Zelensky monte d’un cran : maintenant il passe commande directement aux usines d’armement

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19 septembre 2022
Dans un geste inattendu, le président ukrainien ne s'adresse plus au gouvernement américain, mais directement aux fabricants d'armes, afin qu'ils puissent mettre encore plus de pression sur le président américain. C'est une idée résolument professionnelle, mais qui pourrait créer un dangereux précédent.

Pour la vingt et unième fois, les États-Unis puisent dans leur propre stock d'armes pour envoyer un programme d'aide militaire à l'Ukraine. Cette fois, il s'agit d'une livraison d'une valeur de 600 millions de dollars, avec laquelle le coût total des fournitures d'armes aidant l'Ukraine depuis le début de la guerre a dépassé 15,1 milliards de dollars.

A tous les niveaux, presque tout

La contre-attaque ukrainienne et son succès partiel en ont surpris plus d'un, si bien qu'il est devenu encore plus difficile de dire non aux "listes de souhaits" ukrainiennes.
Les États-Unis n'ont d'ailleurs jamais dit non jusqu'à présent - à l'exception des armes à longue portée. Au contraire, même, ils commencent pratiquement à fournir un soutien technique militaire aux seules forces armées ukrainiennes.
Mais cela ne suffit toujours pas au président Zelensky .
Il a décidé de ne plus frapper à la porte du gouvernement pour obtenir de plus en plus de livraisons d'armes, mais de cibler plutôt directement le niveau de base: les fabricants d'armes eux-mêmes.

Le président ukrainien s'exprimera lors du plus grand événement de l'industrie de la défense aux États-Unis, la conférence organisée par la National Defence Industry Association (NDIA) à partir du 21 septembre, qui peut être considérée comme une gigantesque exposition d'armes, où les fabricants, les développeurs et des représentants du Congrès et du gouvernement réfléchissent ensemble aux plus grosses affaires du futur proche.

Même les organisateurs admettent que la démarche de Zelensky - c'est-à-dire s'adresser directement aux acteurs de l'industrie de la défense - est sans précédent dans leur histoire. 

Cela pourrait être qualifié de mauvaises manières diplomatiques, mais dans le cas de l'Ukraine, tout le monde occidental tolère ce style. Les alliés des États-Unis opèrent un vaste réseau de lobbies, principalement actifs auprès du Congrès, mais ce terrain est un bourbier même pour les plus aguerris, puisqu'il vise pratiquement à exercer des pressions sur le président américain.

En s'adressant directement aux dirigeants de Lockheed Martin, de General Dynamics ou de Raytheon et en demandant des armes de plus en plus récentes - évidemment de haute technologie - Zelensky a en fait sauté pas mal d'étapes, tout en fournissant aux fabricants une toile de fond idéologique grâce à laquelle ils pourront vendre encore plus d'armes au Pentagone - afin que l'Ukraine puisse les obtenir gratuitement.

Une couverture morale

Zelensky frappe probablement à des portes déjà ouvertes: de toute façon, les grands fabricants d'armes consultent constamment le ministère de la Défense sur la manière dont ils pourraient accélérer leur production au profit de l'Ukraine.
David Norquist, président de la NDIA, était tellement enthousiasmé par la nouvelle de l'inscription du président ukrainien à la conférence qu'il a déjà exprimé sa confiance:

« avec l'administration, le Congrès, nos alliés et nos partenaires, nous continuerons à soutenir les Ukrainiens dans leurs efforts en vue d'obtenir leur liberté définitive" - ​​a-t-il dit.

Cependant, certains voient dans cette tentative de pression de la part du président ukrainien un dangereux précédent. Bill Hartung, analyste au sein du groupe de réflexion sur la politique étrangère et la diplomatie Quincy Institute, estime que le discours de Zelensky risque de mettre entre les mains des fabricants et des lobbyistes une arme de relations publiques qu'ils utiliseront désormais sans retenue.

S'appuyant sur les propos de Zelensky, les acteurs de l'industrie de défense peuvent désormais affirmer qu'ils livrent les armes de la démocratie, enveloppant ainsi leurs activités d'une couverture morale.

Or rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité : il est difficile de croire cela de la part de ceux qui exportent sans discernement presque partout, y compris en Égypte et au Yémen, a soutenu Hartung, soulignant que la tentative d'influence menée actuellement par le président ukrainien pourrait déclencher un processus qui ne serait certainement pas bon pour le système diplomatique et politique bien établi et hautement fonctionnel qui gère actuellement les lobbies dans un cadre sécurisé.

Photo : MTI/AP/Département de presse du Cabinet du Président de l'Ukraine

Source: https://makronom.mandiner.hu/cikk/20220919_zelenszkij_fegyverellatas_haboru_lobbi_makronom

Traduction: Albert Coroz

 

4 commentaires

  1. Posté par Moskar le

    La fascination qu’exerce Zelensky sur le monde médiatique, dont il est indirectement issu de par sa carrière cathodique, se répercute maintenant par rebond sur les milieux affairistes occidentaux, se conjuguant ainsi , pour leur plus grand bonheur, avec l’action des lobbyistes des marchands de canons US, entrés de fait, après les aventures vietnamiennes puis irakiennes et afghanes, pour faire court, dans un nouvel age d’or. Ce sont bien sûr les occidentaux qui paieront puisque l’Ukraine est ruinée depuis toujours!

  2. Posté par Alain le

    Les dirigeants de sociétés d’armement qui accepteraient devront être virés sur le champ: accepter des commandes d’un client insolvable sans la garantie de l’état US (tout aussi insolvable mais pouvant encore imprimer des dollars) est une faute de gestion majeure

  3. Posté par Etienne le

    L’Ukraine n’a plus un sou : elle ne payera pas.

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