« Nous devons redécouvrir un peu plus de ce qui fait notre vie »

Quel avenir pour les communautés protestantes devant la pression des individualismes ? Albert-Luc de Haller répond à nos questions.

Dans la droite ligne des constatations de Jean François Mayer, il y a quelques jours, sur le site des Obsevateurs, Albert-Luc de Haller, modérateur de la Compagnie des Pasteur-e-s et des diacres de Genève, reconnaît lui aussi la montée des individualismes, réserve étant faite, bien évidemment, de la nature même du protestantisme.

Le pasteur genevois reconnaît volontiers que la puissance de certaines traditions peut être un frein pour entrer dans la « culture du temps », ce qui n'est pas sans conséquence sur le pouvoir d'attraction des communautés protestantes sur les jeunes: « Notre église éprouve parfois de la peine à se mettre à jour, la forme de nos célébrations n'est pas toujours très attrayante, je pense que c'est un des éléments ». Mais la concurrence des communautés évangéliques ne saurait relever d'un quelconque conflit, mais bien d'une complémentarité de l'offre réformée, nonobstant une certaine « distance », que confesse Albert-Luc de Haller en raison d'un contenu parfois peu propre à répondre aux attentes de la population.

Devant l'explosion matérialiste généralisée de la cité de Calvin, le modérateur de la Compagnie des pasteurs s'interroge sur ce temps qui manque aux hommes pour « parler du sens de l'existence », dans une culture et une spiritualité qui ont perdu en profondeur. Devant la montée des autres religions, il constate encore que la réflexion nécessaire au discernement de la situation n'est pas encore arrivé.

Cesser de fuir

Revenir au fond ? Certainement, la prière fait son retour dans la communauté, même si la lecture de la Bible connaît une certaine baisse, au contraire des catholiques genevois qui, eux, connaissent un regain d'intérêt pour la méditation des Ecritures. « La spiritualité désincarnée n'a pas beaucoup de sens, sinon d'être une fuite de la réalité. Inversement, la réalité sans références est également une fuite... de la réalité, d'ailleurs. Nous devons redécouvrir un peu plus de ce qui fait notre vie ».

Robe pastorale

Réagissant encore à la fameuse affaire des soutanes, qui avait ébranlé la République, Albert-Luc de Haller a reconnu, non sans finesse, l'ambiguïté des autorités devant une certaine méfiance « à l'égard d'autres mouvements religieux qu'on n'aimerait pas voir défiler dans nos rues en tenue ». « Cela dit, je souhaiterais que ce genre d'interdictions puisse tomber, non pas que j'ai envie de me balader en robe pastorale dans la rue, à Genève, j'en suis loin, mais, en même temps, il y a des discriminations qui ne servent à rien ».

 

Interview d'Albert-Luc de Haller

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