Syrie – Le dossier de ‘LesObservateurs.ch’

   
Michel Garroté - C'est un épais dossier que je publie ci-dessous. Elijah J. Magnier analyse les trois sujets suivants : "Les choses ne sont pas toujours ce qu’elles ont l’air d’être" ; "Le plan de démantèlement du Kurdistan" ; "Qu’en est-il d’ISIS ?". De son côté, Moon of Alabama se pose la question : "Qui l’emporte dans l’accord turco-russe ?". Et enfin, Samia Medawar analyse les structures tribales syriennes : "Le rôle des tribus en Syrie ?". Ces cinq sujets sont d'une actualité brûlante. Et pourtant, ils ne sont pas analysés - de façon rigoureuse - par les journaleux fumistes de nos médias occidentaux classiques.
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1- Les choses ne sont pas toujours ce qu’elles ont l’air d’être :
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Elijah J. Magnier écrit notamment (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Poutine et Erdogan se sont mis d’accord sur une feuille de route restreinte en Syrie, les Kurdes et al-Nosra seront les principaux perdants. Pendant leur rencontre à Saint Petersbourg et les autres entretiens qui l’ont suivie, plus un échange de visites entre militaires de haut rang, la Russie et la Turquie se sont mises d’accord sur le rôle que les forces turques pourraient se voir offrir en Syrie, dans le cadre de paramètres spécifiques susceptibles de servir les intérêts des deux côtés, à condition que les limites  fixées soient respectées et que des garanties soient données par les deux parties.
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Les détails concernant la présence et le déploiement des forces turques sur le terrain ont fait l’objet de leurs discussions, y compris ce que chacun des côtés pourrait offrir pour déjouer le plan US de division de la Syrie, plan qui consistait à aider les Kurdes a établir un « état » désigné sous le nom de Rojava, censé s’étendre du nord-est au nord-ouest de la Syrie, avec une présence militaire US permanente sur son sol. Durant les cinq ans de guerre, Washington a toujours rejeté la demande d’Ankara de créer une zone d’exclusion aérienne (« no fly zone ») de 40 km de long et de 110 km de large, au-dessus de sa frontière avec la Syrie.
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Mais la Turquie se considérait en position de force pour imposer sa volonté aux USA, indirectement accusés d’avoir soutenu le coup d’État manqué de juillet dernier, qui a failli coûter la vie au président Recep Tayyib Erdogan. Le président turc choisit d’accuser son opposant politique Fetullah Gülen, qui réside aux USA, d’avoir comploté contre lui, plutôt que d’accuser explicitement l’administration US qui, jusqu’à présent, a toujours refusé de remettre Gülen à Erdogan.
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Les conversations de Poutine avec Erdogan ont mis fin à l’hostilité entre les deux pays qu’avait provoqué l’épisode du Su-24 abattu l’an dernier par les Turcs, à la frontière turco-syrienne. C’était le premier pas nécessaire pour permettre à l’armée turque et à ses alliés en Syrie d’entrer en territoire syrien sans être attaqués par la force aérienne russe basée en Syrie ou par ses missiles S-400, déployés pour braver et chasser tout jet turc venu soutenir les forces combattant au sol à l’intérieur du territoire de la Syrie.
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La Russie a décidé de reconnaître le bien-fondé de l’intervention turque destinée à arrêter les forces kurdes connues sous le nom d’YPG (Unités de Protection du Peuple), qui avaient pris le contrôle de Manbej après avoir défait le groupe de l’« État Islamique » (acronyme : ISIS), et qui se trouvaient aux portes de Jarablus, se dirigeant sur Azaz pour atteindre Afrin.
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Nous republions une analyse compilée par Elijah J. Magnier [Correspondant en chef international de Al Rai, ancien correspondant de guerre et analyste du Moyen Orient] relative à l’incursion turque en Syrie dans une perspective qui tient compte des récents accords russo-turcs. Bien que nous ne puissions prouver [et par conséquent confirmer] tous les points de cette analyse, nous considérons cependant qu’elle est, par certains aspects, très intéressante et utile. Poutine et Erdogan se sont mis d’accord sur une feuille de route restreinte en Syrie, les Kurdes et al-Nosra seront les principaux perdants
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Pendant leur rencontre à Saint Petersbourg et les autres entretiens qui l’ont suivie, plus un échange de visites entre militaires de haut rang, la Russie et la Turquie se sont mises d’accord sur le rôle que les forces turques pourraient se voir offrir en Syrie, dans le cadre de paramètres spécifiques susceptibles de servir les intérêts des deux côtés, à condition que les limites  fixées soient respectées et que des garanties soient données par les deux parties. Les détails concernant la présence et le déploiement des forces turques sur le terrain ont fait l’objet de leurs discussions, y compris ce que chacun des côtés pourrait offrir pour déjouer le plan US de division de la Syrie, plan qui consistait à aider les Kurdes a établir un « état » désigné sous le nom de Rojava, censé s’étendre du nord-est au nord-ouest de la Syrie, avec une présence militaire US permanente sur son sol. Durant les cinq ans de guerre, Washington a toujours rejeté la demande d’Ankara de créer une zone d’exclusion aérienne (« no fly zone ») de 40 km de long et de 110 km de large, au-dessus de sa frontière avec la Syrie.
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Mais la Turquie se considérait en position de force pour imposer sa volonté aux USA, indirectement accusés d’avoir soutenu le coup d’État manqué de juillet dernier, qui a failli coûter la vie au président Recep Tayyib Erdogan. Le président turc choisit d’accuser son opposant politique Fetullah Gülen, qui réside aux USA, d’avoir comploté contre lui, plutôt que d’accuser explicitement l’administration US qui, jusqu’à présent, a toujours refusé de remettre Gülen à Erdogan.
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Les conversations de Poutine avec Erdogan ont mis fin à l’hostilité entre les deux pays qu’avait provoqué l’épisode du Su-24 abattu l’an dernier par les Turcs, à la frontière turco-syrienne. C’était le premier pas nécessaire pour permettre à l’armée turque et à ses alliés en Syrie d’entrer en territoire syrien sans être attaqués par la force aérienne russe basée en Syrie ou par ses missiles S-400, déployés pour braver et chasser tout jet turc venu soutenir les forces combattant au sol à l’intérieur du territoire de la Syrie.
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La Russie a décidé de reconnaître le bien-fondé de l’intervention turque destinée à arrêter les forces kurdes connues sous le nom d’YPG (Unités de Protection du Peuple), qui avaient pris le contrôle de Manbej après avoir défait le groupe de l’« État Islamique » (acronyme : ISIS), et qui se trouvaient aux portes de Jarablus, se dirigeant sur Azaz pour atteindre Afrin.
