deux baffes pour l'Union européenne et pour les "zélites" occidentales. Décidément, depuis la victoire du "yéti", le monde change, les langues se délient, des actes de courage sont posés.
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A ce propos, le chroniqueur Yves Daoudal écrit notamment (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Il y a eu l’élection présidentielle en Moldavie. C’est le socialiste Igor Dodon qui a été élu, contre la candidate européiste Maïa Sandu, diplômée de Harvard et ancienne employée de la Banque mondiale. Igor Dodon a fait campagne en prônant la dénonciation de l’accord d’association avec l’UE, et l’adhésion du pays à l’Union douanière Russie-Biélorussie-Kazakhstan. (Mais on a vu en Ukraine comment on pouvait arranger cela…).

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D’autre part, en Bulgarie, c’est aussi un socialiste qui a été élu président, Roumen Radev, ancien chef de l'armée de l'air, clairement pro-russe, très hostile aux sanctions contre la Russie, affirmant haut et fort que la Crimée est historiquement russe, mais sans intention de quitter l’UE (tant que ça rapporte, sans doute). Dans les deux pays, où les gouvernements sont européistes, ces élections vont conduire à des élections législatives anticipées. Le Premier ministre bulgare a immédiatement démissionné, conclut Yves Daoudal (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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De son côté, dans 'Le Courrier international', Laurence Habay écrit notamment (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Le 13 novembre, les Bulgares et les Moldaves ont élu à la présidence des candidats de l’opposition prorusse ou favorable à un rapprochement avec la Russie. Pour le site russe Vzgliad, ce doublé s’inscrit dans une large tendance de fond qui promet de s’élargir encore en Occident. “Les élections présidentielles bulgare et moldave se sont caractérisées par une ressemblance surprenante : les favoris étaient des représentants de l’opposition affichant des positions prorusses, face à une candidate de parti proeuropéen au pouvoir”, résume le site russe Vzgliad.
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C’était en effet, à quelques nuances près, la situation d’Igor Dodon, leader du Parti des socialistes de Moldavie, face à Maia Sandu, d’Action et Solidarité, et, en Bulgarie, du général Roumen Radev, face à Tsetska Tsatcheva, candidate du parti Les citoyens pour le développement européen de la Bulgarie. D’après les résultats des élections du 13 novembre, Igor Dodon, qui milite pour un rapprochement avec la Russie et le maintien de l’identité moldave ancrée dans l’orthodoxie, remporte le second tour de la présidentielle. Il réunit 52,5% des voix. Maia Sandu, économiste, technocrate, dissidente du parti au pouvoir, mais au positionnement pro-européen, recueille 47,4% des suffrages.
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C’est “un résultat impressionnant”, estime le quotidien russe Kommersant, étant donné l’extrême jeunesse de son parti, créé par elle au printemps 2016. Ce scrutin, qui se déroulait au suffrage universel pour la première fois depuis vingt ans en Moldavie, a été marqué par une participation en hausse par rapport au premier tour, précise le titre moscovite. La même observation a été faite à l’étranger, où les nombreux électeurs des diasporas se seraient cependant heurtés à un manque de bulletins dans les bureaux de vote, situation vivement critiquée dans la presse moldave. En Bulgarie, selon les résultats officiels, c’est Radev qui a remporté l’élection avec 59,35% des voix. Le candidat sans étiquette, mais soutenu par les socialistes, est partisan de la levée des sanctions contre la Russie et est également un haut gradé de l’Otan (la Bulgarie était membre de l’Alliance Atlantique depuis 2004).
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Sa concurrente Tsetska Tsatcheva, candidate de la majorité conservatrice, a obtenu 36,17%. Le Premier ministre Boïko Borissov a immédiatement donné sa démission, et des élections législatives anticipées devraient avoir lieu. Selon Vzgliad, le général est soucieux de redresser une situation économique difficile marquée par “une série de mesures antirusses de la direction du pays, pour lesquelles la Bulgarie a payé cher”. Il s’agit de l’arrêt de la construction du gazoduc South Stream et des frais de compensation de plusieurs millions d’euros à la Russie pour la suspensiuon du projet de construction d’un nouveau réacteur à la centrale nucléaire de Béléné. Selon le site proche du Kremlin, cette double victoire de candidats prorusses ne doit rien au hasard, mais “s’inscrit dans une large tendance de fond qui promet de s’élargir encore en Occident.
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Les élections et les sondages montrent dans les deux pays que les sociétés sont divisées en deux parts approximativement égales concernant la vision de l’évolution ultérieure du pays. L’europessimisme y croît, alors même que le pouvoir exécutif est solidement tenu par les forces pro-européennes”. “Le mécontentement face à la mondialisation et à la domination d’une bureaucratie supranationale, le désir de retour de la souveraineté et des intérêts nationaux, la demande de prise en compte des besoins exprimés par les populations – tous ces éléments ont constitué une dimension centrale des principales campagnes électorales ou référendaires récentes, du Brexit à l’élection de Donald Trump qui a secoué tout le monde”. “La Bulagrie et la Moldavie n’ont pas fait exception. Et en 2017, d’autres élections d’une extrême importance auront lieu, notamment en Allemagne et en France. Il n’y a a priori pas de raison de supposer que ces tendances de fond les épargneront”, conclut le titre, cité par Laurence Habay (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Introduction, adaptation et mise en page de Michel Garroté
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http://yvesdaoudal.hautetfort.com/archive/2016/11/14/deux-defaites-de-l-ue-5874243.html
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http://www.courrierinternational.com/article/vu-de-russie-bulgarie-et-moldavie-deux-nouveaux-votes-anti-establishment-occidental
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Le coup de fil Trump-Poutine crée un vent de panique à Bruxelles

Suite à la conversation téléphonique, apparemment « amicale et conciliante » entre Donald Trump et Vladimir Poutine, les deux pays semblent ouvrir une nouvelle ère de « coopération mutuelle ». Une nouvelle qui n’a pas manqué de susciter une panique dans les rangs des responsables de l’Union européenne.

« Cette nuit, Vladimir Poutine a été ramené de la « cambrousse internationale », lorsque le président américain élu a fait le vœu de s’assurer qu’une nouvelle ère de "coopération constructive" règne dans les relations des deux superpuissances rivales », lit-on dans le Daily Mail.

Lors de la conversation, le républicain a notamment promis de collaborer plus étroitement avec leader russe, marquant « un dégel considérable » dans les relations russo-américaines, apprend-on de l’article.

