Guy Mettan dit son désaccord avec les méthodes employées par des confrères pour infiltrer un groupe conspirationniste romand

Opinion - - Carte blanche - Journalisme, complotisme et délation

Dans une enquête qui paraît ces jours-ci dans leurs colonnes et sur leur chaîne, le site indépendant heidi.news et la télévision Léman Bleu ont infiltré ce qu’ils appellent la complosphère romande d’une manière qui suscite un énorme malaise.

Ils s’attaquent à une mouvance de militants qui dénoncent pêle-mêle l’application SwissCovid, la gestion de la crise du coronavirus, la 5G, le big pharma, Bill Gates, les multinationales et les banques, et qui préparent notamment une initiative populaire contre l’application SwissCovid.

Vous avez dit Bilderberg ?

German Chancellor Merkel and other G7 summit participants gather outside the Elmau castle in Kruen

   
La droite de la droite et la gauche de la gauche ont toujours fantasmé sur le groupe de Bilderberg. Les patriotes et les gauchistes reprochent beaucoup de choses à ce groupe. Le principal reproche qu'ils formulent, c'est que Bilderberg serait un important vecteur du mondialisme. Certains vont plus loin : Bilderberg  serait l'outil d'un complot en vue de contrôler le monde, rien que ça. Je ne partage pas tous ces points de vues un brin extrêmes pour deux raisons. D'abord, parce que Bilderberg agit à visage découvert. Ensuite, parce que Bilderberg rassemble des Etats de droit et non pas des régimes dictatoriaux. Néanmoins, je publie ci-dessous une analyse de Pauline Mille parue sur  Réinformationtv, car Les Observateurs est un site de droite ouvert et diversifié, et, non pas, une secte....
-
Sur Réinformationtv, Pauline Mille a notamment écrit, il y a un certain temps déjà, à propos du groupe de Bilderberg (voir lien vers source en pas de page) : La soixante-quatrième réunion annuelle du groupe de Bilderberg se tiendra du neuf au douze juin à Dresde en Allemagne. Environ cent trente participants ont confirmé leur venue. Au menu des discussions, l’élection américaine, la crise des migrants et d’une manière générale tout ce qui intéresse l’élaboration du mondialisme.
-
 Fondé en 1954, le groupe de Bilderberg se caractérise par le caractère informel des discussions qu’il organise. Aucune réunion ne fait l’objet de minutes, ni de procès-verbal, ni même de communiqué final. Rien ne s’y écrit. Les membres ont le droit de diffuser des informations qu’ils y recueillent, mais sans mentionner la source. Il s’agit en fait de conversations tenues entre une centaine de gens importants, un tiers environ venant d’Amérique, deux tiers d’Europe, un tiers d’hommes politiques, deux tiers de journalistes, entrepreneurs, militaires, économistes, scientifiques parfois.
-
Le gratin du mondialisme participe à la réunion de Dresde: Cette année, la présidence de la réunion sera assurée par le Français Henri de Castries, président des assurances Axa. Les Français présents ne sont pas tous très connus. On relève les noms de Patricia Barbizet (Artemis), Nicolas Baverez, Olivier Blanchard (Peterson Institute), Emmanuelle Richard, directrice de l’institut Max Planck pour l’étude des maladies infectieuses, Laurent Fabius, Etienne Gernelle, directeur du Point et Edouard Philippe, maire du Havre.
-
Parmi les politiciens étrangers, il faut noter une forte participation néerlandaise, avec le roi Willem-Alexander, le premier ministre Mark Rutte et le maire de Rotterdam, Ahmed Aboutaleb. On remarque aussi l’ancien président de la commission européenne Manuel Barroso, le ministre allemand de l’intérieur Thomas de Maizière, le premier ministre belge Charles Michel, un bon paquet de ministres des finances, dont celui de république fédérale, Wolfgang Schäuble, et le vice premier ministre turc, Mehmet Simsek. Il n’est pas rare en outre, et conforme à l’usage du Bilderberg, qu’un ou plusieurs invités dont le nom ne figure pas sur la liste vienne se joindre aux travaux.
-
Quand le Bilderberg se penche sur la crise : il est toujours difficile de faire des conjectures sur des conversations qui n’ont pas encore eu lieu et qui resteront en tout état de cause discrètes. Mais le groupe de Bilderberg, dans le communiqué de presse qui annonce sa réunion de Dresde, a dressé la liste des dix points qui seront principalement examinés par les participants. Les voici, sans paraphrase ni délayage, et dans l’ordre : L’actualité du jour ; La Chine ; L’Europe : migration, croissance, réforme, perspective, unité ; Proche orient ; Russie ; Tour d’horizon sur les États-Unis, économie : croissance, dette, réforme ; Sécurité informatique ; Géopolitique de l’énergie et prix des matières premières ; Précarité et classe moyenne ; Innovation technique.
-
La présence de Lindsay Graham, sénateur de la Caroline du Sud, républicain de gauche (il a notamment élu à la Cour suprême deux candidates d’Obama, Sonia Sotomayor et Elena Kagan) violemment opposé à Donald Trump peut donner à penser que celui-ci (comment l’éviter ?) sera l’objet d’une conversation. De même que la confrontation du point 3 (L’Europe : migration, croissance, réforme, perspective, unité) et du point 9 (Précarité, classe moyenne) peut faire penser que l’élite du mondialisme réunie à Dresde va se pencher sur la colère que suscitent dans les peuples d’Europe la crise économique et l’invasion causées par l’ouverture des frontières.
-
Qui le Bilderberg va-t-il prendre pour cible à la réunion de Dresde ? On voit surtout, à considérer le choix et la hiérarchie des sujets qu’ils prévoient d’aborder, que les membres du groupe Bilderberg se préoccupent d’abord de l’équilibre géopolitique de la planète. Si l’on met de côté l’actualité du jour, la Chine, l’Europe, le Proche-Orient, la Russie et les États-Unis seront les cinq thèmes primordiaux de la réunion de Dresde. L’élite du mondialisme est à la page, elle sait parfaitement que la maîtrise de la planète passe par le contrôle de l’information (sécurité informatique), de l’énergie (géopolitique de l’énergie) et de la science (évolution technique).
-
Un point attire l’attention. Lorsque leur attention se porte sur l’Amérique, les participants à la réunion de Dresde envisagent sa dette et sa réforme. Sans préjuger des solutions qu’ils proposeront, on notera l’intérêt du groupe de Bilderberg pour une question primordiale pour l’équilibre économique et politique de la planète, mais dont les États-Unis se réservent la gestion exclusive. Le fait que le Bilderberg, figure de proue du mondialisme, y mette le nez préfigure-t-il une nouvelle bataille dans la guerre qui vise à mettre au pas la haute finance américaine ? (voir lien vers source en pas de page).
-
Introduction et mise en page de Michel Garroté
-
http://reinformation.tv/reunion-bilderberg-dresde-mondialisme-crise-mille-56458-2/
-

