Nous sommes pris entre notre propre nihilisme, proprement "occidental", et le système oppressif de l'islam comme doctrine religieuse et politique. Plus exactement, l'un (l'islam) marche et avance sur les cendres de l'autre (l'Occident), avec d'autant plus de vélocité que nos pays européens sont pris dans leur propre "rien" : vide d'esprit, vide de culture, vide de sens.
Sur notre propre nihilisme, le constat est clair, même s'il mériterait un travail conséquent. Les grand combats du siècle, ceux qui constituent « l’esprit de progrès », ce qui est « tendance », « humaniste », « ouvert » : l’égalité, la reconnaissance hypertrophique des différences, l’homosexualité apologiée, la théorie du genre, l’indifférenciation sexuelle, l’art contemporain qui échappe à toute catégorie, la massification du divertissement et son omniprésence, la destruction des modèles traditionnels de la famille, du travail et de la religiosité, tout cela sur un fond de rejet de son histoire et de ses racines, procèdent tous d’une même idéologie dans laquelle gît, au fond, le nihilisme.
De ce nihilisme la provocation, la bêtise crasse, la violence symbolique des caricatures bêtes, tout cela servant à nourrir ce même nihilisme, ce même non-sens, cette même haine de l'identité. L’homme se révolte, mais en se contentant de saborder seulement les valeurs universelles et la transcendance : c'est ce que Nietzsche appelait le nihilisme actif (Fragments posthumes, automne 1885-automne 1886).
Nihilisme actif dont Charlie hebdo était un des vecteurs d'exception. Je fais référence à un superbe entretien avec le philosophe Rémi Brague, spécialiste de philosophie orientale, que rapporte Bernard Antony sur son blog. Le philosophe, incontestable maitre à penser sans "langue de bois", note que
« Bon nombre de gens font de la profanation leur fond de commerce. Je ne les envie pas, car leur tache devient de plus en plus difficile. Sans parler du "politiquement correct" déjà, mentionné, ils ont à affronter une baisse tendancielle du taux du profit, car il ne reste plus beaucoup de choses à profaner, faute de sacré encore capable de servir de cible. ».
À la question « peut-on dire que « l’esprit Charlie » est héritier de Voltaire ? », il répond :
« "Esprit" me semble un bien grand mot pour qualifier ce genre de ricanement et cette manie systématique, un peu obsessionnelle de représenter, dans les dessins, des gens qui s’enculent... Voltaire savait au moins être léger quand il voulait être drôle ».
Effectivement, Charlie hebdo était idiot, bête et crasse, mais surtout participait pleinement de cette haine de nos valeurs, de cette haine de notre histoire et de cette déconstruction de tout ce qui pouvait encore donner un sens à notre pauvre vie d'Européen. Je le rappelle ou l'apprend peut-être à mes lecteurs suisses, qui n'avaient pas à affronter cette crasse affichée partout dans le métro, dans les kiosques, sur les devantures des gares. mais Charlie Hebdo était vraiment le degré 0 de la vie de la pensée et de l'expression...
Penser que Charlie Hebdo pourra sauver l'Occident de l'islamisme, croire que le crayon érotico-scatophile des caricaturistes d'extrême-gauche sera le glaive de la victoire face à l'islamisme radical, c'est prendre des vessies pour des lanternes. Ce qui se passe dans le monde musulman, notamment en Afrique où des chrétiens sont massacrés à tour de bras à cause de Charlie Hebdo et de nos gouvernants qui ferment les yeux sur l'islamisation massive d'une partie du monde, prouve bien malheureusement le contraire...
Vivien Hoch, 19 janvier 2015