Source et article complet

Élection de Trump: La Douma applaudit et Poutine espère un «dialogue constructif basé sur des principes d’égalité».

Le Kremlin espère «un dialogue constructif» avec Donald Trump tandis que les députés de la Douma ont applaudi à l’annonce par le porte-parole du parlement russe de la victoire du candidat républicain. Dans un télégramme adressé au candidat républicain, Vladimir Poutine est l’un des premiers chefs d’État à le féliciter pour sa victoire et émet l’espoir qu’un «travail commun» permettra de «sortir les relations russo-américaines de leur situation de crise».

Le président russe a également exprimé sa «certitude que le rétablissement d’un dialogue constructif basé sur des principes d’égalité, de respect mutuel et de prise en compte réelle des positions de chacun répond aux intérêts des peuples de nos États et de communauté mondiale». Une allusion est ainsi faite au reproche éternellement adressé par le Kremlin à Washington et à la diplomatie américaine, traditionnellement accusée de faire cavalier seul et de négliger les intérêts de la Russie.

Au-delà de ces mots d'encouragement, pointe au sein de la classe politique russe, l'incertitude de ce que sera la politique étrangère de Donald Trump au-delà ses déclarations de campagne. Le chef du comité des Affaires étrangères au Conseil de la Fédération (Sénat), Konstantin Kosatchev a appelé à ne pas «surestimer» l'importance de l'élection du futur président américain dans les liens bilatéraux, ajoutant que «dans tous les cas, c'est mieux que le désespoir de l'Amérique de Clinton».

Source

Cathédrale orthodoxe de Paris : Mohamed Sifaoui critique « Poutine qui vient planter ses merdes »

Mohamed Sifaoui qui est un journaliste, écrivain et réalisateur franco-algérien installé en France.

On rappelle la loi sur l'incitation à la haine contre un groupe religieux en France.

 

mohamed

 

via Fdesouche.com

Poutine fustige la politique migratoire de l’UE : «Une société incapable de protéger ses enfants n’a pas d’avenir»

Nos remerciements à TotalInfo

https://youtu.be/5uMQZnQR1TU

Discutant des aspects multiethniques de la politique intérieure de la Russie, le président russe Vladimir Poutine a appelé à ne pas suivre l’expérience européenne dans ce domaine qui, selon lui, laisse à désirer.

Le président russe Vladimir Poutine est convaincu que sa politique migratoire menace l'avenir de l'Europe. Le numéro un russe a fait ce constat lors d'une réunion du Conseil pour les relations interethniques dans la ville russe d'Astrakhan, le 31 octobre.

Pour justifier sa déclaration, M. Poutine a noté les crimes graves commis par des migrants arrivés en Europe du Proche-Orient et de l'Afrique. En particulier, il a rappelé le cas de viol d'un petit garçon en Autriche par l'un des migrants dont la condamnation a été finalement annulée.

« Une société qui n'a aucune possibilité de protéger ses enfants aujourd'hui n'a pas d'avenir », a déclaré M. Poutine.

En outre, le chef de l'État a suggéré que ce qui se passe maintenant dans l'Union Européenne est le résultat de la « culpabilité devant ces migrants » et de l'« érosion des valeurs traditionnelles nationales ». « Il est même difficile d'imaginer ce qu'ils font là-bas » a souligné le président russe.

Source

 

Syrie – Les Occidentaux n’ont pas de stratégie

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Michel Garroté - Les pays occidentaux mènent un double langage concernant la Syrie. Pire, les occidentaux mènent une politique suicidaire dans ce pays. Obama est le plus fourbe en la matière et Hollande le plus nul. Poutine, en revanche, se montre clairement  --  et sans tricheries  --  en sa qualité de véritable homme d'Etat, de véritable chef d'Etat.
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L'excellent Alexandre Del Valle, expert en géopolitique, écrit notamment, à propos de la Syrie et l'Occident  (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Les Occidentaux n’ont pas de stratégie. La stratégie des pays occidentaux c’est une stratégie médiatique des hommes politiques qui n’ont aucune vision géopolitique et stratégique. Ils ne sont pas honnêtes avec leurs alliés. Regardez comment la Libye qui était considérée comme allié en 2005 a été détruite, avec assassinat de son leader, en 2012.
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Aujourd’hui, la seule stratégie des Occidentaux, de gauche comme de droite, c’est l’indignation du moment pour aller dans le sens du vent médiatique. Ce n’est pas très joli : les Russes ont «tué des innocents à Alep», tout le monde va être contre la Russie. Et si, demain, il y a un nouvel attentat à Nice, à Strasbourg ou à Paris, ils diront qu’il faut s’allier à la Russie. Au lieu de penser stratégie, ils font des déclarations marketing, des opérations de communication.
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C’est ça le drame : les Occidentaux ne sont plus capables de stratégie, ou alors ce sont des stratégies non-avouées ou suicidaires. Ils sont obligés de communiquer dans l’instant pour plaire à l’opinion publique qui, d’ailleurs, est formée par ce que j’appelle des lobbies politiquement corrects. Comme ces lobbies disent que les Russes sont des criminels, il faut maintenant dire que les Russes sont l’ennemi, un obstacle à une solution en Syrie, etc. Quand il y a un attentat islamiste, ils vous diront l’inverse, parce qu'alors les hommes politiques ont peur de perdre des voix, du coup ils ont une vision beaucoup plus réaliste, affirmant que les véritables ennemis sont les islamistes.
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Le véritable intérêt stratégique des Occidentaux aujourd’hui est de faire plaisir aux rares clients qui leur apportent de l’argent et leur fournissent en même temps de l’énergie. Il y a une stratégie non-avouée : faire plaisir au Qatar, au Koweït, à la Turquie et surtout à l’Arabie saoudite. Le gouvernement français est très lié aux Saoudiens, au Qatar. Et, comme vous le savez, le Qatar est le parrain des Frères musulmans, alors que l’Arabie saoudite est le parrain de l’islamisation sunnite à l'échelle mondiale. Les Occidentaux agissent en quelque sorte un peu comme des mercenaires et des parents de l’islamisme sunnite radical. C’est pour cela que nous avons renversé Kadhafi, pour mettre à la place les Frères musulmans, c’était une demande des Qataris.
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Dans le passé, quand on a bombardé les Serbes pour faire une Bosnie islamique et un Kosovo islamique indépendants, en violation du droit international, on sait que c’était déjà des pressions des pays du Golfe qui avaient menacé de violer l’embargo. L’organisation de la coopération islamique, l’OCI, avait énormément insisté, allant jusqu'à menacer de représailles pétrolières et stratégiques. Depuis la fin de la guerre froide les Occidentaux poursuivent ce que j’appelle la stratégie pro-islamiste, qui consiste à jouer la carte de l’islamisme sunnite pour endiguer la Russie et ses alliés, ainsi que le nationalisme arabe considéré comme hostile. Parce que nos clients, les pays du Golfe, veulent renverser tous les régimes nationalistes arabes, et le dernier qui reste aujourd’hui, c’est la Syrie.
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Les Occidentaux ne font que suivre. Au Moyen-Orient, les Occidentaux n’ont qu’une stratégie suiviste, qui ne consiste pas à donner des idées, à inventer de nouvelles positions, mais à suivre leurs clients pour leur faire plaisir. Ils n'ont au Moyen-Orient aucun principe, ne défendent aucune valeur. Ils ne font que suivre leurs intérêts économiques à court terme. Une bonne stratégie doit tenir compte des intérêts économiques, mais également des intérêts à long terme de type géo-civilisationnel.
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Aujourd’hui l’Occident a totalement renié ses racines européennes, chrétiennes, judéo-chrétiennes. Il a totalement mis de côté ces intérêts de survie culturelle. C’est pourquoi les Occidentaux acceptent la propagande islamiste sur leur propre sol, alors qu’à long terme cela va se retourner contre eux. Quand on voit que les pôles mondiaux de l’islamisme radical (l’Arabie saoudite, le Pakistan, la Turquie, le Qatar) financent les centres islamiques en Europe, on sait très bien que ces centres vont remonter les populations musulmanes en Europe contre leurs propres gouvernements.
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Ce n’est absolument pas notre intérêt à long terme, c’est une politique suicidaire, mais elle est fondée sur des buts à court terme. Le court terme peut être intéressant, mais il va contredire le long terme. Une bonne stratégie devrait tenir compte des deux. C’est pourquoi je propose une redéfinition générale de la distribution des amis et des ennemis. Cela ne veut pas dire rompre avec tout le monde, cela veut dire exiger de nos partenaires qu’ils respectent nos intérêts, conclut Alexandre Del Valle (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Introduction, adaptation et mise en page de Michel Garroté
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https://francais.rt.com/opinions/27252-politique-francaise-suicidaire
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Syrie – La Russie pour une “guerre totale” ?

