Par Dr med. Dominique Schwander
« L’Aide publique au développement, c’est prendre l’argent dans la poche des pauvres des pays riches pour le donner aux riches des pays pauvres. » (Anonyme). Selon la sagesse populaire les inégalités ne sont pas le problème; la pauvreté est le problème. D’où le proverbe chinois: «Lorsque les riches maigrissent, les pauvres meurent. »
En 2011, l’aide publique au développement des pays de l’Union européenne fut en moyenne de 0,42 % du revenu national brut. A souligner que près de la moitié de cette aide des pays de l’UE concerne des annulations de dettes! Ce qui fait que l’aide publique internationale au développement n’est pas ce que la gauche et certains élus suisses ont fait croire au Souverain suisse!
Ce serait l’Afghanistan qui reçoit le plus d’aide publique internationale, soit même plus que la Palestine.
En Suisse, depuis 2015, l’aide publique au développement (APD) est de 0,5 % du revenu national brut. La Direction du développement et de la coopération (DDC), qui compte plus de 1.500 collaborateurs, est chargée des activités d’aide humanitaire et de coopération au développement. 18% des moyens de la DDC sont consacrés à l’aide humanitaire, 72% à la coopération au développement et 10% aux pays de l’Est ou à titre de contribution à l’élargissement de l’UE, c’est-à-dire au chantage de l’UE.
L’aide publique au développement n’est pas une potion magique pour diminuer la pauvreté, ni même pour diminuer l’immigration comme les « useful idiots » veulent le faire croire aux contribuables. Bien au contraire, elle a des effets pervers; ces aides ni ne corrigent, ni ne compensent les dysfonctionnements systémiques du pays concerné soit-disant aidé. Au contraire, souvent, ces aides les amplifient. Elles se révèlent destructurantes en matière de compétitivité et de recettes fiscales. Elles détournent les réformes nécessaires à une bonne gouvernance. Elles favorisent la corruption et la bureaucratie. Elles nourrissent la corruption plus que la stabilité du pays receveur, etc. C’est pourquoi, depuis une vingtaine d’années, cette aide publique au développement a été contestée dans son principe. Elle a été aussi remise en question pour sa répartition par des économistes et des organismes militants qui dénoncent ses détournements par des gouvernements corrompus et son inefficacité. Bien loin de freiner l’immigration, l’aide au pays d’origine globalement l’encourage.
En Europe, peu de sujets sont aussi tabous que celui de l’aide publique au développement. Mettre en cause le bien-fondé des 0,5 % du PNB suisse soit près de 3 milliards de CHF est sacrilège pour beaucoup d’élus et évidemment pour les 1500 collaborateurs du DDC qui défendent leur fond de commerce. Pourtant, la Dr. Dambisa Moyo a publié un excellent ouvrage dénonçant l’inefficacité de l’aide publique internationale au développement, ses effets pervers et ses conséquences néfastes. (Dambisa Moyo: « L'aide fatale: Les ravages d'une aide inutile et de nouvelles solutions pour l’Afrique ». Editions JC Lattès. 2009). Elle est une économiste zambienne diplômée d’Oxford et de Harvard, qui a travaillé à la Banque mondiale avant d’entrer dans la banque d’affaires Goldmann Sachs.
A la lire, et comme tout un chacun ayant vécu et travaillé quelques années dans un pays en voie de développement le remarque, l’aide accordée directement aux gouvernements est facile à détourner, elle encourage la corruption, fragilise les institutions, sape l’esprit d’entreprise, décourage l’épargne, favorise le pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué. La très grande majorité des pays en voie de développement ont deux caractéristiques en commun, le paternalisme-présidentialisme et la dépendance envers l’aide internationale. Dès lors, leurs gouvernements toujours forts centralisés considèrent l’aide comme une source de revenus permanente et sûre; ils n’ont aucune raison de penser que ces flux ne vont pas continuer indéfiniment; ils ne sont pas incités à établir des plans financiers à long terme, à chercher d’autres moyens de financer leur développement, à diminuer l’Etat pléthorique et la bureaucratie, etc. Le don mal maîtrisé des milliards de cette aide publique a pour effet de saper l’établissement d’institutions adéquates, la décentralisation, la subsidiarité, l’esprit entrepreneur et une croissance durable.
