Nous résumons ci-dessous les données actuelles sur les feux de brousse australiens établies par Roy Spencer.
Tendances de l’activité des feux de brousse
Le graphique suivant représente l’ampleur des principaux feux de brousse en Australie depuis 100 ans alors que la population australienne a été multipliée par cinq. Les données proviennent de l’article sur les feux de brousse en Australie de Wikipédia.
Fig. 1. Superficie en hectares brûlés lors de la saison sèche (juin à mai) par les principaux feux de brousse en Australie depuis la saison 1919-20 (le total de la saison 2019-20 est au 7 janvier 2020).
Comme on peut le voir, la plus grande superficie brûlée a eu lieu de 1974 à 1975, avec plus de 100 millions d’hectares (près de 15 % de la superficie totale de l’Australie). Curieusement, cependant, selon les données du Bureau australien de météorologie (BOM), les feux de brousse de 1974-75 se sont produits pendant une année avec des précipitations et une température inférieures à la moyenne. Cela est contraire au récit (médiatique) selon lequel les principaux feux de brousse seraient typiques des seules années chaudes et sèches. En réalité, un supplément de pluie pendant la saison humide peut produire plus de combustible pour les saisons sèches suivantes.
Chaque saison sèche en Australie connaît une chaleur excessive et une faible humidité. Lire aussi L’Australie a-t-elle vraiment battu des records de chaleur ?
Tendances des températures maximales en Australie
Le graphique suivant (en rouge) montre les variations moyennes annuelles des températures maximums quotidiennes pour l’Australie, par rapport à la moyenne sur 40 ans au cours de la période allant de 1920 à 1959.
Fig. 2. Températures moyennes annuelles maximums en Australie, selon les observations (rouge) et celles prédites par la moyenne de 41 modèles climatiques (bleu). (Source).
La figure 2 (en bleu) montre également la moyenne de 41 températures maximales quotidiennes prévues par les modèles climatiques CMIP5 pour l’Australie (tiré du site Web de KNMI Climate Explorer). Ce graphique appelle des remarques importantes.
Premièrement, si nous corrélons les températures annuelles de la figure 2 avec la superficie des feux de brousse brûlée de la figure 1, il n’y a essentiellement aucune corrélation (-0,11), principalement en raison de l’énorme cataclysme de 1974-75. Si cette année est supprimée des données, il y a une faible corrélation positive (+0,19, à peine significative au niveau 2-sigma). Mais faire dépendre à ce point cette corrélation d’un seul événement unique (dans ce cas, sa suppression de l’ensemble de données) est précisément l’une des raisons pour lesquelles nous ne devrions pas utiliser les événements de feux de brousse actuels (2019-2020) comme indicateur du changement climatique à long terme.
Deuxièmement, alors qu’il est bien connu que les modèles CMIP5 produisent trop de réchauffement sous les tropiques par rapport aux observations, en Australie c’est précisément l’inverse qui se produit selon le Bureau de météorologique australien (BOM) : les températures mesurées par le BOM se réchauffent plus rapidement que la moyenne des modèles climatiques. Cela pourrait être dû à des mesures trompeuses à la suite de changements dans la technique de mesure des thermomètres australiens (différents abris, passage des thermomètres au mercure à des sondes électroniques) et au traitement des données historiques (à la baisse pour cause d’« homogénéisation »), comme l’a affirmé Jennifer Marohasy.
Ou, peut-être que l’écart s'explique simplement par la variabilité naturelle du climat. Qui sait ?
Enfin, notez l’énorme variabilité de la température d’une année à l’autre sur la figure 2. De toute évidence, l'année 2019 a été exceptionnellement chaude, mais une bonne partie de cette chaleur était probablement due aux variations naturelles dans les régions tropicales et subtropicales, en raison de la persistance des conditions El Niño et de l’effet que cela a sur les zones tropicales et subtropicales qui reçoivent des précipitations et celles qui en sont privées.
Tendances des précipitations en Australie
Les précipitations australiennes sont un excellent exemple pour faire comprendre qu’une année particulière ne peut servir comme preuve d’une tendance à long terme. Le graphique suivant est semblable au graphique de la température ci-dessus (Fig.2), mais celui-ci illustre en rouge les précipitations observées par le Bureau de météorologie australien (BOM).