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2- Plan de démantèlement du Kurdistan :
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Ankara s’est engagé à pourchasser ISIS le long de la frontière syrienne avec la Turquie et à empêcher les Kurdes de s’établir le long de cette frontière. La Russie a accepté l’incursion turque en territoire syrien à cause de l’hostilité déclarée des Kurdes envers le gouvernement de Damas, après que l’YPG ait attaqué et expulsé l’armée syrienne du centre-ville d’al-Hasakah vers les faubourgs, avec le soutien de l’aviation US, indication claire de l’intention d’entreprendre la partition de la Syrie. La Russie prend ainsi position contre un état kurde sous férule US dans la nouvelle base méditerranéenne du Kremlin : la Syrie. Les Kurdes, qui ont joui du soutien de Damas pendant ces cinq ans de guerre, croient que la rébellion n’a pas éclaté en vain, qu’elle faisait partie d’un plan pour démanteler la Syrie.
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La Russie comprend que les USA répugnent à exercer une influence sur leurs alliés au Moyen Orient pour qu’ils donnent ordre à leurs « délégués » en Syrie de se tenir à l’écart du groupe (ex) al-Nosra (al-Qaïda à Sham, nouvellement ré-étiqueté Jabhat Fateh al-Sham). La Turquie a fait savoir qu’elle était d’accord pour collaborer et ordonner à beaucoup de groupes rebelles qu’elle influence directement de rejeter l’unification, d’éviter la fusion proposée par al-Nosra et de prendre leurs distances d’avec les djihadistes, principalement dans la ville d’Alep au nord. Ces groupes reçoivent leur équipement logistique, financier, militaire, médical, leurs traitements médicaux et hospitalisations, l’accès au territoire et les renseignements secrets dont ils ont besoin de leurs sponsors au Moyen-Orient : le tout et toujours via la Turquie.
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En fait, beaucoup de ces groupes rebelles ont répondu à l’injonction d’Ankara d’attaquer ISIS et les territoires contrôlés par les Kurdes dans le nord de la Syrie, et ils se sont retirés des environs d’Alep pour rejoindre l’armée turque. D’autres ont exprimé la conviction que« continuer à se battre dans Alep est un objectif inutile ». Des groupes comme ceux de Nureddine Zinki, Faylaq al-Sham, Firqat Halza, Sultan Mourad et Istaqem kama Umert ont tous quitté le front d’Alep et rejeté l’union avec (ex)-al-Nosra ainsi qu’avec un des groupes islamistes les plus importants du nord, Ahrar al-Sham dont la direction est divisée sur ce point particulier. Ces groupes ont fini par recracher la promesse qu’ils avaient faite à (ex) al-Nosra de former ensemble un seul groupe si al-Nosra rompait ses liens avec Qaidat al-Jihad à Khorasan, ce qu’al-Nosra a fini par faire, mais sans obtenir l’union promise et la fusion désirée.
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De plus, la Turquie a montré sa capacité à changer la politique qu’elle poursuit de longue date à l’égard de Damas. Le Premier ministre, Binali Yildirim, a déclaré : « le président Bachar al-Assad peut être un partenaire dans cette phase de transition ». Le désaccord tactique sur l’avenir d’Assad à la tête de son pays reste une question en suspens, donc non résolue, dont la Russie estime que la solution revient de droit au peuple syrien. La Turquie est d’accord pour éviter tout contact ou affrontement avec l’armée syrienne, en soutien des rebelles et des djihadistes, principalement autour d’Alep. Ceci laisse (l’ex) al-Nosra pratiquement seul, avec quelques groupes mineurs, autour d’Alep, de Ramouseh et des académies, offrant ainsi une cible parfaite aux forces aériennes russes et US, si ces dernières veulent agir de concert, puisque les djihadistes sont isolés sur ce front.
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La Turquie a réussi à obtenir la bénédiction de Washington sur l’engagement de ses forces en Syrie, après cinq ans d’atermoiements et de refus sur la « no-fly zone » si désirée. Erdogan, tenant ferme le manche du rasoir, faisait chanter les États-Unis, inquiets de voir le président turc tomber dans les bras de la Russie, ce qui eût représenté une menace pour l’OTAN. Les USA avaient intérêt à le contenter, de sorte que l’attention soit détournée du rôle qu’il affirme que les USA ont joué et ne sont pas loin d’avoir orchestré dans le putsch de juillet dernier.
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Moscou a informé Damas du plan turc, quoi qu’en disent les démentis et les protestations que son ministre des Affaires étrangères a exprimées pour la façade contre l’intervention des forces turques sur son territoire. La Turquie faisait officiellement usage de son droit de« poursuivre les Kurdes du PKK, selon l’accord d’Adana de 1999 signé avec Damas ». En outre, la Turquie chassait ISIS du nord de la Syrie, région où ni Damas ni aucun de ses proches alliés sur le terrain ne souhaitaient s’engager dans un avenir prévisible. La Russie a bien conscience que ni l’armée syrienne ni les « délégués » de l’Iran (Afghanistan, Pakistan, Irak) ni le Hezbollah n’ont l’intention de pousser leurs forces vers Jarablus, al-Bab ou même Raqqah, camp retranché d’ISIS.
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La Russie a fait savoir clairement à la Turquie qu’elle ne tolérerait aucune violation de l’accord et aucune escarmouche avec l’armée syrienne, en traçant soigneusement les limites à ne pas dépasser, et elle a promis que sa force aérienne n’hésiterait pas à frapper l’armée turque ou ses « faisant fonction » en cas d’infraction de ce genre. La Russie a conseillé à la Syrie d’éviter toute objection officielle et tout dépôt de plainte devant le Conseil de Sécurité des Nations Unies, quant à la présence de troupes turques sur son territoire. La Turquie protège des intérêts nationaux, empêche une partition de la Syrie, un possible soulèvement kurde à l’intérieur et un état Rojava à sa frontière, tout en empêchant une future implantation permanente de l’armée US en Syrie.
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Moscou a dit à Damas « la Turquie est partante pour rogner les ongles des pieds aux Kurdes, qui s’imaginent que les USA disposent d’une baguette magique capable de leur offrir un état en Syrie sans que personne soulève la moindre objection. L’YPG n’a aucune expérience préalable des armées américaines et de leur capacité à abandonner leurs protégés. L’YPG ne sait pas qu’elles l’abandonneront quand leurs intérêts en Turquie prévaudront, quoique les Kurdes aient laissé des centaines des leurs sur le champ de bataille dans la lutte contre ISIS ».
