Trump a cette fois commis l'irréparable: il a commercialisé un T-shirt.
Le T-shirt en question est disponible dans le magasin du site de campagne de Donald Trump, porté comme on peut le voir par un beau spécimen de suprémaciste blanc:
Mais le problème n'est pas là - le problème est dans le dessin affiché sur le T-shirt, qui montre un aigle. Un aigle... Qui n'a pas vu ce symbole ailleurs? Qui d'autre utilisait un aigle? Les nazis, bien sûr!
Trump -> aigle et nazis -> aigle, donc Trump = nazi. CQFD.
Et voilà certains des plus acharnés de la gauchosphère partir en croisade pour montrer que ce T-shirt est la preuve définitive du nazisme de Trump (m'est avis qu'après trois ans et demi de présidence ils auraient mieux fait de pointer du doigt le bilan du Président plutôt qu'un imprimé sur coton, mais après tout, chacun cherche les preuves là où il peut.)
Tout cela n'aurait pu être qu'une de ces tempêtes dans un verre d'eau dont Internet est coutumier si "l'affaire" n'avait été reprise par les médias, au premier rang desquels USA Today dont le service de "fack-cheking"... Confirme bien que Trump a utilisé un symbole nazi.
Les experts ont parlé et leur sentence est irrévocable.
Hélas pour le quotidien publié depuis 1982, la conclusion du panel d'experts (essentiellement engagés, cela va sans dire) n'a pas provoqué l'assentiment général, mais plutôt un tollé, dont USA Today fait les frais en termes de crédibilité. Il est vrai que le symbole de l'aigle fait partie de l'iconographie américaine traditionnelle depuis plus d'un siècle, avant et après l'époque nazie et la Seconde Guerre Mondiale.
La publication a donc depuis profondément remanié son article pour expliquer que oui c'est vrai l'aigle, c'est-à-dire ici le Pygargue à tête blanche, fait partie des symboles américains... Mais sans changer la conclusion. C'est-à-dire que lorsque Trump utilise une image d'aigle, cela prouve sans ambiguïté ses liens avec le nazisme. Alors que lorsque d'autres l'utilisent, eh bien, bon, c'est juste un aigle.
Pour les besoins de la démonstration, on oubliera que le gendre du Président est juif.
Évidemment, certains ne se sont pas gênés pour relever l'absurdité de la situation, en pointant quelques contre-exemples, qu'il s'agisse du site de Nancy Pelosi, des billets de banque, du corps des marines, de la masse de la Chambre des Représentants... Voire les pièces de monnaie. Et là c'est encore plus fort:
"Avez-vous déjà vu le côté face d'une pièce de 25 cents?" demande un Internaute... Et Twitter cache l'image parce qu'elle pourrait être choquante. Respirons profondément et vérifions:
Voilà. OK, il s'agit de la gravure du quarter de 1804, mais nous en sommes arrivés à un point où montrer l'aigle au revers d'une pièce de monnaie américaine authentique est jugé par Twitter comme quelque chose de potentiellement choquant - là encore parce que l'aigle est un symbole nazi, vous comprenez.
L'analyse d'USA Today n'est pas un accident.
Ces gens-là sont complètement fous. L'hystérie anti-Trump (baptisée Trump Derangement Syndrome ou TDS par ceux qui en observent quotidiennement les effets dans les médias) n'est pas un vain mot.
Toutes les marques, équipes, clubs et drapeaux arborant un aigle (jusqu'aux armoiries de Genève) feraient bien de les changer avant la convocation au prochain procès de Nuremberg.
Stéphane Montabert - Sur le Web et sur LesObservateurs.ch, le 12 juillet 2020