Hopp l’Albanie! Le football rend aveugle.

L'aigle à deux têtes atteint le Conseil fédéral.

De Roger Köppel

C'est venu du fond du cœur, directement du système limbique. À peine les internationaux suisses Xhaka et Shaqiri avaient-ils tiré leurs glorieux buts contre l'ennemi héréditaire serbe qu'ils croisaient leurs mains pour former l'aigle bicéphale mythique, emblème national de tous les Albanais, symbole héraldique d'une appartenance tribale indéfectible. Mais en ce moment historique, c'était avant tout le signal triomphal de l'humiliation des Serbes détestés. Les Albanais, vêtus de la tenue suisse, ont pris leur revanche au nom des injustices endurées au cours des innombrables guerres balkaniques. Le sport et la politique se sont inextricablement entremêlés.

Non, il ne s'agissait pas d'un salut inoffensif envoyé à la famille au Kosovo comme a voulu le propager après coup la fédération dépassée par l'événement. C'était la continuation de la guerre fratricide yougoslave sous le drapeau suisse. A-t-on déjà vu cela? Après les buts, Xhaka et Shaqiri grimaçants, les yeux brillants de testostérone, se sont plantés en faisant l'aigle bicéphale devant le virage des supporters serbes. On aurait dit une scène guerrière primitive, tout droit sortie du film «Braveheart», juste avant que les Écossais des Highlands, aux visages peints pour la guerre, n'attaquent les Anglais. Indépendamment de ce qui s'est passé à ce moment-là, cela n'avait plus rien à voir avec la Suisse et son football.

Ou peut-être que si? Les scènes de Kaliningrad n'étaient-elles pas justement un symbole parfait? La politique migratoire des frontières passoires a conduit à l'importation systématique en Suisse des conflits des groupes ethniques immigrés. À Berne, les Turcs et les Kurdes s'affrontent à coup de barres de fer. À Zurich, des bagarres de rue éclatent entre Tamouls. Des islamistes importent la guerre sainte. Les aigles à deux têtes des footballeurs suisses viennent en rajouter sur les dissensions qui couvent depuis longtemps entre Albanais et Serbes. Le capitaine, Stephan Lichtsteiner, en a remis une couche en se solidarisant avec l'aigle à deux têtes.

Quel spectacle! Ce ne sont pas les Suisses qui intègrent les Albanais, mais les Suisses qui se font intégrer par les Albanais. Il est intéressant de voir comment tout le monde minimise maintenant l'incident. Bien sûr, ils ont réalisé qu'une ligne avait été franchie contre la Serbie. Quelque chose s'est brisé. Pour un fan de football, il n'y a pas pire offense que lorsqu'un joueur national qu'il admire profondément enfile le maillot d'un autre pays au moment de son plus grand triomphe, le tir au but réussi. Hopp l'Albanie! C'était, comme l'a écrit un commentateur sur Facebook, comme si ta femme criait Jean-Luc pendant l'orgasme alors que tu ne t'appelles ni Jean ni Luc. Que Xhaka, l'auteur du but glorieux, ait dédié en interview, juste après le match, la victoire capitale principalement à sa «patrie, le Kosovo» et non à la Suisse, qui a jadis accueilli sa famille en tant que réfugiés et rendu sa carrière possible, n'a pas vraiment arrangé les choses.

Au cours de cette remarquable soirée footballistique à Kaliningrad, quelque chose a fait surface que beaucoup de Suisses ressentent comme un problème, mais qu'ils sont réticents à s'avouer, encore moins maintenant, sous peine de faire s'évaporer le plaisir de cette fantastique Coupe du monde. Beaucoup ont le sentiment que la Suisse se fait arnaquer par la migration et les réfugiés, que d'innombrables étrangers qui viennent ici veulent principalement en profiter, mais qu'ils montrent étonnamment peu de gratitude – et c'est là que le bât blesse. L'aigle à deux têtes réfute aussi le conte de fées que la politique aime à raconter, selon lequel les migrants économiques seraient parfaitement intégrés, par exemple, par le sport. L'intégration n'est qu'un vernis très superficiel. Afficher «suisse» ne veut pas dire obligatoirement que c’est suisse.