Complotisme et conspirationnisme

guerre-civile-2

   
J'ai publié de nombreuses analyses sur les théories complotistes et conspirationnistes. Pour ce faire, je me suis notamment basé sur les recherches de Pierre-André Taguieff, Philippe Karsenty, Alexandre Del Valle, Michel Gurfinkiel, Bat Ye'Or et Gilles William Goldnadel. Vu de Suisse, les thèses  complotistes et conspirationnistes diffusées en France me laissent songeur. A croire qu'en 2016, l'extrême-gauche hexagonale reprend à son compte la propagande pétainiste, dans une version islamo-gauchiste.
-
A ce propos, Guillaume de Thieulloy, dans Les 4 vérités (voir lien vers source en bas de page) : À mon sens, le principal problème que posent les diverses théories du complot, c’est de réduire l’explication du monde à un seul fait (que ce soit le pouvoir des Juifs, des francsmaçons, des Illuminati, de l’Opus Dei ou des jésuites). Et de ne pas voir qu’au sein même d’une organisation plus ou moins secrète, il existe bien des tendances et bien des oppositions. Emmanuel Ratier, qui avait consacré sa vie à enquêter sur les causes cachées de la politique française, s’enorgueillissait volontiers d’utiliser majoritairement des sources ouvertes, comme les journaux.
-
Guillaume de Thieulloy : Il peut certes exister une passion morbide pour le secret ; mais il y a aussi une passion légitime pour la vérité, qui peut effectivement être largement « non-officielle ». J’avoue, en outre, que le complot que je crains le plus est celui, énorme, écrasant, de la bêtise. Et, à ce sujet, les absurdités répétées en boucle par les politiciens ou les journalistes sont infiniment plus agressives contre l’intelligence que toute théorie du complot. C’est d’ailleurs parce que nous sommes forcés de constater que nous sommes pris pour des imbéciles que les théories du complot ont un tel succès.
-
Guillaume de Thieulloy : La sympathique croisade de Mme Vallaud-Belkacem n’est ainsi pas seulement une diversion pour détourner le regard du désastre éducatif de son ministère ; elle est aussi la meilleure garantie que le conspirationnisme continue à fonctionner à plein régime ! J’ajoute que, selon toute vraisemblance, nous apprendrons bientôt que, pour éviter la contamination des jeunes esprits fragiles par des théories « dangereuses », internet sera davantage contrôlé par « ceux qui savent ». J’entends d’ici l’accusation de conspirationnisme. Mais, alors, il faut dire que c’est un complot à ciel ouvert : le complot du pouvoir socialiste contre toute liberté et tout esprit critique, conclut Guillaume de Thieulloy dans Les 4 vérités (voir lien vers source en bas de page).
-
Introduction, adaptation et mise en page de Michel Garroté lesobservateurs.ch, vendredi !13 mai 2016 
-
http://www.les4verites.com/politique/le-complot-des-complotistes
-

Complot à ciel ouvert…ou comment les groupes de réflexion liés à l’OTAN contrôlent la politique européenne des migrants

L'Allemagne est-elle, comme l'a dit Zbigniew Brzezinski, un vassal de la puissance américaine dans le monde d'après 1990 ? À ce jour, tout montre que c’est le cas. Le rôle des think tanks liés aux États-Unis et à l’OTAN est central pour bien comprendre la façon dont la République fédérale d'Allemagne et l'Union européenne sont effectivement contrôlées par derrière le rideau de l'Atlantique...

Suite

Grand remplacement – Le vrai complot

France-Juppé-Ali-Juppé

   OCI_56PaysEXC

Dans Le Figaro Magazine, Eric Zemmour écrit que le grand remplacement est une réalité en marche qu’on ne peut pas, qu’on ne veut pas arrêter. Personnellement, je préfère écrire que le grand remplacement est une réalité en marche qu’on peut arrêter, mais qu’on ne veut pas arrêter. Oui, le grand remplacement est une réalité en marche que nos gouvernants peuvent arrêter, mais qu’ils ne veulent pas arrêter. Et j'ajoute : si les peuples se réveillent, alors, nos gouvernants reculeront, ils stopperont la marche de ce grand remplacement.
-
J'ajoute aussi que la thèse du grand remplacement n'est pas une thèse complotiste ou conspirationniste, comme l'allègue la gauche (elle qui véhicule si souvent des thèses complotistes et conspirationnistes sur tout et sur rien). Le grand remplacement est une réalité en marche depuis les années 1970 et même avant. Le vrai complot, c'est, plus précisément, le complot mis au point par les dirigeants musulmans, notamment par les dirigeants des Etats membres de l'Organisation de la Coopération Islamique (OCI).
-
Dans Le Figaro Magazine, Eric Zemmour écrit notamment, à propos du "grand remplacement" : C’est une autre loi publiée le 8 mars dernier. Votée en catimini dans un hémicycle vide. C’est pourtant une révolution silencieuse qui aura des effets énormes, puisqu’elle donne la nationalité française aux personnes vivant en France « depuis l’âge de 6 ans et ayant suivi une scolarité obligatoire en France…lorsqu’elles ont un frère ou une soeur ayant acquis la nationalité française (par le droit du sol).

