La Russie éjectée du Conseil des droits de l’homme rejetée à cause de son rôle en… Syrie

Alors que la France et les USA arment des jihadistes sous le label fallacieux de "rebelles bien sous tout rapports".

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L’Assemblée générale de l’ONU examinait vendredi 28 octobre les candidatures au Conseil des droits de l’homme pour le mandat 2017-2019. Lors d’un vote surprise, elle a rejeté la candidature de la Russie.

La Russie était en lice avec la Croatie et la Hongrie pour deux sièges réservés à l’Europe de l’Est. Elle n’a obtenu que 112 voix contre 114 pour la Croatie et 144 pour la Hongrie, sur 193 pays membres. C’est la deuxième fois seulement qu’une grande puissance échoue à se faire élire au Conseil, après les Etats-Unis en 2001.

Le vote a eu lieu notamment après que de nombreuses organisations humanitaires ont appelé à ne pas réélire la Russie pour un deuxième mandat en raison de son soutien au régime de Bachar Al-Assad.

L’Arabie saoudite, elle aussi critiquée par des ONG en raison de sa campagne de bombardements au Yémen, a par contre été élue au Conseil avec 152 voix.

La situation à Alep « en tête »

« Il s’agit à l’évidence d’un signal d’alarme pour Moscou », a déclaré le directeur de Human Rights Watch à Genève, John Fisher, en souhaitant « que le message soit entendu ». « Il est difficile de croire que les gens qui ont voté aujourd’hui n’avaient pas en tête la situation à Alep », a souligné Akshaya Kumar, directrice adjointe de HRW pour l’ONU à New York.

Parmi les autres pays élus vendredi, sur une base régionale, figurent les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la Chine, l’Egypte, l’Irak, l’Afrique du Sud, Cuba et la Tunisie. Ils prendront leur siège en janvier 2017 pour un mandat de trois ans. Quatorze sièges ont été renouvelés vendredi sur les quarante-sept que compte le Conseil. Le Conseil, créé en 2006 et siégeant à Genève, est l’organe principal du système onusien en matière de droits humains.

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Lavrov : Washington ne veut pas bombarder le Front Al-Nosra pour protéger les «bons gars»

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a mis en évidence que malgré les multiples survols d’Alep par les Américains, leurs frappes n'étaient pas nombreuses.

«Moscou ne voit pas dans les faits que les Etats-Unis luttent sérieusement contre le Front Fatah al-Cham [l'ex-Front Al-Nosra depuis qu'il a rompu avec Al-Qaïda]. Et il est également suspect qu’ils nous demandent ainsi qu’à l’armée de l’air syrienne de ne pas voler au-dessus d’Alep car la force principale de l’ex-Front al-Nosra s’y trouve, ainsi que les représentants de l’opposition dite modérée, qui sont encerclés et qui n’ont pas d’autre choix que de rejoindre l’ex-Front al-Norsa», a déclaré Sergueï Lavrov dans une interview diffusée par la télévision russe.

«Ils nous disent : "ne touchez pas le Front Fatah al-Cham parce que c’est inhumain par rapport aux bons gars [soit l’opposition dite modérée] et nous lutterons contre eux après". Mais cet "après" n’arrive jamais. Washington avait promis de distinguer les gens normaux du Front Al-Nosra en février dernier», a-t-il poursuivi.

Le chef de la diplomatie russe a dit qu’il était certain que les Etats-Unis avaient un plan secret pour les combattants du Front Al-Nosra et qu’ils voulaient utiliser ces derniers comme force principale pour renverser Bachar el-Assad.

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Nos remerciements à Didier S.

Marine Le Pen dénonce la «responsabilité écrasante» de l’UE dans la guerre civile en Syrie et l’immigration qui déferle en Europe

Marine Le Pen a accusé l’Union Européenne d’être responsable du chaos en Syrie, en raison de son ingérence visant à renverser Bachar el-Assad au lieu de combattre le terrorisme comme le fait la Russie.

«Vous avez tout fait pour faire tomber le gouvernement de la Syrie, en livrant ce pays à une terrible guerre civile. Vous vous défaussez aujourd’hui en accusant la Russie, qui lutte contre l’Etat islamique, mais, je vous le dis clairement, ceci ne cache pas votre responsabilité écrasante», a affirmé le président du Front National lors de la session plénière du parlement européen du 5 octobre.

Marine Le Pen a aussi dénoncé les conséquences de cette politique en terme d'immigration sur le sol européen.

«30% des migrants seulement viennent de la Syrie selon vos statistiques d’Eurostat. La politique irresponsable que vous menez nous amène toujours plus de migrants économiques», a-t-elle affirmé.

Plusieurs pays européens ont fourni des armes à la rébellion prétendument «modérée» en Syrie, avant que ces armes ne finissent dans les mains de Fateh al-Cham (anciennement nommé Front al-Nosra), ou de l’Etat islamique. François Hollande avait notamment avoué avoir violé l'embargo sur les armes en Syrie pour armer les opposants au président syrien.

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Obama envisage des options militaires contre la Russie

   
Des responsables américains indiquent que l'administration Obama commence à envisager des "réponses plus fermes" à l'offensive du régime syrien soutenu par la Russie contre Alep, y compris des "options militaires". Obama aurait-il perdu la tête ? Le fait est que la Russie poursuit ses opérations aériennes en Syrie en dépit des appels du secrétaire d'Etat américain, John Kerry, en faveur d'un arrêt des bombardements dans les zones de combat, y compris à Alep.
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En dépit des appels du secrétaire d'Etat américain, John Kerry ? Depuis quand John Kerry serait-il le décideur de ce que la Russie devrait faire, ou ne pas faire, en Syrie ? Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, précise quant à lui que la poursuite des opérations aériennes russes se justifient par une guerre contre la terreur (ce qui est une simple mesure de bon sens, n'en déplaise aux Américains). Dmitri Peskov appelle les Etats-Unis à tenir leur promesse de distinguer les rebelles modérés opposés au régime Assad et les terroristes.
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En cela, Dmitri Peskov est trop gentil, car il n'y a pas de rebelles modérés opposés au régime Assad. Tous les rebelles syriens sont des islamistes. Et aucun islamiste n'est modéré. Le porte-parole russe juge par ailleurs maladroite et inutile la remarque du porte-parole du département d'Etat américain, John Kirby, qui estime que la poursuite de la violence en Syrie favorise l'émergence d'extrémistes qui peuvent "lancer des attaques contre les intérêts russes", peut-être même "contre des villes russes".
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John Kirby aurait-il, lui aussi, perdu la tête ? Les Russes devraient-ils cesser d'intervenir en Syrie parce que des islamistes syriens vont "bombarder des villes russes" ?... Souhaitons un prompt rétablissement à John Kirby qui souffre visiblement d'un burn out. Malgré la tension croissante entre Moscou et Washington, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov affirme que la Russie demeure prête à coopérer avec les Etats-Unis pour résoudre la crise syrienne. Il est vraiment trop gentil Dmitri Peskov...
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Michel Garroté

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Syrie – La Russie pour une “guerre totale” ?

