Citoyens en armes. Pro Tell, Société pour un droit libéral sur les armes. Bref historique et situation actuelle.

Frank Leutenegger
Journaliste, retraité RTS,  www.swissguns.ch
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Souvenirs de Pro Tell

Pro Tell, Société pour un droit libéral sur les armes, a été fondée en 1978, à une époque où les tensions internationales s'estompaient, mais où les mouvements gauchistes commençaient leur œuvre  de destruction des valeurs de la société traditionnelle, qu'ils espéraient remplacer  par leur utopie mondialiste. Et l'année de sa fondation, Pro Tell s'est trouvée devant les premières attaques

 

Premier contact

 

En été 1978, les autorités vaudoises ont décidé de doter le canton d'une loi sur les armes. Envoyé par la Feuille d'Avis de Vevey pour suivre les débats législatifs, je me suis retrouvé à la tribune du Grand Conseil vaudois, juste derrière le groupe libéral et, en particulier, le syndic de Vevey Bernard Chavannes.

 

Devant la stupidité des arguments de la gauche (déjà), j'ai commencé à m'énerver. J'ai écrit toute une série de petits papiers, arrachés de mon carnet de notes. Et j'ai ainsi proposé - discrètement - à Bernard Chavannes des réponses. Un seul exemple: un socialiste a proposé de soumettre les arbalètes au permis d'acquisition d'armes (PAA). Je n'ai écrit que 3 mots pour Chavannes : "Souvenez-vous de Guillaume Tell". Un peu plus loin, le syndic veveysan à proposé sur mon conseil, de soumettre à permis les cendriers et les bas nylons, plus souvent utilisés de nos jours pour tuer que des arcs ou des arbalètes.

 

Non loin de moi, un autre spectateur s'amusait  de mon manège. Nous nous sommes présentés. C'était Hans Maag, qui venait de fonder Pro Tell, avec quelques amis.

 

Malgré nos efforts, le canton de Vaud avait réussi à se doter d'une loi sur les armes stupide, comme le sont toutes les lois dans ce domaine, mais moins que ne le souhaitaient ses rédacteurs.

 

Enrôlement

 

Quelques mois plus tard, j'ai été invité à l'Assemblée générale de Pro Tell. Hans m'a expliqué que j'y représenterai l'ASEAA, l'Association pour l'Etude des Armes et Armures (association à laquelle j'ai immédiatement demandé mon adhésion).

 

Dans la salle, j'étais assis à côté d'un grand type. Qui m'a demandé ce que je représentais.

- L'ASEAA

- Ah intéressant, j'en suis le président !

 

Oups ! Heureusement, Hans est venu expliquer la combine qui m'avait permis d'assister à l'assemblée, alors que mon statut de membre n'était encore acquis dans aucune des deux sociétés.

 

Une fois régularisé, j'ai plus ou moins représenté Pro Tell dans le canton de Vaud.

 

Un homme s'était vu refuser un PAA parce qu'il voulait un pistolet semi-automatique. On lui suggérait plutôt un revolver, plus facile à maîtriser pour un novice. Un autre était trop âgé pour qu'on puisse lui faire confiance avec une arme et à un autre encore, la police voulait confisquer sa collection d'armes d'ordonnance, à cause de son âge aussi.

 

A chaque fois un téléphone, "allo, ici Frank Leutenegger, Pro Tell" avait sufi.

 

Un procès pour les femmes

 

Dans la nouvelle loi vaudoise, on avait inscrit la possibilité d'acheter un fusil de chasse en présentant un permis de chasse, mais il fallait un PAA si on n'était pas chasseur.

 

Et justement, une jeune femme avait demandé ce permis, pour un fusil à deux coups, un "coach gun" en expliquant qu'elle habitait dans une maison isolée, en lisière de forêt, et que l'arme la rassurerait.

 

Refus de la police de sa commune, qui lui a conseillé, à la place d'une arme d'acheter un chien ou  de prendre un amant ! La jeune femme, qui travaillait à la télévision à Genève avait alors, sur le conseil d'un ami, acheté ce fusil dans ce canton. Bonne citoyenne, elle avait été le montrer à la police… qui le lui avait aussitôt confisqué, tandis que le préfet l'amendait lourdement.

 

Sur mon conseil,  elle avait fait recours et l'affaire est  passée au tribunal de simple police. J'ai pris mon téléphone et j'ai appelé toutes les rédactions de Suisse romande en leur suggérant d'envoyer, non pas un journaliste, mais UNE journaliste, en rappelant le "bon" conseil du policier. Un amant ou un chien.

