RIP, Référendum d’Initiative Populaire

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Quand l’idée de cet article m’est venue, la révolte des gilets jaunes n’avait pas encore commencé. J’essayais de trouver des arguments pour convaincre que la démocratie directe à la Suisse était la meilleure voie pour gouverner un pays en lui assurant justice, calme et stabilité.

La démocratie représentative fut un grand pas en avant, en tous cas pour nombre de pays qui vivaient, auparavant, sous des régimes totalitaires. Si l’on considère que la politique est la façon non-violente de résoudre les conflits, on ne peut que se féliciter de voir s’opposer des gens raisonnables dans des débats d’idées, avec fougue, et même avec rage, mais toujours en-deçà de toute violence physique.

Mais aujourd’hui, la démocratie représentative arrive à bout de souffle : elle a été dévoyée et dans beaucoup de pays, des dysfonctions graves empêchent l’exercice serein de cette forme de politique. Qu’est-il donc arrivé pour que ces systèmes de démocratie en arrivent là ? Certains leaders, sans aucune expérience, sans aucun sens pratique, sans aucune considération pour les aspirations du peuple, sans aucune vision ni aucun sens de l’anticipation, sont parvenus au pouvoir et gouvernent uniquement selon l’idéologie dont ils sont pétris.

La désinvolture avec laquelle un Chef d’Etat se croit autorisé à prendre toutes sortes de décisions sans consultation du peuple ne peut que pousser les gens à désirer un système dans lequel ils ont leur mot à dire, c’est-à-dire un système de démocratie directe à travers le référendum, pas le référendum déclenché depuis le haut par la seule volonté du président, mais par le référendum d’initiative populaire déclenché par le bas.

Ceux qui s’opposent au référendum sont pour leur part favorables à une dictature de minorités, partis, groupes, clans, cliques, syndicats, qui cherchent à pérenniser leurs intérêts. Or le référendum est la piqûre de rappel nécessaire à celui qui a tendance à oublier qu’il n’est où il est que pour servir les autres. Car le Chef d’Etat n’est là que pour le bien être de son peuple et ce dernier a le droit de le lui rappeler et doit avoir le moyen de le lui imposer.

Pour que le peuple garde constamment à l’esprit ce qui doit être sa priorité, il lui faut adopter un moyen visible dans toutes les manifestations : un signe comme un badge, un emblème, une cocarde, un écusson, un ruban, en tout cas une marque bien reconnaissable avec, en son centre, sur fond clair, se détachant en sombre les trois lettres suivantes : RIP (pour Référendum d’Initiative Populaire) ou RIC (pour Référendum d’Initiative Citoyenne).

Partout où des rassemblements importants ont lieu (dans les stades, dans les manifestations sur la voie publique quelles qu’elles soient, dans les déplacements du chef de l’Etat ou des ses ministres, dans les apparitions publiques des représentants de l’état et des députés, dans les marches, manifestations, grèves, etc.), que partout on voit s’agiter une forêt des signes estampillés RIP ! Si nous voulons une société où règne la vraie justice, il faut instaurer le RIP.

Mais diront certains : la majorité n’a pas toujours raison. A cet argument qui ne peut être contredit complètement, j’en opposerai deux autres : d’une part, la minorité n’a pas toujours raison non plus. D’autre part, si l’on analyse l’état des rares pays qui pratiquent le RIP aujourd’hui, leur situation est en général plus qu’enviable. La Suisse en est le symbole éclatant. Quand le référendum a parlé, les tensions baissent car le résultat est accepté et les polémiques se taisent jusqu’au prochain référendum. La Suisse est le cas d’école à étudier. Pourquoi l’Europe ne tirerait-t-elle pas profit de l’expérience helvétique ? La Suisse pourrait devenir un phare pour le continent tout entier.

