L’hystérie médiatique autour de la P-26

Jacques-Simon Eggly
Jacques-Simon Eggly
Ancien Président des Suisses de l'étranger, ancien CN, journaliste

L’hystérie médiatique autour de la P-26

 

Le jeudi 21 décembre, la Télévision Suisse romande, sur la première chaîne, a diffusé son émission phare <Temps Présent>. Elle était consacrée, cette fois, à l’affaire de la P-26, cette organisation secrète de défense dont la découverte, en 1990, avait déclenché une tempête politique et médiatique. Les Médias s’étaient immédiatement déchainés . Certes, la découverte avait de quoi déconcerter et inquiéter. Une organisation secrète, dont l’idée figurait dans un rapport sur la sécurité qui avait été discuté au Parlement; mais dont ni l’existence réelle, ni la structure, ni le fonctionnement n’étaient connus; sinon du Chef de l’Etat major général et de cinq parlementaires dont l’auteur de ces lignes. On peut penser, avec le recul, qu’une base juridique plus claire et un endossement politique plus solide bien que discret eussent été préférables. Mais le secret était évidemment essentiel.

 

Dans la suite de l’émotion qu’avait soulevée l’affaire des fiches, il n’en fallut pas davantage pour que les Médias se fissent l’écho des suppositions les plus folles et en rajoutassent en feuilleton. Un groupe secret de vrais fasciste, en tout cas de gens d’extrême droite prêts à neutraliser la gauche socialiste, voire à fomenter un Coup d’Etat: bref des ennemis viscéraux de la démocratie....

 

 

En fait, il s’agissait tout simplement de quelque quatre cents volontaires, citoyens hautement honorables et bien implantés dans leur vie civile, qui avaient accepté de constituer une équipe de cadres, formés et exercés; lesquels auraient précisément encadré un mouvement de résistance en cas d’invasion et d’occupation du pays par les troupes d’un ennemi totalitaire. Ce scénario postulait, bien sûr, la perte de maitrise de nos autorités légitimes et de notre armée sur le territoire suisse. Il ne s’agissait de rien de moins mais de rien de plus.

 

Diffamés, blessés dans leur coeur de patriotes et de démocrates engagés, les membres de la P-26 ont dû garder le silence durant des années, selon le serment qu’ils avaient prêté d’observer le secret. Il n’en ont été libérés que récemment, ce qui leur permet enfin de témoigner. Un livre sérieux et honnête, intitulé <le faux scandale de la P-26>, leur avait déjà fait du bien. Tout avait été remis dans le contexte de la guerre froide et des menaces réelles de guerre en Europe.

 

 

Et voici que l’émission <Temps Présent> a diffusé une enquête elle aussi sérieuse et honnête, mettant les choses en perspective, rappelant le contexte et donnant la parole à des membres de cette Organisation. La logique et la légitimité (à défaut peut être d’une précaution légale suffisante) ont été mises en évidence. Surtout, les membres de la P-26 apparaissent tels qu’ils étaient et qu’ils sont: des patriotes, des démocrates motivés, prêts à donner leur vie pour la défense de notre indépendance, de nos institutions, de nos valeurs en cas d’agression par un ennemi totalitaire. Leur mérite et leur honneur sont enfin reconnus.

 

 

Reste une question. Les journalistes qui, à l’époque, sont tombés dans une sorte d’hystérie accusatrice, sans précaution intellectuelle font-ils aujourd’hui leur examen de conscience? Se posent-ils des questions indispensables sur les conditions éthiques et professionnelles d’un bon journalisme d’investigation, sur la capacité de mettre en perspective que l’on attend de commentateurs et d’analystes rigoureux. L’effet de surprise ne saurait excuser les manques observés à cet égard. Finalement, dans l’histoire de cette crise dite de la P-26, cette question est peut être celle qui devrait être la plus retenue.

 

Jacques-Simon Eggly, 23.12.2017

 

8 commentaires

  1. Posté par Topio le

    J’abonde dans le sens de JLC : Jacques-Simon Eggly tait les liens entre la P26 et le réseau Stay-Behind de l’OTAN. Celui-ci est très fortement suspecté d’avoir participé à des actions terroristes en temps de paix en Belgique (tueurs du Brabant), en Italie (attentat de la gare de Bologne) et en Allemagne (attentat de la Fête de la bière). Difficile, il est vrai, de se présenter après en bon démocrate.

  2. Posté par JLC le

    Merci d’avouer votre participation aux réseaux ” STAY-BEHIND de la CIA .
    Je vous rappelle que vos camardes des réseaux frères ont fait de belles saloperies au nom du combat contre le communisme. En tant qu’ italo-suisse, je vous remercie de ne pas voir massacré des gens innocents comme mes compatriotes du GLADIO l’ont fait… mais bon, le temps passe . la Russie est de retour, les états-unis nous ont castré du secret bancaire et l’UE nous étouffe!!!
    Nos amis d’hier ne le sont plus…

  3. Posté par Jacques le

    Il est évident que pour ces journalistes gauchistes, le P26 aurait dû être plus transparent. Ses membres auraient dû se déplacer dans des wagons portant l’indication “Réservé aux agents secrets”.

  4. Posté par Dominique Schwander le

    Après avoir désinformé et manipulé le peuple suisse pour détruire une structure indispensable à la Défense de notre Etat-nation, ces mêmes médias de gauche sans conscience et sans patriotisme, font un hypocrite méa-culpa en cherchant en priorité à créer le scoop de la semaine pour faire croire aux citoyens qu’ils sont des investigateurs impartiaux et que cela vaut la peine de payer des centaines de francs pour Billag, plutôt que de choisir quelle chaîne particulière regarder et payer pour celle-ci, évidemment seulement si cela en vaut chaque fois la peine, comme par exemple avec Netflix.

  5. Posté par JeanDa le

    Pourquoi trouvé-je dans une grande partie des articles de LES OBSERVATEURS de nouvelles raisons de voter OUIIIII à NO-BILAG ?
    Pour les journaux, pas besoin de vote, il suffit de ne plus les acheter.

  6. Posté par Hans C. le

    Dommage que cette organisation ait été dissoute. En effet, les conditions sont aujourd’hui requises pour qu’une telle organisation entre en action :
    – “Un mouvement de résistance en cas d’invasion” (Invasion il y a) ;
    – “Un ennemi totalitaire” (l’UERSS) ;
    – “Perte de maîtrise de nos autorités légitimes” (c’est-à-dire des nullités et lâches du CF).

  7. Posté par Loulou le

    Comme quoi une majorité de journalistes étaient déjà à l’époque des militants d’extrême-gauche crachant sur la liberté.

  8. Posté par Antoine le

    Je cite : ”Se posent-ils des questions indispensables sur les conditions éthiques et professionnelles d’un bon journalisme d’investigation” ?
    Les journaleux de l’époque (1990) et ceux d’aujourd’hui ne vont JAMAIS se poser cette question ! Leurs journaux respectifs n’est bon qu’à du papier ”Q”.
    Il y a encore quelques RARES journalistes d’investigation … très minoritaires.
    La gôche, toujours la gôche … on en a marre de la désinformation.
    Je voterai OUI à no billag !

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