Nous autres catholiques avons l’habitude de voir les médias déformer systématiquement les propos du Saint Père. Ce n’est pas un phénomène nouveau. Chacun sur ce site sait ce qu’il en est du gauchisme journalistique : une manière de faire prête à toutes les malhonnêtetés pour arriver à ses fins.
En revanche, l’accueil favorable assez systématique fait au pape François par la presse est quelque chose de plus surprenant. A l’époque de Benoit XVI, les médias avaient tôt fait de le prendre pour un vieux sénile qui vit dans un autre temps et ne sait plus ce qu’il raconte. Mais pour François, la donne est complètement différente. La presse ne cesse d’en vanter les louanges. Et même lorsque celui-ci tient des propos que certains considéreraient comme insupportables comme ceux ayant trait au mariage homosexuel, les journaux ne le descendent pas en flamme. Certes, il est évident que si on devait classer ce pape sur l’échiquier politique, il serait, semble-t-il, plus à gauche que son prédécesseur. Mais il est grotesque et hors de propos d’abaisser le pape au statut de vulgaire politicien même si sa fonction de chef d’état lui fait automatiquement endosser tout du moins en partie ce rôle. Mais de là à en faire celui qu’on tente de présenter ces jours, il y a un pas infranchissable. Voyez plutôt.
En fait, la stratégie médiatique de dénigrement du pape semble avoir évolué. Au lieu de tenter de le faire passer pour un vieux grincheux hors de propos, ce qui n’a plus grande influence puisque l’ensemble des gens pouvant être sensibles à ce genre de propos ont déjà plus ou moins largué les amarres du catholicisme, aujourd’hui c’est le clan conservateur que la presse essaie de déraciner de l’Eglise catholique. Tout est fait pour faire croire que François est un parfait bisounours complètement ahuri qui ne mérite pas sa position. La crise migratoire en est la plus parfaite illustration. Démonstration.
En 2013, alors en visite à Lampedusa, les médias ont prêté au pape des propos qui ont pu faire croire qu’il prônait l’accueil de tous les migrants. En fait, ce n’est pas ce que le Saint Père a dit. Son propos a consisté à dénoncer l’indifférence vis à vis des malheurs des autres[1]. Se joindre à la souffrance d’autrui ne passe pas forcément par l’ouverture de toutes les frontières et peut tout aussi bien prendre la forme de l’aide sur place.
A ce propos et pour renforcer le nôtre, le Saint Père a dit à la radio portugaise Renascenca en ce mois de septembre qu’il fallait agir sur les causes et non sur les effets, que l’idéal était que les migrants puissent rester chez eux et que pour combattre cet exil provoqué par la faim (= migration économique), il fallait créer du travail et investir dans les pays d’origines.[2] Afin d’être totalement correct au sujet des propos tenus par le pape sur la migration à cette occasion, il convient d’ajouter que, selon lui, les gens s’engouffrent là où il y a des vides pour les combler et que des taux de natalité aussi bas que sont ceux d’Europe occidentale peuvent être considérés comme un vide. En d’autres termes, une meilleure démographie dans les pays occidentaux fait partie de la solution globale à atteindre.
Toujours en ce mois de septembre, la presse a relevé que le pape avait appelé chaque paroisse à accueillir une famille de réfugiés[3]. Là aussi, quelques éclaircissements s’imposent. Le pape n’est pas quelqu’un de stupide, il connaît parfaitement la différence entre un migrant, un requérant d’asile et un réfugié. Personne ne peut sérieusement s’opposer à ce qu’un véritable réfugié, traqué chez lui, soit accueilli dans nos sociétés. Mais ce n’est de loin pas là le principal statut accordé à ce jour sous nos latitudes.
En fait, cette idée du pape François est tout à fait incroyable puisque, si elle est mise en pratique par les diverses paroisses, elle contribuera à faire descendre le coût supporté par l’état pour le logement des réfugiés. De même, le fait de les dispatcher sur un vaste territoire comme peut le faire l’église catholique, permettra d’éviter leur concentration dans certaines zones, concentration dont on sait pertinemment qu’elle contribue généralement à faire dégénérer la situation et augmenter la criminalité. Enfin, il faut également relever que si les paroisses se chargent de cet accueil, alors l’intégration des réfugiés dans un mode de vie chrétien se verra facilitée. Et qui sait, même si sa confession est différente, peut-être le réfugié dont il est question se laissera-t-il toucher par la grâce…
Enfin, pour clore ce sujet, je signale également que la nouvelle ayant ré-émergé ces jours-ci et prêtant au pape François d’avoir parlé du coran comme d’un « livre de paix » est particulièrement malhonnête puisque, dans son propos, la phrase exacte a consisté à dire que des musulmans disent que le coran est un livre de paix[4]. Ce qui, vous le conviendrez, n’est pas tout à fait la même chose !
Ne me reste plus qu’à traiter de l’audience générale du 17 juin 2015 où le pape aurait déclaré qu’il faut demander pardon à ceux qui ferment la porte aux migrants. Là aussi, la déformation du propos, subtile, change complètement le sens des dires du Saint Père. Celui-ci a en fait invité à demander pardon pour ceux qui ferment la porte à ceux « qui cherchent une famille, qui cherchent à être protégés »[5] et non à ceux qui viennent pour d’autres raisons !
En ce qui me concerne, exception faite des propos tenus au sujet du réchauffement climatique, je ne vois pas de quoi blâmer en quoi que ce soit le pape François. Pour le reste, la manipulation est totale et cela ne doit surprendre personne tant nous savons tous que les médias font systématiquement tout ce qui est en leur pouvoir pour salir la personnalité du Saint Père aux yeux de ses ouailles. Ce qui est beaucoup plus décevant, en revanche, c’est qu’un site comme les Observateurs participe à ce phénomène de dénigrement en relayant ces propos malhonnêtes. J’ose croire qu’il ne s’agit là que d’une petite faiblesse passagère et appelle de tous mes vœux la rédaction a être plus vigilante par le biais de vérifications systématiques.
Pour les Observateurs, Cain Marchenoir, le 28 septembre 2015
[1] http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/homilies/2013/documents/papa-francesco_20130708_omelia-lampedusa.html
[2]http://rr.sapo.pt/noticia/34088/pope_i_trust_the_young_politicians_corruption_is_a_global_problem
[3] http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/angelus/2015/documents/papa-francesco_angelus_20150906.html
[4]http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2014/november/documents/papa-francesco_20141130_turchia-conferenza-stampa.html
[5] http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2015/documents/papa-francesco_20150617_udienza-generale.html