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Il est clair qu’aucun cessez-le-feu n’est possible en Syrie sans l’intervention directe des pays impliqués depuis cinq ans dans la guerre, sans qu’ils s’accordent pour imposer une solution générale et sans que toutes les forces soient réunies contre les djihadistes et tout ce qui fait obstacle à la paix, ISIS compris. La Turquie n’a réussi à obtenir aucun succès significatif sur le champ de bataille, par l’intermédiaire de ses « délégués », si ce n’est pour prendre le contrôle d’Idlib. C’est pourquoi la présence sur le terrain de l’« authentique » (la Turquie) équivaut au limogeage de l’« agent » (la pseudo-opposition syrienne connue sous le nom de « rebelles modérés »), et pourquoi tout succès stratégique significatif contre ISIS ou l’ASL ne peut être obtenu qu’avec l’aide de l’armée turque. Aujourd’hui, dans l’arène syrienne, Ankara ne peut plus se cacher derrière ses groupes d’intérims, puisque les principaux protagonistes ont été démasqués et que leur vrai rôle est connu de tous.
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Pour ce qui est des Kurdes, qui représentent quelque chose en Syrie, il faut qu’ils obtiennent un statut proportionné, sans devenir un outil utilisé qui serve à dépecer le pays. Comme la situation en Syri change continuellement, tout pépin qui surviendrait dans l’accord russe poussera les deux superpuissances directement impliquées – les USA et la Russie – a apporter aux Kurdes le soutien nécessaire pour qu’ils entraînent la Turquie dans le bourbier syrien et pour que les complexités du conflit syrien en reviennent à leur point de départ.
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3- Qu’en est-il d’ISIS :
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Cela ne fait aucun doute : le retrait d’ISIS du nord de la Syrie, laissant le champ libre à la Turquie et à ses « délégués », libérera un grand nombre de combattants qui pourront être investis contre l’Armée Syrienne à d’autres endroits comme Kuweires ou le long du désert de Syrie. Mais ces attaques attendues. ISIS n’a pas d’autres cibles pour l’instant, occupé qu’il est à rétrécir partout, en Syrie et en Irak. À la fin du compte, la question sera : Qui va en finir avec le camp retranché d’ISIS à Raqqah, avant que ses militants se dispersent ?
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Quelqu’un, chez ceux qui prennent les décisions, m’a dit : « Damas et ses alliés n’ont pas l’intention de sacrifier un seul homme pour reprendre le contrôle de Raqqah ». Si les USA, avec tous leurs « proxies », les Kurdes et même la Turquie veulent aller frapper à la porte de Raqqah, ils sont les très bienvenus. Alep, la Syrie centrale et le nord sont beaucoup plus importants. Donc, pas question d’envoyer des soldats s’épuiser contre ISIS, qui n’a plus que ce baroud d’honneur à espérer avant d’être balayé.
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On peut donc s’attendre à ce qu’ISIS reste encore un peu là, jusqu’à ce qu’on sache mieux qui s’asseoira sur le trône à Washington. Ce qui devrait retarder la décision quant au sort du territoire encore aux mains du groupe terroriste, jusqu’après février-mars 2017, conclut Elijah J. Magnier (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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4- Qui l’emporte dans l’accord turco-russe :
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Moon of Alabama écrit notamment (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : La frontière turco-syrienne entre Azaz, Al-Ra’i et Jarablus, avec ISIS au sud, a toujours été ouverte au trafic entre les deux zones. Maintenant, l’armée turque et les forces turques par procuration des « rebelles modérés » sont passées dans la bande de terre verte côté syrien. Cela n’a pas scellé ni fermé la frontière, comme d’autres pays l’avaient demandé. Cela a simplement déplacé la frontière plus au sud. Le passage entre la zone tenue par ISIS et la zone contrôlée par les Turcs sera désormais plus facile parce que les médias n’auront pas accès à la zone. Des deals seront conclus sans qu’on le voie, le trafic sera florissant et l’argent coulera à flot.
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Il n’y a pas eu le moindre combat entre ISIS et les forces turques pour cette bande de terre. Les Turcs ont dit à ISIS de se déplacer vers le sud et ISIS l’a fait avant que les Turcs et leurs mercenaires n’arrivent. Il n’y a pas eu une seule victime turque dans la lutte contre ISIS sur la zone. Le changement de limite territoriale s’est fait, de toute évidence, par consentement mutuel. C’est ridicule de la part de certains médias d’essayer de vendre cela comme la fermeture de la frontière ou l’isolement d’ISIS. C’est tout le contraire.
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Ce mouvement turc avait pour but principal d’empêcher les zones kurdes (en jaune) de l’est et de l’ouest de se rejoindre. Une bande de terre entièrement contrôlée par les Kurdes le long de la frontière l’aurait en effet scellée. le trafic d’ISIS n’aurait pas été autorisé à passer les points de contrôle kurdes. La Turquie va probablement essayer d’annexer la zone qu’elle a prise. Elle projette de construire des nouvelles villes du côté syrien pour abriter les réfugiés actuellement dans des camps en Turquie. La Turquie pourrait ainsi se décharger d’un gros fardeau que sa guerre contre la Syrie lui a mis sur le dos.
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La Russie et l’Iran ont accepté que la Turquie s’installe dans cette zone en échange de sa promesse de cesser son soutien à l’attaque contre la ville d’Alep. Il est encore trop tôt pour savoir si la Turquie à l’intention de tenir sa promesse. Une partie des combattants turcs par procuration impliqués dans l’attaque d’Alep ont été ramenés à l’arrière et déplacés vers la bande frontalière occupée aujourd’hui par la Turquie. Mais le soutien matériel à l’attaque sous forme de munitions et d’autres fournitures semble se poursuivre.
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Deux analystes respectables pensent que l’accord, même s’il n’est pas idéal, est toujours à l’avantage de la Russie et de la Syrie. Elie Magnier dit que la politique russe en Syrie est comme une poupée Matriochka, composée de poupées qui rentrent les unes dans les autres. La plus perfectionnée de ces poupées a 50 niveaux d’imbrication pour un total de 51 poupées. Selon Magnier : Poutine semble avoir sorti sa première poupée Matriochka en bombardant les ennemis de Damas en septembre dernier. Il a sorti la seconde poupée en acceptant un cessez-le-feu. Puis il a sorti une troisième poupée en aidant à assiéger Alep la première fois. Il a très habilement sorti la quatrième en soutenant Erdogan et en donnant son accord – avant Obama – pour que les troupes turques pénètrent en Syrie en toute sécurité.
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Si la Turquie ne tient pas ses engagements, ou si les États-Unis tentent un mauvais coup, on verra apparaître une des 47 poupées restantes sous forme d’un nouveau plan russe. Voilà l’avis de Raphaël Lebrujah sur Mediapart concernant l’accord turco-russe : Poutine vient de jouer un coup de maître. En effet, en plus d’avoir obtenu de nombreux avantages de la part d’Erdogan, il vient de jeter la Turquie, un vieil adversaire, dans l’enfer syrien. Erdogan s’est laissé emporter par son obsession, la lutte contre les kurdes.
