Les petites mains de la contrefaçon

Alimuddin Usmani
Journaliste indépendant, Genève

 

Le sud de l'Europe est une destination privilégiée des Genevois et des Suisses pendant les vacances d'été. L'activité touristique attire sur les plages de nombreux Africains qui se spécialisent dans la vente de produits de contrefaçon. Rencontre avec deux de ces vendeurs à Marbella en Espagne qui travaillent plusieurs heures par jour sous un soleil de plomb et qui s'astreignent au jeûne du Ramadan. Ils affirment tous deux être arrivés en Europe par avion.

Sur une des nombreuses plages qui bordent la Costa del Sol, les vendeurs déambulent à la recherche de touristes qui souhaitent acheter un produit de marque contrefait. Il ne semble pas que les touristes qui viennent se prélasser au bord de la mer prêtent beaucoup d’attention à ces vendeurs à la sauvette. Ces hommes, chargés de marchandises, ont quelques difficultés à  s'exprimer car ils sont conscients que c'est une activité illégale.

Celui qui accepte finalement de se confier dit se nommer Pasquale. Il est originaire de Dakar au Sénégal et il a 36 ans. Il est venu en Europe pour la première fois en 1999. Il a tout d'abord passé 6 ans en Italie à Naples avant de venir s'installer en Andalousie. « Ce n'est pas un bon job,  les affaires marchaient mieux en Italie. J'arrive généralement à vendre pour une somme entre 20 et 30 euros de marchandise par jour », nous explique Pasquale. Cela correspond à peu près au prix d'un sac à main de marque pour femmes qu'il propose en plus de ses montres.

Arona, 26 ans, originaire du Burkina Faso accepte également d'évoquer son activité mais il craint la police. Pendant la conversation il se baisse et dépose sa marchandise, des lunettes de soleil, sur notre linge afin de ne pas être repéré. « Je risque 750 euros d'amende et 2 mois de prison. Les policiers municipaux espagnols m'ont déjà insulté à l'aide de remarques racistes », nous raconte le jeune Burkinabé. Lorsque nous lui demandons s'il travaille pour un patron il dit être autonome et avoir acheté sa marchandise en provenance d'Italie. Il essaie de revendre tant bien que mal ces contrefaçons plutôt bien imitées qui coûteraient plusieurs centaines d'euros dans leur marque originale.

Il affirme ne pas se satisfaire de cette situation précaire qui dure depuis 6 ans déjà. Il est actuellement sans papiers et il a demandé l'asile à deux reprises, sans succès. « Mon rêve est tout simplement d'obtenir un contrat de travail, n'importe quel travail », poursuit Arona. « L'image en Afrique qu'on donne de l'Europe à la télévision ne correspond pas à la réalité », évalue à postériori le jeune homme.

 

L'Espagne qui connaît un taux de chômage très élevé peut en effet difficilement offrir des perspectives d'emploi en dehors de cette activité qui satisfera quelques touristes en mal de souvenirs qui donnent l'illusion d'avoir fait des achats dans des magasins de luxe prestigieux.

 

Alimuddin Usmani, août 2014

 

2 commentaires

  1. Posté par d degoumois le

    La mafia chinoise qui fourni le 100%s des contres façons présentent en Europe et au maghrebe, trouve dans cette population sans scrupule, (c’est la même qui deale chez nous), des petites mains très dociles et prête à tout pour de l’argent)! Sur youtube un reportage nous montre qu’une mafia africaine et aussi derrière tout ça! Alors que notre pays est partout envahi par les dealers, qui viennent de partout et aussi d’Afrique, on ne voit pas dans de vente au grand jour, de contres façons! ça prouve en fait que lorsqu’on veut contenir et supprimer un commerce délictueux, on le peut! Pour la drogue on ne le veut pas, c’est très clair!

  2. Posté par john Simpson le

    Article très intéressant, notamment sur la vision tronquée de l’Europe en Afrique. De tels témoignages devraient convaincre les Africains que leur avenir n’est pas en Europe car il reflète la vérité…

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