   
Michel Garroté - Les forces pro-gouvernementales syriennes, soutenues par les Russes, lancent, ce mardi 27 septembre 2016, sur quatre fronts, un assaut terrestre contre les secteurs d'Alep contrôlés par rebelles djihadistes. A propos d'Alep, peut-on sérieusement affirmer qu'en Syrie, la Russie opte pour une "guerre totale" ? Le fait est que la Russie utilise sa puissance de feu pour aider le gouvernement syrien à reconquérir Alep, car elle estime qu'il vaut mieux remporter une victoire militaire, plutôt que de poursuivre de vaines négociations avec les Etats-Unis. Ce sont là les affirmations, fondées ou non, de divers "experts". "Experts" réels ou présumés, souvent très hostiles à Bachar al-Assad et à Vladimir Poutine ; et, de ce fait, "experts complices" des djihadistes syriens.
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"La Russie met le paquet parce qu'elle ne croit plus à la possibilité de collaborer avec les États-Unis en Syrie", commente Fabrice Balanche, spécialiste de la Syrie au Washington Institute (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page). "C'est la guerre totale, car Moscou ne croit plus que Washington soit capable de faire quoi que ce soit en Syrie par manque de volonté ou incapacité", ajoute-t-il. Après de laborieuses négociations entre le secrétaire d’État américain John Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov, un cessez-le-feu était entré en vigueur le 12 septembre mais il n'a duré qu'une semaine. Outre le silence des armes, l'accord prévoyait l'acheminement d'aides humanitaires.
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Notamment à Alep où les habitants sont affamés par un siège implacable, et la distanciation des groupes rebelles de leurs compagnons d'armes, les jihadistes du Front Fateh al-Cham, ex-Front al-Nosra (branche syrienne d'Al-Qaïda). Aucun de ses engagements n'a été tenu et la guerre est repartie de plus belle. Les avions russes basés en Syrie frappent depuis jeudi soir la partie rebelle à Alep avec une violence qu'ils n'avaient jamais utilisée depuis le début de l'intervention militaire il y a un an. Moscou veut "en terminer avec une importante poche de résistance rebelle", souligne Igor Sutyagin, expert de la Russie au Royal United Service Institute de Londres.
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Il ne restera après qu'à reprendre la province d'Idleb et quelques poches rebelles, précise-t-il. Selon Thomas Pierret, expert de la Syrie à l'Université d'Edimbourg, "il s'agit d'accorder à Bachar al-Assad une victoire décisive" et "d'éliminer toute alternative en privant l'opposition de ce qu'elle considère comme sa capitale". "Une rébellion chassée d'Alep serait ramenée au rang d'insurrection périphérique", résume-t-il. Si depuis le début de la guerre, Moscou a toujours soutenu le président syrien face aux rebelles, aux Occidentaux et aux pays du Golfe, tant sur le terrain qu'à l'ONU, jamais leurs relations n'ont été aussi proches qu'aujourd'hui car Moscou, après bien des hésitations, a opté pour la force à Alep, comme le souhaitait depuis longtemps le régime.
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"La Russie se rapproche désormais de la manière de penser du gouvernement syrien", souligne Bassam Abou Abdallah, directeur du Centre de Damas des études stratégiques. "Elle était avant plus axée sur une solution politique et a commencé à dialoguer avec le Golfe, les Etats-Unis et d'autres pays, mais il s'est avéré que ce dialogue était impossible", selon cet expert proche du régime. Une victoire à Alep mettrait les autorités de Damas en position de force "en vue de prochaine négociations" souhaitées par l'émissaire de l'ONU Staffan de Mistura, note Alexeï Malachenko, politologue russe spécialiste du Moyen-Orient. "Sans Alep, Assad n'est qu'un demi-président. Pour vraiment gouverner, il lui faut Alep", assure Fabrice Blanche.
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Le président syrien pourra alors se targuer de contrôler les principales villes du pays, à savoir Damas, Alep, Homs, reprise en 2014, et Hama. "Russes et Syriens veulent prendre le contrôle de la totalité d'Alep et ensuite seulement négocier avec l'opposition", renchérit Fiodor Loukianov, membre du Conseil russe pour la politique de sécurité et de défense. "Alep joue un rôle clé" car l'avenir "dépendra de la disposition de la ligne de front qui séparera les parties belligérantes. Et cette ligne doit être stable". Au delà de la bataille d'Alep, la coopération entre Moscou et Damas répond à une logique sur le long terme, souligne Alexeï Malachenko. "Assad ne pourra rien obtenir sans Moscou, et la Russie à son tour comprend bien que sans Assad elle sera chassée du Proche-Orient. C'est une amitié forcée".
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Les images des immeubles détruits à Alep rappellent celles de Grozny, où l'armée russe avait appliqué son vieil adage: "l'artillerie conquiert le terrain et l'infanterie l'occupe". Les experts soulignent toutefois la différence de tactique à Alep par rapport aux deux guerres sans merci menées en Tchétchénie par la Russie contre les séparatistes dans les années 1990. "La tactique des militaires russes à Alep n'a rien à voir avec celle pratiquée à Grozny. A Alep, les morts parmi les civils se comptent par dizaines, à en croire les médias occidentaux, il ne s'agit pas des centaines de morts comme en Tchétchénie. Ce n’est pas comparable", assure Alexandre Golts, un expert militaire indépendant. A l'époque, l'armée russe avait parfois procédé à une centaine de raids aériens par jour, auxquels s'ajoutait l’apport très destructeur de l’artillerie déployée autour de Grozny (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Pour Jean-Sylvestre Mongrenier, coauteur de 'Géopolitique de la Russie' et Chercheur associé à l’Institut Thomas More, le cessez-le-feu russo-américain censé préparer un nouveau cycle de négociations sur le sort de la Syrie n’a donc pas duré (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page). Une semaine après son entrée en vigueur, le 19 septembre dernier, Damas annonçait la reprise des hostilités et un convoi humanitaire des Nations unies, envoyé dans une zone tenue par les rebelles, était bombardé. Depuis, les quartiers orientaux d’Alep sous le feu roulant des avions russes et syriens. Selon certaines analyses, ce nouvel échec diplomatique illustrerait la faible emprise de Moscou et Washington sur leurs alliés et protégés respectifs.
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Pourtant, ces derniers événements relèvent davantage du développement d’une grande stratégie russe dont les objectifs dépassent les enjeux géopolitiques syriens. Après avoir bloqué durant quatre ans tout accord international sur une transition politique en Syrie, en faisant usage de son droit de veto au Conseil de sécurité, et apporté un soutien financier et militaire constant au régime de Damas, le Kremlin a décidé d’intervenir directement dans le conflit, au cours de l’été 2015, au moment où le pouvoir de Bachar Al-Assad vacillait sérieusement. Deux jours avant le début des bombardements russes sur les positions rebelles, Vladimir Poutine justifiait cet engagement direct par la lutte contre le djihadisme (voir son discours à l’Assemblée générale de l’ONU, le 28 septembre 2015).
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En vérité, le déploiement de moyens militaires russes sur le théâtre syro-irakien n’a pas bouleversé le rapport global des forces et Moscou n’a ni les moyens requis, ni la légitimité nécessaire pour mettre sur pied une coalition mondiale contre l’« État islamique ». Dès le début des bombardements russes, le choix des cibles a confirmé que l’objectif de Moscou consistait à sauver le régime de Bachar Al-Assad et à sanctuariser le réduit alaouite et la « Syrie utile » (l’axe Alep-Damas et le littoral). Poutine entendait ainsi sauvegarder les intérêts stratégiques russes, à savoir les « facilités » navales de Tartous, à mi-chemin des détroits turcs et du canal de Suez, la base aérienne de Lattaquié, les radars qui surveillent la Turquie (voir la base d’Incirlik) et le Proche-Orient.
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De surcroît, la côte syrienne constitue un point d’entrée dans une région à laquelle la Russie accorde une importance cruciale. Autrement dit, l’enjeu résidait dans la préservation de ses « actifs » géopolitiques au Proche-Orient et en Méditerranée orientale. De fait, l’intervention a sauvé le régime de Damas et Bachar Al-Assad est le garant des intérêts stratégiques russes. Poutine a su exploiter la vacance de pouvoir, résultante de la politique américaine dans cette région. Dès le début de la sanglante répression des manifestations contre le régime de Damas, Barack Obama a bien exigé le départ de Bachar Al-Assad et le Département d’Etat a apporté un soutien diplomatique à l’opposition afin de préparer l’avenir.
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Pourtant, le renoncement de Barack Obama à faire respecter la « ligne rouge » qu’il avait tracée, malgré l’emploi d’armes chimiques, a mis en évidence le refus du président américain d’engager un nouveau conflit au Moyen-Orient. Il s’est empressé de saisir l’offre de Poutine: le désarmement chimique de Damas, sous la supervision de l’OIAC (Organisation pour l’interdiction des armes chimiques). L’acceptation de ce plan préservait le pouvoir de Bachar Al-Assad et offrait un succès au président russe (cf. l’accord russo-américain du 14 septembre 2013). On ne saurait parler de retrait des Etats-Unis. Le Moyen-Orient est une zone névralgique dont la destinée importe, nonobstant la montée en puissance de la production de pétrole de schiste outre-Atlantique, et il serait fallacieux de réduire la politique américaine dans la région à la seule gestion des flux pétroliers.
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De la Méditerranée orientale à l’Océan Indien, le dispositif géostratégique est toujours en place et l’on voit mal comment les Etats-Unis pourraient s’abstraire du Moyen-Orient, ce « nœud gordien » mondial. Simplement, Obama a centré sa politique sur la résolution de la crise nucléaire iranienne et il considère que le phénomène « Etat islamique » est une excroissance de la question irakienne. Plus généralement, la « patience stratégique » à laquelle il en appelle consiste à rétablir une certaine distance à l’égard du Moyen-Orient et à ne pas se laisser happer par les conflits régionaux. Du point de vue d’Obama, un interventionnisme inconsidéré en Syrie n’apporterait pas les résultats attendus et menacerait les positions extérieures des Etats-Unis, notamment en Asie-Pacifique.
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Il considère que l’avenir de la puissance se détermine sur d’autres plans que le militaire, ceux de la technologie et de l’économie. Enfin, il lui faut prendre en compte l’opinion publique américaine, encline à l’isolationnisme. Il reste que les développements de la situation ont montré l’impossibilité de borner cette guerre au territoire syrien et les limites du détachement géostratégique. Faute de moyens militaires additionnels visant à modifier l’équilibre local des forces, le secrétaire d’Etat John Kerry, a été conduit à faire des concessions unilatérales, sans résultat aucun. Poutine et Assad sont bel et bien « mariés », Moscou et Téhéran ont mis en place un axe russo-chiite et l’alliance Moscou-Damas-Téhéran, renforcée au sol par le Hezbollah, mène l’assaut contre les quartiers rebelles d’Alep.
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Dans cette guerre, Obama a négligé l’existence d’une « grande stratégie » russe qui s’étend bien au-delà des enjeux géopolitiques syriens. Malgré l’échec de la politique de « reset » et le conflit en Ukraine, il semble voir en Poutine un homme avec lequel il est possible de coopérer, comme dans la gestion de la crise nucléaire iranienne, si tant est qu’on lui laisse de l’espace. In fine, l’objectif du président russe serait d’améliorer les « termes de l’échange » avec l’Occident et d’être reconnu comme une puissance de premier plan, avec les droits et devoirs corrélatifs. Dans les faits, Poutine est un nostalgique de la superpuissance soviétique. Animé par une logique revancharde et révisionniste, il pense que l’heure de la revanche a sonné, la prudence excessive d’Obama en Syrie et la perte de « capital politique » des Etats-Unis au Moyen-Orient lui ouvrant la possibilité d’inverser le cours de l’Histoire.
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Du point de vue russe, la Syrie et le Moyen-Orient sont les théâtres d’une nouvelle guerre froide. A bien des égards, la vision de Poutine et des hommes qui l’entourent peut paraître irréaliste. Les « fondamentaux » de la puissance (PIB, technologie, démographie, structure sociopolitique) et l’incapacité à mener les réformes structurelles requises, pour mettre fin à la « malédiction des matières premières » et faire entrer la Russie dans le nouveau siècle, semblent invalider le projet géopolitique du Kremlin. Cela dit, il importe de comprendre que les perceptions et représentations géopolitiques, même erronées, comptent autant que les faits bruts. L’opiniâtreté, la prise de risques et les coups tactiques à répétition de Moscou sont susceptibles de mettre les équilibres mondiaux en danger.
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Surtout, l’insistance sur le fait qu’il n’y a pas de solution militaire en Syrie et la persistance à voir en Poutine un possible « pacificateur » mettent en évidence une faiblesse majeure du côté des sociétés occidentales post-modernes: une anthropologie mutilée focalisée sur les seuls « intérêts », la considération des avantages réciproques inclinant aux compromis. Ainsi, l’Occident néglige-t-il les passions qui émanent du « thymos » (la partie colérique de l’âme) et poussent aux extrêmes. Quand bien même nous apparaissent-ils déraisonnables, le ressentiment, la volonté de revanche et l’esprit de domination sont autant de passions souterraines qui déterminent l’impérialisme néo-soviétique de Poutine, conlut Jean-Sylvestre Mongrenier (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Pour Jean-Pierre Filiu, historien, "arabisant", "spécialiste" de l'Islam contemporain, ce serait, "un peu le sort de notre monde qui se joue à Alep". C'est du moins ce qu'il affirme dans l'entretien ci-dessous avec Ouest-France (voir lien vers source en bas de page) :
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Ouest-France - Qu’est-ce qui se joue à Alep, en ce moment-même ?
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Jean-Pierre Filiu - A mon sens, et je le dis avec une gravité que j’assume, c’est un peu le sort de notre monde qui se joue à Alep. L’Onu a été humiliée le 19 septembre avec le bombardement du convoi d’aide humanitaire qu’elle destinait à la ville d’Alep. Ce bombardement est, c’est ma conviction, l’œuvre d’un membre permanent du Conseil de sécurité, la Russie. Il a ouvert un cycle d’une extrême violence, sans précédent. On parle d’apocalypse à Alep, dont la Russie est le maître d’œuvre. Le régime Assad étant paradoxalement passé désormais sous ses ordres.
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L’objectif est de reprendre Alep à n’importe quel prix, même en la détruisant totalement ?
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Il y a d’abord la pratique de la guerre par la Russie, qui a été rôdée au cours des deux guerres de Tchétchénie, et qui consiste à reprendre des zones rebelles en les réduisant à l’état de ruines. Et en contraignant une population civile absolument vulnérable à choisir entre la mort et la reddition. Et à imposer ce choix aux combattants qui se trouvent au milieu de cette population. Il faut aussi mesurer l’affront qu’a représenté pour la Russie, début août, le fait que le siège d’Alep ait été brisé, alors que le commandement russe sur place était convaincu qu’il était devenu étanche, notamment avec le ralliement des milices kurdes, contre les quartiers Est d’Alep tenus depuis 2012 par les forces révolutionnaires.
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Les installations sanitaires sont de plus en plus ciblées. C’est un choix délibéré ?
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J’ai des témoignages directs, je connais bien le terrain. Il y a trois ans, tout ce qui tombait sur la tête des habitants des quartiers insurgés était déjà russe. Les bombes, les roquettes, les missiles, les balles. La différence, c’est que maintenant ce sont les Russes eux-mêmes qui les envoient. Les humanitaires sur place me disent tous la même chose : il y a bel et bien un ciblage systématique des institutions de santé. La première vague de bombardements de cette escalade, jeudi dernier, a détruit trois des quatre centres de la défense civile, les casques blancs qui sont absolument neutres et ne font que de l’humanitaire à Alep. Ce n’est pas une bavure, c’est une politique systématique car il faut briser la résistance d’une population, non seulement en l’affamant mais aussi en faisant que des blessures bénignes deviennent mortelles car il n’y a plus aucun moyen de les soigner.
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Moscou rétorque qu’en face, ce sont des groupes terroristes qui combattent. Daech et autres…
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La réalité, c’est que le Kremlin ne fait plus la guerre à Daech depuis longtemps. Or, c’était sous cette bannière de lutte contre le califat que Poutine avait justifié l’intervention directe et massive de ses forces il y a un an. L’autre groupe qui s’appelait al-Nosra, qui a changé de nom mais qui selon moi reste toujours l’émanation d’al-Qaïda, n’était pas présent à Alep jusqu’à très récemment. C’est le siège d’Alep par la Russie et le régime Assad qui a fait que les Djihadistes sont apparus comme des sauveurs en brisant le siège. On est face à une classique politique du pire menée par la Russie, une prophétie auto-réalisatrice. Les Russes bombardaient violemment Alep avant que Nosra ne soit présente. Cette situation est surtout le résultat de l’abandon de la Syrie par les pays qui prétendent la soutenir, comme les Etats-Unis, et ceux qui prétendent combattre le terrorisme mais en réalité l’alimentent, la Russie.
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Les propos des diplomaties occidentales au Conseil de sécurité, parlant de « barbarie », de « crimes de guerre », peuvent peser sur la situation ?
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Il faut rendre hommage à la diplomatie française. Le discours de Hollande, disant cela suffit, à la tribune de l’Onu contrastait la semaine dernière avec celui d’Obama, qui a passé la Syrie par pertes et profits. L’escalade a été anticipée par les diplomates français. Les Etats-Unis pourraient aller beaucoup plus loin que les accusations de « barbarie », ils pourraient montrer les preuves des crimes de guerre russes, car ils les ont. Mais le président Obama est coincé, comme il l’était en 2013 sur la question des armes chimiques. Il ne veut pas tirer les conséquences de ces preuves pour agir, et comme il ne veut pas agir il ne veut pas mettre les preuves sur la table.
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C’est un tournant dans les relations internationales et de la relation avec la Russie ?
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La reculade d’Obama sur les armes chimiques en août 2013 a convaincu Vladimir Poutine qu’il n’y aurait pas de réactions dignes de ce nom à l’annexion de la Crimée quelques mois plus tard. On a effectivement des théâtres qui, vus du Kremlin, sont intégrés. La Syrie occupe une position centrale. D’abord parce que c’est celle où se met en œuvre une doctrine, celle de la guerre de la guerre globale contre la terreur version Poutine, qui avait été développée il y a un an par le président russe à la tribune de l’Onu. Et plus généralement, une volonté de puissance au Moyen Orient, avec une collaboration militaire sur laquelle on n’insiste pas assez avec l’Egypte du maréchal Sissi, avec l’Irak, pourtant censé être un allié fidèle des Etats-Unis. Il y a cette proposition russe de parrainer des pourparlers israélo-palestiniens alors que, jusqu’à il y a peu, c’était une chasse gardée des Etats-Unis. Il y a eu cette conférence, en Tchétchénie, de dirigeants islamiques du monde entier pour condamner l’Arabie Saoudite. Donc on voit que le Moyen Orient en général, et la Syrie en particulier, ne sont qu’un marchepied, qu’un théâtre où se reconstruit une Russie qui mène la guerre froide à sens unique, et qui donc ne fait que la gagner face à des Etats-Unis qui reculent pratiquement sur tous les fronts, conclut Jean-Pierre Filiu (fin de l'entretien ; voir lien vers source en bas de page).
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Introduction, adaptation et mise en page de Michel Garroté
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http://www.challenges.fr/monde/en-syrie-la-russie-opte-pour-la-guerre-totale_429067
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http://www.challenges.fr/tribunes/syrie-ce-que-revele-la-strategie-agressive-de-vladimir-poutine_428793
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http://international.blogs.ouest-france.fr/archive/2016/09/27/alep-russie-filiu-syrie-16870.html
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Syrie : la coalition a bombardé «involontairement » l’armée gouvernementale

L'affaire fait tâche en plein cessez-le feu sous l'égide américano-russe. Moscou et Damas reprochent à la coalition internationale conduite par les Etats-Unis d'avoir conduit les frappes aériennes contre une position de l'armée syrienne dans l'est du pays qui ont tué ce samedi au moins 30 soldats près de l'aéroport de Deir Ezzor, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). La  Russie évoque d'ailleurs un bilan beaucoup plus lourd de  l'attaque qui aurait tué 62 soldats et fait une centaine de blessés.

Un accroc dans la trêve

Ces frappes interviennent au cinquième jour d'une trêve fragile en Syrie négociée par Washington et Moscou. La Russie a aussitôt  rejeté ce samedi sur les Etats-Unis la responsabilité d'un éventuel échec du cessez-le-feu. « Juste après les quatre frappes effectuées par les avions de la coalition, les militants de l'EI ont lancé une offensive », explique le communiqué russe, faisant état des « combats acharnés avec les terroristes » dans la zone près de l'aérodrome.

L'aveu des Américains [...]