 

Ce matin là, à Morges, la salle était remplie de femmes munies de carnets et de stylos (il y en avait une avec un micro, une autre accompagnée d'un cameraman). Le juge a prononcé un non-lieu en quelques minutes seulement.

 

Pendant quelques années, Pro Tell  a cartonné: quand le canton de Fribourg a voulu se doter d'une loi sur les armes, nous avons organisé le référendum et nous l'avons remporté haut la main. Au point que, quelques mois plus tard, le canton du Valais, qui avait les mêmes démangeaisons, a préféré nous envoyer à l'avance le texte de loi envisagé. Après notre réponse, la loi est retournée dans son tiroir.

 

Une succession sous contrôle

 

Quelques années encore. A l'époque de la présidence du colonel Sollberger (qui a fort bien vécu durant son mandat), j'ai démissionné de Pro Tell, refusant d'assumer une position de repos correcte, devant ce colonel d'opérette.

 

Dès qu'il a décidé de prendre sa retraite (les temps devenaient durs pour les propriétaires d'armes, en cette première décennie du siècle), j'ai rempilé et je me suis aussitôt retrouvé avec un problème vaudois.

 

Un membre de ma famille, décédé, laissait derrière lui une collection d'armes importante. Sa veuve m'avait demandé d'en organiser la dispersion.

 

Mon cousin possédait quelques armes de grande valeur, des fusils de chasse africaine, des revolvers anglais gravés, dans leurs coffrets d'origine. Celles-là, je les ai fait mettre de côté, pour les réserver à son fils, quand il serait majeur (c'est aujourd'hui le cas mais j'avoue ne pas avoir d'informations sur le sort de ce trésor).

 

Les autres, je les ai mises en vente, auprès de collectionneurs intéressés. J'ai pris contact avec la police cantonale vaudoise, pour l'assurer que je l'informerais de ce qu'elle avait à connaître, notamment, selon la loi, les coordonnées des acheteurs (Vaud avait anticipé sur la loi fédérale, qui allait rendre la transmission des contrats entre particuliers obligatoire).

 

Surprise !  Tous les acheteurs des armes de mon cousin ont reçu de la police cantonale une lettre leur suggérant (ordonnant) de demander un PAA, qui leur serait accordé gratuitement. Tous les acheteurs, sauf un, moi !

 

J'ai repris contact  avec la police, et son juriste m'a doctement expliqué le fondement juridique de sa démarche. Je crois avoir été assez peu poli. J'ai immédiatement averti mes clients en leur intimant de refuser ces propositions sans base légale. Un autre coup de téléphone, à Pro Tell et j'avais un budget pour aller en justice.

 

Cela n'a même pas été jusque là, malheureusement cela aurait été assez drôle. A réception de la lettre de recours que j'avais fait envoyer par une avocate, le Département vaudois de justice et police a immédiatement décidé de laisser tomber.

 

Détail amusant: à la Bourse aux armes de Lausanne suivante le juriste de la police vaudoise m'a accueilli en disant "vous n'avez pas amené la fanfare?"

 

Un ou deux ans plus tard, dans une nouvelle édition de cette bourse, le chef du bureau des armes, Jean-Jacques Traber, me présentait à son adjoint: "vous ne connaissez pas Leutenegger ? Je vous présente votre pire cauchemar".

 

Pro Tell: les temps de dissidence

 

Quelques années encore. A l'époque de la présidence du colonel Sollberger (qui a fort bien vécu durant son mandat), j'ai démissionné de Pro Tell, refusant d'assumer une position de repos correcte, devant ce colonel d'opérette.

 

Dès qu'il a décidé de prendre sa retraite (les temps devenaient durs pour les propriétaires d'armes, en cette première décennie du siècle), j'ai rempilé. Mais les temps avaient changé. Le nouveau président, Willy Pfund avait de la peine à supporter mon indépendance éditoriale sur SwissGuns.

 

Et il supportait encore moins que le colonel ma façon de lui répondre d'aller se faire considérer (les comités suivants ont éprouvé le même agacement).

 

Quand un de mes fils s'est fait confisquer un couteau Spyderco, Pro Tell a refusé de me soutenir et, après recours j'ai pu assister à un procès carrément soviétique. Mon fils m'avait fait citer comme témoin expert, mais le juge a immédiatement déclaré que je n'aurais pas la parole. Et il a prononcé une condamnation: 300 fr. plus 300 de frais et la destruction du couteau.

 

2017 - l'espoir - la chute

 

Octobre 2017. Dans une ambiance électrique (j'ai failli cogner sur le "responsable informatique" du comité, qui voulait barrer le passage à mon épouse), une bande de comploteurs (merci Henri) ont mis à bas le comité de profiteurs qui espéraient saigner Pro Tell un an de plus.