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La Russie a réussi l’exploit de faire d’une pierre trois coups contre trois adversaires du régime : les Kurdes, les islamistes syriens et la Turquie. En déstabilisant les relations à l’intérieur de ces trois acteurs et en les jetant les uns contre les autres, c’est un coup de maître. Mieux, les américains semblent divisés entre les pro-turcs et les pro-kurdes. En effet, la CIA et les politiques américains apparaîtraient plus proches des intérêts turcs et le pentagone, de celui des Kurdes.
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Économiquement la Russie gagne en ouvrant à nouveau le commerce avec la Turquie. Les Islamistes « modérés » qui sont dans la nouvelle zone turque sont maintenant séparés des groupes d’Al-Qaïda qui sont autour d’Alep. Les Turcs et les Kurdes en Syrie seront occupés à se battre entre eux pour un bon moment. Et la Russie peut utiliser les Kurdes contre la Turquie si Erdogan lui joue des tours. Des armes antichars ou anti-aériennes envoyées en contrebande dans l’est de la Turquie à travers l’Arménie désavantageraient fort l’armée turque dans sa lutte contre le PKK local. L’armée de conscription turque, déjà affaiblie par les purges qui ont suivi le récent coup, ne peut pas subir de lourdes pertes sans alarmer l’opinion publique turque.
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ISIS va continuer d’être relié à la Turquie. Mais sa puissance de combat est fortement diminuée et il est déjà en train de repasser au mode guérilla. Il évite maintenant la plupart du temps les batailles ouvertes. Il finira par être écrasé. Toutefois ISIS peut nous réserver encore des surprises car il a du personnel très bien entraîné. Son nouveau chef militaire, Gulmurod Khalimov, est un officier des forces spéciales du Tadjikistan, qui a été très bien formé dans la lutte contre le terrorisme par des forces spéciales et des conseillers américains. Il remplace le défunt Abou Omar al-Shishani, un officier géorgien des forces spéciales tchétchènes, qui lui aussi avait été très bien formé dans la lutte contre le terrorisme par des forces spéciales et des conseillers américains. Mais regardez plutôt là-bas! Les Russes viennent juste de larguer une bombe baril ! Ici il n’y a rien à voir, rien du tout,  concut Moon of Alabama (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) .
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Haian Dukhan est doctorant au Center for Syrian Studies à l'université St Andrews en Écosse. Dawn Chatty est professeure d'anthropologie à Oxford et spécialiste des tribus au Moyen-Orient. Leurs analyses sur le rôle des "tribus" (ici le terme n'est pas utilisé au sens péjoratif) en Syrie a inspiré un artcile de Samia Medawar, article paru dans le quotidien libanais L'Orient-le-Jour, et dont je publie, ci-dessous, des extraits.
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5- Les tribus :
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Samia Medawar (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : L'une des facettes du conflit syrien les moins connues est sans doute le tribalisme, partie intégrante de la société locale. Très peu d'informations circulent en effet sur cet aspect pourtant crucial de la région, et donc des conflits qui y font rage. Si, de manière générale, la configuration tribale syrienne n'a pas évolué de manière significative depuis plus de 150 ans, les allégeances et différents moyens de subsistance de ces groupes ont en revanche considérablement changé. Par définition, l'identité des tribus syriennes, qui se trouvent des affiliations en Irak, en Jordanie, au Liban et jusqu'en Arabie saoudite, n'est pas fixe, et évolue en fonction des besoins et des réalités. Deux confédérations tribales majeures – et aux origines nobles – sont présentes au Proche-Orient : les Aneza et les Chamar, qui regroupent différents clans et tribus plus ou moins importants. Très majoritairement sunnites, ces tribus représentaient jusqu'à 2011, première année du conflit, entre 15 et 20 % de la population syrienne.
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Lorsque les troubles, puis la guerre, éclatent en Syrie, la plupart des tribus sont solidement ancrées dans la société syrienne. Certaines sont même très présentes au sein du gouvernement et des différentes administrations à travers le pays. Les Hassana, les Sbaa, les Fedaan, les Mouwwali, les Bani Khaled sont parmi les nombreuses familles à avoir des membres élus au Parlement, nommés maires, ou encore dans les différents services de renseignements et branches de l'armée. Certes, les relations entre le gouvernement syrien et les différents clans de la région n'ont pas toujours été au beau fixe. Mais la vie moderne et différents besoins poussent ces familles à la sédentarisation et donc à plus de stabilité en termes d'alliances.
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Lorsque Hafez el-Assad arrive au pouvoir au début des années 1970, il n'hésite pas à utiliser les réseaux étendus de ces familles pourtant difficiles d'accès à qui n'en fait pas partie. Assad père, puis son fils Bachar après lui, met en place de nouveaux leaders tribaux non traditionnels qui servent ses intérêts et non ceux de la tribu, ce qui, explique Haian Dukhan, doctorant au Center for Syrian Studies, à l'université St Andrews en Écosse, et travaillant sur les relations entre États et tribus, a contribué à profondément modifier la structure de ces clans.
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Dans les années 1980, Hafez el-Assad fait face à une insurrection islamiste menée par les Frères musulmans, qui comptent à l'époque des dizaines de milliers de membres. Le président syrien n'hésite pas alors à utiliser les liens tissés avec les tribus syriennes pour écraser la confrérie. En échange, il leur donne, entre autres, « le droit de suivre leurs propres lois, et de régler leurs contentieux à leur manière », c'est-à-dire selon le système traditionnel qui leur est propre, rappelle Dawn Chatty, professeure d'anthropologie à Oxford et spécialiste des tribus au Moyen-Orient. Quant aux plus petites tribus, généralement spécialisées dans l'élevage de moutons, Assad père les engage dans les services de sécurité, surtout au Liban, dans la plaine de la Békaa, leur permettant de s'enrichir et donc de resserrer les liens avec le régime de Damas et le parti Baas, ajoute la professeure. Les tribus concernées par ces faveurs vont bien entendu soutenir le régime dès le début du soulèvement en 2011.