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Les islamistes syriens veulent le départ d’Assad

   
Michel Garroté - L'opposition islamiste syrienne a dévoilé un "plan de transition politique" prévoyant une phase de négociations avec le régime actuel, assortie d'une trêve, et, devant aboutir, primo, au départ du président Bachar al-Assad ; et secundo, à de nouvelles élections, locales, législatives et présidentielles.
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Ce "plan de transition politique" a été présenté par les principaux représentants de l'opposition islamiste syrienne et les principaux représentants de la rébellion islamiste syrienne. Il est appuyé par trois pays islamistes : la Turquie, l'Arabie saoudite et le Qatar.
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Parmi les participants aux pourparlers durant la réunion, figurent, notamment, les chefs de la diplomatie du Royaume-Uni, de la Turquie, de l'Arabie saoudite, du Qatar, de l'Italie, de l'Union européenne et de la France, tandis que le chef de la diplomatie américaine doit intervenir par visioconférence. L'Allemagne est également représentée.
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Cette réunion (inutile comme toutes les autres ?) devrait permettre l'élaboration d'une position à faire valoir auprès des Etats-Unis, alors qu'il y aurait - selon l'opposition islamiste syrienne - des "rumeurs" sur la conclusion d'un accord russo-américain (on voit mal Poutine et Obama s'accorder sur un accord...).
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En clair, ce que veulent, de façon obsessionnelle, l'opposition islamiste syrienne et la rébellion islamiste syrienne, c'est - encore et toujours - le départ de Bachar al-Assad. Autant dire que ce nouveau "plan de transition politique" n'aboutira pas.
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Syrie – Le dossier de ‘LesObservateurs.ch’