Fig. 3. Comme sur la Fig. 2, mais le graphique représentent ici les précipitations annuelles
Il est évident que 2019 a été une année très sèche en Australie, non ? Peut-être un record historique. Mais la tendance à long terme a été à la hausse des précipitations (et non à la baisse), illustrant à nouveau le fait qu’une année particulière ne peut en rien servir à établir une tendance à long terme. Elle ne peut pas plus prouver que la valeur particulière de cette année est liée aux changements climatiques d’origine humaine.
Et en ce qui concerne les changements climatiques liés à l’activité humaine, la ligne bleue de la figure 3 montre que les prédictions de la théorie du réchauffement climatique telle qu’incarnée par la moyenne de 41 modèles climatiques ne permettent pas de détecter un impact à long terme dans les précipitations en Australie qui serait dû à l’activité humaine, malgré les affirmations contraires des médias, des pseudo-experts et des célébrités hollywoodiennes.
Il faut, en effet, garder à l’esprit que le risque d’incendie de brousse peut augmenter avec l’augmentation des précipitations pendant la saison de croissance précédant la saison des incendies. Plus de précipitations produisent plus de combustible. En fait, il existe une corrélation positive entre les données de précipitations de la figure 3 et les hectares de feux de brousse brûlés (+0,30, significatif au niveau de 3-sigma). Cela ne veut pas dire que les conditions chaudes et sèches ne favorisent pas de plus nombreux feux de brousse. C’est le cas (pendant la saison des incendies), toutes choses étant égales par ailleurs. Mais à la lumière des données illustrées par les trois graphiques ci-dessous, il est difficile de relier les feux de brousse très importants de 2019-2020 à la théorie du réchauffement climatique.
Activité mondiale des feux de brousse et de forêt
Si le changement climatique d’origine humaine (ou même le changement climatique naturel) entraînait une augmentation de l’activité des feux de forêt, on devrait noter cette augmentation dans les statistiques mondiales plutôt que dans une région particulière, comme l’Australie. Bien sûr, une région déterminée peut connaître une tendance à la hausse (ou à la baisse) de l’activité des feux de brousse, simplement en raison des variations naturelles et chaotiques du temps et du climat.
Mais, contrairement à la perception populaire, une étude sur l’activité des feux de brousse à travers la planète a révélé que ces dernières décennies ont en fait connu une baisse de cette activité (Doerr et Santin, 2016) et non une augmentation. Cela signifie qu’il y a plus de régions qui connaissent une diminution de l’activité des feux de brousse que de régions où il y a davantage de feux de brousse.
Pourquoi cette diminution n’est-elle pas attribuée au changement climatique d’origine humaine ?
Conclusion
Il y a plusieurs raisons pour lesquelles les gens ont l’impression que les incendies de brousse s’aggravent et que cela est dû au changement climatique liée à l’activité humaine. Tout d’abord, les médias ont tendance à se concentrer sur les catastrophes... Ils ne signalent pas un manque de catastrophes. Le désir d’attirer davantage de clics signifie que les titres sont de plus en plus sensationnalistes. Les médias peuvent toujours trouver au moins un expert prêt à soutenir le récit souhaité.
Deuxièmement, la diffusion de l’information est maintenant rapide et elle se répand profondément, se propageant à travers les médias sociaux.
Troisièmement, un nombre croissant de groupes de défense de l’environnement s’emparent de toute catastrophe naturelle et déclarent qu’elle est causée par l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère. Les affirmations hyperboliques et contre-factuelles de militants comme Rebellion Extinction en sont l’un des meilleurs exemples récents.
Tout cela dans un contexte d’une recherche scientifique financée par les gouvernements en fonction de la menace à la vie et aux biens que le chercheur affirmera exister si sa recherche n’est pas menée à bien et que les politiques gouvernementales ne sont pas modifiées en conséquence. (En réalité le nombre de décès causés par des catastrophes naturelles est en baisse constante dans le monde, voir Greta La Science Thunberg devant le Congrès : « Même avec 1 °C, un nombre inacceptable de vies perdues »)
D’après les preuves disponibles, s’il existe une augmentation à long terme du nombre de feux de brousse dans un endroit précis comme l’Australie (ou la Californie), elle est principalement due à une augmentation du nombre de départs de feu d’origine humaine, qu’ils soient accidentels ou volontaires. Une raison connexe est la pression croissante du public pour qu’on réduise la fréquence des brûlis, qu’on diminue le défrichement de la végétation morte et la mise en place de coupe-feu, parce que le public croit que cette moindre intervention humaine augmente la beauté naturelle et permet de préserver la faune et la flore, mais les conséquences à long terme empirent plutôt les choses..
