« Après sa défaite, l’UDC valaisanne accuse la communauté albanaise ». C’est ce titre que vous avez pu lire dans le Temps, mais aussi dans d’autres médias, suite à l’annonce d’un deuxième recours déposé contre le résultat des élections.
Et pourtant, rien n’est plus faux.
S’en est suivi, évidemment, un concert de déclarations politiques qui pourraient être intéressantes, si elles ne confinaient pas pour ainsi dire toutes soit au mensonge volontaire ou par omission, ou alors à une méconnaissance totale et crasse du fonctionnement de nos institutions.
Mais il est vrai qu’il est toujours rentable de taper sur l’UDC, avec la caisse de résonnance de médias complices, plutôt que de s’intéresser aux faits.
Alors résumons-les, ces faits :
- Suite aux résultats du 2ème tour des élections au Conseil d’Etat valaisan, des fraudes avérées ont été découvertes dans au moins 3 communes du Haut-Valais.
- Dans la commune de Brigue, plus de 50 personnes se sont présentées à l’urne pour voter. Ce droit leur a été refusé étant donné que leur vote avait déjà été enregistré par correspondance. 50 personnes sur 553, pas loin de 10% des gens qui se sont présentés, c’est un pourcentage énorme.
- La commune de Brigue a alors analysé les signatures des cartes de votes. Elle a découvert que ces signatures suivaient toujours le même schéma, à savoir le prénom en entier et la première lettre du nom de famille. On ne sait pas aujourd’hui si la commune n’a examiné que les cartes de votes incriminées ou si elle les a toutes contrôlées.
- De son côté, la commune de Naters a décidé, après avoir découvert les cas de fraude du 2ème tour, d’analyser les bulletins du 1er tour. Surprise… plus de cas ont été découverts ! Alors qu’ils n’avaient pas été détectés au moment du vote…
- Les trois communes ont décidé de déposer une plainte pénale contre inconnu.
- Le fait que ces fraudes aient été perpétrées dans 3 communes laisse à penser qu’il pourrait y en avoir plus. Le doute est en tout cas largement permis.
- Il est aussi permis de penser que les fraudes n’ont été découvertes que pour les personnes qui se sont présentées au bureau de vote. Cela laisse donc toute la masse des abstentionnistes pour lesquels, évidemment, personne n’aura rien vu passer.
A la suite de cela, l’UDC a déposé un recours contre le résultat des élections, déterminée à faire toute la lumière sur ces fraudes et à avoir un gouvernement issu d’une volonté populaire et non d’un bourrage d’urnes. Mais il faut savoir que le délai pour faire recours est très court, seulement 3 jours, et que le nouveau gouvernement devait prêter serment aussi 3 jours après… L’objectif de ce recours était simple, suspendre l’assermentation du nouveau Conseil d’Etat, tant que la justice n’a pas pu déterminer l’ampleur des malversations. Il était en effet inacceptable pour l’UDC, et pour toute autre personne qui respecte un minimum la démocratie, d’avoir un gouvernement assermenté et élu grâce à des fraudes qui peuvent être importantes.
Le 27 mars, la commission de validation du Grand Conseil a analysé le recours. A 7h15…. Pour une séance du Parlement qui débutait aux environs de 8h, et sans que tous les membres de la commission n’aient reçu l’analyse juridique qui a été développée. Comment espérer raisonnablement analyser un recours et des faits en si peu de temps, et pouvoir en débattre sereinement ? Poser la question, comme souvent, c’est y répondre. Il n’y aura donc pas eu d’analyse, mais simplement une décision politique. Sans enquête, sans vérifier les faits, sans attendre. Pourquoi ? Pour faire comme on l’a toujours fait dans notre beau coin de pays, pour, comme on dit vulgairement, cacher la merde au chat, pour clouer au pilori celui qui a l’outrecuidance de se plaindre de fraudes avérées. Pour que les gagnants, le fussent-ils grâce à des actes malhonnêtes, puissent célébrer leur pouvoir nouvellement acquis dans la joie et l’allégresse. Et tant pis pour la démocratie.