   
Michel Garroté - C'est un épais dossier que je publie ci-dessous. Elijah J. Magnier analyse les trois sujets suivants : "Les choses ne sont pas toujours ce qu’elles ont l’air d’être" ; "Le plan de démantèlement du Kurdistan" ; "Qu’en est-il d’ISIS ?". De son côté, Moon of Alabama se pose la question : "Qui l’emporte dans l’accord turco-russe ?". Et enfin, Samia Medawar analyse les structures tribales syriennes : "Le rôle des tribus en Syrie ?". Ces cinq sujets sont d'une actualité brûlante. Et pourtant, ils ne sont pas analysés - de façon rigoureuse - par les journaleux fumistes de nos médias occidentaux classiques.
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1- Les choses ne sont pas toujours ce qu’elles ont l’air d’être :
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Elijah J. Magnier écrit notamment (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Poutine et Erdogan se sont mis d’accord sur une feuille de route restreinte en Syrie, les Kurdes et al-Nosra seront les principaux perdants. Pendant leur rencontre à Saint Petersbourg et les autres entretiens qui l’ont suivie, plus un échange de visites entre militaires de haut rang, la Russie et la Turquie se sont mises d’accord sur le rôle que les forces turques pourraient se voir offrir en Syrie, dans le cadre de paramètres spécifiques susceptibles de servir les intérêts des deux côtés, à condition que les limites  fixées soient respectées et que des garanties soient données par les deux parties.
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Les détails concernant la présence et le déploiement des forces turques sur le terrain ont fait l’objet de leurs discussions, y compris ce que chacun des côtés pourrait offrir pour déjouer le plan US de division de la Syrie, plan qui consistait à aider les Kurdes a établir un « état » désigné sous le nom de Rojava, censé s’étendre du nord-est au nord-ouest de la Syrie, avec une présence militaire US permanente sur son sol. Durant les cinq ans de guerre, Washington a toujours rejeté la demande d’Ankara de créer une zone d’exclusion aérienne (« no fly zone ») de 40 km de long et de 110 km de large, au-dessus de sa frontière avec la Syrie.
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Mais la Turquie se considérait en position de force pour imposer sa volonté aux USA, indirectement accusés d’avoir soutenu le coup d’État manqué de juillet dernier, qui a failli coûter la vie au président Recep Tayyib Erdogan. Le président turc choisit d’accuser son opposant politique Fetullah Gülen, qui réside aux USA, d’avoir comploté contre lui, plutôt que d’accuser explicitement l’administration US qui, jusqu’à présent, a toujours refusé de remettre Gülen à Erdogan.
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Les conversations de Poutine avec Erdogan ont mis fin à l’hostilité entre les deux pays qu’avait provoqué l’épisode du Su-24 abattu l’an dernier par les Turcs, à la frontière turco-syrienne. C’était le premier pas nécessaire pour permettre à l’armée turque et à ses alliés en Syrie d’entrer en territoire syrien sans être attaqués par la force aérienne russe basée en Syrie ou par ses missiles S-400, déployés pour braver et chasser tout jet turc venu soutenir les forces combattant au sol à l’intérieur du territoire de la Syrie.
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La Russie a décidé de reconnaître le bien-fondé de l’intervention turque destinée à arrêter les forces kurdes connues sous le nom d’YPG (Unités de Protection du Peuple), qui avaient pris le contrôle de Manbej après avoir défait le groupe de l’« État Islamique » (acronyme : ISIS), et qui se trouvaient aux portes de Jarablus, se dirigeant sur Azaz pour atteindre Afrin.
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Nous republions une analyse compilée par Elijah J. Magnier [Correspondant en chef international de Al Rai, ancien correspondant de guerre et analyste du Moyen Orient] relative à l’incursion turque en Syrie dans une perspective qui tient compte des récents accords russo-turcs. Bien que nous ne puissions prouver [et par conséquent confirmer] tous les points de cette analyse, nous considérons cependant qu’elle est, par certains aspects, très intéressante et utile. Poutine et Erdogan se sont mis d’accord sur une feuille de route restreinte en Syrie, les Kurdes et al-Nosra seront les principaux perdants
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Pendant leur rencontre à Saint Petersbourg et les autres entretiens qui l’ont suivie, plus un échange de visites entre militaires de haut rang, la Russie et la Turquie se sont mises d’accord sur le rôle que les forces turques pourraient se voir offrir en Syrie, dans le cadre de paramètres spécifiques susceptibles de servir les intérêts des deux côtés, à condition que les limites  fixées soient respectées et que des garanties soient données par les deux parties. Les détails concernant la présence et le déploiement des forces turques sur le terrain ont fait l’objet de leurs discussions, y compris ce que chacun des côtés pourrait offrir pour déjouer le plan US de division de la Syrie, plan qui consistait à aider les Kurdes a établir un « état » désigné sous le nom de Rojava, censé s’étendre du nord-est au nord-ouest de la Syrie, avec une présence militaire US permanente sur son sol. Durant les cinq ans de guerre, Washington a toujours rejeté la demande d’Ankara de créer une zone d’exclusion aérienne (« no fly zone ») de 40 km de long et de 110 km de large, au-dessus de sa frontière avec la Syrie.
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Mais la Turquie se considérait en position de force pour imposer sa volonté aux USA, indirectement accusés d’avoir soutenu le coup d’État manqué de juillet dernier, qui a failli coûter la vie au président Recep Tayyib Erdogan. Le président turc choisit d’accuser son opposant politique Fetullah Gülen, qui réside aux USA, d’avoir comploté contre lui, plutôt que d’accuser explicitement l’administration US qui, jusqu’à présent, a toujours refusé de remettre Gülen à Erdogan.
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Les conversations de Poutine avec Erdogan ont mis fin à l’hostilité entre les deux pays qu’avait provoqué l’épisode du Su-24 abattu l’an dernier par les Turcs, à la frontière turco-syrienne. C’était le premier pas nécessaire pour permettre à l’armée turque et à ses alliés en Syrie d’entrer en territoire syrien sans être attaqués par la force aérienne russe basée en Syrie ou par ses missiles S-400, déployés pour braver et chasser tout jet turc venu soutenir les forces combattant au sol à l’intérieur du territoire de la Syrie.
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La Russie a décidé de reconnaître le bien-fondé de l’intervention turque destinée à arrêter les forces kurdes connues sous le nom d’YPG (Unités de Protection du Peuple), qui avaient pris le contrôle de Manbej après avoir défait le groupe de l’« État Islamique » (acronyme : ISIS), et qui se trouvaient aux portes de Jarablus, se dirigeant sur Azaz pour atteindre Afrin.
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2- Plan de démantèlement du Kurdistan :
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Ankara s’est engagé à pourchasser ISIS le long de la frontière syrienne avec la Turquie et à empêcher les Kurdes de s’établir le long de cette frontière. La Russie a accepté l’incursion turque en territoire syrien à cause de l’hostilité déclarée des Kurdes envers le gouvernement de Damas, après que l’YPG ait attaqué et expulsé l’armée syrienne du centre-ville d’al-Hasakah vers les faubourgs, avec le soutien de l’aviation US, indication claire de l’intention d’entreprendre la partition de la Syrie. La Russie prend ainsi position contre un état kurde sous férule US dans la nouvelle base méditerranéenne du Kremlin : la Syrie. Les Kurdes, qui ont joui du soutien de Damas pendant ces cinq ans de guerre, croient que la rébellion n’a pas éclaté en vain, qu’elle faisait partie d’un plan pour démanteler la Syrie.
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La Russie comprend que les USA répugnent à exercer une influence sur leurs alliés au Moyen Orient pour qu’ils donnent ordre à leurs « délégués » en Syrie de se tenir à l’écart du groupe (ex) al-Nosra (al-Qaïda à Sham, nouvellement ré-étiqueté Jabhat Fateh al-Sham). La Turquie a fait savoir qu’elle était d’accord pour collaborer et ordonner à beaucoup de groupes rebelles qu’elle influence directement de rejeter l’unification, d’éviter la fusion proposée par al-Nosra et de prendre leurs distances d’avec les djihadistes, principalement dans la ville d’Alep au nord. Ces groupes reçoivent leur équipement logistique, financier, militaire, médical, leurs traitements médicaux et hospitalisations, l’accès au territoire et les renseignements secrets dont ils ont besoin de leurs sponsors au Moyen-Orient : le tout et toujours via la Turquie.
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En fait, beaucoup de ces groupes rebelles ont répondu à l’injonction d’Ankara d’attaquer ISIS et les territoires contrôlés par les Kurdes dans le nord de la Syrie, et ils se sont retirés des environs d’Alep pour rejoindre l’armée turque. D’autres ont exprimé la conviction que« continuer à se battre dans Alep est un objectif inutile ». Des groupes comme ceux de Nureddine Zinki, Faylaq al-Sham, Firqat Halza, Sultan Mourad et Istaqem kama Umert ont tous quitté le front d’Alep et rejeté l’union avec (ex)-al-Nosra ainsi qu’avec un des groupes islamistes les plus importants du nord, Ahrar al-Sham dont la direction est divisée sur ce point particulier. Ces groupes ont fini par recracher la promesse qu’ils avaient faite à (ex) al-Nosra de former ensemble un seul groupe si al-Nosra rompait ses liens avec Qaidat al-Jihad à Khorasan, ce qu’al-Nosra a fini par faire, mais sans obtenir l’union promise et la fusion désirée.
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De plus, la Turquie a montré sa capacité à changer la politique qu’elle poursuit de longue date à l’égard de Damas. Le Premier ministre, Binali Yildirim, a déclaré : « le président Bachar al-Assad peut être un partenaire dans cette phase de transition ». Le désaccord tactique sur l’avenir d’Assad à la tête de son pays reste une question en suspens, donc non résolue, dont la Russie estime que la solution revient de droit au peuple syrien. La Turquie est d’accord pour éviter tout contact ou affrontement avec l’armée syrienne, en soutien des rebelles et des djihadistes, principalement autour d’Alep. Ceci laisse (l’ex) al-Nosra pratiquement seul, avec quelques groupes mineurs, autour d’Alep, de Ramouseh et des académies, offrant ainsi une cible parfaite aux forces aériennes russes et US, si ces dernières veulent agir de concert, puisque les djihadistes sont isolés sur ce front.
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La Turquie a réussi à obtenir la bénédiction de Washington sur l’engagement de ses forces en Syrie, après cinq ans d’atermoiements et de refus sur la « no-fly zone » si désirée. Erdogan, tenant ferme le manche du rasoir, faisait chanter les États-Unis, inquiets de voir le président turc tomber dans les bras de la Russie, ce qui eût représenté une menace pour l’OTAN. Les USA avaient intérêt à le contenter, de sorte que l’attention soit détournée du rôle qu’il affirme que les USA ont joué et ne sont pas loin d’avoir orchestré dans le putsch de juillet dernier.
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Moscou a informé Damas du plan turc, quoi qu’en disent les démentis et les protestations que son ministre des Affaires étrangères a exprimées pour la façade contre l’intervention des forces turques sur son territoire. La Turquie faisait officiellement usage de son droit de« poursuivre les Kurdes du PKK, selon l’accord d’Adana de 1999 signé avec Damas ». En outre, la Turquie chassait ISIS du nord de la Syrie, région où ni Damas ni aucun de ses proches alliés sur le terrain ne souhaitaient s’engager dans un avenir prévisible. La Russie a bien conscience que ni l’armée syrienne ni les « délégués » de l’Iran (Afghanistan, Pakistan, Irak) ni le Hezbollah n’ont l’intention de pousser leurs forces vers Jarablus, al-Bab ou même Raqqah, camp retranché d’ISIS.
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La Russie a fait savoir clairement à la Turquie qu’elle ne tolérerait aucune violation de l’accord et aucune escarmouche avec l’armée syrienne, en traçant soigneusement les limites à ne pas dépasser, et elle a promis que sa force aérienne n’hésiterait pas à frapper l’armée turque ou ses « faisant fonction » en cas d’infraction de ce genre. La Russie a conseillé à la Syrie d’éviter toute objection officielle et tout dépôt de plainte devant le Conseil de Sécurité des Nations Unies, quant à la présence de troupes turques sur son territoire. La Turquie protège des intérêts nationaux, empêche une partition de la Syrie, un possible soulèvement kurde à l’intérieur et un état Rojava à sa frontière, tout en empêchant une future implantation permanente de l’armée US en Syrie.
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Moscou a dit à Damas « la Turquie est partante pour rogner les ongles des pieds aux Kurdes, qui s’imaginent que les USA disposent d’une baguette magique capable de leur offrir un état en Syrie sans que personne soulève la moindre objection. L’YPG n’a aucune expérience préalable des armées américaines et de leur capacité à abandonner leurs protégés. L’YPG ne sait pas qu’elles l’abandonneront quand leurs intérêts en Turquie prévaudront, quoique les Kurdes aient laissé des centaines des leurs sur le champ de bataille dans la lutte contre ISIS ».
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Il est clair qu’aucun cessez-le-feu n’est possible en Syrie sans l’intervention directe des pays impliqués depuis cinq ans dans la guerre, sans qu’ils s’accordent pour imposer une solution générale et sans que toutes les forces soient réunies contre les djihadistes et tout ce qui fait obstacle à la paix, ISIS compris. La Turquie n’a réussi à obtenir aucun succès significatif sur le champ de bataille, par l’intermédiaire de ses « délégués », si ce n’est pour prendre le contrôle d’Idlib. C’est pourquoi la présence sur le terrain de l’« authentique » (la Turquie) équivaut au limogeage de l’« agent » (la pseudo-opposition syrienne connue sous le nom de « rebelles modérés »), et pourquoi tout succès stratégique significatif contre ISIS ou l’ASL ne peut être obtenu qu’avec l’aide de l’armée turque. Aujourd’hui, dans l’arène syrienne, Ankara ne peut plus se cacher derrière ses groupes d’intérims, puisque les principaux protagonistes ont été démasqués et que leur vrai rôle est connu de tous.
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Pour ce qui est des Kurdes, qui représentent quelque chose en Syrie, il faut qu’ils obtiennent un statut proportionné, sans devenir un outil utilisé qui serve à dépecer le pays. Comme la situation en Syri change continuellement, tout pépin qui surviendrait dans l’accord russe poussera les deux superpuissances directement impliquées – les USA et la Russie – a apporter aux Kurdes le soutien nécessaire pour qu’ils entraînent la Turquie dans le bourbier syrien et pour que les complexités du conflit syrien en reviennent à leur point de départ.
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3- Qu’en est-il d’ISIS :
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Cela ne fait aucun doute : le retrait d’ISIS du nord de la Syrie, laissant le champ libre à la Turquie et à ses « délégués », libérera un grand nombre de combattants qui pourront être investis contre l’Armée Syrienne à d’autres endroits comme Kuweires ou le long du désert de Syrie. Mais ces attaques attendues. ISIS n’a pas d’autres cibles pour l’instant, occupé qu’il est à rétrécir partout, en Syrie et en Irak. À la fin du compte, la question sera : Qui va en finir avec le camp retranché d’ISIS à Raqqah, avant que ses militants se dispersent ?
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Quelqu’un, chez ceux qui prennent les décisions, m’a dit : « Damas et ses alliés n’ont pas l’intention de sacrifier un seul homme pour reprendre le contrôle de Raqqah ». Si les USA, avec tous leurs « proxies », les Kurdes et même la Turquie veulent aller frapper à la porte de Raqqah, ils sont les très bienvenus. Alep, la Syrie centrale et le nord sont beaucoup plus importants. Donc, pas question d’envoyer des soldats s’épuiser contre ISIS, qui n’a plus que ce baroud d’honneur à espérer avant d’être balayé.
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On peut donc s’attendre à ce qu’ISIS reste encore un peu là, jusqu’à ce qu’on sache mieux qui s’asseoira sur le trône à Washington. Ce qui devrait retarder la décision quant au sort du territoire encore aux mains du groupe terroriste, jusqu’après février-mars 2017, conclut Elijah J. Magnier (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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4- Qui l’emporte dans l’accord turco-russe :
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Moon of Alabama écrit notamment (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : La frontière turco-syrienne entre Azaz, Al-Ra’i et Jarablus, avec ISIS au sud, a toujours été ouverte au trafic entre les deux zones. Maintenant, l’armée turque et les forces turques par procuration des « rebelles modérés » sont passées dans la bande de terre verte côté syrien. Cela n’a pas scellé ni fermé la frontière, comme d’autres pays l’avaient demandé. Cela a simplement déplacé la frontière plus au sud. Le passage entre la zone tenue par ISIS et la zone contrôlée par les Turcs sera désormais plus facile parce que les médias n’auront pas accès à la zone. Des deals seront conclus sans qu’on le voie, le trafic sera florissant et l’argent coulera à flot.
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Il n’y a pas eu le moindre combat entre ISIS et les forces turques pour cette bande de terre. Les Turcs ont dit à ISIS de se déplacer vers le sud et ISIS l’a fait avant que les Turcs et leurs mercenaires n’arrivent. Il n’y a pas eu une seule victime turque dans la lutte contre ISIS sur la zone. Le changement de limite territoriale s’est fait, de toute évidence, par consentement mutuel. C’est ridicule de la part de certains médias d’essayer de vendre cela comme la fermeture de la frontière ou l’isolement d’ISIS. C’est tout le contraire.
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Ce mouvement turc avait pour but principal d’empêcher les zones kurdes (en jaune) de l’est et de l’ouest de se rejoindre. Une bande de terre entièrement contrôlée par les Kurdes le long de la frontière l’aurait en effet scellée. le trafic d’ISIS n’aurait pas été autorisé à passer les points de contrôle kurdes. La Turquie va probablement essayer d’annexer la zone qu’elle a prise. Elle projette de construire des nouvelles villes du côté syrien pour abriter les réfugiés actuellement dans des camps en Turquie. La Turquie pourrait ainsi se décharger d’un gros fardeau que sa guerre contre la Syrie lui a mis sur le dos.
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La Russie et l’Iran ont accepté que la Turquie s’installe dans cette zone en échange de sa promesse de cesser son soutien à l’attaque contre la ville d’Alep. Il est encore trop tôt pour savoir si la Turquie à l’intention de tenir sa promesse. Une partie des combattants turcs par procuration impliqués dans l’attaque d’Alep ont été ramenés à l’arrière et déplacés vers la bande frontalière occupée aujourd’hui par la Turquie. Mais le soutien matériel à l’attaque sous forme de munitions et d’autres fournitures semble se poursuivre.
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Deux analystes respectables pensent que l’accord, même s’il n’est pas idéal, est toujours à l’avantage de la Russie et de la Syrie. Elie Magnier dit que la politique russe en Syrie est comme une poupée Matriochka, composée de poupées qui rentrent les unes dans les autres. La plus perfectionnée de ces poupées a 50 niveaux d’imbrication pour un total de 51 poupées. Selon Magnier : Poutine semble avoir sorti sa première poupée Matriochka en bombardant les ennemis de Damas en septembre dernier. Il a sorti la seconde poupée en acceptant un cessez-le-feu. Puis il a sorti une troisième poupée en aidant à assiéger Alep la première fois. Il a très habilement sorti la quatrième en soutenant Erdogan et en donnant son accord – avant Obama – pour que les troupes turques pénètrent en Syrie en toute sécurité.
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Si la Turquie ne tient pas ses engagements, ou si les États-Unis tentent un mauvais coup, on verra apparaître une des 47 poupées restantes sous forme d’un nouveau plan russe. Voilà l’avis de Raphaël Lebrujah sur Mediapart concernant l’accord turco-russe : Poutine vient de jouer un coup de maître. En effet, en plus d’avoir obtenu de nombreux avantages de la part d’Erdogan, il vient de jeter la Turquie, un vieil adversaire, dans l’enfer syrien. Erdogan s’est laissé emporter par son obsession, la lutte contre les kurdes.
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La Russie a réussi l’exploit de faire d’une pierre trois coups contre trois adversaires du régime : les Kurdes, les islamistes syriens et la Turquie. En déstabilisant les relations à l’intérieur de ces trois acteurs et en les jetant les uns contre les autres, c’est un coup de maître. Mieux, les américains semblent divisés entre les pro-turcs et les pro-kurdes. En effet, la CIA et les politiques américains apparaîtraient plus proches des intérêts turcs et le pentagone, de celui des Kurdes.
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Économiquement la Russie gagne en ouvrant à nouveau le commerce avec la Turquie. Les Islamistes « modérés » qui sont dans la nouvelle zone turque sont maintenant séparés des groupes d’Al-Qaïda qui sont autour d’Alep. Les Turcs et les Kurdes en Syrie seront occupés à se battre entre eux pour un bon moment. Et la Russie peut utiliser les Kurdes contre la Turquie si Erdogan lui joue des tours. Des armes antichars ou anti-aériennes envoyées en contrebande dans l’est de la Turquie à travers l’Arménie désavantageraient fort l’armée turque dans sa lutte contre le PKK local. L’armée de conscription turque, déjà affaiblie par les purges qui ont suivi le récent coup, ne peut pas subir de lourdes pertes sans alarmer l’opinion publique turque.
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ISIS va continuer d’être relié à la Turquie. Mais sa puissance de combat est fortement diminuée et il est déjà en train de repasser au mode guérilla. Il évite maintenant la plupart du temps les batailles ouvertes. Il finira par être écrasé. Toutefois ISIS peut nous réserver encore des surprises car il a du personnel très bien entraîné. Son nouveau chef militaire, Gulmurod Khalimov, est un officier des forces spéciales du Tadjikistan, qui a été très bien formé dans la lutte contre le terrorisme par des forces spéciales et des conseillers américains. Il remplace le défunt Abou Omar al-Shishani, un officier géorgien des forces spéciales tchétchènes, qui lui aussi avait été très bien formé dans la lutte contre le terrorisme par des forces spéciales et des conseillers américains. Mais regardez plutôt là-bas! Les Russes viennent juste de larguer une bombe baril ! Ici il n’y a rien à voir, rien du tout,  concut Moon of Alabama (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) .
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Haian Dukhan est doctorant au Center for Syrian Studies à l'université St Andrews en Écosse. Dawn Chatty est professeure d'anthropologie à Oxford et spécialiste des tribus au Moyen-Orient. Leurs analyses sur le rôle des "tribus" (ici le terme n'est pas utilisé au sens péjoratif) en Syrie a inspiré un artcile de Samia Medawar, article paru dans le quotidien libanais L'Orient-le-Jour, et dont je publie, ci-dessous, des extraits.
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5- Les tribus :
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Samia Medawar (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : L'une des facettes du conflit syrien les moins connues est sans doute le tribalisme, partie intégrante de la société locale. Très peu d'informations circulent en effet sur cet aspect pourtant crucial de la région, et donc des conflits qui y font rage. Si, de manière générale, la configuration tribale syrienne n'a pas évolué de manière significative depuis plus de 150 ans, les allégeances et différents moyens de subsistance de ces groupes ont en revanche considérablement changé. Par définition, l'identité des tribus syriennes, qui se trouvent des affiliations en Irak, en Jordanie, au Liban et jusqu'en Arabie saoudite, n'est pas fixe, et évolue en fonction des besoins et des réalités. Deux confédérations tribales majeures – et aux origines nobles – sont présentes au Proche-Orient : les Aneza et les Chamar, qui regroupent différents clans et tribus plus ou moins importants. Très majoritairement sunnites, ces tribus représentaient jusqu'à 2011, première année du conflit, entre 15 et 20 % de la population syrienne.
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Lorsque les troubles, puis la guerre, éclatent en Syrie, la plupart des tribus sont solidement ancrées dans la société syrienne. Certaines sont même très présentes au sein du gouvernement et des différentes administrations à travers le pays. Les Hassana, les Sbaa, les Fedaan, les Mouwwali, les Bani Khaled sont parmi les nombreuses familles à avoir des membres élus au Parlement, nommés maires, ou encore dans les différents services de renseignements et branches de l'armée. Certes, les relations entre le gouvernement syrien et les différents clans de la région n'ont pas toujours été au beau fixe. Mais la vie moderne et différents besoins poussent ces familles à la sédentarisation et donc à plus de stabilité en termes d'alliances.
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Lorsque Hafez el-Assad arrive au pouvoir au début des années 1970, il n'hésite pas à utiliser les réseaux étendus de ces familles pourtant difficiles d'accès à qui n'en fait pas partie. Assad père, puis son fils Bachar après lui, met en place de nouveaux leaders tribaux non traditionnels qui servent ses intérêts et non ceux de la tribu, ce qui, explique Haian Dukhan, doctorant au Center for Syrian Studies, à l'université St Andrews en Écosse, et travaillant sur les relations entre États et tribus, a contribué à profondément modifier la structure de ces clans.
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Dans les années 1980, Hafez el-Assad fait face à une insurrection islamiste menée par les Frères musulmans, qui comptent à l'époque des dizaines de milliers de membres. Le président syrien n'hésite pas alors à utiliser les liens tissés avec les tribus syriennes pour écraser la confrérie. En échange, il leur donne, entre autres, « le droit de suivre leurs propres lois, et de régler leurs contentieux à leur manière », c'est-à-dire selon le système traditionnel qui leur est propre, rappelle Dawn Chatty, professeure d'anthropologie à Oxford et spécialiste des tribus au Moyen-Orient. Quant aux plus petites tribus, généralement spécialisées dans l'élevage de moutons, Assad père les engage dans les services de sécurité, surtout au Liban, dans la plaine de la Békaa, leur permettant de s'enrichir et donc de resserrer les liens avec le régime de Damas et le parti Baas, ajoute la professeure. Les tribus concernées par ces faveurs vont bien entendu soutenir le régime dès le début du soulèvement en 2011.
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Déjà désunies, les tribus et les sous-groupes qui les composent se divisent alors davantage, « poussant les jeunes des tribus à perdre toute confiance en leurs leaders, et permettant l'émergence d'un nouveau leadership en contrepoids aux anciens leaders », estime M. Dukhan. Certaines prennent position avec le régime, comme les Tay (à Hassaké), les Berri (à Alep, par exemple), les Bani Ezz (très présents dans la province d'Idleb, et représentés par le parlementaire Cheikh Ahmad Darwiche), les Hadidiyine, dont l'un des membres les plus éminents n'est autre que le ministre de la Défense actuel, Fahed Jassem el-Freij, les Baqara, les Charabiyine pour n'en citer que quelques-unes.
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D'autres se rangent du côté de l'opposition et font défection. Ce fut, par exemple, le cas de l'ambassadeur syrien en Irak, Nawaf Farès, en 2012, membre des Aqidat, l'une des principales tribus du pays et de la région. L'Armée syrienne libre et les Comités locaux de coordination (CLC, important réseau de militants syriens antirégime), ainsi que les célèbres Casques blancs (secouristes) comprennent dans leurs rangs de nombreux membres de clan, comme le cheikh Abdallah Melhem, membre important du leadership de la tribu Hassana. Parmi les tribus à s'être rangées du côté de l'opposition : les Chamar, Aqidat, Mouwwali, Bani Khaled... La plupart des familles tribales sont d'ailleurs déchirées par ces prises de position ; de nombreuses milices pro et antirégime portent le même nom, qui est généralement inspiré par celui de la tribu, ajoutant encore à la confusion ambiante. La personnalité la plus importante à s'être ralliée à l'opposition politique reste Ahmad Jarba, chef bédouin de la tribu Chamar, et qui fut président de la Coalition nationale des forces de l'opposition et de la révolution (CNFOR) de 2013 à 2014. L'organisation, fondée au début de la guerre civile syrienne, réunit les principales composantes de l'opposition, dont le Conseil national syrien (CNS).
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Certains clans ont bien tenté de rester neutres et de ne prendre part à aucun affrontement, mais les circonstances en ont voulu autrement. Ainsi, les Chaaïtat, tristement célèbres pour avoir été massacrés par centaines en l'espace de quelques jours à peine par l'État islamique en décembre 2014, ont fini par se ranger aux côtés du régime ou de l'opposition pour se battre contre le groupe terroriste, notamment dans la région de Deir Ezzor. La raison principale du massacre ? Des puits de pétrole et d'eau contrôlés par les Chaaïtat, et que l'EI cherchait à s'approprier. D'autres clans, comme les Baqara, les Charabiyine, les Chamar, rejoignent divers groupes anti-EI et/ou antirégime, comme la Nouvelle armée syrienne (NAS, non islamiste et entraînée par les Américains et les Britanniques), l'ASL, les Forces démocratiques syriennes (FDS, arabo-kurdes), des milices armées à l'instar de Liwaa Thouwwar al-Raqqa, etc.
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En revanche, certaines tribus n'hésitent pas non plus à s'allier à l'EI, par obligation, mais également par opportunisme, bien plus que par conviction. Il reste néanmoins difficile de savoir quels sont les chiffres réels, en raison du chaos généré par le conflit et dont les différents bilans restent approximatifs. Mais l'importance du système tribal n'est pas à négliger, et les différentes puissances régionales et occidentales ont à plus d'une reprise tenté de rallier ces clans afin de réduire, sinon stopper, les violences et de combattre l'EI. Si les pays de la région comme l'Arabie saoudite et la Jordanie financent certains groupes en fonction de leurs appartenances tribales et autres affiliations, les Occidentaux n'ont toutefois pas su vérifier la véracité des informations recueillies sur ces tribus et donc profiter de leurs réseaux.
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« Je suis tombé une fois sur un article du quotidien britannique The Independent daté de juillet 2015 et dont le titre fait référence à des discussions secrètes entre des leaders occidentaux et des leaders de tribus syriennes à Genève », raconte Haian Dukhan. « Entre autres, était mentionné Ayid el-Outaifi, du clan Outayfiat de Palmyre, et appartenant à la confédération tribale Aneza. Sauf que je n'ai jamais entendu parler de ce clan. J'ai enquêté et posé des questions à mes contacts au sein de la confédération Aneza, et personne n'en a entendu parler non plus. » Le chercheur réalise très vite que le « leader tribal » en question n'est autre qu'un ressortissant syrien ordinaire résidant en Turquie, et qui s'est fait passer pour ce qu'il n'était pas. « Il a réussi à arriver à Genève, et à se faire interviewer par les médias. Les Occidentaux n'ont même pas pensé enquêter sur leurs interlocuteurs, des tribus supposées combattre à leurs côtés », déplore le doctorant, pour lequel ces clans restent un atout inexploité.
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Il est certes impossible de mobiliser toutes les tribus pour qu'elles combattent toutes du même côté, ayant de tous temps été en guerre entre elles. « Ce sera toujours le cas », affirme fermement M. Dukhan, pour qui elles seront toujours manipulées par les puissances régionales pour leurs intérêts. « Le régime a quand même eu plus de succès que les autres protagonistes du conflit pour recruter parmi les clans et tribus », notamment après leur avoir promis plus de droits, de privilèges, et aussi parce qu'il a une longue histoire de négociations avec les tribus syriennes.
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Même son de cloche pour Dawn Chatty, selon laquelle certains leaders claniques sont certes très charismatiques et ont beaucoup de popularité, et donc de soutiens, mais restent ancrés dans leurs propres intérêts. « Ces leaders sont plus intéressés à protéger les Syriens, et le pays, d'un morcellement potentiel. S'ils doivent s'unir, ce serait pour combattre l'EI et le chasser du pays, plutôt que de combattre le gouvernement », juge la professeure. « Ils sont très pragmatiques, ils ne vont pas combattre un gouvernement soutenu par l'Iran et la Russie. » La possibilité d'une cohésion des tribus contre l'EI reste donc envisageable, d'autant plus que des alliances avec certains clans kurdes pour combattre le groupe dans le nord syrien existent déjà. Mais le feront-elles sans armes et sans garanties, conclut Samia Medawar (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Introduction, adaptation et mise en page de Michel Garroté
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http://arretsurinfo.ch/syrie-les-choses-ne-sont-pas-toujours-ce-quelles-ont-lair-detre/
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http://arretsurinfo.ch/syrie-qui-lemporte-dans-laccord-turco-russe/
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http://www.lorientlejour.com/article/1004993/quel-role-pour-les-tribus-en-syrie-.html
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Y a-t-il vraiment un “axe Téhéran-Moscou-Ankara” ?