-
Eric Zemmour ajoute : C’est le droit du sol pour les fratries. Le grand remplacement a d’abord été brocardé comme un fantasme, une peur irraisonnée. Puis la formule chère à Renaud Camus a été dénoncée comme une formule « complotiste ». Et si c’était tout simplement un projet ? Un objectif ? Une réalité en marche qu’on ne peut, qu’on ne veut arrêter, conclut Eric Zemmour dans Le Figaro Magazine.
-
Sur son blog, l’excellente analyste Véronique Chemla a publié, il y a quelques temps déjà, un entretien avec Bat Ye’or intitulé « Interview de Bat Ye’or sur le califat et l’Etat islamique », entretien dans lequel Bat Ye'or nous éclaire, entre autres, sur le grand remplacement et son véritable contexte (extraits adaptés ; voir les diverses sources en bas de page) : En 2010 j’évoquais l’aspiration latente à la restauration d’un califat qui manifesterait la puissance mondiale de l’islam et son unité. J’écrivais que l’OCI (ndmg - OCI : Organisation de la Coopération Islamique) semblait reconstituer au XXIe siècle ce califat du fait qu’elle se proclamait le représentant et protecteur de l’ensemble des musulmans, l’oumma. Je citais aussi le livre d’Ali Mérad qui faisait la même analyse et constatait une possible reconstitution du califat sous forme de structure associative comme celle de l’OCI.
-
Bat Ye’or : L’Etat islamique se maintient grâce au soutien de pays membres de l’OCI, notamment le Qatar. L’EI est intégré à l’OCI du moment que certains pays membres de l’OCI approuvent cette stricte application de la charîa et lui apportent financement et soutien. L’OCI compte 56 pays, certains s’opposent à l’EI dont l’Iran et la Syrie, et d’autres le soutiennent. Il est difficile, surtout pour un esprit occidental, de comprendre les manœuvres déroutantes des politiques arabes. Le Qatar accepte des dérogations à la charîa et néanmoins soutient une organisation guerrière, l’EI, appliquant rigoureusement les lois djihadistes, concluait Bat Ye’or (fin des extraits adaptés ; voir les diverses sources en bas de page).
-
Bat Ye'or notait également (extraits adaptés ; voir les diverses sources en bas de page) : Depuis 1973 l’UE a fondé sa politique sur l’axiome « islam = tolérance, paix, amour ». C’est la base stratégique de cette nouvelle civilisation multiculturelle euro-méditerranéenne liée à l’immigration, représentée même par un parlement dont personne ne connaît les députés, et garante des réconciliations euro-arabe et islam-chrétienté. Cette société euro-méditerranéenne s’est construite sur la promesse de l’éradication d’Israël et son remplacement par la Palestine que l’UE couve jalousement, nourrit, finance et place au centre de son éthique. Elle a embrigadé sa culture, son enseignement, ses médias, ses universités dans cet endoctrinement, lançant ses cerbères contre les récalcitrants et décrétant urbi et orbi où Israël peut construire et où sont ses frontières, précisait Bat'Yeor (fin des extraits adaptés ; voir les diverses sources en bas de page).
-
Oui, comme je l'écrivais au début du présent article : le vrai complot, c'est le complot mis au point par les dirigeants des Etats membres de l'Organisation de la Coopération Islamique. Au fil des dernières décennies, ils ont dépensé des dizaines de milliards de pétrodollars pour mettre en pratique ce complot, pour en faire une réalité en marche, un grand remplacement.
-
Michel Garroté, 21 mars 2016
-
https://lesobservateurs.ch/2015/03/20/djihad-mondial-et-gigaterrorisme/
-
http://www.veroniquechemla.info/2014/12/interview-de-bat-yeor-sur-le-califat-et.html?m=1
-
http://www.veroniquechemla.info/2014/12/interview-de-bat-yeor-sur-le-califat-et.html
-
http://leve-toi.com/islam-jai-trouve-la-meilleure-interview-de-lannee-par-michel-garrote/
-
http://www.islamisme.fr/le-djihadisme-mondial-et-la-soumission-de-nos-elites/
-
http://www.islamisme.fr/islamisation/www-les4verites-com/
-
http://www.amazon.fr/Le-Djihad-%C3%A0-conqu%C3%AAte-monde/dp/2865532607
-

Le complotisme fournit des justifications au terrorisme


EI-3


L'historien des idées Pierre-André Taguieff analyse les rapports qu'entretiennent islamisme et complotisme. Il rappelle que les théories du complot sont un ingrédient de la radicalisation.

LE FIGARO - Quels sont les liens qu'entretiennent complotisme et islamisme ?

PIERRE-ANDRE TAGUIEFF*: Les croyances complotistes constituent une clé pour lire les évènements dans tous les pays musulmans. Le décryptage litanique par le schème du complot prend un caractère rituel, d'une redoutable efficacité symbolique: à force d'être répété, martelé, le message finit par s'imposer. La passion motrice du complotisme islamiste est un fort sentiment d'humiliation, qui produit du ressentiment, c'est-à-dire une haine doublée d'un sentiment d'impuissance contre l'Occident et d'une volonté de vengeance. D'où un discours victimaire et vindicatif très répandu au Proche-Orient, dans les groupes islamistes comme chez les dictateurs, tel Saddam Hussein jusqu'en 2003. L'anti-américanisme, l'anti-occidentalisme et la judéophobie classiques se doublent aujourd'hui d'une «gallophobie»: la France, mélange de laïcité et de chrétienté, est désormais fantasmée comme la pointe avancée du combat contre l'islam.

LE FIGARO - Quelles sont les sources de ce complotisme islamiste ?

PIERRE-ANDRE TAGUIEFF : Il ne faut pas négliger les sources internes, propres à la culture islamique, par laquelle s'est transmise la conviction qu'existe un complot permanent des Juifs et de chrétiens contre l'islam et les musulmans. Au cours de la deuxième moitié du XXe siècle, les théoriciens du djihad ont réactivé particulièrement les passions judéophobes, pour mobiliser contre Israël et le «sionisme mondial». Le plus célèbre d'entre eux est le Frère musulman Sayyid Qutb, qui a écrit au début des années 50 un pamphlet intitulé Notre combat contre les Juifs, devenu l'un des livres de chevet des islamistes radicaux. Cet imaginaire islamique du complot a fusionné avec la culture européenne du complot juif ou judéo-maçonnique international. D'où le succès des Protocoles des Sages de Sion dans le monde musulman. La synthèse a été achevée dans les années 1990 par les idéologues d'Al-Qaïda, Ben Laden et Zawahiri, créateurs en février 1998 du Front islamique mondial pour le djihad contre les Juifs et les Croisés. Les textes d'Al-Qaïda et de l'État islamique (Daech) comportent de nombreux développements complotistes mais ils témoignent surtout d'une volonté de répondre au prétendu «complot contre l'islam» par des conspirations réelles impliquant des actes terroristes.

LE FIGARO - Le complotisme est-il dangereux ?

PIERRE-ANDRE TAGUIEFF : Les croyances complotistes constituent l'un des facteurs favorisant la radicalisation idéologique et le basculement dans le djihadisme. À partir du moment où de jeunes musulmans fanatisés pensent qu'il existe en France un «racisme anti-musulmans» institutionnel et une «islamophobie d'État», ils sont tentés de croire qu'il sont des victimes de complots criminels contre eux et leur religion, fomentés par le pouvoir ou des groupes organisés, imaginés le plus souvent comme «sionistes» ou manipulés par les «sionistes». Cet imaginaire complotiste peut provoquer une sécession et une rébellion des jeunes fanatisés, et nourrir leur désir de recourir à une violence supposée juste et purificatrice, par laquelle ils assouvissent leur soif de vengeance sur le thème: «Ils nous tuent, donc nous les tuons.» Même le terrorisme a besoin de justifications. Le complotisme leur en fournit.

