5 x Non le 13 juin: les initiatives agricoles

Stéphane Montabert
Suisse naturalisé, Conseiller communal UDC, Renens
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Peu avant l'été, le peuple suisse sera invité à se prononcer sur pas moins de cinq objets en votation fédérale:

  • Initiative populaire Pour une eau potable propre et une alimentation saine
  • Initiative populaire Pour une Suisse libre de pesticides de synthèse
  • Référendum contre la Loi COVID-19
  • Référendum contre la Loi sur le CO2
  • Référendum contre la Loi fédérale sur les mesures policières de lutte contre le terrorisme (MPT)

Le volume de la demande démocratique montre que dans le domaine politique aussi, la calamiteuse époque du confinement est en train de refluer. Il était temps. Comme le titre de ce billet l'indique, je m'apprête à voter Non cinq fois, et j'espère que nous serons nombreux à agir ainsi. Aujourd'hui, jetons un œil aux deux initiatives au menu.

Pour une eau potable propre et une alimentation saine remporte facilement la palme du plus bel intitulé marketing. Qui serait assez benêt pour refuser une eau potable propre et une alimentation saine? Faut-il réfléchir davantage? Les initiants espèrent bien que non, nous verrons ce qu'il en est le 13 juin...

Le texte soumis au vote demande à ce que la Confédération "contribue substantiellement à la sécurité de l'approvisionnement en denrées alimentaires saines et en eau potable propre". Cet article vient remplacer l'actuel qui mentionne "la sécurité de l’approvisionnement de la population" de façon plus générale. On introduit donc la notion d'eau potable propre, par opposition à l'eau potable impropre, un oxymore dont on se demande bien à quoi il ressemble. Quant aux denrées alimentaires "saines", elles viendront remplacer les poisons que chacun trouve au rayons fruits et légume frais des commerces du pays...

L'astuce de l'initiative est d'utiliser comme levier la formidable implication de l'administration (et donc des contribuables) dans la production agricole helvétique. Les subventions à l'agriculture seraient donc subordonnées à un ensemble de nouvelles exigences comme "la préservation de la biodiversité", "une production sans pesticide" et "des animaux pouvant être nourris avec le fourrage produit dans l'exploitation", entre autres.

En réalité, il s'agit d'échanger une production quantitative (selon l'article sur la sécurité de l’approvisionnement alimentaire approuvé en 1996 par 78% des voix) pour une production qualitative, prenant le postulat que toute agriculture industrielle est foncièrement mauvaise. Beaucoup de gens pensent ainsi, illustrant de façon criante à quel point les innombrables règlements pour une production indigène helvétique digne et respectueuse des sols et des animaux n'auront servi à rien. Les agriculteurs sont vent debout contre un texte visiblement rédigé en milieu urbain et qui ne tient pas compte, c'est un euphémisme, de la réalité du métier.

Cette initiative idéalise une agriculture figée quelque part au milieu du XIXe siècle et essaye de l'appliquer telle quelle aujourd'hui. Cette agriculture idéalisée n'assurerait jamais les besoins de la population actuelle.

En guise de "protection de l'eau et des sols", l'abandon de toute forme de production agricole de masse aurait le triple effet de diminuer drastiquement la production indigène, d'augmenter les importations de pays plus souples sur leurs normes de production, et au final de renchérir de façon considérables les prix déjà considérables de la nourriture en Suisse.

La Suisse produirait moins de denrées, importerait le reste de pays se livrant à l'agriculture de masse avec moins de contraintes que nous, et le consommateur paierait plus cher. Ce n'est plus un autogoal, c'est le coup du chapeau!

Pour une Suisse libre de pesticides de synthèse a le mérite de dire plus clairement les choses - avec cette fois-ci le raccourci simpliste "produit chimique = poison".

Si le texte a l'avantage d'être moins tourmenté que l'initiative précédente, elle lance à la Suisse un certain nombre de défis, dans tous les domaines. Pour comprendre, prenons quelques minutes pour lire la définition d'un pesticide dans Wikipédia...

Un pesticide est une substance utilisée pour lutter contre des organismes considérés comme nuisibles. C'est un terme générique qui rassemble les insecticides, les fongicides, les herbicides et les parasiticides conçus pour avoir une action biocide. Les pesticides s'attaquent respectivement aux insectes ravageurs, aux champignons, aux « adventices » et aux vers parasites.