France-Alexandre-Del-Valle-1

   
Michel Garroté - Téhéran a peu apprécié la publicité faite autour de cette coopération militaire avec les Russes qui venaient juste finir de livrer les derniers systèmes anti-aériens S-300. Encore opposés il y a peu, la Russie, la Turquie et l'Iran semblent décidés à s'allier. Malgré des intérêts parfois divergents, tous trouvent un intérêt commun à ce rapprochement : un pied de nez fait à Washington - et à l’Union européenne dans une moindre mesure - accusés de vouloir régir la politique internationale.
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Détail "amusant" : l'artillerie turque a tiré, mardi 23 août 2016, pas moins de 40 obus sur des positions présumées de l'Etat islamique (EI) dans le nord de la Syrie, son ennemie, en riposte à des tirs de mortier contre une ville turque. La Turquie tire donc sur la Syrie qui est... l'alliée de l'Iran. Ci-dessous, le point de vue de mon ami Alexandre Del Valle (photo ci-dessus) paru sur Atlantico.
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Atlantico questionne : Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, et son homologue russe, Vladimir Poutine, se sont rencontrés afin d'entamer un processus de réconciliation. De son côté, l'Iran, qui a autorisé la Russie à utiliser ses bases pour soutenir Damas, se réjouit de ce rapprochement. Pour finir, une rencontre tripartite entre l’Iran, la Russie et la Turquie serait en préparation, Erdogan devrait se rendre à Téhéran sous peu. Sur quels intérêts communs un tel "axe" peut-il se mettre en place ? Quels intérêts ont ces pays à se rapprocher ? Une entente durable entre ces trois puissances est-elle réellement envisageable ? Qu'est-ce que cela pourrait augurer ?
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Alexandre Del Valle répond (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Je pense que ce n'est pas forcément une entente qui augure une alliance durable. Mais ce qui est intéressant, c'est de voir que le pragmatisme prime dans cette histoire. Entre l'Iran chiite et la Turquie sunnite, le désaccord sur la Syrie était total. Erdogan voulait défaire le régime syrien et combattre les Kurdes, tandis que l'Iran souhaitait protéger le régime de Bachar el-Assad contre ceux que défendaient les Turcs (Front islamique, Da'ech, Al-Nosra, Ahrar al Sham, Jaich al Fatah, Jaich al-Islam, Légion Mourad Sultan, etc.).
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Alexandre Del Valle précise : De son côté, la Russie n'était pas tout à fait de l'avis de l'Iran, mais était quand même grosso-modo dans le même camp consistant à défendre le régime syrien, pour défendre ses bases militaires et acquis puis cette place forte en Méditerranée tout comme l'Iran le faisait pour préserver sa profondeur stratégique au Proche Orient dont la Syrie est la porte d'accès, ajoute Alexandre Del Valle (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Introduction, adaptation et mise en page de Michel Garroté
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http://www.atlantico.fr/decryptage/mais-que-signifie-nouvel-axe-teheran-moscou-ankara-pour-occident-alexandre-del-valle-alain-rodier-2799547.html?yahoo=1
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Hélicoptère russe abattu: Un journaliste de l’opposition syrienne voulait que l’équipage féminin reste en vie pour être violé

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A noter que les gentils rebelles soutenus par les USA ont maltraité les corps des victimes (Attention: âmes sensibles s'abstenir).

Cet EI que les puissances ont réchauffé sur leur cœur

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Le blogueur français catholique de droite Bernard Antony revient sur l'Etat Islamique, la Turquie, la Russie et la Syrie (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Voilà que la Turquie désigne clairement l’État islamique comme responsable des terribles attentats-suicides dont le dernier à l’aéroport d’Istanbul. Les rapports ne sont donc plus les mêmes entre cette organisation et l’État turc qui, comme l’Arabie saoudite et le Qatar, en a permis le développement. De remarquables reportages sur nos chaînes ont montré non seulement l’intensité il y a encore peu de leur commerce et de leur trafic d’armes mais la parfaite complicité de l’armée turque permettant aux forces du « califat » de prendre à revers par la Turquie et bombarder sur leurs arrières leurs ennemis kurdes. La Turquie a d’évidence changé de stratégie à l’égard de l’État Islamique.
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Bernard Antony : Sans doute Erdogan a-t-il évalué qu’il était désormais pour la Turquie plus bénéfique de le combattre et de ne plus poursuivre un double jeu qui à la longue aurait risqué d’indisposer même l’Angela qui a fait si souvent la bête pour ne pas froisser ses amitiés turques. Or, sur ce point, au Bundestag, de plus en plus nombreux sont ceux qui ne la suivent plus. Alors en risposte au revirement turc à son égard, L’État islamique lance ses hashishins se faire exploser et nuire le plus possible à l’État ottoman. On a pu remarquer que contre ces derniers, Erdogan a usé d’une menace qui a certes suscité l’ironie de quelques sombres crétins aussi incultes qu’athées de nos médias. Il a prédit l’enfer aux terroristes. En fait, c’est désormais pour les tueurs une affaire de promesse contre promesse.
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Bernard Antony : Erdogan, comme Al-Bagdadi, se réfère aux mêmes textes du Coran et des Hadîths. Jusqu’ici, il en a été des auteurs d’attentats-suicides comme des hashishins du Vieux de la Montagne au XI° siècle,  fanatisés, hallucinés, le plus souvent drogués, sans doute, persuadés qu’après s’être fait exploser ils se retrouveraient instantanément dans les délices du paradis promis dans le Coran pour « ceux qui combattent dans le chemin d’Allah » et qui jouiront des « houris aux grands yeux à la virginité éternellement renouvelée ». Mais il est d’autres versets promettant l’enfer aux ennemis d’Allah et de son prophète. Or voilà qu’Erdogan range maintenant parmi eux les terroristes de l’État islamique puisqu’ils sont devenus ses ennemis.
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Bernard Antony : Pour l’heure, son changement d’attitude lui a déjà valu de pouvoir renouer avec Poutine qui sait bien qu’il ne pourra avancer vers une solution en Syrie que par un accord avec Erdogan. Les deux hommes ne sont pas politiquement des sentimentaux, ils sont, semble-t-il, très proches de tempérament, joueurs d’échecs froidement réalistes. Que seront-ils prêts à sacrifier comme pièces ? Si Poutine lui promet de ne pas accepter un État kurde indépendant et unifié sur les actuels territoires kurdes autonomes d’Irak et de Syrie, ni même deux États kurdes indépendants, alors Erdogan le laissera modeler la carte syrienne sur la réalité ethnico-religieuse avec comme premier impératif la survie des Alaouites sur le territoire appelé « gouvernorat alaouite » du temps du Mandat français sur la Syrie et le Levant, conclut Bernard Antony (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Adaptation et mise en page de Michel Garroté
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http://www.bernard-antony.com/2016/07/letat-islamique-ce-cobra-que-les.html
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La Russie vaincra, mais pas l’Europe

