Michel Garroté - Les Etats-Unis ont dénoncé cette semaine les crimes de génocide perpétrés par le groupe Etat islamique (EI) contre les minorités de chrétiens, chiites et yézidis, dans leur "Tableau annuel des libertés religieuses dans le monde", dressé par le département d'Etat américain (Affaires étrangères). L'EI a poursuivi sa stratégie du massacre, que le secrétaire d'Etat John Kerry qualifie - à juste titre - d'être une stratégie de génocide depuis 2015, notamment contre les yézidis et chrétiens, dans les territoires qu'il contrôle.
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L'emploi du terme de génocide avait déjà été utilisé par Kerry et par des experts des Nations Unies pour qualifier les crimes perpétrés par les jihadistes du groupe EI en Irak et en Syrie. Dans ces deux pays en guerre, où l'organisation islamiste armée contrôle encore des pans de territoires, les jihadistes sont responsables d'actes barbares, comme des tueries, des actes de torture, de traite d'êtres humains, de viols et autres crimes sexuels contre des minorités religieuses et ethniques, a confirmé le Département d'Etat américain dans son rapport.
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L'EI et Boko Haram (le groupe terroriste islamiste au Nigeria) continuent de se ranger parmi les plus monstrueux auteurs d'abus contre la liberté religieuse dans le monde, a précisé la diplomatie américaine. A noter que de son côté, l'Eglise catholique -- contrairement aux courageuses églises orthodoxes et évangéliques -- fait preuve de lâcheté face à l'islam violent et conquérant.
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A ce propos et après les attentats, la volonté de l'Eglise catholique de pacification est inquiétante, estime Schmuel Trigano. Pour le philosophe, ce positionnement laisse une marge de manoeuvre à l'islamisme, notamment aux Frères musulmans. Pour mémoire, Schmuel Trigano -- qui est professeur émérite des Universités -- est philosophe, sociologue ainsi que spécialiste de la tradition hébraïque et du judaïsme contemporain.
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Schmuel Trigano (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : La réaction de l'Eglise de France comme du Vatican à l'assassinat pour motif religieux du prêtre de Saint-Etienne-du-Rouvray est étonnante et pour tout dire extrêmement inquiétante, en tout cas du point de vue d'un observateur juif, autant sur le plan théologico-politique que sur celui de l'Etat et de la citoyenneté républicaine. Certes, la réaction officielle et celles que nous donnent à voir (sélectivement, comme on s'en doute) les médias ne recouvrent pas tout ce que pensent les catholiques et on ne peut pas préjuger de l'énorme pression que le pouvoir socialiste a dû exercer sur ses représentants pour adopter ce que l'on peut définir comme la posture du martyr et non celle du citoyen.
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Schmuel Trigano : Sublimer ce meurtre, en sortir par le «haut» - cette posture vertueuse et pleine de hauteur morale, stoïcienne en un mot - fournit, effectivement, à (très) court terme, le moyen d'éviter une cassure et un clash dans la société française. L'assistance en signe de solidarité de quelques musulmans (et Juifs) à la messe dominicale, a été construite par les médias comme l'expression d'une concorde irénique. Cependant, si on pensait dans les termes de René Girard on constaterait qu'elle s'est nourrie du «sacrifice» du père Hamel, un sacrifice au propre, par la mort rituelle qui lui a été donnée, et au figuré : mort pour la « paix ». Sur sa mort, sur sa dépouille, le lien social se serait ressoudé. C'est ce que les médias veulent nous faire croire, selon un schéma anthropologique on ne peut plus classique.