Le terme pesticide comprend non seulement les « produits phytosanitaires » ou « phytopharmaceutiques » utilisés en agriculture, sylviculture et horticulture mais aussi les produits zoosanitaires, les produits de traitements conservateurs des bois, et de nombreux pesticides à usage domestique : shampoing antipoux, boules antimites, poudres anti-fourmis, bombes insecticides contre les mouches, mites ou moustiques, colliers antipuces, diffuseurs intérieurs, etc.

Dans une acception plus large, comme celle de la règlementation européenne ; ce sont des produits chimiques « fabriqués ou naturels ne contenant pas d'organisme vivant » :

Si on peut espérer que les anti-poux soient encore tolérés, les paragraphes ci-dessus donnent un bon aperçu de toute la faune parasitique qui se retrouvera libérée de toute contrainte avec ce genre d'interdiction. Ce n'est pas une vue de l'esprit: l'initiative est si contraignante que Migros et Coop craignent à juste titre que les stocks de farine soient abandonnés aux rongeurs...

Les rares producteurs suisses qui souhaiteraient encore se tourner vers l'exportation se verraient interdire de vendre leur produit sur les marchés étrangers pour non-respect des conditions d'hygiène. Mais cela ne serait pas très grave. Toutes les importations étrangères impliquant l'utilisation de pesticides de synthèse dans leur élaboration étant tout autant interdite, elles seraient aussi exclues d'office.

Les agriculteurs ne devraient pas être contre ce texte. Les survivants de la profession vendront très cher leurs produits, comme à chaque fois qu'une pénurie survient. La production indigène - qui ne couvre que 60% des besoins aujourd'hui, avec des pesticides de synthèse! - étant la seule qui subsistera, les consommateurs devront se battre comme des chiffonniers pour avoir de quoi manger...

Lorsque les fragiles équilibres de la réalité sont fracassés par l'utopie, les résultats sont toujours riches d'enseignements.

Stéphane Montabert - Sur le Web et sur LesObservateurs.ch, le 23 mai 2021

6 commentaires

  1. Posté par Caughnawaga le

    Hou la la que sera-t-il passé avec le tracteur.???? Il s’est endormi au volant. 🤭🤭🤭

  2. Posté par aldo le

    C’est très simple les lois actuelles doivent être appliquées. On ne doit pas avoir de saletés dans son eau et dans son assiette sauf celles inventée pour créer de la propagande et rameuter les follaches du style de la petite peste antifa Greta. Que font les associations de consommateurs ? Rien, elles attendent prudemment les subventions pour satisfaire à leurs salaires, dénoncent quelques conneries sans pour autant agir politiquement. Sauf … sauf quand il s’agit de faire élire une de ces pintades généralement gourde par définition idéologique, incompétente, homosexuelle, bref un triomphe de tous les quotas à elle seule. N’attendons rien que des inepties de telles crétines et crétins. ET OUI, DONC 5 X NON, c’est le minimum de sens des intérêts réels de la population, même si une partie peu profiter à certains gauchistes qui, bornés comme ça se doit d’être obligatoire en bolchévie, ne seront jamais autant partageurs. Là on voit bien à chaque consultations qui sont les gens réellement ouverts.

  3. Posté par Socrate@LasVegas le

    Merci Monsieur Montabert, je partage votre avis pour 3 (voir 4 objets) mais concernant l’initiative Pour une Suisse libre de pesticides de synthèse je suis sensible à d’autres arguments :

    « …Cette agriculture idéalisée n’assurerait jamais les besoins de la population actuelle… »

    Y réussit-elle actuellement malgré les pesticides autorisés et en dépit de leurs effets cocktail dévastateurs pour la faune? Non, ce n’est donc pas un argument !
    Elle n’y parviendra d’ailleurs JAMAIS puisque les politiciens non seulement se satisfont de 60% d’autonomie alimentaire mais trouvent que c’est encore trop puisqu’ils ont autorisé, plébiscité l’explosion démographique exogène et antidémocratique toujours en cours depuis 2015!!
    Il est vrai que grâce à ces mêmes politiciens lobbyistes de l’«Economie» on a, depuis, signé le traité de libre-échange avec l’Indonésie et que nos paysans attendent avec impatience celui avec le MERCOSUR pour nous garantir, quoi qu’il en soit un approvisionnement sûr en pesticides…
    ____________________

    «Les agriculteurs sont vent debout contre un texte visiblement rédigé en milieu urbain et qui ne tient pas compte, c’est un euphémisme, de la réalité du métier.
    Cette initiative idéalise une agriculture figée quelque part au milieu du XIXe siècle et essaye de l’appliquer telle quelle aujourd’hui.»