* Pierre-André Taguieff est philosophe et historien des idées. Dernier livre paru : L'Antisémitisme, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », septembre 2015. Il a également écrit L'imaginaire du complot mondial: Aspects d'un mythe moderne (Mille et une nuit) et Court traité de complotologie (Fayard).

Michel Garroté

http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/12/01/01016-20151201ARTFIG00041-taguieff-le-complotisme-fournit-des-justifications-au-terrorisme.php

   

« Des juifs avertis des attentats à Paris »



Après les attentats de Paris, Jonathan Simon Sellem, journaliste franco-israélien, répondait aux questions du site Internet ‘Times Of Israël’ et déclarait : « la communauté juive est en alerte depuis des mois de crainte d’un attentat terroriste majeur ». Aussitôt, le site Egalité et Réconciliation de l’antisémite Alain Soral déforme les propos de J. S. Sellem et écrit « Les juifs savaient ». Ci-dessous, je livre à nos lectrices et lecteurs une radioscopie très détaillée des fumeuses théories complotistes et conspirationnistes, y compris celles qui concernent les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et du 11 septembre 2001 à New-York (voir les nombreux liens vers sources en bas de page). Je rappelle que Le New York Times a mené l’enquête pour arriver à la conclusion qu’en réalité 15% des victimes étaient des Juifs. Pour ceux qui voudraient le vérifier, les noms et les photos des victimes sont toujours disponibles (lire la troisième partie de la présente analyse).

Les attentats du 13 novembre à Paris

Alain Granat (extraits adaptés ; voir liens vers sources en bas de page) : Alors que la France est sous le choc des attentats du 13 novembre, le très sérieux magazine en ligne israélien Times of Israël publie dès le lendemain un article en anglais signé Amanda Borschel-Dan, fondé sur une interview de Jonathan Simon Sellem, qualifié de « journaliste free-lance ». Amanda Borschel-Dan y indique en introduction que selon ce dernier, les « responsables de la sécurité de la communauté juive française étaient au courant le vendredi matin d’une information annonçant un attentat imminent ». Depuis, la rumeur circule sur le net : « les juifs étaient au courant des attentats ». Au vu de sa propension aux scoops bidons tels que l’assassinat de Bachar El Assad par son garde du corps ou des tirs de kalachnikov sur une synagogue du 19ème arrondissement de Paris visée par un… lance-pierres, on se demande pourquoi la journaliste a cru bon d’interviewer sur le sujet un citoyen résidant en Israël alors de passage à Paris, dont la crédibilité de journaliste est nulle…

Alain Granat : C’est donc avec circonspection et surtout stupéfaction, au vu du contexte, que nous avons découvert cet article provenant d’un média comme le Times of Israël. Nous avons alors contacté l’auteur de l’article afin de savoir si elle avait procédé aux vérifications des sources mentionnées par Jonathan Simon Sellem, une précaution minimum au vu de la situation particulièrement sensible. Amanda Borschel-Dan nous a répondu, après la parution de son article : « Je suis désolée, je n’avais pas pensé aux conséquences, je vais tenter de les contacter au plus vite (les « responsables de la sécurité de la communauté juive » auxquels fait allusion Jonathan Simon Sellem sont ceux du SPCJ – Service de Protection de la Communauté Juive -) pour confirmer on non les affirmations de Jonathan Simon Sellem ». Nous avons fait son travail entretemps, contactant le SPCJ ainsi que des responsables de divers lieux sensibles de la communauté, dont des synagogues « cibles potentielles », où les personnes en charge de la sécurité nous ont confirmé que les affirmations de Jonathan Simon Sellem relevaient du mensonge.

Alain Granat : Depuis, l’article du Times of Israël a été relayé par plusieurs sites antisémites et conspirationnistes, parmi lesquels Egalité et Réconciliation, Réseau Voltaire, Panamza… Traduit en anglais, en italien et cerise sur le gâteau, par le site de l’agence de presse iranienne Fars News Agency… Partagé des dizaines de milliers de fois et alimentant ainsi abondamment la rumeur complotiste des « juifs avertis des attentats », rengaine maintes fois entonnée depuis l’attentat du World Trade Center. On aimerait comprendre l’objectif de la journaliste et de la rédaction du Times of Israël, dans la situation présente, de publier une telle information sans les précautions d’usage et sans prendre la mesure de ses conséquences néfastes, conclut Alain Granat. Suite à cette parution, la journaliste du Times of Israël a modifié – après 4 jours de publication – l’introduction de son article, remplaçant « Just Friday morning » par « For months » (depuis des mois). Sans plus d’explications (fin des extraits adaptés ; voir liens vers sources en bas de page).

La réaction de Jonathan Simon Sellem

Jonathan Simon Sellem (extraits adaptés ; voir liens vers sources en bas de page) a fait parvenir un message selon lequel il est la cible d’« insinuations fausses ». Il dément formellement avoir dit que « les juifs savaient » qu’il y aurait des attentats à Paris. « Bien évidemment, c’est faux et dangereux » écrit-il. Et de poursuivre : « J'ai simplement expliqué au Times of Israël que la communauté juive de France, tout comme toute la société nationale française (police, armée, etc...) étaient en état d'alerte. J'ai aussi ajouté avoir eu la connaissance d'un SMS d'une experte en sécurité qui a écrit à ses amis expliquant qu'il faut rester vigilant en raison de l'état d'urgence (Vigipirate écarlate, visite Rohani, juif poignardé à Rome, tentatives d'attentats ratés, etc...). De plus, j'étais moi-même à Paris pendant les attentats. Si j'avais su quelque chose, j'aurais été suicidaire d'être dans les parages. (…) Quoi qu'il en soit, peut-être que je me suis mal exprimé, peut-être que la journaliste a mal mis sur papier mes propos (…) mais bien entendu je n'ai jamais, jamais, jamais fait croire que "quelqu'un savait" et encore moins moi » (fin des extraits adaptés ; voir liens vers sources en bas de page).

