Michel Garroté -- C'est le bazar intégral. "Et si la présidentielle était reportée ?", peut-on lire, sans rire, dans Causeur. Et puis -- accrochez-vous -- 70% des Français penseraient, parait-il, que Farid Fillon aurait tort de rester candidat à l'élection présidentielle, selon un sondage Odoxa, sondage qui vaut ce qu'il vaut, soit pas grand chose, comme tous les sondages (cela dit, pour Fillon, c'est quand même très mal barré là). Attendez. Ce n'est pas tout : Ali Juppé « se prépare », prévient, en Une, Le Parisien, qui évoque un « plan J comme Juppé », pour remplacer -- au débotté -- François Fillon, mais oui, Fillon (je viens de vous en parler alors réveillez-vous), vous savez, le mari de la britannique Lady Pénélope, qui envisage de rentrer dans son royaume, son pays brexité quoi. Ce qui n'est pas vrai du tout. Ce n'est qu'un nouveau complot ourdi par la gôche. Ploum, ploum, tralala. Alors, Bazar intégral et Front National ? Hop, lisez ci-dessous ce qui se raconte à Paris, entre autre lors des dîners mondains et dans les salons eux aussi mondains (bon, d'accord, ils ne sont pas tous mondains).
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Sur Le Salon Beige, Michel Janva, qui note (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Après la perte d'influence de Florian Philippot au FN au profit du courant de droite avec Marion Maréchal Le Pen, c'est au tour des plus à gauche soutiens de François Fillon de quitter le navire. L'européiste pro-loi Taubira Bruno Le Maire, le LGBT Franck Riester, député-maire LR de Coulommiers, l'UDI (dont une partie des membres a déjà rallié Emmanuel Macron), Yves Jégo, les juppéistes Béchu, Keller, Benoist Apparu, mais encore Georges Fenech (hostile à la liberté scolaire) ou l'européiste Pierre Lellouche (liste complète ?) se sont désolidarisés de François Fillon. Ne restera-t-il bientôt plus que des personnalités de droite autour de François Fillon ?
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Dans Valeurs Actuelles, 380 jeunes LR critiquent les lâches : "Ce sont souvent les mêmes qui, avant cette affaire, émettaient des doutes sur le projet de François Fillon et lui demandaient d’infléchir ses positions, de revoir sa copie. Nous nous interrogeons sur ces élus qui peuplent les instances dirigeantes de notre parti politique et qui, à moins de 60 jours d'une élection présidentielle si décisive pour notre génération ne sont pas capables de mettre la France et son avenir au-dessus des guerres picrocholines qu'ils mènent pour satisfaire leurs égos démesurés. Un deuxième tour avec François Fillon entouré uniquement de Sens commun et du PCD, tous les juppéistes et autres UDI l'ayant courageusement lâché, face à une Marine Le Pen, défendant la ligne Marion. Là, au moins, la victoire idéologique de la droite serait claire et nette, précise Michel Janva sur Le Salon Beige (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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De son côté, Marie-Christine Tabet, dans le JDD, écrit notamment (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Et si l'indispensable Florian Philippot était de moins en moins indispensable ? Début février à Lyon, le vice-président du Front n'avait pas écrit le discours de lancement de campagne de la candidate, pas plus que son frère Damien, pourtant chargé depuis le mois de décembre du pôle rédaction au QG. C'est Philippe Olivier, le mari de Marie-Caroline, la sœur de Marine Le Pen, qui avait choisi les mots de la candidate et affûté les formules droitières, célébrant l'héritage chrétien de la France et ses valeurs. Au sein du FN, Philippe Olivier, le patron de la cellule "idées-image", devenu l'un des pivots de la campagne, défend une ligne identitaire, privilégiant les thèmes de l'immigration, de l'islamisation et de la culture plutôt que ceux de l'économie, de la sortie de l'euro et du social chers au souverainiste Philippot.
