Suisse. Football : L’ASF propose d’interdire la binationalité des footballeurs

Le secrétaire général de l'Association suisse (ASF) Alex Miescher exige que la question de la double nationalité des joueurs de l'équipe nationale soit abordée.

La Suisse doit se demander si elle souhaite à l'avenir interdire les binationaux. En toile de fond, l'affaire de l'aigle bicéphale qui a défrayé la chronique durant la Coupe du monde.

Les gestes jubilatoires de joueurs portant le maillot suisse mais exprimant leur solidarité à l'Albanie et les discussions qui ont suivi, montrent qu'il y a un problème, affirme Alex Mischer lors d'un entretien avec le Tages-Anzeiger. Doit-on demander aux joueurs binationaux de renoncer à leur autre passeport?

C'est ce que propose en tout cas l'ASF vendredi. Et si elle lance cette idée, explique son secrétaire général, c'est qu'elle veut en examiner l'écho auprès de la population. Si tout le monde juge qu'il s'agit d'une idée fumeuse, alors la question sera réglée, explique Alex Miescher. Mais afin d'apaiser les esprits, le sujet doit être abordé.

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Pour Alex Miescher, il faut des garanties: «On entend beaucoup de promesses. Et puis, le joueur atteint l'âge de 21 ans et décide de jouer pour un autre pays car il a plus de chances d'être en vue au niveau international. Je trouve ça gênant qu'on ne soit pas en position de force», explique-t-il.

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Hopp l’Albanie! Le football rend aveugle.

L'aigle à deux têtes atteint le Conseil fédéral.

De Roger Köppel

C'est venu du fond du cœur, directement du système limbique. À peine les internationaux suisses Xhaka et Shaqiri avaient-ils tiré leurs glorieux buts contre l'ennemi héréditaire serbe qu'ils croisaient leurs mains pour former l'aigle bicéphale mythique, emblème national de tous les Albanais, symbole héraldique d'une appartenance tribale indéfectible. Mais en ce moment historique, c'était avant tout le signal triomphal de l'humiliation des Serbes détestés. Les Albanais, vêtus de la tenue suisse, ont pris leur revanche au nom des injustices endurées au cours des innombrables guerres balkaniques. Le sport et la politique se sont inextricablement entremêlés.

Non, il ne s'agissait pas d'un salut inoffensif envoyé à la famille au Kosovo comme a voulu le propager après coup la fédération dépassée par l'événement. C'était la continuation de la guerre fratricide yougoslave sous le drapeau suisse. A-t-on déjà vu cela? Après les buts, Xhaka et Shaqiri grimaçants, les yeux brillants de testostérone, se sont plantés en faisant l'aigle bicéphale devant le virage des supporters serbes. On aurait dit une scène guerrière primitive, tout droit sortie du film «Braveheart», juste avant que les Écossais des Highlands, aux visages peints pour la guerre, n'attaquent les Anglais. Indépendamment de ce qui s'est passé à ce moment-là, cela n'avait plus rien à voir avec la Suisse et son football.

Ou peut-être que si? Les scènes de Kaliningrad n'étaient-elles pas justement un symbole parfait? La politique migratoire des frontières passoires a conduit à l'importation systématique en Suisse des conflits des groupes ethniques immigrés. À Berne, les Turcs et les Kurdes s'affrontent à coup de barres de fer. À Zurich, des bagarres de rue éclatent entre Tamouls. Des islamistes importent la guerre sainte. Les aigles à deux têtes des footballeurs suisses viennent en rajouter sur les dissensions qui couvent depuis longtemps entre Albanais et Serbes. Le capitaine, Stephan Lichtsteiner, en a remis une couche en se solidarisant avec l'aigle à deux têtes.

Quel spectacle! Ce ne sont pas les Suisses qui intègrent les Albanais, mais les Suisses qui se font intégrer par les Albanais. Il est intéressant de voir comment tout le monde minimise maintenant l'incident. Bien sûr, ils ont réalisé qu'une ligne avait été franchie contre la Serbie. Quelque chose s'est brisé. Pour un fan de football, il n'y a pas pire offense que lorsqu'un joueur national qu'il admire profondément enfile le maillot d'un autre pays au moment de son plus grand triomphe, le tir au but réussi. Hopp l'Albanie! C'était, comme l'a écrit un commentateur sur Facebook, comme si ta femme criait Jean-Luc pendant l'orgasme alors que tu ne t'appelles ni Jean ni Luc. Que Xhaka, l'auteur du but glorieux, ait dédié en interview, juste après le match, la victoire capitale principalement à sa «patrie, le Kosovo» et non à la Suisse, qui a jadis accueilli sa famille en tant que réfugiés et rendu sa carrière possible, n'a pas vraiment arrangé les choses.