Et pas question de faire une sarkozerie en faisant annuler le résultat d’un référendum par un tour de passe-passe (en 2007, Sarkozy utilise la voie parlementaire pour ratifier le Traité de Lisbonne, annulant du même coup le non massif du peuple français à la Constitution européenne en 2005). Il faut cadenasser le système contre de tels coups de force en instaurant une clause qui stipule qu’un résultat de référendum ne peut être annulé ou amendé que par un autre référendum. Qu’un Sarkozy décide unilatéralement contre 55 % des Français est un exemple flagrant d’une minorité qui n’écoute pas ce que veut le peuple.

Un Chef d’Etat est élu pour défendre son pays et protéger son peuple. Toutes les grandes questions concernant le pays doivent être soumises à référendum : immigration, sécurité, réforme des retraites, réforme du chômage, réforme de l’impôt, questions sociétales, pouvoir d’achat, etc. Tant que l’exécutif n’aura pas accepté cela, il gouvernera à contre-courant et fera montre d’autoritarisme le rapprochant des régimes totalitaires. A moins que les Gilets jaunes …

Sur le revers de la veste,

sur mes cahiers d’école,

sur les portes des mairies,

sur le sable et sur la neige,

sur les murs des Préfectures,

sur la pluie épaisse et fade,

sur les murs des Conseils régionaux,

sur chaque main qui se tend,

sur les tableaux de classe,

sur la vérité physique,

sur les marches de l’Assemblée nationale,

sur chaque bouffée d’aurore,

sur l’avenue des Champs-Elysées,

sur les marches de la mort,

sur les grilles de l’Elysée,

J’écris ton nom,

Référendum

Bertrand Hourcade, avril 2020

2 commentaires

  1. Posté par antoine le

    On dit toujours qu’on mérite le gouvernement que l’on a !
    Tout dépend du niveau d’éducation et du niveau de vie de la population d’un pays.
    Pendant la durée de la pandémie, on verra des gouvernements complètement effondrés, littéralement sur les rotules et d’autres pays, dont le peuple aura délégué de plus fortes responsabilités à son président, s’en sortir plus rapidement et en meilleures conditions.

  2. Posté par Gilles Hieron le

    L’auteur n’a toujours rien compris à ce qu’est une démocratie au sens moderne du terme. Ce qu’il propose pour la France, passer simplement d’une démocratie représentative à une démocratie plus directe ne changera rien au problème. Au lieu d’avoir la dictature d’un groupe de politiciens entrés au parlement et au gouvernement avec leurs amis, il aura la dictature de la foule. Sur le fond cela ne change rien. Je l’invite à lire Benjamin Constant qui compare la démocratie des modernes à celles des anciens (les grecs de l’antiquité donc). L’auteur demande d’aller vers la démocratie antique, qui était aussi une horreur parce que les citoyens étaient à la merci du collectif qui disposait d’un pouvoir politique total sur ses membres.

    Ce qui fait, ou aurait du faire le coeur des démocraties modernes, telles que pensées par les philosophes des lumières et les pères fondateurs américains, c’est qu’elles ne sont pas des démocraties. Les pères fondateurs américains se méfiaient de la démocratie. Benjamin Franklin disant que la démocratie c’est deux loups et un agneau qui doivent voter pour choisir ce qu’il y aura au menu du dîner du soir. Nos systèmes ont été pensés comme des républiques protectrices de libertés fondamentales, qui accessoirement sont démocratiques. Leur propriétés essentielles c’est d’être des états de droit, pas des démocraties.

