Le Ministère Public de la Confédération a lancé des procédures contre une vingtaine de cas de djihadistes suisses partis en Syrie ou en Irak. Les efforts portent aussi sur d’autres fronts, comme la propagande sur internet.
La Suisse se lance dans le combat contre l’islamisme radical. Le Ministère Public de la Confédération (MPC) a confirmé pour la première fois qu’il a lancé des procédures «pour une vingtaine de cas de djihadisme» mais il n’en dira pas plus en raison du secret de l’instruction,explique le Tages-Anzeiger dans son édition du 15 septembre 2014.
Le dossier est en effet explosif et les enquêteurs doivent redoubler de précaution, ne serait-ce que pour leur propre sécurité. Exemple avec un Kosovar habitant en Argovie qui avait écrit sur un de ses profils Facebook «Mort aux juifs, tuez-les tous! C’est ce qu’ils font avec nous. Heil Hitler».
Condamné à des jours amendes
Le Service de renseignement de la Confédération (SRC) a enquêté sur les actes antisémites de l’individu et le procureur de Lenzburg (AG) a ouvert une enquête. L’homme a reçu la visite des forces de l’ordre peu avant Noël 2012 et il a alors braqué une arme à air comprimé sur les jambes des fonctionnaires. L’agent de police a dégainé son arme de service et ce n’est qu’à la deuxième sommation que le Kosovar a lâché son Smith & Wesson.
L’homme a été reconnu coupable d’incitation à la violence, de discrimination raciale, d’infraction à la loi sur les armes, de menaces contre des fonctionnaires et d’autres délits. Il a été condamné à 150 jours amende à hauteur de 90 francs chacun.
Le djihadiste de Guin
Le MPC enquête aussi sur le soutien aux organisations extrémistes sur internet qui font l’apologie du terrorisme. En mai, le tribunal pénal fédéral (TPF) avait condamné deux frères kurdes pour propagande. Ils avaient géré des forums de discussions sur Internet en lien avec une organisation salafiste-djihadiste proche d’Al-Qaïda. Les deux frères, originaires d’Irak, avaient obtenu l’asile à Bâle.
La Suisse n’est pas directement concernée par la terreur islamique et elle n’est pas encore visée nommément. Mais elle n’est pas épargnée par l’internationalisation des radicaux musulmans. Jusqu’à présent, la justice a surtout eu à traiter le cas de réfugiés déjà radicaux et en contact avec des groupes terroristes dans leurs pays d’origine.
Le cas plus célèbre est celui du tunisien Moez Garsallaoui, éliminé en octobre 2012 par un tir de drone américain dans le Waziristan du Nord, dans les zones tribales du Pakistan. Il avait relayé la propagande d’Al-Qaïda depuis la ville de Guin (Düdingen) dans le canton de Fribourg.
Voyages pour le djihad
La Suisse n’échappe pas non plus à la radicalisation de ses «secondos», dont les parents proviennent de pays musulmans. Ces jeunes s’auto-radicalisent souvent à la lecture de forums extrémistes sur internet.
Ce sont ces dossiers qui inquiètent le plus les autorités. Selon le SRC, une quarantaine de personnes sont impliquées dans les combats sur le terrain et la Syrie agit comme un aimant. En mai, le SRC avait connaissance de cinq voyages confirmés pour le djihad et ils sont maintenant une dizaine, a ajouté la porte-parole Isabelle Graber.
Lorsque le SRC a connaissance, via ses sources, d’activités de militants suisses, il transmet alors un rapport officiel au MPC. Quatre dossiers d’activistes en Syrie sont actuellement en cours. Comme celui de cet enfant adopté dans le canton de Vaud qui a rejoint l’Etat islamique et y serait même devenu un émir.
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