   
Michel Garroté - Les forces pro-gouvernementales syriennes, soutenues par les Russes, lancent, ce mardi 27 septembre 2016, sur quatre fronts, un assaut terrestre contre les secteurs d'Alep contrôlés par rebelles djihadistes. A propos d'Alep, peut-on sérieusement affirmer qu'en Syrie, la Russie opte pour une "guerre totale" ? Le fait est que la Russie utilise sa puissance de feu pour aider le gouvernement syrien à reconquérir Alep, car elle estime qu'il vaut mieux remporter une victoire militaire, plutôt que de poursuivre de vaines négociations avec les Etats-Unis. Ce sont là les affirmations, fondées ou non, de divers "experts". "Experts" réels ou présumés, souvent très hostiles à Bachar al-Assad et à Vladimir Poutine ; et, de ce fait, "experts complices" des djihadistes syriens.
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"La Russie met le paquet parce qu'elle ne croit plus à la possibilité de collaborer avec les États-Unis en Syrie", commente Fabrice Balanche, spécialiste de la Syrie au Washington Institute (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page). "C'est la guerre totale, car Moscou ne croit plus que Washington soit capable de faire quoi que ce soit en Syrie par manque de volonté ou incapacité", ajoute-t-il. Après de laborieuses négociations entre le secrétaire d’État américain John Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov, un cessez-le-feu était entré en vigueur le 12 septembre mais il n'a duré qu'une semaine. Outre le silence des armes, l'accord prévoyait l'acheminement d'aides humanitaires.
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Notamment à Alep où les habitants sont affamés par un siège implacable, et la distanciation des groupes rebelles de leurs compagnons d'armes, les jihadistes du Front Fateh al-Cham, ex-Front al-Nosra (branche syrienne d'Al-Qaïda). Aucun de ses engagements n'a été tenu et la guerre est repartie de plus belle. Les avions russes basés en Syrie frappent depuis jeudi soir la partie rebelle à Alep avec une violence qu'ils n'avaient jamais utilisée depuis le début de l'intervention militaire il y a un an. Moscou veut "en terminer avec une importante poche de résistance rebelle", souligne Igor Sutyagin, expert de la Russie au Royal United Service Institute de Londres.
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Il ne restera après qu'à reprendre la province d'Idleb et quelques poches rebelles, précise-t-il. Selon Thomas Pierret, expert de la Syrie à l'Université d'Edimbourg, "il s'agit d'accorder à Bachar al-Assad une victoire décisive" et "d'éliminer toute alternative en privant l'opposition de ce qu'elle considère comme sa capitale". "Une rébellion chassée d'Alep serait ramenée au rang d'insurrection périphérique", résume-t-il. Si depuis le début de la guerre, Moscou a toujours soutenu le président syrien face aux rebelles, aux Occidentaux et aux pays du Golfe, tant sur le terrain qu'à l'ONU, jamais leurs relations n'ont été aussi proches qu'aujourd'hui car Moscou, après bien des hésitations, a opté pour la force à Alep, comme le souhaitait depuis longtemps le régime.
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"La Russie se rapproche désormais de la manière de penser du gouvernement syrien", souligne Bassam Abou Abdallah, directeur du Centre de Damas des études stratégiques. "Elle était avant plus axée sur une solution politique et a commencé à dialoguer avec le Golfe, les Etats-Unis et d'autres pays, mais il s'est avéré que ce dialogue était impossible", selon cet expert proche du régime. Une victoire à Alep mettrait les autorités de Damas en position de force "en vue de prochaine négociations" souhaitées par l'émissaire de l'ONU Staffan de Mistura, note Alexeï Malachenko, politologue russe spécialiste du Moyen-Orient. "Sans Alep, Assad n'est qu'un demi-président. Pour vraiment gouverner, il lui faut Alep", assure Fabrice Blanche.
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Le président syrien pourra alors se targuer de contrôler les principales villes du pays, à savoir Damas, Alep, Homs, reprise en 2014, et Hama. "Russes et Syriens veulent prendre le contrôle de la totalité d'Alep et ensuite seulement négocier avec l'opposition", renchérit Fiodor Loukianov, membre du Conseil russe pour la politique de sécurité et de défense. "Alep joue un rôle clé" car l'avenir "dépendra de la disposition de la ligne de front qui séparera les parties belligérantes. Et cette ligne doit être stable". Au delà de la bataille d'Alep, la coopération entre Moscou et Damas répond à une logique sur le long terme, souligne Alexeï Malachenko. "Assad ne pourra rien obtenir sans Moscou, et la Russie à son tour comprend bien que sans Assad elle sera chassée du Proche-Orient. C'est une amitié forcée".
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Les images des immeubles détruits à Alep rappellent celles de Grozny, où l'armée russe avait appliqué son vieil adage: "l'artillerie conquiert le terrain et l'infanterie l'occupe". Les experts soulignent toutefois la différence de tactique à Alep par rapport aux deux guerres sans merci menées en Tchétchénie par la Russie contre les séparatistes dans les années 1990. "La tactique des militaires russes à Alep n'a rien à voir avec celle pratiquée à Grozny. A Alep, les morts parmi les civils se comptent par dizaines, à en croire les médias occidentaux, il ne s'agit pas des centaines de morts comme en Tchétchénie. Ce n’est pas comparable", assure Alexandre Golts, un expert militaire indépendant. A l'époque, l'armée russe avait parfois procédé à une centaine de raids aériens par jour, auxquels s'ajoutait l’apport très destructeur de l’artillerie déployée autour de Grozny (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Pour Jean-Sylvestre Mongrenier, coauteur de 'Géopolitique de la Russie' et Chercheur associé à l’Institut Thomas More, le cessez-le-feu russo-américain censé préparer un nouveau cycle de négociations sur le sort de la Syrie n’a donc pas duré (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page). Une semaine après son entrée en vigueur, le 19 septembre dernier, Damas annonçait la reprise des hostilités et un convoi humanitaire des Nations unies, envoyé dans une zone tenue par les rebelles, était bombardé. Depuis, les quartiers orientaux d’Alep sous le feu roulant des avions russes et syriens. Selon certaines analyses, ce nouvel échec diplomatique illustrerait la faible emprise de Moscou et Washington sur leurs alliés et protégés respectifs.
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Pourtant, ces derniers événements relèvent davantage du développement d’une grande stratégie russe dont les objectifs dépassent les enjeux géopolitiques syriens. Après avoir bloqué durant quatre ans tout accord international sur une transition politique en Syrie, en faisant usage de son droit de veto au Conseil de sécurité, et apporté un soutien financier et militaire constant au régime de Damas, le Kremlin a décidé d’intervenir directement dans le conflit, au cours de l’été 2015, au moment où le pouvoir de Bachar Al-Assad vacillait sérieusement. Deux jours avant le début des bombardements russes sur les positions rebelles, Vladimir Poutine justifiait cet engagement direct par la lutte contre le djihadisme (voir son discours à l’Assemblée générale de l’ONU, le 28 septembre 2015).