En général, l’aide humanitaire de courte durée ou aide d’urgence et l’aide caritative dispensée par des organisations de bienfaisance à des institutions ou à des individus sur le terrain bien connus d’elles, n’ont pas les effets pervers de l’aide publique au développement. Ce ne sont pas aux Etats à donner cette aide l’humanitaire mais aux ONG. Rappelons qu’une organisation non gouvernementale (ONG) est une association à but non lucratif. C'est une organisation d'intérêt public qui ne relève ni de l’Etat, ni d'institutions internationales. Dans les démocraties, on réserve ce terme d’ONG aux personnes morales à but non lucratif, financées par des fonds privés, donc par des personnes qui choisissent leurs charités pas par des Etats qui répartissent les recettes fiscales confisquées aux citoyens. Les principaux critères définissant une ONG sont les suivants: but non lucratif de son action, indépendance financière, indépendance politique et notion d'intérêt public et beaucoup de volontariat. Même si les redresseurs de torts de l’aide publique au développement plaisent à de nombreux citoyens, beaucoup de ces fonctionnaires humanitaires professionnels du sauvetage et leurs déclarations vachement humanitaires font vomir d’autres citoyens. Il faut en débattre.
Avec raison, Dambisa Moyo milite pour un modèle de développement fondé sur le commerce et le marché. Par exemple, au cours des cinquante dernières années, le montant total de l’aide au développement transférée des pays riches vers l’Afrique a représenté plus d’un trillion de dollars. La pauvreté n’en a pas reculé, bien au contraire. Elle souligne, preuves à l’appui, qu’entre 1970 et 1988, quand l’aide à l’Afrique était à son maximum, le taux de pauvreté des populations concernées est passé de 11 % à 66 %. Selon elle, l’aide publique au développement encourage la corruption, permet à des régimes infréquentables de se maintenir en place artificiellement (pensons à l’aide suisse à Cuba et à des pays musulmans) et facilite une grande disparité entre les revenus. Vu les importants montants engagés, elle attise des convoitises, avive des tensions ethniques et parfois conduit à la guerre civile. Du point de vue économique, l’aide nuit à la compétitivité des secteurs productifs, réduisant leur capacité à exporter et contribue au maintien d’un secteur public pléthorique, centralisé et bureaucratique, alors qu’il devrait être totalement réformé et décentralisé.
Le défaut fondamental et essentiel de l’aide au développement est qu’elle détruit les incitations à évoluer, à se réformer, à se développer, à faire des efforts, à innover et à trouver le chemin d’une croissance durable. Preuve en est que tous les pays qui ont connu un développement important, que ce soit en Europe, en Amérique et en Asie, doivent leurs performances non pas à l’aide publique venue de l’extérieur mais à leur propre capacité à créer des richesses. Il y a trente ans, le Malawi, le Burundi et le Burkina Faso disposaient d’un revenu par habitant supérieur à celui de la Chine. Mais c’est la Chine qui a obtenu une croissance soutenue et a diminué ses pauvres parce qu’elle a réussi à gagner en compétitivité et à attirer à elle des investissements étrangers mais pas de l’aide publique au développement! La Chine est le pays aux résultats les plus spectaculaires; en une génération, l'extrême pauvreté y est passée de 60% à 12%. Les Chinois ont pourtant leurs milliardaires.
Un pays en voie de développement doit s’ouvrir par lui-même au commerce extérieur et aux investissements directs étrangers. Une réelle insertion dans le commerce international suppose:
- Un contexte politique et juridique stable, des droits de propriété garantis, un état de droit, une lutte efficace et victorieuse contre la corruption et une grande liberté économique.
- La suppression des subventions que les gouvernements américains et européens accordent à leurs agricultures. Ainsi seulement les paysans des pays en voie de développement peuvent accéder aux marchés mondiaux et peuvent vivre de leur production, ce qui est beaucoup plus efficace que de leur octroyer des aides.
- Financement par émissions d’obligations sur les marchés de capitaux. Ce qui oblige à respecter une discipline plus stricte et à convaincre les investisseurs de la solidité financière des projets.
Respecter les droits de propriété, propager la liberté économique, ouvrir des marchés à la concurrence internationale, pratiquer une politique monétaire non inflationniste et une pression fiscale modérée est plus bénéfique que l’aide publique au développement, comme l’illustre le Botswana qui a fait figure d’exception en Afrique.
Conclusion:
- les nôtres avant les autres
- laisser les Suisses choisir leurs charités
- augmenter les rentes AVS des retraités qui ont donné à la Suisse
- suspendre les près de trois milliards de l’aide publique suisse au développement
- ne plus dépenser des milliards pour des immigrants économiques et ou militants
PD. Dr. med. Dominique Schwander