L'année dernière, le site d'information Samhällsnytt a révélé qu'un profil Youtube et artiste de rap bien connus parmi les jeunes avait ouvert un compte privé sur les médias sociaux où il n'invitait que des personnes à la peau noire.
Dans ce compte verrouillé, il a répandu la haine raciale et il a appelé au meurtre de Blancs en Suède. La police a reçu de nombreux signalements, mais malgré des preuves vidéo claires, le procureur a choisi de clore l'enquête. C'est parce que le rappeur prétend qu'il n'était pas sérieux. Le site Samhällsnytt a demandé au procureur de justifier sa décision.
C'est en septembre que nous avons pu raconter comment l'homme a propagé le racisme auprès de centaines de jeunes. Son célèbre profil sur Internet se nomme "JCBUZ". Celui-ci compte au total près de 280'000 abonnés sur ses deux comptes Youtube et plus de 35'000 abonnés sur Instagram dans lesquels il partage sa propre musique rap inspirée des gangsters.
JCBUZ, de son vrai nom Jesse Ekene Nweke Conable, est âgé de 22 ans et est enregistré dans la ville de Lund. Selon l’Agence fiscale suédoise, il a émigré du Nigéria en 2008. Il possède à présent la nationalité suédoise.
Dans le groupe auquel le site Samhällsnytt a pu participer, Jesse Ekene Nweke Conable a clairement indiqué que seules les personnes de couleur noire étaient les bienvenues. Après la publication de l'article de Samhällsnytt, il redoutait que des informations aient été divulguées. Il a commencé à chercher quel membre de l'équipe noire avait fourni ces informations à Samhällsnytt.
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Vous trouverez ci-dessous une vidéo qui a été visionnée plus de 170 000 fois à ce jour. Dans le clip, on entend Conable dire: "Si un homme blanc ou une fille blanche essaie de dire de la merde à votre propos, tirez-lui dessus!"
Le groupe a publié exclusivement des vidéos et des images avec la haine des personnes à la peau blanche.
https://youtu.be/xp_0Z5w-3_k
Le procureur: "Rien de grave"
Mardi, Samhällsnytt s'est entretenu avec le procureur Mattias Larsson pour savoir pour quelle raison il avait décidé le 4 juin de clôturer l'enquête malgré des preuves claires sous forme de vidéos et de captures d'écran.
Pourquoi avez-vous décidé de clore l'enquête?
- Oui, hein… parce que c'est fini, je n'ai pas les documents ici. Maintenant, je ne sais pas si vous avez ma décision. C'est quelque chose que vous avez, non?
La police a seulement annoncé qu'il n'était pas possible de prouver le crime et vous a cité en référence.
- Il s'agit du suspect qui a été entendu. Il a fourni une explication pour tout cela. Il a admis avoir réalisé cet enregistrement. Mais ensuite, il s’agit de savoir quelles intentions il a eues derrière cela et de la façon dont cela devrait être perçu. Sur cette base, j'ai estimé globalement que je ne peux pas prouver qu'il s'agisse d'incitation à la haine contre des groupes ethniques.
Quelle explication a-t-il donnée lors de l’interrogatoire de la police ?
- D'après ce qu'il a dit, il est question d'avoir une peau foncée et du racisme auquel on peut être exposé dans ce cas. Il veut montrer comment on peut avoir la peau foncée dans une société avec des Blancs en inversant la situation. L'intention n'était pas d'offenser ou de menacer les Blancs, bien que quand vous le regardez, vous pouvez avoir l'impression qu'il en est ainsi. Je ne peux pas faire d'évaluation. Mais il est clair que ce qu'il a fait est inapproprié.
Vous avez enquêté pour incitation ?
- Ehh, oui incitation ou incitation contre un groupe ethnique c'est le même acte. Ensuite, l'étiquette qu'on peut mettre dessus peut être discutée. Ce sera la même évaluation d'intention.
La police a déclaré que vous enquêtiez sur cette incitation. Le matériel a été publié dans un groupe fermé réservé aux Noirs, ce qu'il a clairement montré en filtrant l'accès au groupe. Dans la vidéo, il dit "si un putain de Blanc parle de vous ou de votre famille, abattez-le".
- Oui, c'est exact.
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Que vous manque-t-il pour engager des poursuites?
- Je ne peux pas spéculer là-dessus, c’est une évaluation au cas par cas.
La vidéo n’est donc pas une preuve suffisante. Il faut des actes contre les Blancs également?
- Non, dans ce cas, nous avons la vidéo et son explication. Il n'y a aucune preuve qui manque. En l’espèce, il s’agit de ne pas être en mesure de réfuter son but. Ce qu’il dit derrière tout ça. Il s'agit de savoir ce qui se passait dans sa tête quand il a fait ça. Il n'y a rien qui puisse faire l'objet d'une enquête plus approfondie.
Ces dernières années, nous avons vu plusieurs cas où des gens ont écrit des commentaires sur les médias sociaux. Par la suite, ceux-ci ont abouti à des poursuites pour incitation à la haine contre des groupes ethniques. S'il est affirmé lors de l'interrogatoire que l'individu ne visait pas à être menaçant mais à provoquer un débat - une approche similaire donc - pourquoi de tels commentaires sont-ils poursuivis?
- Les cas où ils sont poursuivis ou non sont un peu différents. Souvent, vous vous retrouvez dans des situations où vous dites que cela n'a pas été fait avec sérieux, que cela ne devrait pas être perçu de cette façon, que c'était une mauvaise blague. C'est un classique. Il existe de nombreux cas de ce type que vous devez clore. Ils sont très nombreux. Il s'agit de la façon dont vous vous êtes exprimé. Il existe des variantes infinies. Cela ne peut jamais être comparé.
Il manque quelque chose pour que la vidéo de ce rappeur mène à des poursuites. Mais qu’est-ce que c’est, vous ne pouvez pas répondre?
- C'est le tout. D'après ce qu'il a dit, cela ne serait pas du tout perçu comme une menace ou un mépris à l'égard des Blancs. Si je regarde la vidéo, je ne peux pas dire qu'il est impossible qu'elle soit perçue comme il l'affirme. De plus, ce n'est pas assez concret.
Il mentionne à plusieurs reprises «Black Power» - le pouvoir noir. Comment l'avez-vous pesé dans votre décision ?
J’ai regardé toute la vidéo. Je ne peux tirer aucune conclusion juste avec le terme "Black Power". En soi, ce n’est pas un crime de le dire. Je ne peux pas conclure que cela signifie appeler à la violence contre les Blancs. Le fait qu'il dise "Black Power" ne change rien à l'évaluation.
(Traduction libre Schwarze Rose pour Les Observateurs.ch)
Rappel :