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En vérité, le déploiement de moyens militaires russes sur le théâtre syro-irakien n’a pas bouleversé le rapport global des forces et Moscou n’a ni les moyens requis, ni la légitimité nécessaire pour mettre sur pied une coalition mondiale contre l’« État islamique ». Dès le début des bombardements russes, le choix des cibles a confirmé que l’objectif de Moscou consistait à sauver le régime de Bachar Al-Assad et à sanctuariser le réduit alaouite et la « Syrie utile » (l’axe Alep-Damas et le littoral). Poutine entendait ainsi sauvegarder les intérêts stratégiques russes, à savoir les « facilités » navales de Tartous, à mi-chemin des détroits turcs et du canal de Suez, la base aérienne de Lattaquié, les radars qui surveillent la Turquie (voir la base d’Incirlik) et le Proche-Orient.
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De surcroît, la côte syrienne constitue un point d’entrée dans une région à laquelle la Russie accorde une importance cruciale. Autrement dit, l’enjeu résidait dans la préservation de ses « actifs » géopolitiques au Proche-Orient et en Méditerranée orientale. De fait, l’intervention a sauvé le régime de Damas et Bachar Al-Assad est le garant des intérêts stratégiques russes. Poutine a su exploiter la vacance de pouvoir, résultante de la politique américaine dans cette région. Dès le début de la sanglante répression des manifestations contre le régime de Damas, Barack Obama a bien exigé le départ de Bachar Al-Assad et le Département d’Etat a apporté un soutien diplomatique à l’opposition afin de préparer l’avenir.
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Pourtant, le renoncement de Barack Obama à faire respecter la « ligne rouge » qu’il avait tracée, malgré l’emploi d’armes chimiques, a mis en évidence le refus du président américain d’engager un nouveau conflit au Moyen-Orient. Il s’est empressé de saisir l’offre de Poutine: le désarmement chimique de Damas, sous la supervision de l’OIAC (Organisation pour l’interdiction des armes chimiques). L’acceptation de ce plan préservait le pouvoir de Bachar Al-Assad et offrait un succès au président russe (cf. l’accord russo-américain du 14 septembre 2013). On ne saurait parler de retrait des Etats-Unis. Le Moyen-Orient est une zone névralgique dont la destinée importe, nonobstant la montée en puissance de la production de pétrole de schiste outre-Atlantique, et il serait fallacieux de réduire la politique américaine dans la région à la seule gestion des flux pétroliers.
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De la Méditerranée orientale à l’Océan Indien, le dispositif géostratégique est toujours en place et l’on voit mal comment les Etats-Unis pourraient s’abstraire du Moyen-Orient, ce « nœud gordien » mondial. Simplement, Obama a centré sa politique sur la résolution de la crise nucléaire iranienne et il considère que le phénomène « Etat islamique » est une excroissance de la question irakienne. Plus généralement, la « patience stratégique » à laquelle il en appelle consiste à rétablir une certaine distance à l’égard du Moyen-Orient et à ne pas se laisser happer par les conflits régionaux. Du point de vue d’Obama, un interventionnisme inconsidéré en Syrie n’apporterait pas les résultats attendus et menacerait les positions extérieures des Etats-Unis, notamment en Asie-Pacifique.
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Il considère que l’avenir de la puissance se détermine sur d’autres plans que le militaire, ceux de la technologie et de l’économie. Enfin, il lui faut prendre en compte l’opinion publique américaine, encline à l’isolationnisme. Il reste que les développements de la situation ont montré l’impossibilité de borner cette guerre au territoire syrien et les limites du détachement géostratégique. Faute de moyens militaires additionnels visant à modifier l’équilibre local des forces, le secrétaire d’Etat John Kerry, a été conduit à faire des concessions unilatérales, sans résultat aucun. Poutine et Assad sont bel et bien « mariés », Moscou et Téhéran ont mis en place un axe russo-chiite et l’alliance Moscou-Damas-Téhéran, renforcée au sol par le Hezbollah, mène l’assaut contre les quartiers rebelles d’Alep.
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Dans cette guerre, Obama a négligé l’existence d’une « grande stratégie » russe qui s’étend bien au-delà des enjeux géopolitiques syriens. Malgré l’échec de la politique de « reset » et le conflit en Ukraine, il semble voir en Poutine un homme avec lequel il est possible de coopérer, comme dans la gestion de la crise nucléaire iranienne, si tant est qu’on lui laisse de l’espace. In fine, l’objectif du président russe serait d’améliorer les « termes de l’échange » avec l’Occident et d’être reconnu comme une puissance de premier plan, avec les droits et devoirs corrélatifs. Dans les faits, Poutine est un nostalgique de la superpuissance soviétique. Animé par une logique revancharde et révisionniste, il pense que l’heure de la revanche a sonné, la prudence excessive d’Obama en Syrie et la perte de « capital politique » des Etats-Unis au Moyen-Orient lui ouvrant la possibilité d’inverser le cours de l’Histoire.
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Du point de vue russe, la Syrie et le Moyen-Orient sont les théâtres d’une nouvelle guerre froide. A bien des égards, la vision de Poutine et des hommes qui l’entourent peut paraître irréaliste. Les « fondamentaux » de la puissance (PIB, technologie, démographie, structure sociopolitique) et l’incapacité à mener les réformes structurelles requises, pour mettre fin à la « malédiction des matières premières » et faire entrer la Russie dans le nouveau siècle, semblent invalider le projet géopolitique du Kremlin. Cela dit, il importe de comprendre que les perceptions et représentations géopolitiques, même erronées, comptent autant que les faits bruts. L’opiniâtreté, la prise de risques et les coups tactiques à répétition de Moscou sont susceptibles de mettre les équilibres mondiaux en danger.
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Surtout, l’insistance sur le fait qu’il n’y a pas de solution militaire en Syrie et la persistance à voir en Poutine un possible « pacificateur » mettent en évidence une faiblesse majeure du côté des sociétés occidentales post-modernes: une anthropologie mutilée focalisée sur les seuls « intérêts », la considération des avantages réciproques inclinant aux compromis. Ainsi, l’Occident néglige-t-il les passions qui émanent du « thymos » (la partie colérique de l’âme) et poussent aux extrêmes. Quand bien même nous apparaissent-ils déraisonnables, le ressentiment, la volonté de revanche et l’esprit de domination sont autant de passions souterraines qui déterminent l’impérialisme néo-soviétique de Poutine, conlut Jean-Sylvestre Mongrenier (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Pour Jean-Pierre Filiu, historien, "arabisant", "spécialiste" de l'Islam contemporain, ce serait, "un peu le sort de notre monde qui se joue à Alep". C'est du moins ce qu'il affirme dans l'entretien ci-dessous avec Ouest-France (voir lien vers source en bas de page) :