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A l’occasion de la sortie de son essai "Un printemps russe" aux éditions des Syrtes, Alexandre Latsa a répondu aux questions de 'Le Rouge & le Noir' (voir lien vers source en bas de page).
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R&N : Votre livre décortique l’image négative que donnent les médias français de la Russie. Quelle est à contrario l’image que se fait le grand public russe de la France et de l’Union Européenne ?
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Alexandre Latsa : Tout d’abord il me semble que l’image de la Russie est surtout rendue négative chez les gens qui ne connaissent pas le pays, ou ne le connaissent que par les informations qui leurs sont fournies par leurs médias. Mais je pense encore une fois que c’est un phénomène euro-occidental car cette désinformation journalistique sur la Russie concerne surtout les médias occidentaux, surtout anglo-saxons et ouest-européens. La Russie a cependant une plutôt bonne image populaire en Asie, en Afrique ou par exemple en Amérique du sud. Dans de nombreux pays musulmans la Russie a une bonne image, comme par exemple en Iran ou au Maroc. Enfin la Russie a une excellente image dans de nombreux pays orthodoxes d’Europe tels que la Grèce, la Serbie ou encore Chypre. Concernant l’image de la France et de l’Union Européenne en Russie elle est complexe et il y a un gros dilemme. La France a une excellente image de fond en tant que pays ami, en tant que réel pays civilisation (comme la Russie) et pays de grande culture. Mais de l’autre la télévision russe montre une réalité bien difficile à nier qui est une France connaissant des difficultés sociales, religieuses et des évolutions sociétales auxquelles une majorité de la société russe, les élites en tête, n’adhère pas. Concernant l’UE, il ne faut pas oublier que l’UE est le principal partenaire économique de la Russie et que la Russie s’est voulue depuis la chute de l’URSS tendre vers l’Europe sur le plan civilisationnel mais aussi politique. L’UE est cependant de plus en plus montrée et donc perçue comme ce qu’elle est vraiment, c’est à dire une structure froide, sous tutelle américaine et parasitant les relations entre la Russie et les États Européens. Enfin un sujet mis en permanence sur la table par les médias est le problème migratoire que connaissent et l’UE et les pays européens. Les médias russes ont bien fait leur travail à ce sujet puisqu’ils n’obèrent pas ces facettes de la Nouvelle France et de l’Europe de Bruxelles. On ne peut pas parler d’UE-Bashing bien sûr mais l’Europe ne fait plus autant rêver qu’avant tandis qu’une nouvelle tendance asiatisante est en train de prendre de l’ampleur en Russie.
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R&N : Si l’Occident cherche à influencer la Russie, de quelles façons la Russie tente-elle de son coté d’influencer l’Occident, ou une partie de l’Occident ?
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Alexandre Latsa : L’Occident tel que nous le connaissons aujourd’hui semble fonctionner selon une équation propre qui est d’étendre son modèle en l’imposant au reste du monde. Sans surprises l’extension de la superstructure occidentale à l’ancien monde soviétique a été un objectif prioritaire dès la chute de l’URSS. Mais cette extension s’est heurtée à Moscou et aux velléités de Moscou de garder une sorte de cordon sanitaires à ses frontières hors de toute influence américaine et de l’OTAN. Par conséquent je ne crois pas que la Russie cherche à influencer l’Occident d’une quelconque façon. Je crois que la Russie a du reste encore beaucoup trop de problèmes propres à régler pour se poser en puissance qui souhaiterait remodeler en quelque sorte le reste du monde, comme par exemple l’Amérique souhaite remodeler le moyen orient. Je crois surtout que la Russie devient naturellement un modèle attractif car le renouveau russe s’opère et arrive historiquement au moment où l’Europe et l’Occident traversent à contrario une grave crise (morale, politique, économique…) et font face à une pénurie de modèle avec un grand M. Cela se traduit par exemple par l’émergence de partis plutôt souverainistes qui sans surprises voient dans ce renouveau russe une forme de gouvernance avec beaucoup de points plutôt positifs. Ces partis sont autant de droite que de gauche, que l’on pense à Mélenchon ou Chevènement en France ou encore par exemple Sanders aux États-Unis. On comprend bien que la relation avec la Russie pourrait changer avec un changement de gouvernance au sein des pays Occidentaux. En fait la grande force du pro-russisme est qu’il est transcourant. Tout comme du reste l’est l’atlantisme aujourd’hui en France qui concerne tant la gauche que la droite de gouvernance.
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R&N : L’un des vecteurs majeurs pour promouvoir des valeurs, des idées ou un modèle est le vecteur culturel, parfaitement maîtrisé par les américains. N’est-ce pas l’une des faiblesses majeure de la Russie ?
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Alexandre Latsa : Vous avez raison en ce sens que Hollywood nous a convaincu que la Sibérie était froide et hostile tandis que la Californie est lumineuse et ouverte. L’occident américano-centré a sans aucun doute connu sa forte extension planétaire via la dimension culturelle mais je pense que cela va s’arrêter. Tout d’abord le Californien des années 60 qui faisait envie avec raison (beau, sportif, riche et en bonne santé ...) a été remplacé par un Texan agressif au cours des années 90, 2000 tandis qu’aujourd’hui on a Obama aux manettes d’une Amérique qui depuis la crise de 2008 ne fait plus autant rêver il faut bien se l’avouer. Dans le même temps, dans d’autres zones du monde émergent et se transforment en modèle, je pense par exemple à la Chine ou récemment un homme d’affaires du nom de Wang Jianlin, patron du groupe Wanda, a déclaré la guerre à Disney en affirmant que « Disneyland n’aurait jamais dû s’implanter en Chine et Mickey et Donald, c’est du passé ! ». Un parc Wanda « Made in China » devrait du reste très prochainement ouvrir en France. Concernant la Russie d’aujourd’hui oui c’est une faiblesse cruciale de ce pays, la Russie de Poutine ne sait pas se vendre contrairement à l’Union Soviétique. Je pense même que les autorités russes n’ont pas eu les moyens de se permettre une stratégie quelconque de communication ou Soft power avant le milieu des années 2000 car avant il fallait reconstruire l’État. C’est du reste à cette période que n’ont émergé des structures de communications destinées à l’étranger comme RT par exemple. Si RT a fait un énorme boulot, il faut bien se rendre compte que le talent dans le Soft-Power n’est clairement pas un point fort de la Russie actuelle. Mais en même temps quel Soft-power est fondamentalement nécessaire quand vous n’avez pas de velléité de domination culturelle (comme l’a l’Amérique sur l’Europe) et que vous visez à être un réservoir énergétique, demain un leader agricole et donc un grenier de nourritures et après-demain un fournisseur d’eau soit d’un élément essentiel pour la Survie.
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R&N : Quel rapport les Russes ont-ils avec cette période de leur histoire qu’est l’URSS et avec la figure de Staline ? Et avec la période Eltsine ?
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Alexandre Latsa : Ambiguë et complexe et surtout variable selon les générations. Les russes se souviennent ou savent que l’Union Soviétique était une grande puissance respectée au sein de laquelle la vie était organisée. La période qui a suivi a été celle du déclin et du chaos. Par conséquent il n’y pas une nostalgie du communisme au sens purement idéologique du terme mais une nostalgie de l’ordre et de la sécurité qui découlait de cette période historique. En même temps beaucoup de Russes regrettent au fond ce gigantesque pays au sein duquel les peuples frères vivaient en paix, tout comme ce fut le cas dans un sens au sein de l’ex-Yougoslavie. C’est moins le cas chez les jeunes générations qui n’ont pas connu l’URSS, que ce soit en Russie ou du reste dans les autres pays de l’ensemble post-soviétique.
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R&N : Et avec la période Eltsine ?
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Alexandre Latsa : Pour ce qui est de la période Eltsinienne elle a fait beaucoup de mal à la Russie sur le plan moral et sanitaire. Ça a été une période d’humiliation et de pauvreté que personnes ne regrette a part bien sur une minorité qui a su a cette époque bénéficier du chaos ambiant.
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R&N : Bien plus qu’un état, la Russie est un empire. Le modèle poly-ethnique russe, que vous décrivez comme modèle alternatif au multiculturalisme promu en Occident n’est-il pas valable uniquement pour un empire mais inapplicable à des états européens comme la France, l’Allemagne ou encore la Hongrie ?
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Alexandre Latsa : Les nations européennes étaient plutôt homogènes et soumis à une immigration principalement européenne jusqu’aux années 70,80 date à partir de laquelle l’Europe continentale a vu s’accélérer des processus migratoires extra-européens qui ont de fait transformé les nations européennes en « ensembles » multiethniques. Mais il s’agit de processus récents et le moins qu’on puisse constater est qu’ils ont bouleversé dans un sens le vivre ensemble mais surtout que les nations européennes ont du mal à trouver des solutions fonctionnelles pour faciliter cette nouvelle cohabitation. On peut se demander si regarder du côté de la Russie ne pourrait pas permettre de trouver des solutions à certains de ces problèmes. Bien sûr en Russie l’Islam y est de souche. L’Islam est une partie intégrante de la société russe et du monde russe, de la Volga au Caucase mais aussi de l’ancien monde soviétique avec l’Asie centrale. Le vivre ensemble et l’expérience de cohabitation s’y est développé selon des règles bien particulières.
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R&N : Quels seront les plus grand défis ou les plus grandes menaces pour la Russie dans les prochaines décennies ?
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Alexandre Latsa : Un des grands risques, c’est la politique américaine en Europe qui est source de conflits et de tensions et même de guerre comme on a pu le voir en Géorgie et en Ukraine. Il ne faut pas exclure un conflit de plus haute intensité si les États-Unis continuent leur politique de pression et d’ingérence en Europe de l’Est et au cœur de l’Eurasie. L’autre grand risque est le terrorisme sous quelle que forme que ce soit et notamment le terrorisme religieux, islamique. Ce risque pourrait venir de l’extérieur mais aussi pourquoi pas dans le futur d’une résurgence identitaire régionale et religieuse qui pourrait entraîner une potentielle vague séparatiste et donc un conflit entre Moscou et une de ces provinces. Enfin et sans aucun doute il y a aussi la question de l’après-Poutine. Vladimir Poutine semble se diriger vers un quatrième mandat de 2014 à 2018 mais la question de l’après est évidemment déjà dans les esprits, conclut Alexandre Latsa.
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Mise en page Michel Garroté
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http://www.lerougeetlenoir.org/opinions/les-inquisitoriales/alexandre-latsa-le-renouveau-russe-s-opere-au-moment-ou-l-europe-et-l-occident-traversent-a-contrario-une-grave-crise
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Messieurs les Anglais, de grâce, tirez les premiers.

Partira, partira pas? Jeudi prochain, le Royaume Unis est appelé à décider de son avenir à l’intérieur de la dictature européenne ou d’en sortir. Messieurs les Anglais, de grâce, tirez les premiers.

La finance, les entreprises internationales, les banques d’affaires ont chaud aux plumes. Le Royaume-Uni a cette chance encore impensable en France de décider de nouveau, si elle veut faire partie de cet ensemble que beaucoup désormais jugent liberticide pour les peuples et les citoyens.

C’est enfoncer une porte ouverte d’affirmer que cette Europe n’a pas rempli toutes ces promesses de sécurité et de puissance économique. Quid de la liberté d’expression mise sous surveillance ? Quid de l’égalité de traitement entre les peuples suivant que vous soyez puissants ou misérables? Quid de la fameuse paix en Europe qu’ont dû subir les Serbes à coup de bombes de l’OTAN. Pourquoi cette volonté d’aller chercher des noises à la Russie? Où est le progrès économique? Où est la protection des artisans et des petites entreprises écrasées par les normes, les obligations tatillonnes. Que penser des subventions aux uns,(agriculture) et des préférences et autres abandons de secteurs économiques jugés obsolètes, (par qui?) comme le textile, les chaussures, la sidérurgie et que sais-je encore.

L’Europe c’est la paix nous disait-ils alors que des bruits de bottes de l’OTAN résonnent dans les pays Baltes et en Pologne et alors que menons une guerre larvée à Vladimir Poutine ! Nous connaissons les réalisations de cette Europe en termes de chômage, de dumping sociaux, de désertification industrielle, de privation des peuples à dire et à agir par des référendums dans leur propres intérêts. Nous savons ce qu’à fait Nicolas Sarkozy du référendum de 2005 et de sa trahison du peuple de France en 2008. Abandon de la souveraineté, et impuissance politique qui fait de nos politiques nationaux, de simples supplétifs au mieux, des traîtres au pire, au service des technocrates qui siègent à Bruxelles.

Nous étions six à l’origine, nous sommes vingt-huit désormais. Qui a décidé de cette expansion, de cet ajout permanent ? Qui décide que la Turquie devienne un jour prochain, un pays pleinement européen, alors même que son territoire est à 97% en Asie, que son histoire n’est qu’une suite de conquêtes, de massacres, de mise en place de la traite des Blancs, d’occupation de territoires comme la Bulgarie, la Roumanie, la Serbie, la Croatie et autre Bosnie ! La France n’est pas innocente dans cette entreprise. Depuis quarante ans, tous nos politiques de droite comme de gauche ont accepté, participé, à cette entreprise de destruction des Nations qui ne sont plus souveraines de fait, hormis pour décider de la tonte des peuples !

De Giscard à Hollande, tous ont été complices de cette expansion territoriale permanente, de cette Europe que je perçois comme une gangrène. Une Europe agissante dans le cadre du « Grand remplacement » que dénonce un Renaud Camus qui, de facto devient un fasciste, un extrémiste de droite à contrario de son histoire personnelle. Que penser de ces persécutions judiciaires contre tous ceux qui se revendiquent, de prés ou de loin, comme patriotes et souverainistes sur les médias alternatifs.

Les Britanniques ont cette chance de pouvoir revenir à leur état d’origine, c’est-à-dire, un état qui va, j’espère, retrouver la liberté et redevenir souverain en décidant par lui-même, pour lui-même et dans son propre intérêt.

Que penser de cette campagne vue par les médias Français.

Une campagne à charge. Une campagne dénonçant « l’irresponsabilité » de ceux qui veulent le retrait de leur pays.(Boris Johnson, Nigel Ferrage). La plupart refusent de faire de ces « libérateurs », de véritables responsables politiques animés par le patriotisme, l’amour de leur pays, son intérêt et sa souveraineté de nouveau possible ! Bien au contraire, nos médias soumis les taxent le plus souvent d’inconscience face aux risques économiques. Comme si l’économie était l’alpha et l’oméga des peuples. Certains disent que l’Angleterre ne sera plus qu’une « petite nation« , comme a pu l’affirme Emmanuel Macron. Quel triste et pitoyable argument,quelle honte, quelle négation des peuples et de leurs HistoiresComme si l’Europe était devenue une Nation alors qu’elle n’est rien d’autre qu’un agglomérat d’intérêts financiers sans âme, ouverte à l’immigration et soumise à l’islamisation à terme, ainsi qu’aux intérêts saoudiens et qataries. Chaque fois que je vois un drapeau européen flottant sur nos bâtiments publics, je le regarde comme le drapeau de l’infamie et de l’occupation par un ordre venu d’ailleurs, par des étrangers.

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L’Angleterre n’est pas ma tasse de thé. L’Angleterre qui, à partir d’un peuple de 6 millions d’âmes, devint la première puissance maritime et commerciale du monde, faisant du Royaume Uni, un l’Empire ou jamais le soleil ne se couchait. Seule l’ancienne Espagne de Charles Quint, ou la France ensuite, ont été des rivales à sa mesure. On sait ce qu’il en advint par la suite. On sait ce que fit l’Angleterre face à l’Allemagne nazie par rapport aux décisions de nos politiciens, de nos Républiques trop souvent si ce n’est toujours, soumises de fait.

