Le Moonwalk des politiciens français!

Christian Vanneste
Président du RPF, député honoraire
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La France se livre à un hallucinant sur place, ou plus exactement son personnel politique réalise en politique ce que Michaël Jackson avait donné à la danse, le Moonwalk, ce pas qui permet de reculer en donnant l’illusion d’avancer. Moonwalk sur la plupart des sujets économiques et sociaux. Moonwalk saisissant sur les questions de sécurité et de justice. Les échanges entre Mme Taubira et l’UMP sont un morceau de choix de cette chorégraphie.
Dans ce débat, on n’évoque pas souvent les victimes. J’aurai une pensée particulière pour Natacha Mougel et pour ses parents. Elle a été violée et assassinée en 2010 par un récidiviste condamné en 2006 à 10 ans de prison et libéré en 2009. Si la peine de prison avait été appliquée dans sa totalité, Natacha serait toujours en vie et son assassin en prison.

 

 

Comment les Français peuvent-ils supporter une classe politique aussi dépourvue de talent et d’honnêteté intellectuelle ? La connaissance précise des dossiers que j’ai suivis en tant que parlementaire me donne malheureusement l’occasion de faire ce constat alors que beaucoup de Français qui s’intéressent plus ou moins à la politique sont étonnés et déçus par le retour périodique des mêmes problèmes qui n’ont pas été résolus, mais continuent à espérer qu’ils le seront par le camp qui a leur préférence et dont les explications ont répondu partiellement à leur attente. Le drame, c’est que sur un certain nombre de sujets importants, la France se livre à un hallucinant sur place, ou plus exactement son personnel politique réalise en politique ce que Michaël Jackson avait donné à la danse, le Moonwalk, ce pas qui permet de reculer en donnant l’illusion d’avancer. Moonwalk sur la plupart des sujets économiques et sociaux. Moonwalk saisissant sur les questions de sécurité et de justice. Les échanges entre Mme Taubira et l’ump sont un morceau de choix de cette chorégraphie.

A Dreux, trois délinquants condamnés sont présentés par la police à la Justice, et à sa demande, pour l’exécution de leur peine. Le magistrat en charge du dossier les fait remettre en liberté faute de place libre en prison. L’opposition accuse, non sans raison l’idéologie laxiste et anticarcérale de la Ministre et sa circulaire de septembre 2012 de cette situation absurde. La Ministre, avec ce ton péremptoire de détentrice du savoir et du bien qui lui est propre, et cette agressivité peu compatible avec ses fonctions, répond que c’est la décision d’un magistrat indépendant qui ne fait qu’appliquer la Loi Pénitentiaire de 2009, une loi de droite. Cette réponse est un mixte : 2/3 de mauvaise foi, mais 1/3 de vérité. D’abord, la loi pénitentiaire n’a jamais demandé de relâcher les condamnés. Elle a seulement mis l’accent sur la surpopulation carcérale et sur l’usage de peines alternatives pour les condamnés à moins de deux ans, non récidivistes. Ensuite, si les juges n’ont pas à subir de pression sur des cas individuels, ils appliquent la loi dans le cadre d’une politique gouvernementale que des circulaires ministérielles indiquent de manière générale. Donc Mme Taubira ne se grandit pas à rejeter la faute sur ses prédécesseurs dans le style d’une cour de récréation : « c’est pas moi, m’sieur, c’est l’autre ». En revanche, elle n’a pas tort de pointer la Loi pénitentiaire. Certes, la gauche ne l’a pas votée, parce qu’elle n’allait pas assez loin, mais elle allait dans son sens. Elle s’est donc contentée de faire de la surenchère, comme cette incroyable proposition de numerus clausus, qui consistait à fixer le nombre maximum de détenus dans un lieu de détention, et à élargir automatiquement le prisonnier le plus proche de la fin de sa peine à l’arrivée d’un nouveau condamné. Cette loi que Sarkozy a regrettée était un mouton noir, une étrangeté que j’ai dénoncée à la tribune en déplorant son obsession de la surpopulation carcérale et sa volonté de garantir l’encellulement individuel, dans l’oubli de la réparation matérielle et symbolique envers les victimes, complètement ignorées, et envers la société et ses valeurs.

A la tribune, je soulignais le contraste entre  » le souci d’humaniser les prisons, d’affirmer la dignité des détenus et de favoriser leur réinsertion » et  » les accents martiaux des lois répressives que nous avons votées » auparavant. Je pointais le double langage du gouvernement qui consistait à faire passer la non-incarcération des condamnés à moins de deux ans ou à favoriser l’usage du bracelet électronique pour des mesures humanitaires alors qu’il s’agissait d’une solution économique de gestion hôtelière destinée à limiter le nombre des créations de places pourtant nécessaires. Je rappelais que « le double dysfonctionnement du nombre de détenus par rapport au nombre de places et des peines non exécutées (100 000 aujourd’hui) résulte non du caractère trop répressif des lois mais de l’insuffisance des moyens. » En 2011, il y avait 56520 places en France, 75647 en Espagne, 77669 en Allemagne et 96158 au Royaume-Uni. Lors du débat à l’Assemblée, la Ministre, Michelle Alliot-Marie, avait fixé le cap : 63 000 places en 2012, suivant l’objectif de 2002, auxquelles s’ajouteraient les 5000 annoncées par le Président Sarkozy. 68 000 places en 2017. En Juillet 2013, il y a 69 590 détenus pour 57 320 places.  Que Mme Taubira qui a sur ce dossier une attitude idéologique et irresponsable soit en partie à l’origine de cette situation par son opposition à la politique précédente est une évidence. Que ses prédécesseurs n’aient pas atteint les objectifs fixés malgré leurs déclarations de guerre à la criminalité et leurs cris d’orfraie actuels ne rend pas leurs critiques très crédibles, mais en dit long sur la valeur de notre classe politique. Dans ce débat, on n’évoque pas souvent les victimes. J’aurai une pensée particulière pour Natacha Mougel et pour ses parents. Elle a été violée et assassinée en 2010 par un récidiviste condamné en 2006 à 10 ans de prison et libéré en 2009. Si la peine de prison avait été appliquée dans sa totalité, Natacha serait toujours en vie et son assassin en prison.

Christian Vanneste

 

 

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