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Ouest-France - Qu’est-ce qui se joue à Alep, en ce moment-même ?
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Jean-Pierre Filiu - A mon sens, et je le dis avec une gravité que j’assume, c’est un peu le sort de notre monde qui se joue à Alep. L’Onu a été humiliée le 19 septembre avec le bombardement du convoi d’aide humanitaire qu’elle destinait à la ville d’Alep. Ce bombardement est, c’est ma conviction, l’œuvre d’un membre permanent du Conseil de sécurité, la Russie. Il a ouvert un cycle d’une extrême violence, sans précédent. On parle d’apocalypse à Alep, dont la Russie est le maître d’œuvre. Le régime Assad étant paradoxalement passé désormais sous ses ordres.
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L’objectif est de reprendre Alep à n’importe quel prix, même en la détruisant totalement ?
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Il y a d’abord la pratique de la guerre par la Russie, qui a été rôdée au cours des deux guerres de Tchétchénie, et qui consiste à reprendre des zones rebelles en les réduisant à l’état de ruines. Et en contraignant une population civile absolument vulnérable à choisir entre la mort et la reddition. Et à imposer ce choix aux combattants qui se trouvent au milieu de cette population. Il faut aussi mesurer l’affront qu’a représenté pour la Russie, début août, le fait que le siège d’Alep ait été brisé, alors que le commandement russe sur place était convaincu qu’il était devenu étanche, notamment avec le ralliement des milices kurdes, contre les quartiers Est d’Alep tenus depuis 2012 par les forces révolutionnaires.
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Les installations sanitaires sont de plus en plus ciblées. C’est un choix délibéré ?
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J’ai des témoignages directs, je connais bien le terrain. Il y a trois ans, tout ce qui tombait sur la tête des habitants des quartiers insurgés était déjà russe. Les bombes, les roquettes, les missiles, les balles. La différence, c’est que maintenant ce sont les Russes eux-mêmes qui les envoient. Les humanitaires sur place me disent tous la même chose : il y a bel et bien un ciblage systématique des institutions de santé. La première vague de bombardements de cette escalade, jeudi dernier, a détruit trois des quatre centres de la défense civile, les casques blancs qui sont absolument neutres et ne font que de l’humanitaire à Alep. Ce n’est pas une bavure, c’est une politique systématique car il faut briser la résistance d’une population, non seulement en l’affamant mais aussi en faisant que des blessures bénignes deviennent mortelles car il n’y a plus aucun moyen de les soigner.
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Moscou rétorque qu’en face, ce sont des groupes terroristes qui combattent. Daech et autres…
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La réalité, c’est que le Kremlin ne fait plus la guerre à Daech depuis longtemps. Or, c’était sous cette bannière de lutte contre le califat que Poutine avait justifié l’intervention directe et massive de ses forces il y a un an. L’autre groupe qui s’appelait al-Nosra, qui a changé de nom mais qui selon moi reste toujours l’émanation d’al-Qaïda, n’était pas présent à Alep jusqu’à très récemment. C’est le siège d’Alep par la Russie et le régime Assad qui a fait que les Djihadistes sont apparus comme des sauveurs en brisant le siège. On est face à une classique politique du pire menée par la Russie, une prophétie auto-réalisatrice. Les Russes bombardaient violemment Alep avant que Nosra ne soit présente. Cette situation est surtout le résultat de l’abandon de la Syrie par les pays qui prétendent la soutenir, comme les Etats-Unis, et ceux qui prétendent combattre le terrorisme mais en réalité l’alimentent, la Russie.
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Les propos des diplomaties occidentales au Conseil de sécurité, parlant de « barbarie », de « crimes de guerre », peuvent peser sur la situation ?
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Il faut rendre hommage à la diplomatie française. Le discours de Hollande, disant cela suffit, à la tribune de l’Onu contrastait la semaine dernière avec celui d’Obama, qui a passé la Syrie par pertes et profits. L’escalade a été anticipée par les diplomates français. Les Etats-Unis pourraient aller beaucoup plus loin que les accusations de « barbarie », ils pourraient montrer les preuves des crimes de guerre russes, car ils les ont. Mais le président Obama est coincé, comme il l’était en 2013 sur la question des armes chimiques. Il ne veut pas tirer les conséquences de ces preuves pour agir, et comme il ne veut pas agir il ne veut pas mettre les preuves sur la table.
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C’est un tournant dans les relations internationales et de la relation avec la Russie ?
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La reculade d’Obama sur les armes chimiques en août 2013 a convaincu Vladimir Poutine qu’il n’y aurait pas de réactions dignes de ce nom à l’annexion de la Crimée quelques mois plus tard. On a effectivement des théâtres qui, vus du Kremlin, sont intégrés. La Syrie occupe une position centrale. D’abord parce que c’est celle où se met en œuvre une doctrine, celle de la guerre de la guerre globale contre la terreur version Poutine, qui avait été développée il y a un an par le président russe à la tribune de l’Onu. Et plus généralement, une volonté de puissance au Moyen Orient, avec une collaboration militaire sur laquelle on n’insiste pas assez avec l’Egypte du maréchal Sissi, avec l’Irak, pourtant censé être un allié fidèle des Etats-Unis. Il y a cette proposition russe de parrainer des pourparlers israélo-palestiniens alors que, jusqu’à il y a peu, c’était une chasse gardée des Etats-Unis. Il y a eu cette conférence, en Tchétchénie, de dirigeants islamiques du monde entier pour condamner l’Arabie Saoudite. Donc on voit que le Moyen Orient en général, et la Syrie en particulier, ne sont qu’un marchepied, qu’un théâtre où se reconstruit une Russie qui mène la guerre froide à sens unique, et qui donc ne fait que la gagner face à des Etats-Unis qui reculent pratiquement sur tous les fronts, conclut Jean-Pierre Filiu (fin de l'entretien ; voir lien vers source en bas de page).
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Introduction, adaptation et mise en page de Michel Garroté
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http://www.challenges.fr/monde/en-syrie-la-russie-opte-pour-la-guerre-totale_429067
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http://www.challenges.fr/tribunes/syrie-ce-que-revele-la-strategie-agressive-de-vladimir-poutine_428793
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http://international.blogs.ouest-france.fr/archive/2016/09/27/alep-russie-filiu-syrie-16870.html
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Poutine veut en finir avec l’Arabie saoudite