Le mythe des 4’000 Juifs absents du World Trade Center

11 septembre 2001, 9 h 20 du matin, heure du Pacifique (extraits adaptés ; voir liens vers sources en bas de page). Alors que les ruines du World Trade Center fument encore, une télévision libanaise, Al-Manar TV, annonce que les attaques ont été revendiquées par l’Armée rouge japonaise. Motif, venger les attaques de Pearl Harbor et Nagasaki, cinquante-six ans auparavant. 13 septembre, le journal jordanien Al-Doustour titre : « Ce qui s’est passé est le travail du sionisme juif américain et des sionistes qui contrôlent le monde économiquement, politiquement et par les médias ». Dans les trois jours après les attentats de New York et Washington, le FBI identifie et publie les noms des dix-neuf hommes qui ont conduit les attaques, sous la direction de Mohammed Atta. Ils sont tous membres d’Al-Qaeda.

Le 17 septembre 2001, la chaîne libanaise du Hezbollah ouvre son journal avec un scoop qu’elle attribue au journal jordanien Al-Watan, lui-même informé par « des sources diplomatiques arabes » : 4 000 Juifs ne sont pas venus travailler au World Trade Center, avertis par le Mossad de l’imminence d’une attaque menée par des agents israéliens. Dans les jours qui suivent, des dizaines de journaux arabes ou musulmans, à Londres, au Caire, à Téhéran, à Damas, à Riyad, rapportent l’affaire des 4 000 Juifs manquants.

Le 19 septembre 2001, en direct sur Al-Jazira, le présentateur vedette Faycal Al-Qassem avance qu’« aucun des 4 000 Juifs travaillant au WTC n’est venu travailler le 11 septembre ». La chaîne qatarie est potentiellement regardée par quarante millions de téléspectateurs. Al-Qassem sera suspendu quelques semaines par sa hiérarchie. Le 21 septembre, la Pravda russe emboîte le pas, sous la signature d’Irina Malenko, reprenant pratiquement mot pour mot les « révélations » d’Al-Manar.

Le 5 octobre, Mohammed Gamei’a, prestigieux cheikh du Vatican musulman, l’université Al-Azhar, défend la thèse du complot israélien dans une longue interview publiée par un site Internet égyptien. Il explique que les Juifs américains, influents dans les médias, empêchent l’information de filtrer. Le 8 novembre 2003, à Paris, lors d’un meeting du Front national, un jeune militant lepéniste m’explique que le Mossad est derrière les attentats du 11 septembre parce que les 4 000 Juifs travaillant dans les tours ne sont pas venus travailler. Quand je lui demande comment il le sait, il me répond qu’il l’a vu sur Internet.

Le 23 avril 2004, au Caire, le directeur du journal Al-Gumhuriya, Abd El Wahhad Adas, écrit « que 4 000 Juifs d’origine américaine [sic] exerçant au WTC, avaient reçu l’ordre du Mossad de ne pas travailler ce jour-là ». Il ne se passe pas un mois sans qu’un journal arabe ne mentionne l’affaire. Courant 2004, des adolescents d’une cité de Toulouse expliquent au sociologue Didier Lapeyronnie que les Juifs sont derrière les attentats du 11 septembre.

Pendant tout ce temps, depuis le 11 septembre 2001, en proche banlieue parisienne, Martine Saada pleure son fils Thierry, 26 ans. Il est une des trois à quatre cents victimes juives ou d’origine juive des attentats de New York. Thierry Saada, jeune marié dont la femme était enceinte, venait de décrocher son premier job dans une banque d’affaires du World Trade Center.

À l’âge de l’info en temps réel, aucune information n’est anodine, aussi folle soit-elle. Dans le courant de l’année 2002, un vaste sondage mené au Maroc, en Égypte, en Syrie et au Liban, sous l’égide du département d’État américain, révélait que 62 % des sondés étaient persuadés que le 11 septembre n’était pas imputable à Al-Qaeda. Rien n’indique que 62 % des sondés donnent précisément foi à la rumeur des 4 000 Juifs, ou aux thèses de Meyssan. Mais il ne fait pas de doute que les aberrations lancées par Al-Manar TV ont amplement contribué à troubler les esprits et à instiller l’idée que tout n’était pas clair et que donc la vérité était ailleurs. Le chiffre de 4 000 Juifs est totalement imaginaire. Personne ne peut dire avec certitude combien de Juifs travaillaient dans les tours, dans la mesure où, fort heureusement, personne ne tenait de registre des Juifs du World Trade Center. Pour savoir combien sont morts dans les tours, on en est réduit à compter les noms à consonance juive parmi les patronymes des victimes. Ils sont nombreux, entre trois et quatre cents : Adler, Aron, Berger, Bernstein, Cohen, Eichler, Eisenberg, etc. La folie de certains esprits oblige à dresser des listes, une pratique de sinistre mémoire.

Alors pourquoi précisément ce chiffre ? On en trouve trace dans une interview donnée par un diplomate israélien en poste à New York le matin des attentats. Celui-ci déclarait que ses services avaient reçu 4 000 appels téléphoniques d’Israéliens, inquiets pour leurs proches, citoyens israéliens vivant ou travaillant à Manhattan. Comment cette brève s’est métamorphosée en la théorie d’Al-Manar que l’on sait ? Insondables sont les mystères de l’imagination lorsqu’elle est en proie à la paranoïa, au dogmatisme et à la bêtise.

Sans doute aussi les journalistes de la chaîne libanaise n’ont-ils vu que peu d’inconvénients à prendre des libertés avec la déontologie. Al-Manar TV est en effet la propriété d’un groupe en bonne place sur la liste des organisations terroristes du département d’État américain : le Hezbollah, le « parti de Dieu » télécommandé par l’Iran. Après avoir révélé le scoop prouvant l’implication du Mossad, le présentateur avait avancé un argument supplémentaire : « Les seuls à profiter de cet acte de terrorisme sont les Juifs ». Autrement dit : à qui profite le crime ?

Les programmes d’Al-Manar TV sont à cette aune. Fort d’un personnel techniquement compétent, la chaîne fournit des clips léchés à la gloire des martyrs, des appels à la destruction d’Israël et toute sorte de choses de ce genre. Du matin au soir, des clips montés à partir d’images d’actualité, d’archives de la Seconde Guerre mondiale mêlant camps de concentration et bombardement des villes allemandes. Et, régulièrement des messages en hébreu s’intercalent : « Juifs, rentrez chez vous en Europe et aux États-Unis ! La Palestine sera votre tombeau ».

