Le journaliste Eric Felley sous enquête pénale

Le journaliste du matin.ch a violé la paix des morts, ce qui lui vaut aujourd’hui d’être prévenu pour diffamation par le Ministère public du canton du Valais.

L’affaire remonte à décembre 2018. Le 24 décembre, pour être précis. Le jour du réveillon de Noël. La veille, on célébrait les obsèques de l’épouse du vigneron Dominique Giroud, tragiquement décédée quelques jours plus tôt. Cinq enfants venaient de perdre subitement leur maman. Un malheur privé qui aurait dû rester privé et échapper à toute récupération partisane. Aucun journaliste digne de ce nom ne s’est d’ailleurs aventuré à écrire sur un sujet n’ayant tout simplement aucun intérêt public.

Sauf Eric Felley. Sa haine notoire de Dominique Giroud l’a motivé à prendre sa plume pour rédiger ce jour-là, sur le site lematin.ch, un vil article faisant l’amalgame entre la défunte et les démêlés fiscaux de son mari. La manière de rédiger est sournoise, faite d’allusions et de questions convergeant toutes vers la même interrogation : Mme Giroud avait-elle, de son vivant, été la complice de son mari ?

La réponse est connue de tout journaliste qui a suivi le dossier, dont Eric Felley. Elle figure noir sur blanc dans les documents officiels, émis par l’administration fiscale fédérale, qui circulent dans toutes les rédactions romandes. Elle est simple et univoque : Mme Giroud ne savait pas, elle n’était « pas coauteur ou complice » des irrégularités constatées. Elle a été intégralement blanchie par les enquêteurs.

Disculpée par le fisc, mais soupçonnée par Eric Felley, s’arrogeant le droit de mettre en doute la probité d’une défunte, la veille de Noël, deux jours après ses funérailles. En première instance, le Ministère public a reconnu que « les écrits d’Eric Felley » étaient « aussi inadéquats que déplacés, voire irrespectueux », mais a considéré que cela ne suffisait pas à justifier l’ouverture d’une enquête pénale pour diffamation contre le journaliste. Il a donc décidé de classer la plainte.

Sur recours, dans une décision du 19 juin 2020, publiée le 12 août 2020 sur le site droitpenal.ch (https://www.droitpenal.ch/show_atf.php?tcvd=43969), le Tribunal cantonal est parvenu à une tout autre conclusion : dans son article, Eric Felley a « accusé [la défunte] d’avoir contribué à dissimuler au fisc des sommes très importantes, quand bien même l’[Administration fédérale des contribution] avait conclu […] qu’elle n’était ni co-auteure, ni complice » des irrégularités reprochées à son époux. »

Tout porte à croire, poursuit le Tribunal cantonal, que de tels propos sont « constitutifs d’une atteinte à l’honneur pénalement répréhensible, de sorte que c’est à tort que le Ministère public n’est pas entré en matière sur la plainte de Dominique Giroud et de ses enfants. » Le dossier repart donc au Ministère public, à qui le Tribunal cantonal ordonne d’ouvrir une instruction contre le journaliste Eric Felley.

Comme le rappelle le Tribunal cantonal dans son écriture, il y a atteinte à l’honneur, et par conséquent diffamation, dès lors qu’un journaliste jette sur une personne « le soupçon d’avoir eu un comportement contraire aux règles de l’honneur ou qu’il propage – même en citant sa source ou en affirmant ne pas y croire – de telles accusations ou de tels soupçons. » Dans ce contexte, on voit mal qu’Eric Felley échappe à une sévère condamnation pénale, qui viendra s’ajouter à l’opprobre d’avoir, pour le pur plaisir de nuire à autrui, violé la paix d’une défunte.

Après une telle bavure médiatique, il faut se pincer au moment de lire le « Classement de la qualité des médias 2020 », qui a été publié le 14 septembre 2020 (https://www.mqr-schweiz.ch/files/mqr/pdf/CQM-20_Sommaire_Web_FR.pdf), et qui place le matin.ch en tête dans la catégorie « tabloïds et journaux gratuits ». En revanche, personne ne sera surpris que Le Temps ne soit le titre qui dégringole le plus toutes catégories confondues, alors que Le Matin Dimanche se trouve également sur le déclin. Le presse romande mainstream a du souci à se faire pour son avenir.

La rédaction, 15.09.2020

Ndlr. Au journal Le Matin.ch , son journaliste Eric Felley est un habitué de la diffamation des médias qui ne sont pas de gauche  et notamment de notre site LesObservateurs.ch; il est en cela rejoint par exemple par Le Matin Dimanche. Petit rappel  : ici, ici, ici, etc.