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Et c'est Philippe Vardon, conseiller régional en Paca, ancien patron de Nissa Rebela et issu de la mouvance identitaire, qui a conçu le clip de la candidate… L'influence de ces deux hommes très proches de Marion Maréchal-Le Pen – l'un est son oncle, l'autre sa recrue niçoise – illustre le changement de cap de la candidate. La popularité au FN de Marion Maréchal-Le Pen n'explique cependant pas à elle seule le virage idéologique de sa tante. La primaire de la droite a montré l'existence d'un électorat foncièrement conservateur, nourri des valeurs de La Manif pour tous, mobilisé et antisystème. En novembre, ces électeurs avaient choisi François Fillon. Mais fin janvier, le "Penelopegate" a rebattu les cartes. L'idée défendue par Marion Maréchal-Le Pen et les "Sudistes" du FN, selon laquelle il fallait désormais aller chercher des voix à droite et non à gauche, s'est imposée.
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La désignation de Benoît Hamon au PS et le maintien de Jean-Luc Mélenchon, ont achevé de convaincre Marine Le Pen que l'espace était trop occupé de ce côté-ci de l'échiquier politique. Enfin, le soutien de Philippe de Villiers, obsédé par le "grand remplacement" de la population, lui laisse espérer que la bourgeoisie effrayée par l'islamisation de la France pourrait enfin la rejoindre. Une vision désormais partagée par une autre famille du FN, celle des "populistes" du Nord comme le député européen et maire d'Hénin-Beaumont Steeve Briois, ou Bruno Bilde, conseiller régional du Pas-de-Calais, longtemps pro-Philippot. mais aussi par les anciens du MNR, parti fondé par Bruno Mégret et des dissidents du FN à la fin des années 1990, qui appelaient déjà à une fusion des droites et qui sont aujourd'hui proches des identitaires, à l'instar de Nicolas Bay, secrétaire général du Front national.
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Personne n'ose pourtant critiquer trop ouvertement Florian Philippot : le vice-président est loin d'être en disgrâce auprès d'une présidente toute-puissante avec laquelle il partage une réelle complicité et des convictions politiques. "Au fond, elle pense comme lui, mais elle croit qu'elle peut gagner. Cela la rend… pragmatique", poursuit un de ses proches. Et pour l'instant, c'est la petite musique de Marion Maréchal-Le Pen que l'on entend. Lors d'un comité interne, cette dernière a clairement donné le ton : "Je me fiche de savoir si ma fille un jour devra payer sa burqa en francs ou en euros". Sans ambiguïté, ajoute Marie-Christine Tabet, sur le JDD (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Enfin, côté journaleuse gauchisante à lire avec des pincettes, voici dame Anne-Laëtitia Béraud, qui, sur 20minutes.fr (purée...), remet ça, avec ses histoires de "fachos", ce qui me fait plutôt marrer (lisez donc, c'est du "roman noir fiction" ; et puis, si ça vous chante, allez voir le lien vers la source en bas de page, encore que je n'en vois pas l'intérêt, mais bon). Anne-Laëtitia Béraud écrit donc : Vous ne les verrez pas sur la photo aux côtés de Marine Le Pen lors de cette campagne présidentielle. Mais la présidente du Front national cultive des liens avec des personnes controversées, malgré la « dédiabolisation » entreprise par le parti depuis 2011 et l’exclusion des profils les plus radicaux, tels Yvan Benedetti ou Alexandre Gabriac, ce dernier ayant été photographié en faisant un salut fasciste. Parmi ces hommes passés souvent par la case « GUD », le syndicat étudiant radical Groupe union défense né du mouvement d’extrême droite Occident, figure Frédéric Chatillon.
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Copain de fac à Assas de Marine Le Pen, proche des polémistes Alain Soral et Dieudonné, l’homme a fait de juteuses affaires avec le FN via sa société Riwal, longtemps prestataire de la communication du parti. Ce « consultant » cosmopolite, dont les affaires le portent jusque dans la Syrie du dictateur Bachar al-Assad, se rend régulièrement aux événements organisés par le FN. Il était notamment présent aux « assises présidentielles » du FN à Lyon les 4 et 5 février, ou, en 2011, en Italie où il réside, lors d’un déplacement de la dirigeante FN. Cet adepte de la provoc et de la gomina intéresse la justice à plusieurs égards : il a été mis en examen le 15 février dans une des enquêtes sur le financement des campagnes électorales du Front national. Il est soupçonné d’« abus de biens sociaux » dans une information judiciaire sur les élections municipales et européennes de 2014 ainsi que sur les départementales de 2015.