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Schmuel Trigano : Cet état de fait est marqué néanmoins par un télescopage de la morale chrétienne et de la raison politique. Appliquée à la situation actuelle, cette morale s'avère effectivement problématique sur le plan de la Cité. J'ai entendu un ecclésiastique aborder l'événement sur le mode du « nous sommes tous coupables » (explicitement formulé de la sorte) et appris qu'une prière avait été dite, dans l'Eglise même du drame, pour les deux assassins. Nous avons entendu le pape déclarer que ce n'était pas cela l'islam (étrange qu'il puisse parler en son nom) et que le christianisme était aussi violent que l'islam, en disant donc une chose et son contraire). Qui est coupable ? Qui est innocent ? On ne le sait plus.
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Schmuel Trigano : Nous retrouvons, certes, là le discours du « politiquement correct » qui déresponsabilise le monde musulman au lieu de le pousser à se confronter à la maladie qui le ravage et met en danger la paix, un discours qui brise aussi la capacité morale et intellectuelle à la combattre, en accusant les victimes d'être à la source de la violence qui les frappent. Nous croyions que cette « morale » sans réciprocité relevait de l'idéologie dominante de notre temps, le post-modernisme, mais nous découvrons qu'elle peut aussi se développer dans l'Eglise.
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Schmuel Trigano : On comprend que le signal qu'envoie l'Eglise puisse trouver un écho favorable dans les milieux islamistes et je pense avant tout aux Frères Musulmans qui en sont la vitrine distinguée et « politique », interlocuteur du Pouvoir en France. Un écho dont nous pouvons mesurer la portée dans la tribune publiée par des « intellectuels musulmans », ainsi définis par eux-mêmes, dans le Journal du Dimanche du 3/7/2016. Je me réfère au fait que cette quarantaine de personnalités a tout simplement « oublié » les victimes juives dans les actes terroristes commis au nom de l'islam, qu'elles condamnent par ailleurs.
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Schmuel Trigano : C'est comme si la « pacification » consécutive au meurtre du père Hamel se faisait sur la base du refoulement des effets de la haine principale des islamistes : les Juifs. C'est gros! Et c'est encore plus affligeant de voir les critiques de cet oubli ne mentionner que le massacre de Merah et de l'Hyper casher, en « oubliant » eux aussi, les centaines d'agressions antisémites commises depuis 2001, et sur lesquelles eux-mêmes avaient gardé le silence. Depuis 2001, en tout cas, nous n'avons entendu aucune condamnation claire et institutionnelle des agressions antisémites commises, si ce n'est celle de quelques individus (comme l'imam Chalgoumi ou l'Algérien Boualem Sansal).
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Schmuel Trigano : La condamnation quand elle existe «équilibre» souvent la reconnaissance du caractère antisémite des actes avec l'accusation d'Israël, rendu responsable de cet état de fait, argument dont s'est prévalu en somme Mérah, vengeant (dixit) « les enfants de Gaza ». C'est comme si la condamnation des actes antisémites ne pouvait se faire qu'au prix du « dédouanement » que permet un antisionisme de rigueur. Or, cette tournure rhétorique devient de moins en moins possible, au regard de ce que révèle la réalité.
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La façon dont les signataires de la lettre en question tentent de rendre compte de leur silence abyssal jusqu'à ce jour est ainsi plutôt spécieuse. « Nous musulmans étions silencieux parce que nous avions appris qu'en France la religion est une affaire privée ». On se demande s'il faut rire ou pleurer. Agresser des concitoyens relèverait de la sphère privée ? La burka dans l'espace publique, une affaire privée ? L'antisémitisme n'est pas un aspect marginal de la crise actuelle. Il en fut le vecteur originel et structurel. L'abnégation de l'Eglise fait miroiter la possibilité d'une « pacification » sociale, mais c'est aux dépens d'un tiers et de la confrontation avec le problème central auquel doit faire face l'Etat et lui seul, conclut Schmuel Trigano (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Introduction, adaptation et mise en page de Michel Garroté
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http://www.cicad.ch/node/21072/
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http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2016/08/10/31003-20160810ARTFIG00132-le-discours-moral-de-l-eglise-peut-il-fonctionner-face-a-l-islamisme.php
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