    Le problème de l’auteur c’est qu’il ne comprend pas que dans ces systèmes le citoyen n’est plus là pour en servir d’autres, pas plus le roi de l’ancien système que la majorité ou le collectif de la démocratie participative qu’il imagine. Dans ces systèmes le citoyen est libre de disposer de lui, de sa personne comme de sa propriété. Le propre d’un état de droit, ce n’est pas simplement d’avoir des lois qui sont votées par la majorité plutôt que des énarques, c’est d’avoir des principes relatifs à la limite de l’activité de l’état et donc de ce que le souverain peut mettre dans la loi .J’invite l’auteur à lire « La loi » par Frédéric Bastiat. L’auteur confond deux choses: qui doit être le souverain et de quelle quantité de pouvoir sur les citoyens dispose le souverain. Si on sera d’accord pour dire avec l’auteur que l’on préfère que le souverain soit le peuple constitué de l’ensemble des citoyens plutôt qu’un roi ou des aristocrates sortis de l’ENA, les français, comme tous les peuples occidentaux d’ailleurs, ne résoudront aucun problème s’ils ne comprennent pas que la quantité de pouvoir sur les citoyens dans les mains du souverain doit être la plus petite possible, qui que soit le souverain.

    Tant que les français de bonne volonté comme l’auteur, n’auront pas compris que le rôle d’une constitution c’est de définir les limites de l’activité de l’état et de maintenir l’état dans cette limite, et que si l’état sort de cette limite le problème c’est que les gardes-fous ne sont pas suffisants, ils ne pourront pas en sortir.

    Les intérêts que certains visent à pérenniser dont parle l’auteur ont précisément été possibles parce qu’en France aucune vraie limite n’existe quant à ce qu’il peut y avoir dans la loi. Ce qu’il faut ce n’est pas changer la source à l’origine de la loi, mais sa portée. Le référendum ou l’initiative (c’est d’ailleurs amusant de voir que l’auteur confond les deux) ne sont qu’une partie des outils qui permettent au peuple de garder un certain contrôle sur le système pour éviter qu’il dérape par l’action et les abus de ceux qui l’actionnent et mettent la main dessus. Mais la séparation des pouvoirs, le fédéralisme (qui n’est autre qu’une séparation des pouvoirs verticale) et le principe de subsidiarité qui va avec, les règles de procédure, la proportionnalité, etc. en sont d’autres tout autant indispensables.

    Introduisez le référendum ou l’initiative en France dans l’état actuel du système, et la seule chose que vous aurez c’est que les intérêts spécifiques que les gens voudront pérenniser dépendront simplement des majorités de citoyens qui s’accordent pour piller leurs voisins. Cela ne résoudra pas le problème. La seule chose qu’on peut concéder à l’auteur c’est qu’en Suisse cette marche en avant qui détruit les libertés des citoyens morceaux par morceaux va moins vite parce que grâce au référendum et à l’initiative il est plus difficile pour les politiciens de piller beaucoup de gens plutôt que quelques uns s’ils peuvent exprimer leur refus. Mais cela n’enlève rien au fait qu’en Suisse, on vit la même marche en avant destructrice. Nos socialistes ont simplement plus de difficulté à introduire l’état total et totalitaire, ce qui les retarde par rapport à nos voisins dans l’atteinte de cet objectif, mais cela ne change rien au fait que nous y allons également.

    Si comme le pense l’auteur quand les français ont remplacé le roi par un parlement, l’objectif n’était pas de remplacer un tyran à Versailles par cinq cent tyrans au palais Bourbon; il faudrait qu’il comprenne que de remplacer le parlement par une majorité du peuple, n’a strictement aucun intérêt non plus si on remplace les cinq cent tyrans du palais Bourdon par dix mille tyrans vivant tout autour de chez soi.

    D’être pillé par le roi, une minorité d’aristocrates, ou la foule, quelle différence cela fait-il? La solution pour la France comme pour tous les pays européens dont les systèmes ont été dévoyés, ce n’est pas l’introduction du référendum ou de l’initiative, la solution c’est une refonte complète des constitutions impliquant l’élimination du 90% des lois, des impôts et donc de l’activité actuelle de l’état, ce par des gens qui pensent comme les pères fondateurs américains, mais qui ont le recul historique et la connaissance nécessaire pour mettre les gardes-fous supplémentaires permettant d’éviter que le système ne soit une nouvelle fois détourné.

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