Au cours de cette remarquable soirée footballistique à Kaliningrad, quelque chose a fait surface que beaucoup de Suisses ressentent comme un problème, mais qu'ils sont réticents à s'avouer, encore moins maintenant, sous peine de faire s'évaporer le plaisir de cette fantastique Coupe du monde. Beaucoup ont le sentiment que la Suisse se fait arnaquer par la migration et les réfugiés, que d'innombrables étrangers qui viennent ici veulent principalement en profiter, mais qu'ils montrent étonnamment peu de gratitude – et c'est là que le bât blesse. L'aigle à deux têtes réfute aussi le conte de fées que la politique aime à raconter, selon lequel les migrants économiques seraient parfaitement intégrés, par exemple, par le sport. L'intégration n'est qu'un vernis très superficiel. Afficher «suisse» ne veut pas dire obligatoirement que c’est suisse.

Qu'est-ce qu'un Suisse? Qu'est-ce qui fait un Suisse? La pensée dominante considère désormais cette question indécente. La réponse est simple: est Suisse toute personne qui a acquis la citoyenneté suisse et s'identifie à la Suisse ainsi qu'à sa forme de gouvernement. C'est ainsi que le grand écrivain libéral-radical Gottfried Keller l'a défini. Après la liesse bicéphale reste à savoir à quel point les footballeurs légionnaires albano-suisses s'identifient vraiment avec le pays pour lequel ils jouent. La question n’exprime pas de la xénophobie, mais une réaction naturelle d’aliénation que devraient aussi avoir eue ceux qui s'efforcent tellement maintenant d'étouffer le débat.

Si les fédérations prenaient au sérieux leurs propres valeurs fondamentales et statuts, elles n'auraient pas seulement dû sanctionner d'une amende les trois aigles à deux têtes, mais les suspendre. Évidemment. L'Association suisse de football (ASF) interdit «toute discrimination contre des groupes de personnes» fondée sur «l'origine ethnique» ou la «politique». Il exige même la «neutralité» des joueurs dans ses articles énonçant les buts de l'association. La fédération internationale du football FIFA est opposée aux manifestations politiques et aux actions qui provoquent le public. Mais c'est exactement ce que les provocateurs albanais à l'aigle bicéphale ont eu le droit de faire pratiquement sans sanction: aller à l'encontre de la neutralité et se montrer anti-serbes. Les longues brochures bien-pensantes de la FIFA consacrées à la lutte contre «le racisme et la discrimination» ne valent même pas le papier sur lequel elles sont imprimées.

Les politiques se prennent aussi les pieds dans le tapis au milieu de ce délire à deux têtes. Les principes sont jetés par-dessus bord. Le ministre des Affaires étrangères, Ignazio Cassis, a reçu son homologue kosovar et a tweeté à la légère, quelques heures avant le match, qu'il espérait que «nos joueurs kosovars» aideraient «ce soir» la «Nati» à gagner contre la Serbie. Même après la prouesse politique nationaliste de Xhaka and Co, Cassis s'est rangé derrière l'équipe suisse, tout comme le ministre des Sports, Guy Parmelin. Les conseillers fédéraux couvrent les Suisses du Kosovo qui font de la politique étrangère contre la Serbie en portant la croix suisse.

Ils ne réalisent vraiment pas? La Suisse a des troupes au Kosovo. Elle doit veiller à éviter l'éclatement d'une nouvelle guerre civile entre les Albanais et les Serbes. La plus stricte neutralité entre les parties est de rigueur. Xhaka et Shaqiri ont plus d'instinct politique que les deux conseillers fédéraux qui continuent d'exulter contre la Serbie. Hopp l'Albanie! Le football rend aveugle. L'essentiel, c'est que son équipe gagne et que les stars marquent des buts.

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