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Déjà désunies, les tribus et les sous-groupes qui les composent se divisent alors davantage, « poussant les jeunes des tribus à perdre toute confiance en leurs leaders, et permettant l'émergence d'un nouveau leadership en contrepoids aux anciens leaders », estime M. Dukhan. Certaines prennent position avec le régime, comme les Tay (à Hassaké), les Berri (à Alep, par exemple), les Bani Ezz (très présents dans la province d'Idleb, et représentés par le parlementaire Cheikh Ahmad Darwiche), les Hadidiyine, dont l'un des membres les plus éminents n'est autre que le ministre de la Défense actuel, Fahed Jassem el-Freij, les Baqara, les Charabiyine pour n'en citer que quelques-unes.
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D'autres se rangent du côté de l'opposition et font défection. Ce fut, par exemple, le cas de l'ambassadeur syrien en Irak, Nawaf Farès, en 2012, membre des Aqidat, l'une des principales tribus du pays et de la région. L'Armée syrienne libre et les Comités locaux de coordination (CLC, important réseau de militants syriens antirégime), ainsi que les célèbres Casques blancs (secouristes) comprennent dans leurs rangs de nombreux membres de clan, comme le cheikh Abdallah Melhem, membre important du leadership de la tribu Hassana. Parmi les tribus à s'être rangées du côté de l'opposition : les Chamar, Aqidat, Mouwwali, Bani Khaled... La plupart des familles tribales sont d'ailleurs déchirées par ces prises de position ; de nombreuses milices pro et antirégime portent le même nom, qui est généralement inspiré par celui de la tribu, ajoutant encore à la confusion ambiante. La personnalité la plus importante à s'être ralliée à l'opposition politique reste Ahmad Jarba, chef bédouin de la tribu Chamar, et qui fut président de la Coalition nationale des forces de l'opposition et de la révolution (CNFOR) de 2013 à 2014. L'organisation, fondée au début de la guerre civile syrienne, réunit les principales composantes de l'opposition, dont le Conseil national syrien (CNS).
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Certains clans ont bien tenté de rester neutres et de ne prendre part à aucun affrontement, mais les circonstances en ont voulu autrement. Ainsi, les Chaaïtat, tristement célèbres pour avoir été massacrés par centaines en l'espace de quelques jours à peine par l'État islamique en décembre 2014, ont fini par se ranger aux côtés du régime ou de l'opposition pour se battre contre le groupe terroriste, notamment dans la région de Deir Ezzor. La raison principale du massacre ? Des puits de pétrole et d'eau contrôlés par les Chaaïtat, et que l'EI cherchait à s'approprier. D'autres clans, comme les Baqara, les Charabiyine, les Chamar, rejoignent divers groupes anti-EI et/ou antirégime, comme la Nouvelle armée syrienne (NAS, non islamiste et entraînée par les Américains et les Britanniques), l'ASL, les Forces démocratiques syriennes (FDS, arabo-kurdes), des milices armées à l'instar de Liwaa Thouwwar al-Raqqa, etc.
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En revanche, certaines tribus n'hésitent pas non plus à s'allier à l'EI, par obligation, mais également par opportunisme, bien plus que par conviction. Il reste néanmoins difficile de savoir quels sont les chiffres réels, en raison du chaos généré par le conflit et dont les différents bilans restent approximatifs. Mais l'importance du système tribal n'est pas à négliger, et les différentes puissances régionales et occidentales ont à plus d'une reprise tenté de rallier ces clans afin de réduire, sinon stopper, les violences et de combattre l'EI. Si les pays de la région comme l'Arabie saoudite et la Jordanie financent certains groupes en fonction de leurs appartenances tribales et autres affiliations, les Occidentaux n'ont toutefois pas su vérifier la véracité des informations recueillies sur ces tribus et donc profiter de leurs réseaux.
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« Je suis tombé une fois sur un article du quotidien britannique The Independent daté de juillet 2015 et dont le titre fait référence à des discussions secrètes entre des leaders occidentaux et des leaders de tribus syriennes à Genève », raconte Haian Dukhan. « Entre autres, était mentionné Ayid el-Outaifi, du clan Outayfiat de Palmyre, et appartenant à la confédération tribale Aneza. Sauf que je n'ai jamais entendu parler de ce clan. J'ai enquêté et posé des questions à mes contacts au sein de la confédération Aneza, et personne n'en a entendu parler non plus. » Le chercheur réalise très vite que le « leader tribal » en question n'est autre qu'un ressortissant syrien ordinaire résidant en Turquie, et qui s'est fait passer pour ce qu'il n'était pas. « Il a réussi à arriver à Genève, et à se faire interviewer par les médias. Les Occidentaux n'ont même pas pensé enquêter sur leurs interlocuteurs, des tribus supposées combattre à leurs côtés », déplore le doctorant, pour lequel ces clans restent un atout inexploité.
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Il est certes impossible de mobiliser toutes les tribus pour qu'elles combattent toutes du même côté, ayant de tous temps été en guerre entre elles. « Ce sera toujours le cas », affirme fermement M. Dukhan, pour qui elles seront toujours manipulées par les puissances régionales pour leurs intérêts. « Le régime a quand même eu plus de succès que les autres protagonistes du conflit pour recruter parmi les clans et tribus », notamment après leur avoir promis plus de droits, de privilèges, et aussi parce qu'il a une longue histoire de négociations avec les tribus syriennes.
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Même son de cloche pour Dawn Chatty, selon laquelle certains leaders claniques sont certes très charismatiques et ont beaucoup de popularité, et donc de soutiens, mais restent ancrés dans leurs propres intérêts. « Ces leaders sont plus intéressés à protéger les Syriens, et le pays, d'un morcellement potentiel. S'ils doivent s'unir, ce serait pour combattre l'EI et le chasser du pays, plutôt que de combattre le gouvernement », juge la professeure. « Ils sont très pragmatiques, ils ne vont pas combattre un gouvernement soutenu par l'Iran et la Russie. » La possibilité d'une cohésion des tribus contre l'EI reste donc envisageable, d'autant plus que des alliances avec certains clans kurdes pour combattre le groupe dans le nord syrien existent déjà. Mais le feront-elles sans armes et sans garanties, conclut Samia Medawar (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Introduction, adaptation et mise en page de Michel Garroté
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http://arretsurinfo.ch/syrie-les-choses-ne-sont-pas-toujours-ce-quelles-ont-lair-detre/
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http://arretsurinfo.ch/syrie-qui-lemporte-dans-laccord-turco-russe/
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http://www.lorientlejour.com/article/1004993/quel-role-pour-les-tribus-en-syrie-.html
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Notre camp politique serait “d’extrême-droite”