 

La France et l’Angleterre ont eu une histoire commune faite d’admirations réciproques, de répulsions communes, de conquêtes et de défaites. Inutile de rappeler Guillaume le conquérant, la langue française dominant l’aristocratie anglaise, de rappeler Jeanne d’Arc, l’échec de Napoléon en Égypte, puis Waterloo plus tard. L’accueil au général De Gaulle, mais aussi Mers-el-Kébir , etc. Autant de faits qui justifient cette ambivalence, cet amour-haine que ces deux peuples ont en commun et partagent. Nous sommes deux vieux peuples, nous avons souffert ensemble, et souvent par nous-mêmes, mais la différence fondamentale est que l’Angleterre, sa Reine, ses dirigeants, ont su garder la fierté et la mémoire de leur histoire, et cette volonté farouche de rester une Nation souveraine. Aujourd’hui, même le Front National revendique pour la France d’être traité au minimum comme le Royaume-Uni. C’est tout dire…

Depuis quelques jours, je constate que nos médias ne tirent aucune leçon de nos fabulistes et en particulier celle de Jean de la Fontaine sur Le loup et le chien. Les médias sont comme le chien qui explique au loup le bonheur d’avoir un maître. Le loup est fasciné par le discours dithyrambique du chien jusqu’à ce qu’il remarque le collier autour du cou de son nouvel ami et sa justification. Le loup se sauve car il préfère avoir faim, que d’être attaché à une chaîne.

L’Angleterre libre est, et restera une grande Nation y compris si elle retrouve son entière indépendance. Elle est armée et chargée de son histoire plus que millénaire. Je suis admiratif de cette ferveur lorsqu’elle honore la Reine, son passé, ses relèves de la garde, ses défilés, son peuple présent alors que nous, nous n’avons rien qui honore notre passé, hormis la culpabilisation et la repentance permanente.

L’Angleterre restera un partenaire financier et économique incontournable quoi qu’en dise les médias Français qui sont soumis à la doxa européiste. Le caractère des Britanniques, leur pugnacité, leurs spécificités feront que c’est l’Union Européenne qui suite à son  largage des amarres, perdra de sa superbe à son départ.  Demain, la France soumise, comme le chien de la fable, regardera sa voisine avec envie dans les années qui viennent. Toute l’Histoire de l’Angleterre est faite de cette liberté et de cette indépendance.

Pour conclure, non seulement j’espère que l’Angleterre se libérera, mais j’espère que l’électrochoc qui suivra, permettra qu’un jour, le plus proche possible, la France ait cette possibilité. Que nous aurons un jour, le choix et la liberté de retirer ce collier qui nous serre le cou, et que notre choix futur sera la rupture de cette chaîne qui nous retient à la niche européenne.

Gérard Brazon

 

Ukraine / Russie – La guerre du Donbass

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Je laisse à l’auteur la responsabilité de son interprétation mettant en cause une "certaine idéologie anglo-saxonne" et son présumé "Grand Jeu". Je dirais même plus : je ne partage pas du tout sa théorie sur une "certaine idéologie anglo-saxonne" et son présumé "Grand Jeu". Cependant, je publie des extraits de son analyse de la guerre du Donbass, car elle nous change des analyses colportées par l'ensemble des médias classiques.
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Sur Polemia, Emmanuel Leroy écrit notamment (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Nous savons, grâce à Madame Victoria Nuland, que les Etats-Unis ont investi 5 milliards de dollars depuis 1991 en Ukraine. Officiellement, cet argent a été investi pour, je cite Mme Nuland, « favoriser la participation citoyenne et la bonne gouvernance… et aider l’Ukraine à devenir prospère, sûre et démocratique ». Il est certain que lorsque l’on vient en Ukraine aujourd’hui, on voit partout la prospérité, la sécurité et la démocratie. Je ne connais pas le détail de l’affectation de ces 5 milliards de dollars, mais j’ai observé que pendant ces années post-soviétiques en Ukraine comme dans d’autres pays de l’ancien Pacte de Varsovie, on avait vu de nombreux pasteurs évangélistes venir convertir les populations, car la propagande religieuse est une des armes qu’utilisent les Anglo-Saxons pour subvertir les esprits.
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Emmanuel Leroy : Une partie de ces 5 milliards a certainement été utilisée aussi pour transformer les manuels scolaires et les « ukrainiser » afin de favoriser l’émergence d’un sentiment national ukrainien qui se dresserait contre Moscou ou tout ce qui représente l’âme russe. De la même façon, ont dû être financées par Mme Albright, M. Soros et leurs amis des associations culturelles ou religieuses pour développer les sentiments antirusses. Depuis l’élection de Leonid Kravtchouk en 1991 jusqu’à nos jours, c’est-à-dire pendant un quart de siècle, les Américains auraient donc investi 5 milliards de dollars pour arracher l’Ukraine à la sphère d’influence de Moscou. Cet argent aura été employé dans les sphères politiques, religieuses, artistiques et culturelles, économiques, afin d’influencer les esprits et de provoquer des mutations profondes dans la pensée des gens par la réécriture de l’histoire, la désinformation, l’occultation de certains faits ou la déformation de ceux-ci.
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Emmanuel Leroy : Voilà très exactement la définition de ce que les Américains appellent eux-mêmes le « soft power ». Ce concept, développé dans son livre Bound to Lead par le professeur américain Joseph Nye dans les années 90 du siècle dernier, soutient qu’il est possible d’affirmer sa puissance aujourd’hui par la persuasion et la contrainte douce sans avoir à utiliser d’emblée la puissance militaire ou les moyens de rétorsion. Mais comme les Américains n’ont gardé de leur médiocre mythologie et de leur courte histoire que les bagarres entre les cow-boys et les Indiens, ils ont donc ajouté à ce concept de soft power celui de « smart power » ou pouvoir intelligent, c’est-à-dire une combinaison de la force pure (Afghanistan, Irak, Libye, Syrie…) et de la contrainte qui peut s’appliquer, par exemple, sous la forme de sanctions économiques comme celles dont souffre la Russie aujourd’hui ou comme les ont subies des pays comme l’Iran ou Cuba et bien d’autres encore.
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Emmanuel Leroy : Mais ces méthodes de soft power peuvent s’appliquer aussi aux « alliés », je dirais plutôt aux vassaux, c’est-à-dire à des pays comme la France à qui on interdira de vendre des bateaux à la Russie (en violation totale de toutes les règles commerciales et du droit international) et à qui on infligera des sanctions financières colossales, comme l’amende de 9 milliards de dollars imposée à la BNP parce qu’elle avait couvert des transactions commerciales avec l’Iran (interdites par les USA) et au motif qu’elle avait utilisé des dollars pour cela. Bref, comme nous le voyons, ce qu’ils appellent le soft ou le smart power ressemble beaucoup aux méthodes de la mafia où il faut faire beaucoup de révérences au Parrain pour qu’il vous laisse manger votre os dans votre gamelle et qui vous brise les reins si vous l’offensez ou s’il estime qu’il doit vous voler ce que vous possédez.
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Emmanuel Leroy : Mais revenons à la notion de temps. On disait tout à l’heure que les Américains se vantaient d’avoir investi 5 milliards depuis 1991. Une première impression serait de se dire qu’ils travaillent vraiment sur le long terme et qu’il y a, au Département d’Etat à Washington ou au Pentagone, des hommes et des femmes en place depuis l’élection de George Bush père, qui ont une haine rabique de la Russie et qui continuent, année après année, à porter des coups aux descendants d’Ivan Grozny. Mais cette première impression, même si elle n’est pas fausse, est largement insuffisante pour comprendre la véritable nature des ennemis de toutes les Russies. Nous allons voir tout à l’heure que les prémisses de cette lutte pour la domination du monde, car c’est de cela qu’il s’agit, remontent beaucoup plus loin que les années 90 du siècle dernier, et même bien avant la guerre froide.
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Emmanuel Leroy : Nous étions en février dernier à Moscou, avec mes amis Xavier Moreau et Nikola Mirkovic ici présents, invités par le prestigieux Institut russe d’analyse stratégiques (RISI) pour une conférence bilatérale franco-russe sur la lutte contre le terrorisme. Dans mon intervention, j’ai tenté de démontrer que la lutte contre le terrorisme nous ramenait inévitablement vers ceux qui en sont les promoteurs et qui utilisent la haine des musulmans salafistes contre tout ce qui n’est pas l’islam pour déstabiliser les sociétés que les USA ont décidé de détruire. J’en veux pour preuve cet extraordinaire aveu paru dans le New York Times du 23 janvier 2016 (je cite) : « Lorsque le président Obama a secrètement autorisé la Central Intelligence Agency à commencer à armer les combattants rebelles de Syrie en 2013, l’agence d’espionnage savait qu’elle aurait un partenaire disposé à aider à financer l’opération clandestine.
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Emmanuel Leroy : C’était le même partenaire sur lequel la CIA s’est appuyée pendant des décennies pour son argent et sa discrétion dans les conflits lointains : le royaume d’Arabie Saoudite. "Depuis lors, la CIA et son homologue saoudienne maintiennent un accord inhabituel pour la mission d’entraînement des rebelles, à laquelle les Américains ont donné le nom de code de Timber Sycamore. Avec cet accord, selon d’actuels et anciens hauts fonctionnaires, les Saoudiens fournissent à la fois des armes et de grosses sommes d’argent, et la CIA dirige l’entraînement des rebelles au maniement des fusils d’assaut AK-47 et des missiles antichars. Le soutien aux rebelles syriens n’est que le chapitre en cours d’une relation qui dure depuis des dizaines d’années entre les services d’espionnage d’Arabie Saoudite et les Etats-Unis, une alliance qui a traversé le scandale Iran-Contra, le soutien des moudjahidines contre les Soviétiques en Afghanistan et les combats par procuration en Afrique".
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Emmanuel Leroy : "…'Ils ont compris qu’ils ont besoin de nous, et nous comprenons que nous avons besoin d’eux', a déclaré Mike Rogers, originaire du Michigan, ancien membre républicain du Congrès. "Les hauts fonctionnaires n’ont pas révélé le montant de la contribution saoudienne, bien plus importante que celle des autres nations, au programme d’armement des rebelles contre l’armée du président Bachar el-Assad. Mais on estime le coût total de l’armement et de l’entraînement à plusieurs milliards de dollars".
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Emmanuel Leroy : Pourquoi parler du terrorisme et de la guerre en Syrie dans une intervention consacrée aux racines de la guerre dans le Donbass ? Eh bien tout simplement parce que ces événements sont liés. Derrière les extrémistes de Praviy Sektor ou les mercenaires polonais, baltes ou anglo-saxons envoyés par le régime fantoche et illégitime de Kiev, il y a les mêmes ONG, les mêmes banques internationales, les mêmes sociétés multinationales, les mêmes « think tanks » que ceux qui opèrent en Syrie, au Yemen ou en Libye aujourd’hui ou qui intervenaient en Tchétchénie et en Géorgie hier, conclut Emmanuel Leroy (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Michel Garroté
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http://www.polemia.com/les-causes-profondes-de-la-guerre-dans-le-donbass/
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Seul Poutine veut un changement en Syrie

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Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, a récemment donné le point de vue de Poutine sur la Syrie. Point de vue que la plupart des médias européens ont soigneusement occulté (ou déformé). Ci-dessous, je publie un concentré de ce point de vue de Poutine tel qu'exposé par de Mikhaïl Bogdanov. A lire et à partager.
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Mikhaïl Bogdanov : Il n'y a pas encore d'alternative claire. Le processus est bloqué en raison de l'attitude de certains acteurs régionaux qui refusent l'approche constructive, et l'inconséquence de la délégation de Riyad qui, tout en participant à Genève, refuse d'aplanir les obstacles au dialogue. Cette situation de blocage est l'illustration la plus éloquente de la perte d'influence des États-Unis sur leurs alliés régionaux. Ils ne sont plus en mesure d'imposer leurs conditions à leurs alliés saoudien et turc. La volonté du président américain Barack Obama de parvenir à un accord avec les Russes pour amorcer un processus politique efficace a été mise à mal sous l'effet des contradictions internes à la gestion américaine de cette crise. Seul Moscou semble encore en mesure d'imposer un changement progressif mais radical sur ce dossier.
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Mikhaïl Bogdanov : Lorsque Barack Obama a décidé de s'impliquer sur ce terrain, avec une volonté réelle de séparer le dossier ukrainien et la question nucléaire du traitement de la crise syrienne, c'est le département d'État qui s'est opposé à tout accord avec les Russes. Une partie de cette administration américaine est alignée sur les positions radicales d'Ankara et de Riyad et défend la doctrine de la guerre d'usure. On accepte le principe de la négociation mais on pose un ensemble de conditions préalables. Les Américains ne semblent donc toujours pas avoir compris comment les Russes fonctionnent et leur méthode de travail.
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Mikhaïl Bogdanov : L'approche globale des États-Unis vis-à-vis de la Russie n'a pas changé : il s'agit d'une politique agressive malgré la volonté d'une partie de l'administration de débloquer la situation par la politique des petits pas. Sur le dossier syrien, Washington soutient les mesures de rétorsion économiques contre Moscou décrétées le 29 juillet 2014, et régulièrement prolongées depuis, mais c'est l'Union européenne qui subit les conséquences de cette situation de crise puisqu'en retour, la Russie a répondu à ces sanctions en adoptant des restrictions qui prévoient un embargo sur une large quantité de produits agroalimentaires européens.
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Mikhaïl Bogdanov : la Russie est en position de force. Sur le plan opérationnel, ils ont renforcé leur présence en Syrie et sont les seuls à pouvoir exercer des pressions efficaces sur le régime syrien afin qu'il propose des réformes susceptibles de ménager une sortie de crise. Les Russes pourraient faire avaliser une solution par l'Onu, si les Européens se ralliaient à la position de Moscou pour sortir de l'impasse. Les États-Unis mènent un double jeu sur ce terrain, et ne peuvent plus faire confiance à leurs alliés traditionnels. Ils savent qu'une convergence entre Moscou et Riyad est aujourd'hui tout à fait possible.
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Mikhaïl Bogdanov : Les divergences de fond entre Moscou et Riyad n'excluent pas un rapprochement dans les semaines à venir qui serait déterminant pour trouver une issue politique à cette crise. Rappelons que pour Riyad, c'est d'abord une affaire de personne, les Saoudiens étant inflexibles sur la question du départ inconditionnel de Bachar el-Assad. Ils redoutent également la politique de Téhéran et son influence grandissante dans la région. Or l'intervention russe en Syrie s'est faite également au détriment de l'Iran et les contradictions russo-iraniennes sont réelles. Néanmoins, Moscou peut pondérer le conflit entre les deux et trouver un équilibre entre les ambitions régionales iraniennes et saoudiennes. Si les Russes offrent des garanties suffisantes à Riyad, une évolution de la situation est tout à fait probable. Le principal adversaire reste la Turquie et l'expansionnisme néo-ottoman d'Erdogan, conclut Mikhaïl Bogdanov.
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Michel Garroté
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http://www.lorientlejour.com/article/988509/-seul-moscou-semble-encore-en-mesure-dimposer-un-changement-en-syrie.html
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Non l’armée russe ne quitte pas la Syrie