Ne pensez pas qu’Al-Manar soit une chaîne ringarde. En novembre 2003, elle a diffusé un feuilleton doté d’un budget de 2 millions de dollars, Al-Chatat, « Diaspora » en français. La série raconte à sa manière l’histoire du sionisme. Selon « Diaspora », les Juifs tentent de contrôler le monde par le biais d’un gouvernement juif mondial secret, dirigé depuis le XIXe siècle par la famille Rothschild. Sous leur direction, les Juifs seraient responsables d’à peu près tous les événements noirs du siècle précédent, de l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand à Sarajevo à la guerre froide. Ils auraient ainsi aidé Hitler à exterminer les Juifs d’Europe, déclenché les deux guerres mondiales, largué les bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki.

Avec la révolution des paraboles, Al-Manar TV est reçue dans l’ensemble des pays arabes – et assez regardée : son ton résolument engagé séduit. Il n’y a pas que le monde arabe : Al-Manar est relayée dans le monde par neuf satellites dont Hotbird 4. Ce satellite appartient à la société française Eutelsat et dessert près de cent millions de foyers en Europe, en Afrique du Nord, et au Moyen-Orient. En France, 2,6 millions de foyers ont une parabole orientée vers Hotbird et ont donc la possibilité de capter la chaîne du Hezbollah. Du reste, Al-Manar a pensé aux téléspectateurs qui ne comprennent pas l’arabe. Elle diffuse des programmes quotidiens en français et en anglais. L’émission francophone est visible à 21 h 30, temps universel, pendant vingt-cinq minutes.

Signe que ces torrents de haine ne sont pas une calamité naturelle contre laquelle on ne peut rien, cet été, à la suite de l’action d’associations juives, le gouvernement français a saisi le Conseil supérieur de l’audiovisuel en vue d’interdire la diffusion d’Al-Manar sur le réseau Eutelsat. Si le droit le permet, la technique rend douteux le succès d’une telle censure, car on ne pourra jamais interdire l’achat de paraboles capables de capter les ondes par-delà les frontières. En tout cas, la pérennité de la chaîne est au moins assurée dans le monde arabe. Il n’est qu’à voir l’opulence de Mahmud Bakri, le représentant officiel d’Al-Manar dans la capitale égyptienne. Je l’ai rencontré en février 2004, au Caire.

Tiré à quatre épingles dans un costume de bonne coupe, évoluant dans de splendides locaux, conduit par un chauffeur, ce dernier ressemble plus à un cadre supérieur d’une grande banque qu’à un prétendant au martyr du Hezbollah. « J’ai une vision professionnelle de mon travail de journaliste, explique-t-il en préalable. Mais j’ai aussi une vision politique : je refuse la colonisation des pays arabes et l’hégémonie américaine ». Bakri n’est pas directement à l’origine de l’information délirante sur les Juifs du WTC, puisqu’elle venait du siège de Beyrouth, mais il continue d’en défendre la véracité. « Cette information d’Al-Manar donne une vision précise de ce qui s’est passé le 11 septembre et de qui est derrière ».

Pour preuve, il se livre à un jeu de questions-réponses : « Pourquoi pas le Mossad ? S’agit-il d’un simple accident normal effectué par de jeunes Arabes ou s’agit-il d’un complot ? Car il faut lier ces événements avec leur suite, la guerre contre le terrorisme et la destruction de pays arabes musulmans, dans le cadre d’un plan américain qui vise à servir les intérêts israéliens en premier lieu. Et si en plus on voit qu’il y a un soutien américain à Israël hors du commun, on peut arriver à la conclusion que le 11 septembre était un complot israélien ». Argument classique des aficionados du complot, à Paris comme au Caire, qui consiste à inverser les faits et les conséquences, au nom du non moins classique « à qui profite le crime ? ».

Lorsqu’on lui avance que 300 Juifs au moins sont morts dans les tours, Mahmud Bakri reconnaît que lui-même n’a pas de preuves certaines à avancer, mais il renvoie à la direction d’Al-Manar. Au fond, il se fiche éperdument qu’on lui avance des noms. On pourrait lui parler de Thierry Saada, 26 ans, ce jeune Français de confession juive, mort dans les tours. Qu’importe Thierry Saada à Mahmoud Bakri. Son opinion est faite et elle importe plus que les faits. Sans doute le Mossad a-t-il oublié de prévenir le jeune homme (fin des extraits adaptés ; voir liens vers sources en bas de page).

L’analyse d’Ali Adib

Sur RASEEF22, Ali Adib publie une analyse intéressante concernant les théories complotistes et conspirationnistes, analyse également disponible sur Kassataya et sur le site du Courrier international (extraits adaptés et commentés ; voir liens vers sources en bas de page).

Ali Adib : Si vous interrogez des Arabes sur la cause de tous leurs malheurs, beaucoup vous répondront par un mot : complot. La théorie du complot est devenue un trait de la mentalité arabe, théorie confortable qui vous dispense de faire l’effort de réfléchir aux causalités comme de faire votre autocritique. Elle permet au contraire de se considérer comme une victime et de croire que tout irait bien sans les manigances de l’ennemi.

Ali Adib : Généralement, les adeptes de cette théorie n’ont pas beaucoup de mal à en démontrer la véracité. Les interventions étrangères sont là pour ça, même celles qui celles qui sont motivées par des événements locaux. Aussi beaucoup d’entre nous continuent-ils de parler avec volubilité des Protocoles des sages de Sion, preuve, selon eux, qu’il suffit d’ouvrir les yeux pour comprendre que les événements historiques peuvent tous être attribués à une poignée d’êtres maléfiques déterminés à établir leur domination sur les peuples de la terre entière.

Ali Adib : L’exemple du 11 septembre 2001. Depuis leur traduction en arabe, nombreux sont ceux qui sont convaincus de leur véracité. Selon eux, ces Protocoles prouvent que les Juifs dirigent un complot international afin de contrôler le monde. Et cela alors qu’on sait aujourd’hui qu’il s’agit d’un faux rédigé par la police secrète russe en 1901, à l’époque du tsar Nicolas II, et destiné à servir la propagande antisémite.

Ali Adib : De grands intellectuels arabes, tels que l’intellectuel et militant politique égyptien Abdelwahhab El-Messiri et l’universitaire et écrivain égyptien Youssef Ziedan, ont écrit qu’il s’agissait d’un faux. Ils sont même allés plus loin en expliquant qu’y accorder crédit ne faisait qu’ajouter au désespoir des Arabes et leur valait la réputation d’être racistes. Or beaucoup persistent à ne pas vouloir se libérer de ce cocon intellectuel qui entrave la liberté de pensée, mais leur permet de se sentir dans le rôle confortable de la victime qui mérite la compassion.