Ce même 27 mars, l’UDC était amenée à défendre son recours face au Parlement. Evidemment, le chef du service parlementaire a tenté d’empêcher le vote, en se réfugiant derrière une disposition légale discutable. Heureusement, le meneur des débats ne l’a pas entendu de cette oreille et a décidé que la démocratie devait primer.
La suite des événements démontrera qu’en Valais, à l'exception de l'UDC, aucun élu au Parlement cantonal n’a l’air de se soucier, ni de l’enquête, ni du respect de la démocratie ou des institutions. Seul compte apparemment l’intérêt partisan. Le vote fut implacable, tous contre l’UDC. Le fait que le délai de recours n’était même pas échu n’a pas ému outre mesure les édiles qui se sont empressés d’assermenter ceux qui devaient l’être, à tout prix.
La situation pourrait prêter à sourire quand on écoute les arguments invoqués. Parmi eux, le meilleur: Si la justice découvre, à l’issue de l’enquête, des fraudes massives, alors on pourra refaire une élection.
Pourtant, rien n’est plus faux.
Plus le temps passe (et avec lui l’entrée en fonction du nouveau Gouvernement, avec son lot prévisible de remaniements départementaux), plus l’intérêt public d’avoir un Conseil d’Etat fonctionnel l’emportera sur le respect de la volonté populaire. Il serait fort probable que le nouveau Gouvernement, même élu suite à une fraude massive, même illégitime, resterait en fonction.
Il faut aussi savoir qu’une fois la décision du Grand Conseil prise, seul le Tribunal fédéral pourra la casser.
Ça, les juristes et autres Docteurs en droit du Parlement le savent. Ils choisiront donc sciemment d’enfumer le bon peuple en invoquant, comble de la mauvaise foi, le fait que la justice pourra faire son travail.
Et pendant ce temps-là, les langues se déliaient durant le week-end. L’UDC déposa donc un second recours, juste avant l’expiration des 3 jours du délai légal.
Nous avions choisi de ne pas communiquer dessus, pour laisser, justement, la justice faire son travail...
Evidemment, un ou plusieurs députés se sont empressés de violer leur secret de fonction, à peine un jour après avoir juré ou promis de le respecter, et ont envoyé ces informations à la presse. Quelques esprits chagrins pourront aussi soupçonner que ça soit pour permettre aux fraudeurs potentiels d’être informés, et donc d’effacer les traces de leurs méfaits…
Ayant eu vent du fait que la presse était informée, car recevant des appels de journalistes, nous avons donc choisi de communiquer, en ces termes :
« Dans son second recours, l’UDC apporte de nouvelles informations qui sont apparues durant le week-end par rapport à des cas concrets qui lui ont été rapportés. Ces cas concernent des personnes qui n’ont pas reçu leur matériel de vote, aussi dans le Valais romand, ainsi qu’une captation de suffrages possible dans un EMS du Haut-Valais. En outre, une ou plusieurs personnes se seraient chargées de récupérer le matériel de vote de Suisses d’origine étrangère, au sein de leur communauté. Il est aujourd’hui impossible de savoir combien de bulletins sont exactement concernés, ni même si d’autres personnes ont effectué le même travail auprès d’autres communautés. Il est naturellement exclu de jeter l’opprobre sur toute une communauté et il convient de respecter la présomption d’innocence. Mais ces informations sont troublantes et nécessitent une investigation poussée des autorités et notamment de la Justice pénale. C’est ce que l’UDC a demandé »
Nous n’avions pas cité la communauté en question dans notre communication. Simplement le cas d’une personne, qui aurait pu, selon nos informations, récolter le matériel de votes de gens qui lui sont proches de par leur origine. Nous rappelions la présomption d’innocence, pilier de la justice. Nous demandions simplement à la justice d’enquêter, puisque ce n'est pas ce que doit faire un parti politique. Il n’était nullement question de jeter en pâture des noms ou une origine au public, c’est la presse qui s’en est chargée, plus particulièrement le journal le Temps, qui titrait: « Après sa défaite, l’UDC valaisanne accuse la communauté albanaise ».
Chapeau ! Ce que l’UDC ne voulait pas faire, et n’a pas fait… ce journal a choisi de le faire, pour mieux nous accuser ensuite.
Déontologie ?
Jérôme Desmeules,
Député au Grand Conseil valaisan et Co-Président de l’UDC Valais romand