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J'avais écrit sur lesobservateurs.ch, que contrairement aux allégations de la presse occidentale, l'armée russe n'avait pas quitté - et n'a toujours pas quitté - la Syrie. La Russie a opéré un retrait partiel de ses troupes, mais elle n'a pas quitté la Syrie. Poutine révise, jour après jour, sa stratégie. Il reste souple. Il a porté un coup dur à l'Etat Islamique (EI). Mais il est conscient du fait que l'EI n'a pas encore été anéantie. Et il est également conscient du fait que les Occidentaux ne font pas grand chose pour neutraliser l'EI.
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A ce propos, Fred Pleitgen écrit notamment (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Cela paraissait presque impossible aux yeux de nombreux journalistes qui, la semaine dernière, se sont rendus sur la base aérienne russe située à l’ouest de la Syrie près de la ville côtière de Lattaquié : l’armée de Vladimir Poutine souhaitait envoyer plusieurs cars remplis de reporters à l’autre bout du pays, l’un des plus dangereux au monde, vers la ville de Palmyre et les faire revenir dans la même journée. Le convoi est devenu le témoignage du nouveau degré de professionnalisme dont fait aujourd’hui état l’armée russe. Mais il offre également un aperçu de l’ampleur – plus considérable que prévu – de sa présence dans la Syrie de Bachar El-Assad. Le convoi était composé de plusieurs cars, de véhicules blindés armés de canons et de véhicules blindés de transport de troupes.
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Fred Pleitgen : Au-dessus de nos têtes, deux hélicoptères de combat nous ont suivis pendant près de sept heures. La journée fut tellement longue qu’à plusieurs moments de nouveaux hélicoptères ont même été appelés en renfort. Nous avons aperçu ce qui ressemblait à des bases d’hélicoptères à l’ouest et au centre de la Syrie, ainsi que différents modèles d’hélicoptères de combat – parmi lesquels un Mi-28, un KA-52 et son double rotor principal, et un Mi-35 testé au combat. Leur nombre était impressionnant. La Russie assure avoir retiré la plupart de ses troupes de Syrie plus tôt dans l’année, Vladimir Poutine affirmant que le pays y avait atteint la plupart de ses objectifs. Pourtant, nous avons vu des centaines, voire des milliers de troupes sur la base aérienne principale de Hmeimim et sur d’autres lieux.
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Fred Pleitgen : L’armée russe nous a autorisés à filmer quelques-uns de ses soldats durant leur séance de sport matinale. Nous nous sommes entretenus avec un jeune premier-lieutenant qui s’est simplement présenté sous le nom de “Vladimir”. “Je suis très heureux de servir mon pays ici”, confia-t-il avant d’ajouter : “Je n’ai peur de rien en Syrie. Pourquoi devrais-je avoir peur ?”. Discrètement, les Russes ont également construit une toute nouvelle base dans l’ancienne ville de Palmyre, où ils ont récemment aidé l’armée syrienne à se libérer de l’Etat islamique. Comme les autres bases, elle est moderne et bien entretenue. L’avant-poste abrite les équipes de déminage russes ayant passé des semaines à détecter et à retirer les nombreux engins explosifs improvisés laissés par Etat islamique avant son retrait de la zone.
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Fred Pleitgen : Il y a ici des dizaines de véhicules armés, de nombreux hélicoptères et même des systèmes de lutte anti-aérienne haute technologie, bien que le camp n’ait pas l’air d’être sous la menace d’attaques aériennes. Le Major-général Igor Konashenkov est le porte-parole du ministère de la Défense russe. Il indique qu’il existe une collaboration entre ses hommes et l’armée syrienne, mais qu’elle est très limitée. “Nous recevons de nombreuses informations de la part de l’état-major syrien, affirme-t-il. Ils sont proches des rebelles sur le terrain.
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Fred Pleitgen : En ce qui concerne la coopération technique militaire, nous les aidons aussi, bien évidemment”. Alors que la Russie a retiré de Syrie quelques-uns de ses avions de combat après l’annonce de retrait de Vladimir Poutine, elle a renforcé le nombre de ses troupes dans le pays. Il pourrait bien sûr y avoir plusieurs raisons à cette importante présence militaire. Les tanks et véhicules armés pourraient simplement servir à protéger les troupes russes dans le pays. Mais cet important contingent semble indiquer que la Russie n’a pour l’instant aucune intention de quitter la Syrie, conclut Fred Pleitgen (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Michel Garroté
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http://www.courrierinternational.com/article/vu-des-etats-unis-les-russes-ne-semblent-pas-vouloir-quitter-la-syrie
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Les USA appellent à une forte implication allemande dans la dissuasion militaire contre la Russie.

Selon un rapport des médias, le président américain Barack Obama milite pour une présence militaire plus forte de l'Allemagne dans les Etats baltes, la Pologne et la Roumanie.

Les Etats-Unis appellent à une forte implication allemande dans la dissuasion militaire contre la Russie en Europe orientale.Washington insiste pour que la Bundeswehr participe de manière significative dans le stationnement prévu des unités de l'OTAN à la frontière orientale de l'OTAN, rapporte le "Spiegel" dans sa dernière édition, citant des sources gouvernementales allemandes.

Source

 

La France est moins démocratique que la Russie

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Oser écrire, comme je le fais ici, que la France est moins démocratique que la Russie, ou, inversément, que la Russie est plus démocratique que la France, c'est politiquement très incorrect, mais alors vraiment, très, très incorrect. Je ne suis ni Russe, ni Français. Je ne vis ni en France, ni en Russie. Mais depuis quelques années, j'ai le sentiment hautement désagréable que la France n'est plus gouvernée et qu'elle est en fait soumise à un régime : le régime socialiste français.
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En tant que chrétien, je pense que la liberté d'être chrétien est mieux défendue en Russie qu'en France. En tant que libéral conservateur, je pense qu'il est plus facile de faire des affaires en Russie qu'en France. En tant que politologue, je pense que les analystes et experts russes sont intelligents et que leurs homologues français ne le sont pas. Voilà, tout est dit, écrit, en toute simplicité.
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Ci-après, on lira les extraits adaptés d'une longue interview accordée par Yvan Blot, à propos de la sortie de son livre "La Russie de Poutine", livre préfacé par Philippe de Villiers. Yvan Blot déclare notamment (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Les médias occidentaux se placent dans le cadre d’un courant qui consiste à vouloir créer artificiellement une opposition entre la Russie et l’Europe, cela pour le seul avantage des États-Unis. Cela correspond à la doctrine Brzezinski, qui souhaite depuis plusieurs années couper la Russie de l’Europe le plus possible. Les médias sont souvent dans cette ligne.J’ai une expérience de la Russie depuis de nombreuses années. Je me suis occupé de la Russie quand j’étais au Parlement européen et, depuis trois ans, je fais beaucoup de coopération avec la Russie et je travaille avec deux clubs de réflexion russes en science politique.
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Yvan Blot : J’ai voulu casser un certain nombre de mythes sur la Russie, avec des expériences vécues ou des éléments statistiques difficiles à contester, notamment en provenance de la Banque Mondiale. J’ai voulu m’attaquer à quelques mythes. Le premier, c’est que la Russie serait intrinsèquement un pays d’agresseurs, ceci pendant toute son histoire : or, mon sentiment est que la Russie a plutôt été l’agressée. C’est un pays qui a été envahi par les Mongols, par les Suédois, par les chevaliers teutoniques, les Polonais, Napoléon et, pour finir, Hitler. Ils ont toujours fini par triompher. Donc, pour moi, c’est un peuple de résistants, beaucoup plus que d’agresseurs. Le deuxième mythe – c’est celui qui surprendra le plus – c’est qu’à mon avis, la Russie est un pays plus démocratique que la France.
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Yvan Blot : Ensuite, on nous explique que c’est un pays sous-développé. J’ai entendu des responsables politiques français importants dire que la Russie n’était pas différente de l’Arabie Saoudite, car c’est un pays qui ne vend que du pétrole. Ce n’est pas très sérieux. Si vous vous référez aux chiffres de la Banque Mondiale, vous constaterez que le pétrole c’est 9% du PIB de la Russie, contre 45% en Arabie Saoudite. Ensuite, le produit intérieur brut de la Russie a rattrapé celui de l’Allemagne en 2014. On peut dire que l’économie russe a à peu près la même force de création de richesses que l’économie allemande. On ne trouve cela nulle part, sauf dans les statistiques du FMI et de la Banque Mondiale.
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Yvan Blot : En matière de technologies, la Russie a prouvé qu’elle était capable de faire des produits de haute technologie. Elle exporte des centrales nucléaires, elle exporte des armements extrêmement sophistiqués et, si vous voulez aller dans une station orbitale, il faut prendre une fusée russe parce que les Américains n’en fabriquent plus. Yandex, qui est le moteur de recherche le plus connu en Russie, a été créé deux ans avant Google. L’antivirus Kaspersky, que tout le monde a sur son ordinateur, c’est un brevet russe également. La plus grande surprise s’est produite il y a quelques mois, lorsqu’un bateau de guerre américain est passé en mer Noire, un avion russe est passé au-dessus et le commandant du bateau a constaté que les radars n’avaient pas indiqué la présence de cet avion.
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Yvan Blot : Les techniciens se sont aperçus que tout le système électronique du bateau était entièrement paralysé. L’avion s’est éloigné et, à partir d’un certain moment, tous les appareils se sont remis à fonctionner. C’est de cette manière que l’on a découvert que certains avions russes avaient la capacité de paralyser totalement tous les équipements électroniques d’un adversaire. Ce qui fait qu’à l’OTAN, on s’est beaucoup inquiété et l’on s’est dit que les Russes, en cas de conflit, étaient capables de paralyser toutes les communications des armées occidentales. Donc, dire qu’ils n’ont pas de technologies, cela ne tient pas debout.
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Yvan Blot : L’idée la plus répandue dans les médias, c’est que Vladimir Poutine est un dictateur, mais l’état d’avancement de la démocratie en Russie, notamment à travers ce comité qui permet au peuple de vérifier que toutes les réformes sont bien faites, en faisant remonter leur expérience vis-à-vis de chaque fonctionnaire. C’est une organisation qui a des ramifications un peu partout, qui s’appelle le front national pan-russe, qui comprend des milliers de citoyens qui ont pour tâche de surveiller le parti au pouvoir et de surveiller les élus aussi, parce que Vladimir Poutine n’a pas confiance dans les corps intermédiaires et il se méfie de la bureaucratie. Donc, à l’intérieur de son propre système, il a créé un mécanisme de contrôle démocratique pour s’assurer que les décrets sont bien appliqués par les fonctionnaires et les élus locaux.
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Yvan Blot : C’est très ingénieux comme système et c’est un élément de démocratie à l’intérieur du système russe. Par ailleurs, en matière d’élections, les dirigeants politiques sont élus et même de façon plus directe en Russie. Les maires sont élus directement, alors que chez nous ce n’est pas le cas, et les préfets, qui étaient nommés autrefois, sont maintenant élus par la population. C’est une décision de Vladimir Poutine et les Russes ont beaucoup apprécié la possibilité d’élire leurs propres préfets. Enfin, pour une dictature, vous trouvez des journaux pro-Poutine et des journaux anti-Poutine en quantité. Or, à l’époque soviétique, il n’y avait jamais de journaux contre le gouvernement. Les Russes peuvent sortir de Russie et revenir en Russie quand ils le veulent.
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Yvan Blot : A mon avis, c’est une démocratie plus forte que la France, parce que le gouvernement fait la politique que le peuple souhaite. C’est pour cette raison que Poutine a 80% de soutiens. En France, comme les élites politiques ne font pas du tout la politique que les gens souhaitent, Hollande se retrouve avec 15% à 20% de soutiens. La Russie est plus démocratique que la France, car la France est une oligarchie qui pratique une politique sur des tas de sujets, qui n’a rien à voir avec ce que souhaite le peuple : je pense à la fiscalité, l’immigration, l’insécurité ou le chômage. Est-ce ce qui explique les 80% d’opinions positives pour Poutine en Russie ? C’est indiscutable.
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Yvan Blot : Les sondeurs occidentaux sont étonnés par leurs propres résultats, parce que ce ne sont pas des sondages faits par le Kremlin. Pour eux, Poutine c’est la stabilité et la croissance économique. Il faut voir que le niveau de vie des Russes a quadruplé depuis que Poutine est là, les deux dernières années ont été stagnantes, c’est vrai, mais la richesse par habitant a quadruplé. Il y a une très forte croissance qui est due, bien sûr, au gaz et au pétrole, mais tout ne s’explique pas par cela. La production d’électricité de la Russie est le double de celle de l’Allemagne, c’est le quatrième pays du monde. C’est un pays qui a très fortement progressé et le niveau de vie est maintenant celui d’un pays occidental, conclut Yvan Blot (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Michel Garroté, 18.4.2016
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http://www.kernews.com/yvan-blot-a-mon-avis-la-russie-est-un-pays-plus-democratique-que-la-france/3825/
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