Ali Adib : Autre exemple, plus récent : les attentats du 11 septembre 2001. En interrogeant les ressortissants des pays arabes, on serait surpris de voir combien d’entre eux croient que ce sont les Etats-Unis eux-mêmes – ou Israël, leur allié – qui les ont organisés, et ce afin de justifier leur guerre contre le monde arabe et musulman. Une des assertions qu’on entend souvent est que des milliers de Juifs ne seraient pas allés travailler ce jour-là. Ils auraient été avertis à l’avance des attentats. Ceux qui avancent cette thèse n’expliquent pas comment des milliers de gens auraient pu être suffisamment discrets pour que rien ne filtre d’une information de cette importance.

Ali Adib : Le New York Times a mené l’enquête pour arriver à la conclusion qu’en réalité 15% des victimes étaient des Juifs. Pour ceux qui voudraient le vérifier, les noms et les photos des victimes sont toujours disponibles. Or ces informations ne semblent pas être parvenues jusqu’aux Arabes. Qui plus est, ceux-ci se montrent inébranlables dans leur conviction qu’il y a eu complot, quand bien même Oussama Ben Laden a reconnu et revendiqué avoir été à l’origine des attentats (Note de Michel Garroté – En France, un livre complotiste à propos du 11 septembre a été écrit par un imposteur ; ce livre mensonger a eu un grand succès, y compris parmi les catholiques ; par conséquent, la théorie arabe du complot juif n’est pas seulement arabe ou musulmane ; elle est aussi occidentale).

Ali Adib : Le dernier exemple en date de théorie du complot répandue dans la presse arabe, c’est le complot du printemps arabe. Celui-ci découlerait du concept du chaos créateur. La question qu’on peut se poser est la suivante : comment un acteur, quelle que soit sa puissance, pourrait-il détruire toutes les digues et provoquer un déferlement d’événements incontrôlables tout en croyant qu’il arrivera à les maîtriser ? De même, quel intérêt y aurait-il à provoquer la chute de régimes tels que celui de Hosni Moubarak en Egypte et de Zine Al-Abidine Benali en Tunisie, fortement liés à l’Occident, pour parier sur un avenir incertain ? (Note de Michel Garroté – La théorie arabe du complot juif allègue aussi qu’Israël ferait tout pour contrecarrer le printemps arabe du fait que celui-ci est en réalité un hiver islamique plaçant au pouvoir des dirigeants religieux encore plus israélophobes que les dirigeants laïcs ; cette théorie circule également en Europe, notamment en France ; sept millions d’Israéliens seraient donc suffisamment forts pour endiguer un hiver islamique qui concerne plus d’un milliard de musulmans…).

Ali Adib : Oui, l’Otan est intervenue en Libye. Oui, l’Occident est intervenu au Yémen. Oui, tout le monde intervient désormais en Syrie. Mais ces interventions sont-elles le seul élément qui compte dans tout ce qui s’est passé ? Pensons-nous réellement que les peuples arabes sont si inconscients que tout ce qui se passe chez eux ne peut avoir pour origine qu’un complot ourdi à l’étranger ? Nos propres pathologies intellectuelles, sociales et économiques dépassent de loin les capacités d’une quelconque puissance étrangère pour créer les problèmes qui sont les nôtres, conclut Ali Adib (fin des extraits adaptés et commentés ; voir liens vers sources en bas de page).

Michel Garroté

http://www.jewpop.com/religion-et-politique/des-juifs-avertis-des-attentats-a-paris-quand-le-times-of-israel-relaie-lintox-de-jonathan-simon-sellem/

http://www.conspiracywatch.info/Des-juifs-avertis-des-attentats-a-Paris-quand-le-Times-of-Israel-relaie-l-intox-de-Jonathan-Simon-Sellem_a1494.html

http://www.conspiracywatch.info/Le-mythe-des-4-000-Juifs-absents-du-World-Trade-Center_a96.html

http://kassataya.com/monde-arabe/12161-monde-arabe-pour-en-finir-avec-la-theorie-du-complot

http://www.courrierinternational.com/article/2013/12/26/pour-en-finir-avec-la-theorie-du-complot

http://raseef22.com/home#.T405VfmYrgV

http://raseef22.com/Blogs

   

Complot oui mais lequel?



Udo Ulfkotte, journaliste à la très sérieuse Frankfurter Allgemeine Zeitung de 1986 à 2003, confirme ce que nous écrivons depuis longtemps lorsqu’il déclare (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : « J’ai été invité par des milliardaires, comme par exemple le sultan d’Oman. Imaginez lorsqu’un homme pauvre comme moi arrive au sultanat d’Oman où la richesse est inouïe. Imaginez qu’en tant que journaliste vous êtes couvert de cadeaux, vous savez qu’on vous achète afin que vous transmettiez l’image voulue et vous savez que la liberté de presse et les droits de l’homme n’existent pas (…) ».

Udo Ulfkotte : « Selon des informations de personnes actives dans le domaine de la sécurité, nous avons un si grand nombre de combattants de l’EI en Allemagne que les services de sécurité ne sont plus en mesure de les surveiller. Qui dit le contraire ment. Nous sommes en possession de nombreux rapports des services secrets de pays voisins. Nous sommes prévenus, mais les politiciens et les médias ont fermé les yeux ».

Udo Ulfkotte : « Il y a un mois, un appel de Hongrie m’a effrayé, consterné. Il y a des migrants en route pour l’Autriche et l’Allemagne, dont on sait pourtant qu’ils sont combattants de l’EI, transportant des explosifs et des armes. (…) Le 30 septembre dernier, la chancelière Merkel a donné de nouveaux ordres pour la présentation des faits au public selon sa conception politique », conclut Udo Ulfkotte (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).

Par ailleurs, l’historien allemand Matthias Küntzel a récemment déclaré (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : « En collaboration avec Hajd Amin el-Husseini, les nazis ont commencé à radicaliser la haine islamique des Juifs. (…) Leur outil principal était la propagande effectuée par la radio nazie diffusée en arabe et en perse tous les jours entre avril 1939 et avril 1945 (…) » (Note de Michel Garroté - L'islam pratique la haine des Juifs depuis qu'il existe ; les nazis n'avaient donc pas besoin de radicaliser la haine islamique des Juifs puisque la haine des musulmans envers les Juifs était déjà et demeure encore une haine radicale).