   
Michel Garroté - Pas un mot dans "notre" presse (qui d'ailleurs n'est plus la notre depuis fort longtemps). Pourtant l'évènement est de la plus haute importance : une conférence s’est tenue à Grozny, en Tchétchénie, du 25 au 27 août. Cette conférence marque très clairement le rapprochement entre la Russie et l'Egypte en vue de neutraliser l'islam extrémiste de l'Arabie saoudite.
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La conférence s'est déroulée sous l’égide conjointe de Vladimir Poutine et du président d'Egypte le maréchal Sissi, avec la présence du Grand Imam d’al-Azhar, du grand mufti d’Egypte, du conseiller de la présidence égyptienne, du représentant de la commission des affaires religieuses du Parlement égyptien, du grand mufti de Damas, du président tchétchène Ramzan Kadyrov (un soufi), du prédicateur yéménite Ali al-Jiffri.
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Il y avait ainsi, à la conférence de Grozny, 200 dignitaires religieux, oulémas et  penseurs islamiques, venus d'Égypte, de Syrie, de Jordanie, du  Soudan et d'Europe.
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L'un des  buts de la conférence était de réunir le plus grand nombre possible de responsables musulmans pour condamner le wahhabisme saoudien qui conduit au terrorisme. Le but de la conférence était aussi de définir la véritable identité de la communauté sunnite. Une liste des mouvements authentiquement sunnites a été dressée, liste de laquelle est exclu le wahhabisme d’Arabie saoudite.
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Exclusion motivée par la nécessité, pour l’idéologie officielle d’Arabie saoudite, de cesser sa façon de dénaturer la vraie signification du sunnisme, sachant que ce concept a subi, en Arabie saoudite et ailleurs, une déformation dangereuse, notamment avec les efforts déployés par les extrémistes saoudiens pour vider le sunnisme de son sens, pour le récupérer et pour le réduire à leur perception, avec les dérives terroristes que l'on sait.
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La conférence a proposé la création - en Russie - d’une chaîne de télévision qui concurrencera al-Jazira, qui transmettra le vrai message de l’islam sunnite et qui combattra l’extrémisme et le terrorisme. La conférence a également proposé la création d’un centre scientifique en Tchétchénie pour surveiller et étudier les groupes contemporains, pour réfuter et critiquer scientifiquement la pensée extrémiste.
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La conférence a insisté sur la nécessité de revenir aux écoles de grande connaissance, en clair aux institutions religieuses sunnites telles que l'université d'Al-Azhar en Égypte,  l'université Qarawiyin au Maroc, l'université Zaytouna en Tunisie et l'université Hadramawt au Yémen. La conférence a exclu les institutions religieuses saoudiennes, en particulier l'Université islamique de Médine.
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Une des recommandations adressées par la conférence  aux institutions sunnites a été d'offrir des bourses à ceux qui s'intéressent aux études de la charia, afin de contrer les études menées par l'Arabie saoudite qui promeut le takfirisme. La conférence a en outre rappelé que le wahhabisme s'inspire de la pensée d'Ibn Taymiyya, qui est mort en prison en 1328, après avoir été déclaré déviant par les érudits sunnites de son temps.
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La conférence a également dénoncé Mohammad Ibn Abd Al-Wahhab, qui avait fait couler le sang des musulmans, en ressuscitant la doctrine taymiyienne au XVIIIe siècle. Son mouvement avait été immédiatement condamné par l'ensemble du monde sunnite comme une résurgence du kharidjisme, en clair, une déviance extrémiste.
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http://www.asianews.it/news-en/Conference-in-Grozny:-Wahhabism-exclusion-from-the-Sunni-community-provokes-Riyadh%E2%80%99s-wrath-38502.html
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Les islamistes syriens veulent le départ d’Assad