Qu'est-ce qu'un Suisse? Qu'est-ce qui fait un Suisse? La pensée dominante considère désormais cette question indécente. La réponse est simple: est Suisse toute personne qui a acquis la citoyenneté suisse et s'identifie à la Suisse ainsi qu'à sa forme de gouvernement. C'est ainsi que le grand écrivain libéral-radical Gottfried Keller l'a défini. Après la liesse bicéphale reste à savoir à quel point les footballeurs légionnaires albano-suisses s'identifient vraiment avec le pays pour lequel ils jouent. La question n’exprime pas de la xénophobie, mais une réaction naturelle d’aliénation que devraient aussi avoir eue ceux qui s'efforcent tellement maintenant d'étouffer le débat.

Si les fédérations prenaient au sérieux leurs propres valeurs fondamentales et statuts, elles n'auraient pas seulement dû sanctionner d'une amende les trois aigles à deux têtes, mais les suspendre. Évidemment. L'Association suisse de football (ASF) interdit «toute discrimination contre des groupes de personnes» fondée sur «l'origine ethnique» ou la «politique». Il exige même la «neutralité» des joueurs dans ses articles énonçant les buts de l'association. La fédération internationale du football FIFA est opposée aux manifestations politiques et aux actions qui provoquent le public. Mais c'est exactement ce que les provocateurs albanais à l'aigle bicéphale ont eu le droit de faire pratiquement sans sanction: aller à l'encontre de la neutralité et se montrer anti-serbes. Les longues brochures bien-pensantes de la FIFA consacrées à la lutte contre «le racisme et la discrimination» ne valent même pas le papier sur lequel elles sont imprimées.

Les politiques se prennent aussi les pieds dans le tapis au milieu de ce délire à deux têtes. Les principes sont jetés par-dessus bord. Le ministre des Affaires étrangères, Ignazio Cassis, a reçu son homologue kosovar et a tweeté à la légère, quelques heures avant le match, qu'il espérait que «nos joueurs kosovars» aideraient «ce soir» la «Nati» à gagner contre la Serbie. Même après la prouesse politique nationaliste de Xhaka and Co, Cassis s'est rangé derrière l'équipe suisse, tout comme le ministre des Sports, Guy Parmelin. Les conseillers fédéraux couvrent les Suisses du Kosovo qui font de la politique étrangère contre la Serbie en portant la croix suisse.

Ils ne réalisent vraiment pas? La Suisse a des troupes au Kosovo. Elle doit veiller à éviter l'éclatement d'une nouvelle guerre civile entre les Albanais et les Serbes. La plus stricte neutralité entre les parties est de rigueur. Xhaka et Shaqiri ont plus d'instinct politique que les deux conseillers fédéraux qui continuent d'exulter contre la Serbie. Hopp l'Albanie! Le football rend aveugle. L'essentiel, c'est que son équipe gagne et que les stars marquent des buts.

Source

Nos remerciements à Info

 

Rappels :

« L’Albanie B a battu la Serbie » clame la presse albanaise.

Foot : des Albanais sous les couleurs suisses – plutôt perdre que de gagner dans ces conditions

Alain Berset : « Cette équipe de football multiculturelle représente la Suisse. »

Nos joueurs de football albanais devraient être punis

 

9 commentaires

  1. Posté par Laurent W le

    Une fois de plus dans le mille, M. Köppel. Quant à M. Parmelin, il a perdu une occasion de se taire. Mieux vaut un bon silence que des propos veules, hypocrites ou naïfs. Il est temps que l’UDC s’interroge sur la capacité de nuisance de son conseiller fédéral, à moins que ce dernier ne fasse à notre insu des étincelles en coulisse…

  2. Posté par Sentinelle le

    Dans le même numéro de la « Weltwoche » (26.18), à la page 38, un article absolument important sur un mouvement de protestation ô combien nécessaire intitulé « Europas Töchter stehen auf » : Leyla Bilge, d’origine kurde et députée de l’AfD, en a marre de cette violence exercée par les immigrés sur les femmes en Europe occidentale. Après « la marche des femmes » à Berlin, une campagne avec un clip accusateur sur Youtube (3’42) : elles ne se taisent plus (d’où le nom120dB (décibel) sur Facebook) : « Vous prêchez le féminisme et les droits des femmes. Vous nous avez sacrifiées. Vous êtes les vrais ennemis des femmes. »

    https://www.youtube.com/watch?v=jJQw2DumV8s

    Face à cette réalité dramatique, jusqu’à quand « les élites » qui nous gouvernent et les médias vont-ils pouvoir continuer leurs numéros cyniques et grotesques ?