   
Michel Garroté - L'hebdomadaire français de gauche Le Point reprend une dépêche de l'agence de presse d'extrême-gauche AFP intitulée "Ces médias à la droite de la droite qui veulent réinformer les Français". Lorsque l'AFP s'épenche sur ce qu'elle appelle "extrême-droite", il y a toujours matière à rire. L'AFP met toutes les "droites de la droite" dans le même sac. L'AFP prétend voir l'extrême-droite là où elle n'est pas. L'AFP, dans sa dépêche, ne fait pas de différence entre "Egalité et réconciliation", "Fdesouche", "Boulevard Voltaire" et "Valeur Actuelles". Encore un petit effort et l'AFP va nous dire que Le Figaro est d'extrême-droite...
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"Ces médias à la droite de la droite qui veulent réinformer les Français", c'est donc une dépêche typiquement AFP, une dépêche un brin délirante et parano, dans laquelle on peut lire, avec amusement (extraits adaptés et commentés par mes soins ; voir lien vers source en bas de page) : Egalité et réconciliation, Fdesouche, Boulevard Voltaire ou encore Russia Today... Depuis une décennie, des médias au positionnement très droitier ont fait leur apparition sur la toile, avec l'objectif de "réinformer" les citoyens. "Trop à gauche" ou encore "pas suffisamment représentatifs", c'est bien souvent en ces termes que les Français jugent leurs médias (Michel Garroté - En effet, les journalistes sont trop à gauche et pas suffisamment représentatifs, c'est même un euphémisme que de le dire).
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Les sondages réalisés élection après élection ne démentent pas ces impressions. En juin 2012 par exemple, un sondage Harris Interactive estimait à 74% le taux des journalistes ayant voté à gauche lors de la présidentielle. Pour lutter contre "la gauchisation des esprits" - selon la formule de Jean-Marie Le Pen - des médias à la droite de la droite ont ainsi fait leur apparition (Michel Garroté - Et ça y est, hop, l'AFP fait exprès de metre dans le même sac l'opinion des Français et l'opinion de Jean-Marie Le Pen. Si les Français, notamment ceux qui s'informent sur Internet, veulent lutter contre la gauchisation des esprits, le fait que Le Pen pense ou ne pense pas la même chose n'a ici aucun intérêt, sauf pour l'AFP).
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Pour Jean-Marie Charon, sociologue des médias, la montée des "médias de masse", et notamment la télévision, a banni "les opinions minoritaires" de l'espace médiatique: "de l'avènement de la télévision jusque dans les années 1990, les courants minoritaires dont l'extrême droite n'ont plus eu accès à la télé officielle", explique-t-il. Privés de leur droit de cité dans les médias, "ces courants minoritaires" ont, selon le sociologue, "profité de l'essor du numérique pour lancer leur propre plateforme d'information" (Michel Garroté - En France, tous les sociologues sont d'extrême-gauche depuis 50 ans. Et accessoirement, je trouve amusant, ce mépris, à peine "voilé", si j'ose dire, pour les courants "minoritaires").
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Hétéroclites, ces médias partagent néanmoins une vision du monde et un positionnement idéologique. Toutefois, deux stratégies se font face : d'un côté, un choix en faveur d'un discours presque exclusivement identitaire et de l'autre, une stratégie plus "confusionniste", dont l'intérêt selon Tristan Mendès France, enseignant en cultures numériques à l'université Sorbonne-Nouvelle, est de créer "des passerelles" entre extrême droite et extrême gauche (Michel Garroté - C'est, là encore, du charabia de journalistes et  d'enseignants. Du reste, c'est totalement faux d'alléguer que les sites et blogues de la droite de la droite et les sites et blogues de la droite libérale-conservatrice partagent une même "vision du monde" et un même "positionnement idéologique").
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Le site Egalité et réconciliation par exemple, traite régulièrement de la question du TTIP (traité de libre échange transatlantique) ou encore du Big Pharma (...) En clair, des thèmes qui pourraient être traités par des médias d'extrême gauche, relate l'enseignant à l'AFP (Michel Garroté - "Créer des passerelles entre extrême droite et extrême gauche" ? Tiens donc ! Selon l'AFP et ses interlocuteurs, Mélenchon crée des passerelles avec Marine Le Pen qui elle crée des passerelles avec Mélenchon ? L'AFP et l'université Sorbonne-Nouvelle devraient préciser un peu leur postulat, comme ça nous comprendrons -- peut-être -- de quoi il retourne ici).
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Dans la même lignée, le site Agence Info Libre, co-fondé par David Bonapartian et qui propose d'offrir "un regard libre et différent" sur l'actualité, brasse lui aussi un large choix de sujets. A contrario, Fdesouche, qui fonctionne comme un agrégateur d'informations, ou encore La Gauche m'a tuer se concentrent eux presque exclusivement sur les thématiques identitaires (Michel Garroté - Pas un mot sur Riposte Laïque, pas un mot sur Résistance Répuclicaine, et, pas un mot, sur Les Observateurs, notre site libéral-conservateur suisse, dont un tiers des lecteurs sont des Français vivant en France... L'AFP a-t-elle omis de les mentionner ? Ou est-ce de la censure pure et simple, envers ces trois sites Internet incontournables et qui comptent un nombre très élevé de lecteurs ?).