   
Michel Garroté - L'opposition islamiste syrienne a dévoilé un "plan de transition politique" prévoyant une phase de négociations avec le régime actuel, assortie d'une trêve, et, devant aboutir, primo, au départ du président Bachar al-Assad ; et secundo, à de nouvelles élections, locales, législatives et présidentielles.
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Ce "plan de transition politique" a été présenté par les principaux représentants de l'opposition islamiste syrienne et les principaux représentants de la rébellion islamiste syrienne. Il est appuyé par trois pays islamistes : la Turquie, l'Arabie saoudite et le Qatar.
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Parmi les participants aux pourparlers durant la réunion, figurent, notamment, les chefs de la diplomatie du Royaume-Uni, de la Turquie, de l'Arabie saoudite, du Qatar, de l'Italie, de l'Union européenne et de la France, tandis que le chef de la diplomatie américaine doit intervenir par visioconférence. L'Allemagne est également représentée.
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Cette réunion (inutile comme toutes les autres ?) devrait permettre l'élaboration d'une position à faire valoir auprès des Etats-Unis, alors qu'il y aurait - selon l'opposition islamiste syrienne - des "rumeurs" sur la conclusion d'un accord russo-américain (on voit mal Poutine et Obama s'accorder sur un accord...).
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En clair, ce que veulent, de façon obsessionnelle, l'opposition islamiste syrienne et la rébellion islamiste syrienne, c'est - encore et toujours - le départ de Bachar al-Assad. Autant dire que ce nouveau "plan de transition politique" n'aboutira pas.
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Poutine : “Le radicalisme est basé sur l’islam”

