La bonne nouvelle en Grèce, c’est que l’épidémie de coronavirus a forcé la Turquie à retirer de la frontière les milliers de migrants qu’elle avait lancés fin février à l’assaut de l’Europe, promettant par la voix de son ministre de l’Intérieur Suleyman Soylu de faire tomber les gouvernements européens sous les coups de ce nouvel assaut migratoire. Pour le moment, cette déclaration de guerre qui ne disait pas son nom s’est retournée contre le président Recep Erdogan et ses concitoyens. Le gouvernement de Kyriakos Mitsotakis n’est pas celui d’Alexis Tsipras, et les forces grecques, soutenues par la population, ont tenu bon face aux assaillants. Le vendredi 27 mars, les autorités turques organisaient l’évacuation de ces assaillants pour cause d’épidémie de coronavirus dans l’ensemble du pays. Les candidats à l’immigration illégale en Europe ont été transportés et placés en quarantaine selon l’agence de presse turque Anadolu. Le ministre Suleyman Soylu a toutefois promis que les migrants reviendraient à la frontière grecque une fois la pandémie terminée.
Des mesures prises dès février
Le 2 avril, la Turquie faisait déjà état de près de 16 000 personnes contaminées par le coronavirus SARS-CoV-2 et 277 morts. En Grèce, on annonçait le même jour 1 415 malades et 52 morts. Car la Grèce a pris des mesures pour freiner l’épidémie dès son apparition sur son territoire, à la fin du mois de février, tandis que la Turquie était trop occupée à faire passer ces migrants dont beaucoup étaient originaires de pays où la maladie Covid-19 était déjà très présente, avec d’ailleurs une faible proportion de Syriens à en croire les statistiques des arrestations côté grec. Empêcher le passage de ces immigrants clandestins, c’était aussi pour la Grèce une nécessité pour ne pas réduire à néant les autres mesures adoptées contre le coronavirus. Face à l’évacuation des migrants par les autorités d’Ankara, le gouvernement de Mitsotakis a annoncé lundi ne pas vouloir étendre la suspension des demandes d’asile qui avait été annoncée le 1er mars dernier pour une durée d’un mois.
Prudence
En ce qui concerne le coronavirus, le Premier ministre Mitsotakis a estimé jeudi devant le parlement que les Grecs ne sont pas encore « au début de la fin, mais plutôt à la fin du début », et il a appelé les gens à rester chez eux, faisant remarquer que dans un pays comme la Hollande, où l’épidémie a commencé au même moment, il y a aujourd’hui dix fois plus de patients en soins intensifs dans les hôpitaux. Depuis le 23 mars, la population grecque est en confinement, ce qui veut dire qu’il est demandé aux habitants d’éviter tout déplacement inutile et que les rassemblements sont interdits. Il est toutefois possible de sortir de chez soi pour aller travailler, pour aller acheter de la nourriture ou des médicaments, se rendre chez le docteur, se dégourdir les jambes ou aller promener son chien. Comme en France, il faut remplir une déclaration pour justifier chaque sortie. Les offices de l’Eglise orthodoxe ont été fermés au public et les messes de Pâques le seront aussi, ainsi qu’en a décidé le Saint-Synode de l’Eglise orthodoxe grecque. Les mesures prises ressemblent donc fort à celles adoptées en France, sans toutefois aller jusqu’à la fermeture de toutes les activités « non essentielles », mais, prises plus tôt, elles ont permis de mieux freiner l’épidémie. En tout cas pour le moment. •
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