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Frédéric Chatillon a par ailleurs été renvoyé devant le tribunal correctionnel pour répondre du financement de la campagne des législatives de 2012. Autre ami proche de Marine Le Pen et de Frédéric Chatillon, l’ancien « rat noir » Axel Loustau. Conseiller régional FN d’Ile-de-France, trésorier du micro-parti « Jeanne » de Marine Le Pen, l’homme est patron d’une entreprise de sécurité qui travaille avec le FN. Ce proche a bénéficié de contrats laissés vacants par l’interdiction faite à la société Riwal de travailler avec le parti via son entreprise de communication Presses de France. Il a été mis en examen en 2015 dans l’enquête sur le financement présumé frauduleux de la campagne du parti en 2012. Et il intéresse le parquet de Paris qui a ouvert le 9 novembre une enquête préliminaire visant l’entreprise Presses de France sur des soupçons d’escroquerie dans le financement de la campagne des régionales de décembre 2015 du FN.
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L’homme a par ailleurs été filmé en compagnie de Frédéric Chatillon faisant un salut fasciste, une séquence isolée en 2014 par un documentaire « Spécial Investigation » sur Canal +. Ces amitiés peuvent-elles pénaliser Marine Le Pen ? « Non », répondent plusieurs enseignants-chercheurs spécialistes du Front national. Pour Sylvain Crépon, maître de conférences en science politique à l’université de Tours, « Marine Le Pen entretient des liens du cœur avec Frédéric Chatillon et Alex Loustau. Et avec ces amitiés, elle donne des gages à tout ce qui compose non seulement son parti -les cadres, les militants, les adhérents- mais, au-delà, à toute la mouvance de l’extrême droite », ajoute le chercheur au Laboratoire d’étude et de recherche sur l’action publique (Lerap).
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Ces liens laisseraient en outre des indices aux plus radicaux du parti, leur signifiant que le FN reste, « dédiabolisation » ou non, une organisation aux racines d’extrême droite. « Ces amitiés peuvent donner une valeur ajoutée en interne, pour donner des gages aux radicalités. C’est toujours bien, en interne, de montrer que pour une frange, on reste toujours des radicaux », souligne Sylvain Crépon. « Ces personnes ne sont pas des anciens miliciens, des anciens Waffen SS ou des anciens de l’OAS comme cela a pu être le cas de la création du FN en 1972 », relativise encore Cécile Alduy, professeur de littérature et de civilisation française à l’Université de Stanford et chercheur associée au Cevipof. « Ils ont 40-50 ans, la petite bedaine, ils n’ont pas le look crâne rasé et brassard nazi.
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Et puis les jeunes de 18-25 ans n’ont aucune mémoire de ce qu’est le GUD, de ce que sont les combats fascistes des années 1970 contre l’extrême gauche, ou encore des manifestations du FN dans les années 1990 durant lesquelles il y a eu des morts ». Cependant, remarque la chercheuse, « Marine Le Pen évite de s’afficher avec eux en photo. Marine Le Pen joue comme toujours sur une ligne de crête : elle s’affiche juste assez pour que les gens le sachent mais pas assez pour créer un esclandre », continue-t-elle. Une histoire de cœur, et de raison, raconte encore, Anne-Laëtitia Béraud, sur 20minutes.fr (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Introduction & Adaptation de Michel Garroté pour https://lesobservateurs.ch/
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http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2017/03/cette-campagne-%C3%A9lectorale-commence-%C3%A0-nous-plaire.html
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http://www.lejdd.fr/Politique/Front-national-Florian-Philippot-perd-de-son-influence-850337
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http://www.20minutes.fr/elections/presidentielle/2022211-20170228-front-national-marine-pen-amis-sulfureux-interessent-justice
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