    Les politiciens ayant ouvert grande la voie du bétonnage de la Suisse en suivant les règles du «jeu de l’avion» oups, pardon, les souhaits d’«avenir suisse»  (libre circulation, mondialisme, accord cadre et ses iniques traités anti-paysans CETA/TAFTA en dépit des votations contre l’immigration de masse/renvois criminels) ne pensent pas à la solution qui est pourtant sous leurs yeux :
    L’agriculture qui n’aura plus accès aux nombreux pesticides cancérigènes et autres perturbateurs endocriniens aura besoin de bras, au moins avant que s’installent de nouvelles solutions mécanisées (vapeur d’eau, électricité,…). Je suis étonné que personne ne pense à solliciter la très nombreuse main d’oeuvre pourtant présente en Suisse et déjà rémunérée bien que désoeuvrée… Les bénéficiaires du système social (re)trouveraient une activité, un rythme, une réciprocité leur permettant de montrer gratitude et souhait d’intégration…

    Parce que c’est ce que nous, Suisses des familles paysannes, avons fait dans notre jeunesse et «parce qu’il n’y a point de sot métier, il n’y a que de sottes gens»

    ____________________

    «Quant aux denrées alimentaires « saines », elles viendront remplacer les poisons que chacun trouve au rayons fruits et légume frais des commerces du pays…»

    Sarcasme mis à part, savez-vous qu’une pomme «du rayon fruits» subit plus de 25 traitements chimiques et présente des résidus de pesticides dans sa chair sur 8mm ?

    ____________________

    « …les prix déjà considérables de la nourriture en Suisse… »

    D’où sortez-vous ça ?
    Les chiffres publiés partout prouvent même l’inverse :

    1) Evolution de la part du revenu consacré à l’alimentation en Suisse depuis 1900 https://www.tdg.ch/suisse/suisses-europeens-depensent-nourrir/story/10027201

    2) « L’élimination des déchets alimentaires encore comestibles, donc évitables, coûte aux ménages suisses plus de 600 francs par habitant et par an, ce qui, à l’échelle de la Suisse, représente plus de 5 milliards de francs (voir Beretta et Hellweg 2019).  » https://www.bafu.admin.ch/bafu/fr/home/themes/dechets/guide-des-dechets-a-z/biodechets/types-de-dechets/dechets-alimentaires.html

    3) En comparaison des pays voisins me rétorquerez-vous peut-être ? Même pas :
    «la différence de salaire entre des villes comme Paris et Zurich est d’environ 60% en moyenne, on peut en conclure que le pouvoir d’achat est en moyenne beaucoup plus élevé pour les personnes qui travaillent à Zurich que pour celles qui travaillent à Paris. Ainsi, si le coût de la vie reste élevé, la Suisse reste beaucoup plus intéressante que la plupart des pays de l’Union européenne.»
    https://www.travailler-en-suisse.ch/cout-vie-en suisse.html#Comparaison_internationale_du_cot_de_la_vie

    Mais ne dit-on pas que lorsque on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage ?

  4. Posté par antoine le

    J’ai également voté 5 fois NON !
    Ne nous laissons pas manipulé par des arguments fallacieux et soit-disant pour notre bien … !!
    Et le bien de notre économie et de mon porte-monnaie !!

  5. Posté par Jean-Francois Morf le

    Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément.
    Ce qui se conçoit mal s’énonce juridiquement et les mots pour le dire arrivent traduits de l’allemand.
    Le petit livre rouge de 144 pages a été rédigé par des juristes incapables de penser clairement, et leurs élucubrations juridiques seront impossibles à appliquer. Je voterais:
    NON NON NON NON NON

Et vous, qu'en pensez vous ?

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