  3. Posté par Yolande C.H. le

    En ballade dans le Jura, voilà quelques propos rapportés par le QJ d’aujourd’hui, sous la plume de Hüseyin Dinçarslan :

    « Shelken Matoshi, président de l’association des Kosovars du canton, Delémontain, regrette la polémique suscitée en Suisse par ces gestes « de liberté », alors que l’hymne national helvétique a été hué par les supporters serbes. »

    Si on comprend bien, la polémique ne venait pas des Kosovars de Suisse qui ne trouvaient rien de blâmable dans ce geste, elle vient dont bien de Suisses indigènes : ces derniers auraient dû, si on comprend la suite de la phrase, s’en prendre aux Serbes qui ont hué l’hymne suisse ! Le Kosovo n’est nullement concerné à ce niveau, ce n’est pas son hymne.

    Qualification de la Nati pour les huitièmes de finale :« Les Kosovars sont soulagés». Pourquoi soulagés? D’offrir à cette occasion quelque chose de positif aux Suisses, bien que leur hymne ait été sifflé?

    Sali Bislimi (Biennois, directeur de l’ONG Voix occidentale du Kosovo) réagit avec virulence du fait de la discrimination faite entre un joueur suisse de souche et des joueurs d’origine albanaise, concernant le montant des amendes. ( mais oui, il y a énormément de tensions politiques entre la Suisse et la Serbie, raison de la sanction !)

    Il se plaint également de l’interdiction faite aux ressortissants du Kosovo (non reconnu par la Russie) d’y voyager. Shelken Matoshi est révolté : il imagine la présence d’albanais dans le stade « et s’il y en avait, pourquoi n’auraient-ils pas le droit de porter les couleurs de leur peuple ?» Alors, Suisse ou Kosovar, le peuple de S. Matoshi?

    Sali Bislimi « Les Albanais n’ont jamais envahi un autre pays ni conquis un autre peuple en faisant ce geste. Les aigles albanais sont les aigles suisses » ! Mais il précise aussi : « Les 400.000 albanophones vivent en Suisse….. et ne vont pas rentrer : ils sont les Suisses de demain.

    Il précise que « le drapeau suisse est suspendu sur l’espace public dans tout le Kosovo : personne ne dit rien contre cela » !!! Normal, le Kosovo est aux mains des kosovars et non des suisses qui n’ont rien à dire sur un territoire qui ne leur appartient pas ! Le Kosovo n’est pas suisse et vice versa !

  4. Posté par Carole le

    Comment s’identifier à cette équipe de football? Il n’y a plus rien de suisse dans cette équipe, plus que son nom… Et c’est nous agresser que de profiter de son nom pour régler ses comptes. Nous n’en avons que faire de leur animosité… Un enrichissement dit s sommaruga? Je le cherche encore

  5. Posté par Peter K le

    Excellent exemple de ce que devient notre pays, une fausse integration, on se cotoie sans (encore) trop de violences, mais nous ne serons jamais les memes, et les « desouches » n’ont jamais apprecier les albanais et autres kosovars, car ils sont venus ici avec leur violence et haine pour nous envahir a petit feu, ne jamais oublier qu’ils sont muslims…combien de meurtres et d’agressions commises par ces envahisseurs? On pourrait avoir une fois un decompte??? Ils sont a des années lumieres des Hongrois et Tcheques qui eux, etaient de VRAIS refugiés et ont ete une immense chance pour notre pays et sont plus swiss que nous!

  6. Posté par Sergio le

    Je le redis, cette équipe de Suisse n’a pas grand-chose à voir avec notre pays. Et l’intervention désastreuse de ce grand dadais de Parmelin aggrave encore le cas. On aimerait passer à autre chose, mais non, les sales gosses resteront de sales gosses et un niais demeurera niais.

  7. Posté par UnOurs le

    Remarque annexe sur le sujet, l’inculture des journaleux aujourd’hui, comme par exemple, le rédacteur-en-chef de l’Illustré qui ne sait même pas qu’aigle, en héraldique, est de genre féminin.

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