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Si chacun dispose d'une ligne éditoriale propre, tous partagent le même objectif : "réinformer" les citoyens. Le concept de "réinformation" n'est pas nouveau. Mais il est promu depuis quelques années par l'intellectuel d'extrême droite Jean-Yves Le Gallou. En 2003, comme acte fondateur, il lance Polémia, un cercle de réflexion qui met sur pied une critique des médias (Note de Michel Garroté - Décidément, l'AFP ne supporte pas les sites et blogues de réinformation, elle enrage, elle voudrait qu'ils n'existent point).
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En 2010 naissent les Bobards d'or, une cérémonie destinée à dénoncer les journalistes "qui n'hésitent pas à mentir délibérément pour servir le politiquement correct". Deux ans plus tard, il co-fonde l'OJIM (observatoire des journalistes et de l'information médiatique) afin "d'informer sur ceux qui nous informent" (Michel Garroté - Polémia et les Bobards d'or, encore de quoi irriter l'AFP, mais enfin, comment osent-ils nous accuser de mentir délibérément pour servir le politiquement correct, nous, l'AFP, la crème de l'info ?).
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Pour Tristan Mendès France, cette critique des médias vise à "discréditer les journalistes. En optant pour un discours de l'alternative, ils s'assurent les faveurs d'un public déçu ou méfiant des médias traditionnels", décrypte-t-il auprès de l'AFP. Pourtant, note Dominique Albertini, journaliste et co-auteur de l'ouvrage "La Fachosphère", la "réinformation" est avant tout "un concept marketing car la plupart de ces médias sont des médias d'opinion". Qu'importe, la "réinformation" est un créneau qui fonctionne : s'il n'y a pas de chiffres officiels mesurant l'audience de ces sites, ils sont souvent cités comme faisant partie des blogs politiques les plus populaires (Michel Garroté - les gens comme nous s'assurent les faveurs d'un public déçu ou méfiant des médias traditionnels. Oui. Et alors ?).
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Une audience qui attise les convoitises d'un pays en particulier: la Russie, qui voit en la "réinformation" une façon de diffuser sa vision du monde. Présente en France pendant de nombreuses années à travers le titre "La Voix de la Russie", c'est en 2014 que la Russie modernise son offre française avec le lancement de Sputnik, un service d'informations multimédia (Michel Garroté-J'avoue qu'en effet, Sputnik est plus agréable à lire que Le Monde, Libération, L'Obs, ou encore, l'omniprésente et déficiente AFP subventionnée avec les impôts des Français).
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Mais c'est le lancement en octobre du site Russia Today, du nom de la chaîne d'information internationale qui émet notamment en anglais, en arabe et en espagnol, qui intrigue. Doté d'une large palette d'intervenants allant du souverainiste Pierre Lévy, à l'économiste euro-critique Jacques Sapir en passant par le directeur de la publication du droitier Valeur Actuelles, Yves de Kerdrel, il est, selon Nicolas Hénin, auteur de l'enquête "La France russe", adepte du confusionnisme : "la chaîne cultive, sciemment un discours confusionniste, dans le but de faire émerger un souverainiste, même de gauche, favorable à la Russie" (Michel Garroté - Cerise sur le gâteau ! Nous serions à la botte de Poutine, l'homme à abattre !).
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Mais la chaîne ne s'arrête pas là. Pour parfaire son image de média alternatif, elle recrute fin novembre Philippe Verdier, présentateur météo de France 2 licencié après la parution de son livre controversé sur le climat. Une façon de dire que, contrairement aux médias "dominants", elle ne censure pas ses journalistes (Michel Garroté - J'ignore à quel point Poutine censure les médias russes. Ce dont je suis sûr, en revanche, c'est que la Russie n'a rien à envier à la France, pour ce qui concerne la censure, 'intox, la médisance, la calomnie et les allégations mensongères. En France, 99% des journalistes sont de gauche, voire d'extrême-gauche, qui dit mieux ?).
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Pour la spécialiste de la Russie Anne Nivat, ce positionnement n'a rien d'étonnant : "les Russes veulent incarner l'alternative dans chaque pays où ils s'implantent et en France, l'alternative selon eux c'est de relayer les thèses de la droite dure (Michel Garroté - Mais bon sang mais c'est bien sûr ! Poutine, c'est le patron occulte du Front National et Marine Le Pen voudrait même l'épouser, sauf qu'hélas, Poutine est déjà marié) - (fin des extraits adaptés et commentés par mes soins ; voir lien vers source en bas de page).
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Introduction, adaptation et mise en page de Michel Garroté
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http://www.lepoint.fr/politique/ces-medias-a-la-droite-de-la-droite-qui-veulent-reinformer-les-francais-03-09-2016-2065633_20.php
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Asile: Le 24H dénonce l’enfumage de notre Confédération. Les Observateurs.ch avaient raison! (à ne pas manquer!)