Matthias Küntzel : « La propagande de la radio nazie s'est arrêtée en avril 1945 mais cette haine antisémite s’est encore diffusée dans le monde arabe après cette date. (…) L’impact du nazisme sur l’islamisme radical a également été ignoré par les occidentaux en partie parce qu’il s’agissait de ne pas vexer les Arabes qui détenaient le pétrole, en partie aussi parce que la gauche n'a pas voulu perdre sa dernière approche anti-impérialiste, le combat contre Israël », conclut Matthias Küntzel (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).

Pour en venir au sujet évoqué dans le titre (« Complot oui mais lequel ? ») et traité dans le présent article, rappelons que la thèse du complot n’est pas morte. Simplement, elle se métamorphose, plus ou moins, au fil des âges. Son fonds de commerce, souvent, reste à peu près le même. Son objectif est toujours identique : inventer un bouc émissaire ; catalyser sur lui une haine viscérale ; éviter tout effort réel au service du véritable bien commun ; masquer les vrais problèmes ; servir une cause absolue dans son principe et absolutiste, voire génocidaire, dans son avènement.

Le protocole des sages de Sion est un « modèle du genre », mais il n’est, hélas, pas le seul. Vitcor Loupan a démontré que Le protocole des sages de Sion est un faux dans les années 1980. Puis, Pierre-André Taguieff a démontré que Le protocole des sages de Sion est à la fois un faux et le plagiat d’une œuvre de fiction, d’un dialogue fictif. Ce pamphlet débilitant, que l’on attribue aux milieux tsaristes en manque de pogrom, est de nos jours un « best-seller » dans le monde arabo-musulman, y compris chez les militants et miliciens du Fatah palestinien.

Le plus « extraordinaire », si l’on peut dire, c’est que ce sont des personnes, chez nous, en Europe, qui affirment que même si ce « protocole » est un faux, ce qu’il annonçait jadis, s’est réalisé aujourd’hui. J’ai moi-même entendu ce genre de bobards lors de mes investigations dans les milieux d’extrême droite, tantôt catholiques traditionalistes, tantôt athées, et, aussi, dans les milieux néostaliniens et les milieux antisionistes.

La thèse des années 1930, sur le « complot judéo-maçonnique mondial », est un autre cas d’espèce. De fait, cette thèse est, jusqu’à un certain degré, un « remake » du Protocole des sages de Sion. La thèse en question, est d’autant plus stupide, qu’il y a infiniment plus d’ex-baptisés catholiques devenus athées que de Juifs dans les loges maçonniques. Le Grand Orient de France est même « judéophobe » dans la mesure où il encourage la migration musulmane de peuplement y compris lorsqu’elle inclut des islamistes antisémites.

Mais du « protocole » au « complot », la même thèse a survécu et survit encore aujourd’hui, quoi qu’en des termes, en apparence, nouveaux. Actuellement, circule la thèse, du « complot mondialiste », soi-disant « orchestré » par des « néo-conservateurs sionistes américains ». Cette version nouvelle, de la même salade, rassemble, pêle-mêle, des révisionnistes, des islamistes, des néonazis, des ultranationalistes, des ultragauchistes anti-impérialistes, des néostaliniens et, certes dans une moindre mesure, certains milieux chrétiens.

Les nouveaux boucs émissaires, ce sont, en vrac, les Républicains américains, l’Eglise catholique, Israël, les libéraux conservateurs, la droite décomplexée, les souverainistes, les patriotes, etc. Sous le prétexte, apparemment « démocratique », de lutter contre le « conservatisme » et le « sionisme » (termes que l’on se garde bien de définir autrement qu’avec des slogans). Il est assez déconcertant, que la plupart des médias, de façon sous-entendue certes, quoi que de moins en moins, véhiculent, notamment en Europe francophone et germanophone, cette thèse du complot mondialiste, néo-conservateur et sioniste. Les termes ne sont pas utilisés tels quels, mais « l’information » va toujours dans le même sens.

Ainsi, les attentats du 11 septembre 2001 seraient un complot orchestré par les néo-conservateurs sionistes américains avec la bénédiction d’Israël. Autre exemple : les Américains auraient « inventé » les armes de destructions massives de Saddam Hussein pour justifier la guerre d’Irak. C’est curieux. En 2007 s’est déroulé le procès de « Ali le chimique ». Ce haut responsable irakien a donné l’ordre de gazer des dizaines de milliers de Kurdes Irakiens avec des armes de destruction massive. Les médias reconnaissent cela. Ils reconnaissent aussi que Saddam Hussein a fait exterminer entre deux et quatre millions d’Irakiens, y compris lors de la guerre Iran-Irak de 1980-1988.

Question : si « Ali le chimique », Saddam Hussein et d’autres dirigeants génocidaires irakiens ont utilisé des armes de destruction massive contre leurs propres citoyens, comment se fait-il « qu’il n’y ait pas » de telles armes en Irak aujourd’hui ? Il se trouve que Saddam a fait creuser d’innombrables caches souterraines dans l’immense désert irakien. Il se trouve que des déplacements suspects, vers la Syrie et l’Iran, ont été photographiés par les satellites occidentaux, peu avant l’intervention américaine en Irak. Il se trouve que les liens entre Saddam Hussein et Al-Qaïda ont été démontrés.

Si les thèses complotistes sont souvent fausses, cela ne signifie pas pour autant qu’il n’y ait pas de complots. Oui, il y a bel et bien des complots. Mais curieusement, nos médias se gardent bien de les dénoncer. Au début du présent article, j’ai cité Udo Ulfkotte et Matthias Küntzel. Leurs déclarations sont pour le moins éclairantes. Les complots et les théories complotistes ne sont pas l’œuvre d’Etats de droits libres et démocratiques. Les complots et les théories complotistes sont l’œuvre des régimes arbitraires, autoritaires et totalitaires. Staline et Hitler ont fomentés des complots et inventé des théories complotistes.

Les dictateurs fomentent des complots. Le régime islamique turc du calife Erdogan fomente des complots. L’Arabie saoudite fomente des complots. Le Qatar fomente des complots. Les monarchies du Golfe dépensent, depuis plusieurs décennies, des milliards de pétrodollars pour préparer le Califat universel. Les monarchies du Golfe achètent les journalistes et les politiciens européens et américains à coups de chèques et de cadeaux. Vous cherchez où se cache le complot du 21e siècle ? Alors tournez votre regard vers l’islam conquérant.

Michel Garroté, 4 novembre 2015

https://lesobservateurs.ch/2015/11/01/medias-comment-on-achete-les-journalistes/

http://www.actuj.com/2015-10/moyen-orient/2516-matthias-kuntzel-les-idees-pronazies-sont-toujours-aussi-vives-dans-le-monde-arabe