Des articles de presse récents affirment que des dizaines de personnes ont été arrêtées en Australie pour pyromanie, un phénomène qui a probablement été multiplié par cinq comme la population australienne au cours des 100 dernières années. Les sources d’incendies accidentelles augmentent également quand la population augmente avec toute l’infrastructure qui accompagne un plus grand nombre de personnes (véhicules, lignes électriques, feux de camp, allumettes et mégots de cigarettes, etc.)
Ainsi, attribuer automatiquement les feux de brousse australiens au changement climatique d’origine humaine est le plus souvent du catastrophisme dénué virtuellement de toute base factuelle.
Pour Benoît Rittaud mathématicien (université Sorbonne Paris Nord) et président de l’Association des climato-réalistes les feux en Australie n’ont pas été causés par un « dérèglement climatique » Alors que l’Australie est ravagée par des incendies considérables, le changement climatique est pointé du doigt. Une réaction automatique et fausse.
Difficile de ne pas céder à l’abattement devant les millions d’hectares de forêt australienne ravagés par les flammes, et leurs 28 victimes. Moteurs de notre solidarité, nos émotions ne doivent cependant pas abolir notre faculté de réflexion.
Si nous revivons un jour les mêmes scènes, il est mieux d’analyser objectivement ce qu’il s’est passé. Les marchands de peur, eux, n’ont pas besoin de le faire, ils tiennent leur explication depuis le début : il fait plus chaud à cause de nous, donc la forêt brûle. Peu importe que ce soit faux, l’important est de satisfaire le complexe climato-industriel et ses relais médiatiques et militants.
En réalité, la surface globale brûlée par les feux de forêt diminue. Le siècle passé semble même avoir établi un minimum sur les deux derniers millénaires. Pour la période récente, des observations satellitaires entre 1996 et 2012 signalent une baisse significative de 1 % par an, et même de 2 % entre 2003 et 2012. Pour l’Australie, le chiffre est encore plus frappant : 5 % de forêt brûlée en moins entre 1991 et 2015, toujours par an. Pour mémoire, la tendance est également baissière sur le pourtour méditerranéen. On hésitera à l’attribuer au réchauffement climatique...
Mais, dira-t-on, 18 millions d’hectares de forêt australienne partis en fumée en quelques jours, n’est-ce pas du jamais-vu ? Non. Dans ce même pays, un incendie six fois plus ravageur, soit une fois et demie la taille de la France, s’est produit en 1974-1975. Une année qui, contrairement à 2019-2020, n’était même pas celle d’une sécheresse particulière. Cela ne diminue en rien le drame vécu ces jours-ci ; cela diminue en revanche l’intérêt du simplisme climatique pour comprendre le phénomène.
Jamais en retard d’une sortie alarmiste, le Monde s’est ridiculisé en titrant que les incendies de 1974-1975 « n’ont pas été bien pires » que ceux de cette année, principalement au motif qu’ils concernaient d’autres zones moins peuplées. Certes, la différence est réelle pour les personnes concernées. Sauf que le journal du soir est bien entendu incapable de dire en quoi cette distinction permettrait de préserver le prétendu lien entre feux de forêt et « climat déréglé par l’homme ».
À ce propos, faisons l’expérience de pensée qui consiste à intervertir les incendies actuels et passés, pour nous poser la question suivante : le Monde eût-il alors écrit que 117 millions d’hectares de forêt brûlée, ce n’est « pas bien pire » que 18 millions ? Avouons qu’on imagine plus facilement un éditorial sur le mode : « Six fois plus étendus que le record précédent, les feux en Australie témoignent de la crise climatique en cours »...
Il est temps que le climat cesse d’avoir bon dos. Pour cela, nous devons apprendre, ou plutôt réapprendre que les questions environnementales ont, dans leur grande majorité, vocation à être traitées à des échelles locales. En l’espèce, l’origine du drame australien est tout à fait banale : la gestion du parc forestier national s’est considérablement dégradée depuis plus de vingt ans. Les spécialistes et hommes de terrain s’en alarmaient depuis longtemps.
Une catastrophe peut révéler la grandeur d’un homme. Alors que la meute exigeait du Premier ministre australien qu’il relève les ambitions climatiques de son pays suite à la « leçon » donnée par les incendies, celui-ci a refusé tout net. En tenant tête à la dictature de l’émotion, Scott Morrison a ainsi agi en homme d’État. Puissent nos gouvernants en prendre de la graine.