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Pour Vladimir Poutine, « Les islamistes civilisés et modérés, cela n’existe pas. Le radicalisme est basé sur l’islam ». La Turquie en est un bel exemple (voir la video en cliquant sur le lien vers la source en bas de page).
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Adaptation et mise en page de Michel Garroté
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http://www.europe-israel.org/2016/08/video-vladimir-poutine-lislamisme-modere-cela-nexiste-pas/
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La Russie vaincra, mais pas l’Europe

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A l’occasion de la sortie de son essai "Un printemps russe" aux éditions des Syrtes, Alexandre Latsa a répondu aux questions de 'Le Rouge & le Noir' (voir lien vers source en bas de page).
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R&N : Votre livre décortique l’image négative que donnent les médias français de la Russie. Quelle est à contrario l’image que se fait le grand public russe de la France et de l’Union Européenne ?
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Alexandre Latsa : Tout d’abord il me semble que l’image de la Russie est surtout rendue négative chez les gens qui ne connaissent pas le pays, ou ne le connaissent que par les informations qui leurs sont fournies par leurs médias. Mais je pense encore une fois que c’est un phénomène euro-occidental car cette désinformation journalistique sur la Russie concerne surtout les médias occidentaux, surtout anglo-saxons et ouest-européens. La Russie a cependant une plutôt bonne image populaire en Asie, en Afrique ou par exemple en Amérique du sud. Dans de nombreux pays musulmans la Russie a une bonne image, comme par exemple en Iran ou au Maroc. Enfin la Russie a une excellente image dans de nombreux pays orthodoxes d’Europe tels que la Grèce, la Serbie ou encore Chypre. Concernant l’image de la France et de l’Union Européenne en Russie elle est complexe et il y a un gros dilemme. La France a une excellente image de fond en tant que pays ami, en tant que réel pays civilisation (comme la Russie) et pays de grande culture. Mais de l’autre la télévision russe montre une réalité bien difficile à nier qui est une France connaissant des difficultés sociales, religieuses et des évolutions sociétales auxquelles une majorité de la société russe, les élites en tête, n’adhère pas. Concernant l’UE, il ne faut pas oublier que l’UE est le principal partenaire économique de la Russie et que la Russie s’est voulue depuis la chute de l’URSS tendre vers l’Europe sur le plan civilisationnel mais aussi politique. L’UE est cependant de plus en plus montrée et donc perçue comme ce qu’elle est vraiment, c’est à dire une structure froide, sous tutelle américaine et parasitant les relations entre la Russie et les États Européens. Enfin un sujet mis en permanence sur la table par les médias est le problème migratoire que connaissent et l’UE et les pays européens. Les médias russes ont bien fait leur travail à ce sujet puisqu’ils n’obèrent pas ces facettes de la Nouvelle France et de l’Europe de Bruxelles. On ne peut pas parler d’UE-Bashing bien sûr mais l’Europe ne fait plus autant rêver qu’avant tandis qu’une nouvelle tendance asiatisante est en train de prendre de l’ampleur en Russie.
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R&N : Si l’Occident cherche à influencer la Russie, de quelles façons la Russie tente-elle de son coté d’influencer l’Occident, ou une partie de l’Occident ?
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Alexandre Latsa : L’Occident tel que nous le connaissons aujourd’hui semble fonctionner selon une équation propre qui est d’étendre son modèle en l’imposant au reste du monde. Sans surprises l’extension de la superstructure occidentale à l’ancien monde soviétique a été un objectif prioritaire dès la chute de l’URSS. Mais cette extension s’est heurtée à Moscou et aux velléités de Moscou de garder une sorte de cordon sanitaires à ses frontières hors de toute influence américaine et de l’OTAN. Par conséquent je ne crois pas que la Russie cherche à influencer l’Occident d’une quelconque façon. Je crois que la Russie a du reste encore beaucoup trop de problèmes propres à régler pour se poser en puissance qui souhaiterait remodeler en quelque sorte le reste du monde, comme par exemple l’Amérique souhaite remodeler le moyen orient. Je crois surtout que la Russie devient naturellement un modèle attractif car le renouveau russe s’opère et arrive historiquement au moment où l’Europe et l’Occident traversent à contrario une grave crise (morale, politique, économique…) et font face à une pénurie de modèle avec un grand M. Cela se traduit par exemple par l’émergence de partis plutôt souverainistes qui sans surprises voient dans ce renouveau russe une forme de gouvernance avec beaucoup de points plutôt positifs. Ces partis sont autant de droite que de gauche, que l’on pense à Mélenchon ou Chevènement en France ou encore par exemple Sanders aux États-Unis. On comprend bien que la relation avec la Russie pourrait changer avec un changement de gouvernance au sein des pays Occidentaux. En fait la grande force du pro-russisme est qu’il est transcourant. Tout comme du reste l’est l’atlantisme aujourd’hui en France qui concerne tant la gauche que la droite de gouvernance.
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R&N : L’un des vecteurs majeurs pour promouvoir des valeurs, des idées ou un modèle est le vecteur culturel, parfaitement maîtrisé par les américains. N’est-ce pas l’une des faiblesses majeure de la Russie ?
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Alexandre Latsa : Vous avez raison en ce sens que Hollywood nous a convaincu que la Sibérie était froide et hostile tandis que la Californie est lumineuse et ouverte. L’occident américano-centré a sans aucun doute connu sa forte extension planétaire via la dimension culturelle mais je pense que cela va s’arrêter. Tout d’abord le Californien des années 60 qui faisait envie avec raison (beau, sportif, riche et en bonne santé ...) a été remplacé par un Texan agressif au cours des années 90, 2000 tandis qu’aujourd’hui on a Obama aux manettes d’une Amérique qui depuis la crise de 2008 ne fait plus autant rêver il faut bien se l’avouer. Dans le même temps, dans d’autres zones du monde émergent et se transforment en modèle, je pense par exemple à la Chine ou récemment un homme d’affaires du nom de Wang Jianlin, patron du groupe Wanda, a déclaré la guerre à Disney en affirmant que « Disneyland n’aurait jamais dû s’implanter en Chine et Mickey et Donald, c’est du passé ! ». Un parc Wanda « Made in China » devrait du reste très prochainement ouvrir en France. Concernant la Russie d’aujourd’hui oui c’est une faiblesse cruciale de ce pays, la Russie de Poutine ne sait pas se vendre contrairement à l’Union Soviétique. Je pense même que les autorités russes n’ont pas eu les moyens de se permettre une stratégie quelconque de communication ou Soft power avant le milieu des années 2000 car avant il fallait reconstruire l’État. C’est du reste à cette période que n’ont émergé des structures de communications destinées à l’étranger comme RT par exemple. Si RT a fait un énorme boulot, il faut bien se rendre compte que le talent dans le Soft-Power n’est clairement pas un point fort de la Russie actuelle. Mais en même temps quel Soft-power est fondamentalement nécessaire quand vous n’avez pas de velléité de domination culturelle (comme l’a l’Amérique sur l’Europe) et que vous visez à être un réservoir énergétique, demain un leader agricole et donc un grenier de nourritures et après-demain un fournisseur d’eau soit d’un élément essentiel pour la Survie.
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R&N : Quel rapport les Russes ont-ils avec cette période de leur histoire qu’est l’URSS et avec la figure de Staline ? Et avec la période Eltsine ?
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Alexandre Latsa : Ambiguë et complexe et surtout variable selon les générations. Les russes se souviennent ou savent que l’Union Soviétique était une grande puissance respectée au sein de laquelle la vie était organisée. La période qui a suivi a été celle du déclin et du chaos. Par conséquent il n’y pas une nostalgie du communisme au sens purement idéologique du terme mais une nostalgie de l’ordre et de la sécurité qui découlait de cette période historique. En même temps beaucoup de Russes regrettent au fond ce gigantesque pays au sein duquel les peuples frères vivaient en paix, tout comme ce fut le cas dans un sens au sein de l’ex-Yougoslavie. C’est moins le cas chez les jeunes générations qui n’ont pas connu l’URSS, que ce soit en Russie ou du reste dans les autres pays de l’ensemble post-soviétique.
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R&N : Et avec la période Eltsine ?
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Alexandre Latsa : Pour ce qui est de la période Eltsinienne elle a fait beaucoup de mal à la Russie sur le plan moral et sanitaire. Ça a été une période d’humiliation et de pauvreté que personnes ne regrette a part bien sur une minorité qui a su a cette époque bénéficier du chaos ambiant.
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R&N : Bien plus qu’un état, la Russie est un empire. Le modèle poly-ethnique russe, que vous décrivez comme modèle alternatif au multiculturalisme promu en Occident n’est-il pas valable uniquement pour un empire mais inapplicable à des états européens comme la France, l’Allemagne ou encore la Hongrie ?
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Alexandre Latsa : Les nations européennes étaient plutôt homogènes et soumis à une immigration principalement européenne jusqu’aux années 70,80 date à partir de laquelle l’Europe continentale a vu s’accélérer des processus migratoires extra-européens qui ont de fait transformé les nations européennes en « ensembles » multiethniques. Mais il s’agit de processus récents et le moins qu’on puisse constater est qu’ils ont bouleversé dans un sens le vivre ensemble mais surtout que les nations européennes ont du mal à trouver des solutions fonctionnelles pour faciliter cette nouvelle cohabitation. On peut se demander si regarder du côté de la Russie ne pourrait pas permettre de trouver des solutions à certains de ces problèmes. Bien sûr en Russie l’Islam y est de souche. L’Islam est une partie intégrante de la société russe et du monde russe, de la Volga au Caucase mais aussi de l’ancien monde soviétique avec l’Asie centrale. Le vivre ensemble et l’expérience de cohabitation s’y est développé selon des règles bien particulières.
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R&N : Quels seront les plus grand défis ou les plus grandes menaces pour la Russie dans les prochaines décennies ?
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Alexandre Latsa : Un des grands risques, c’est la politique américaine en Europe qui est source de conflits et de tensions et même de guerre comme on a pu le voir en Géorgie et en Ukraine. Il ne faut pas exclure un conflit de plus haute intensité si les États-Unis continuent leur politique de pression et d’ingérence en Europe de l’Est et au cœur de l’Eurasie. L’autre grand risque est le terrorisme sous quelle que forme que ce soit et notamment le terrorisme religieux, islamique. Ce risque pourrait venir de l’extérieur mais aussi pourquoi pas dans le futur d’une résurgence identitaire régionale et religieuse qui pourrait entraîner une potentielle vague séparatiste et donc un conflit entre Moscou et une de ces provinces. Enfin et sans aucun doute il y a aussi la question de l’après-Poutine. Vladimir Poutine semble se diriger vers un quatrième mandat de 2014 à 2018 mais la question de l’après est évidemment déjà dans les esprits, conclut Alexandre Latsa.
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Mise en page Michel Garroté
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http://www.lerougeetlenoir.org/opinions/les-inquisitoriales/alexandre-latsa-le-renouveau-russe-s-opere-au-moment-ou-l-europe-et-l-occident-traversent-a-contrario-une-grave-crise
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