Le décor. La République du Tessin, petit Canton pauvre de la Confédération helvétique, jadis rural et étape du tourisme chic, dans les années 50, du temps du train wagon-lit direct Londres–Venise.
Depuis peu le Tessin possède un pôle universitaire et vise la haute technologie au lieu d’un tourisme incertain et d’une agriculture chancelante, mais il est aux prises tant avec des problèmes d’emploi qu’avec le nombre de travailleurs frontaliers.
Le fait. Brissago est un petit bourg charmant sur la rive ouest du Lac Majeur et aussi poste-frontière entre la Suisse et l’Italie, et possède un centre de rétention de migrants.
Il y a quelques nuits, la police est appelée pour une bagarre entre migrants.
Un troisième individu S.K. (38 ans) fait irruption en brandissant deux couteaux, un policier tire et tue l’agresseur.
Le chœur des pleureuses
Le Conseiller d’État Norman Gobbi, directeur du Département des Institutions, et le Commandant de la police tessinoise, Matteo Cocchi, expriment «leur confiance aux agents et au corps de police» (la population aussi !) et ils «soutiennent publiquement tous les hommes de la police cantonale avec proximité maximale et soutien à l’agent concerné». Aucune «mesure» n’a été prise à l’encontre de cet agent.
Acte deux.
Au Sri Lanka, la famille, très nombreuse, apprend que S.K., “qui est leur chef de famille”, a été abattu et se rend à l’ambassade de Suisse pour demander des comptes et exiger que justice leur soit rendue car… ils l’ont envoyé travailler en Suisse pour les entretenir… et maintenant, qui prendra soin d’eux ? Lors de ses communications téléphoniques, il disait même qu’il travaillait… (ça c’est à examiner et qui paie le téléphone et les communications avec les antipodes ?)
“Nous avons perdu la personne qui nous permettait de vivre. Nous demandons justice.”
Décryptage : Ce «groupe familial» a envoyé l’un des leurs pour venir travailler en Suisse, comme cela se fait vers les pays du Golfe, et les entretenir.
De mon expérience faite avec un jeune Pakistanais, appelons-le Karim, que j’ai hébergé pendant 3 mois pour lui permettre de suivre un stage de “moniteur de randonnée” offert par le Club Alpin Suisse, je déduis que :
– “Ces gens” n’ont aucune idée de comment fonctionne la Suisse.
– Ils ne savent pas que le peuple suisse a voté contre l’immigration de masse, que donc les migrants ne sont pas bienvenus comme chez mamy Merkel et que la loi pour l’expulsion des délinquants étrangers est de plus en plus appliquée.
– Ils ne savent pas que pour entrer en Suisse, les ressortissants de la plupart des pays étrangers ont besoin d’un visa, que pour y travailler, il faut un permis de séjour, un permis de travail, un emploi, un contrat de travail, des diplômes reconnus, le respect des lois parmi lesquelles celle sur le travail, etc. Tout cela est très compliqué et très réglementé.
– Ils ne savent pas qu’il faut connaître la langue (italienne en l’occurrence) et que baragouiner un peu d’anglais ne sert à rien.
– Ils ne savent pas qu’ils ne peuvent pas se déplacer librement et que la frontière de l’Angleterre (où on parle l’anglais) leur est fermée. L’Angleterre ne les veut pas !
L’ami pakistanais Karim vivait avec sa famille dans un petit village de montagne ; quand il avait besoin d’argent, il allait tout simplement faire n’importe quel boulot en ville et, dès qu’il en avait assez, il rentrait tranquillement chez lui. “No problem.”
Un autre Pakistanais qui avait un diplôme de médecin n’a jamais accepté qu’en Suisse, pour pouvoir exercer la profession de médecin, il faut un diplôme agréé par les autorités suisses, d’où frustration, humiliation, rancœur et radicalisation anti-occidentale. De la part d’un clandestin c’est quand même un peu fort de café !
Il faut aussi expliquer à ces gens ce que signifient «des impôts» et un “contribuable” et que, quand un “migrant” passe la frontière, il n’a pas été invité, il est en effraction, il est interné dans une structure où il est logé, blanchi, nourri, soigné, suivi par un éventail de professionnels – mais tout ça coûte cher et se paie. Par qui ? Par le contribuable.
Quand la police est appelée pour une bagarre entre migrants, cela coûte et qui paie ? Le contribuable.
Quand il y a un mort, cela signifie un tas de paperasses, la morgue, l’incinération, etc. Qui paie tout cela ? Le contribuable.
Et, que ce soit bien clair : le contribuable ne veut pas payer des impôts pour payer tout ça.
Au pays d’origine ils réclament la dépouille de leur parent décédé ? Fort bien, mais combien coûte un cercueil règlementaire pour voyager ? Combien coûte le voyage et qui paie ?
Dans le cas qui nous occupe, maintenant que la famille s’est fait connaître, nous savons à qui adresser les factures, mais s’ils sont si pauvres qu’ils envoient l’un des leurs pour venir travailler chez nous ; vont-ils avoir de quoi payer ?
Ce qui est déjà très cher pour nous devient monstrueusement cher pour ces gens qui n’ont rien.
Suggestion : Ces gens ne savent rien de l’organisation de nos pays. Je suggère donc à nos gouvernements que nos ambassades publient dans les pays du Tiers-Monde des spots télé pour expliquer qu’ils n’ont aucune chance, que le saint ne vaut pas la chandelle et qu’à la limite cela va leur coûter la peau des fesses non seulement pour partir de chez eux, mais aussi pour y revenir bredouilles, les mains plus vides qu’au départ. Cela nous coûterait moins cher et ce serait plus honnête à leur égard.
J’ai relaté mon expérience dans mon livre Des raisins trop verts ou les déconvenues des migrants et l’ai mis à disposition…
https://atelier-ca-della-fiola.blogspot.ch/p/des-raisins-trop-verts.html
De plus en plus de personnes ont été, sont et seront, confrontées avec le problème des migrants. Avec moi ça s’est passé comme ça : le séjour avait été organisé scrupuleusement, sous les meilleurs auspices, tout d’abord cela a été l’émerveillement réciproque, ensuite «l’allochtone» prend conscience de la difficulté de vivre en Occident, très rapidement il devient déçu, humilié, rancunier, agressif car il n’arrive pas à s’adapter à une civilisation trop différente de la sienne et… il se radicalise anti-occidental… Mon ami Karim qui était venu pour 3 mois a été soulagé de pouvoir rentrer chez lui, mais tous les autres qui n’osent pas rentrer chez eux car ce serait la honte s’ils devaient avouer leur échec, qu’allons-nous faire de tous ces gens ?
Si, dès qu’il avait été arrêté sur le sol suisse, le malheureux S.K. avait été mis dans un avion et ramené chez lui, le drame aurait été évité et il aurait pu expliquer à ses compatriotes que l’immigration illégale ne fonctionne pas.
Conclusion : La très grosse erreur c’est de ne pas leur dire la vérité et je ne vois pas comment on va pouvoir la résoudre.
Anne Lauwaert