 

Mais cet espoir n'a pas duré longtemps. Ignazio Cassis, nouveau membre de Pro Tell et candidat au Conseil fédéral , élu trois jours après l'assemblée, n'a rien eu de plus pressé que de démissionner de la société.

 

Le nouveau président, qui avait eu cette attitude héroïque ("le droit des armes n'est pas négociable"), Hans-Peter Wüthrich, n'a pas duré beaucoup plus longtemps (février 2018).

 

Et nous sommes entrés en campagne contre la loi sur les armes que l'Union européenne, economie.suisse, le Conseil fédéral et les euro-soumis du parlement voulaient nous imposer. Nous nous sommes dépensés sans compter, mais…

 

Ensuite ? Près de trois ans plus tard, Pro Tell (qu'il faut écrire maintenant "PROTELL") cherche toujours un président.

 

Il faut reconnaître un succès de la société: l'organisation d'une défense juridique pour les membres qui fonctionne bien (un de mes fils en a profité). Mais pour le reste, à part un nouveau logo Tell joufflu et trop gentil et des autocollants qui ne collent pas…

 

A voir le 21 novembre, lors de la prochaine Assemblée générale de PROTELL.

 

F.A.L. 17.10.2020

3 commentaires

  1. Posté par aldo le

    En dehors de gens qui remplissent leurs tâches avec fidélité, je peux vous affirmer que les ministères publics et la police sont encombrés d’individus inutiles, médiocres et sans autres ambitions que d’attendre leur retraites. Conséquences, il existe des homicides sciemment couverts, de très nombreuses affaires criminelles jamais élucidées. Et devant la dégradations des conditions existentielles, mais pas financières, un laisser faire totalement irresponsable règne, au point de proposer des médiocres fraîchement naturalisé dans les meilleurs des cas et parfois des étrangers envoyés par des mafias étrangères ou des gouvernement pour l’espionnage de l’intérieur, qui changent même leurs noms d’origine pour éviter d’être repérés.

    LA QUESTION DES ARMES MAIS PAS QUE, PARCE QUE TOUT SE TIENT, EST CENTRALE POUR LE MAINTIEN DE NOS LIBERTES, SACHANT QUE NOS ENNEMIS POLITIQUES SOUVENT BI-TRI-NATIONAUX, SCIEMMENT DONC AU SERVICE DE L’EUROPE, UTILISENT LA TECHNIQUE DU SAUCISSON. Dans ce saucisson aux poisons multiples, les attaques contre l’armée, l’industrie, l’énergie, les transports se suivent et se répètent régulièrement dans le pire et visent à saborder l’existence économique même de la Suisse pour procéder à sa partition au profit des pays limitrophes de même langue, ce qui a été non seulement une suggestion faite aux européens par Kadhafi, mais aussi répétée par des représentants de pays européens. Donc l’arrivée massive de faux-réfugiés était déjà dans les cartons de Kadhafi qui se voulait un grand représentant de l’Islam qui est aussi à l’origine de ce qui se passe actuellement. Et son remplaçant Erdogan dans une position encore plus dangereuse pour tous les pays qui ne sont pas déjà enkyster du cancer de l’immigration invasion colonisation musulmane. Ceux qui doutent n’ont qu’à se précipiter à Genève un samedi pour en faire le constat immédiat au lieu de raconter et soutenir n’importe quoi!

    S’il n’y a pas UN FRONT COMMUN CONTRE TOUTES LES IMBÉCILITÉS BOLCHEVIQUES IMPOSÉES PAR DES MÉDIAS CORROMPUS depuis au moins 50 ans, alors la Suisse à cause de sa configuration géographique va perdre toute attractivité touristique et devenir un simple noyau d’autoroutes et de tunnels géants juste pour favoriser les flux des transports à travers l’empire soviétique qu’est en train de devenir l’Europe, déjà si bien renommée UErss. Ceux qui ont visionné les multiples vidéos des attaques de Nigel Farage au sein du parlement européen devraient savoir pourquoi les Anglais ont claqué la porte de cette Europe soviétique. Rien que Merkel et Juncker allant inaugurer des statues de Marx, Lénine ou Staline etc. c’est pourtant suffisamment parlant, non?.

  2. Posté par Rikiki le

    Nous désarmer, c’est le but de ceux qui ont très peur de toutes les conneries qu’ils réalisent…

  3. Posté par Christian Hofer le

    Un grand merci pour cet historique et pour votre dévouement. Vous vous êtes dépensé sans compter.

    Ce n’est pas le cas de nombreux Suisses qui votent désormais à gauche sans rien comprendre de ce qui se passe ni des conséquences à long terme pour notre pays.

Et vous, qu'en pensez vous ?

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