Christian Hofer: Éditorial du 24H. Visiblement ce média a décidé de ne plus retranscrire docilement ce que l'administration tente de faire croire à la population. La bonne question est de savoir pourquoi alors que les autres médias continuent leur propagande unilatérale (comme ici et ici ou encore ici).

Notamment cet éditorial souligne l'augmentation des demandes sur l'année 2016 au lieu des bidouillages par mois/trimestres effectués par les autres médias: c'est ce que nous dénoncions sur Les Observateurs.ch depuis de nombreux mois comme vous pouvez le constater, preuve que Les Observateurs, loin d'être un site "d'extrême droite" comme le prétendent certains médias, est objectif et cherche véritablement à vous informer, malgré ses ressources financières modestes, loin des salaires de ces journalistes dont la préférence politique ne fait aucun doute.

Mieux, nous dénonçons ces manipulations depuis de nombreux mois, avant ceux qui auraient dû le faire et qui sont payés pour cela!

Suisse: Les chiffres des entrées illégales et des demandes d’asile explosent. Le Matin désinforme ses lecteurs.

Désinformation: Le Matin continue à clamer que les demandes d’asile reculent

Suisse: Comment la Confédération magouille les chiffres de l’asile

Demandes d’asile en hausse de 85% par rapport à l’année passée: Comment nos médias cachent la vérité.

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L’été sera-t-il chaud ou pas sur le front de l’asile en Suisse? Et faut-il s’attendre à ce que le nombre de 40'000 nouveaux requérants, enregistré l’an dernier, soit atteint, voire dépassé?

A ces questions, que nous lui posions il y a tout juste deux jours, le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) répondait par l’esquive. Et agitait une salade de chiffres disant tout et son contraire, pour mieux camoufler la réalité: à la fin de ce premier semestre, le nombre des migrants est bel et bien en hausse par rapport à 2015.

«Les tensions à la douane de Chiasso ne laissent guère de doute: oui, l’été sera chaud!»

Alors que la réalité du terrain est en train de se tendre du côté de la frontière italienne, c’est une véritable politique de l’enfumage que Berne met en place.

Une politique hélas habituelle. L’an dernier déjà, le SEM avait plus que tardé avant de corriger, par deux fois, le nombre des demandeurs d’asile.

Source et suite de l'article

Le « Grand Remplacement » n’est pas une théorie

Le peuple Suisse va se prononcer bientôt sur l'initiative « Ecopop », qui vise à restreindre drastiquement l'immigration dite de peuplement. En France, la situation est telle, qu'on en vient à disserter au plus haut niveau de la vie politique sur le « Grand remplacement ». Un concept et, surtout, une réalité, qui pourrait aider nos amis Suisses à faire leur choix le 30 novembre prochain...

En 2011, Renaud Camus publie un recueil d'articles intitulé Le Grand Remplacement. Il y décrit un mouvement général de nocence, c'est-à-dire de nuisance. La nuisance, c'est ce qui perverti et dégrade l'environnement, la culture, mais aussi les plus élémentaires relations intersubjectives. En jargon journalistique, cela se nomme les « incivilités » : le genre de celles que nous rencontrons tous les jours dans nos rues.

Au-delà de ce mouvement de nuisance, et même de surcroît, il y a un mouvement de susbtitution

«  le simple fait que dans nos rues, nos rames de métro, nos écoles, nos écoles maternelles et nos maternités surtout, sur des pans entiers du territoire, il y avait un peuple et que, à sa place, il y en a un ou plusieurs autres. »

Le fait du Grand remplacement creuse à nouveau, si ce n'est encore plus, la vieille distinction maurassienne entre le « pays réel » et le « pays légal », c'est-à-dire entre le monde vécu, celui du transport commun à 22h dans la banlieue parisienne, de la gare de Châtelet-les-Halles, des personnes âgées isolées dans les cités, et le pays des statistiques, des chiffres, des experts et des énarques propres sur eux...

Ce « pays légal », c'est aussi celui des médias ; ceux qui, hier par exemple, imposent sur les grandes chaines de télévision publiques des apologies de l'immigration, et qui, dans le même temps et dans le même mouvement nihiliste et suicidaire, diffusent des idées dénigrant la civilisation "réactionnaire" et "moyenâgeuse". La manipulation, pour Renaud Camus aussi, consiste dans l'entretien, lucide et volontaire, de cette "déculturation" :

C’est la sociologie, ce sont les statistiques, ce sont les chiffres qui se sont chargés de persuader les malheureux Français abusés, hébétés par elles et par le bourrage de crâne quotidien, qu’à l’école le niveau montait, que la culture se répandait dans les masses, qu’il n’y avait aucune surdélinquance des immigrés, que d’ailleurs il y avait de moins en moins d’immigrés, que l’immigration diminuait, que jamais il n’y avait eu si peu d’étrangers dans notre pays : bref que le système éducatif ne s’effondrait pas du tout, que la Grande Déculturation n’avait pas lieu, que le Grand Remplacement était un fantasme.

Tout est tristement « grand» dans cette histoire. De la Grande Déculturation au Grand Remplacement, de ce phénomène constitue pour Renaud Camus, le pire qui soit arrivé dans l'histoire de France :

« Le Grand Remplacement, le changement de peuple, que rend seule possible la Grande Déculturation, est le phénomène le plus considérable de l'histoire de France depuis des siècles, et probablement depuis toujours11. »

Alors, quand certains blogues d'extrême-gauche, comme Rue 88, évoquent une « idée raciste » (ici), que certains appellent cela une « hoax d’extrême droite », ils se fourvoient complètement. Il ne s'agit ni d'une idée, ni d'une théorie. Il s'agit d'un fait, si terrible soit-il, et Renaud Camus insiste là-dessus.

Il faudrait au moins que les journalistes, chroniqueurs et autres intellos-bobos se rappellent que la moindre des politesses, quand on critique un concept, c'est de lire son concepteur. Ceci vaut aussi pour les journalistes et commentateurs suisses qui traitent de l'initiative Ecopop. Même si vous refusez la réalité, préférant vos illusions, ne vomissez pas votre haine sur votre ignorance ; ne traitez pas non plus ce qui perce vos illusions de « radical » ou d'extrémiste. N'est radical dans ses idées que celui qui impose ses idées à la réalité. Et Renaud Camus de terminer : « Hélas, ce n’est pas l’expression Grand Remplacement qui est radicale, c’est la sinistre réalité de ce qu’elle désigne. »... 

Vivien Hoch, 18 novembre 2014