Votations populaires. Les sujets du 10 février 2019

Stéphane Montabert
Suisse naturalisé, Conseiller communal UDC, Renens

Le temps passe, et nous sommes déjà dans la dernière ligne droite d'une votation hivernale qui verra rejetée l'initiative des Jeunes Verts "Stopper le mitage".

"Stop-Mitage" un peu mité

C'est le seul objet au vote à l'échelle fédérale ; il attire donc à lui toute l'attention médiatique. Cela ne suffira pas à envoyer les citoyens en masse aux urnes. Les derniers sondages donnent l'initiative assez sèchement rejetée d'après la SSR, les citoyens de droite étant finalement "plutôt contre". La proposition des Jeunes Verts n'est soutenue franchement que par les mouvements les plus à gauche.

Il est intéressant de constater que les sympathisants de l'UDC sont les électeurs de droite les moins défavorables à l'initiative avec 30% de soutien (contre seulement 20% chez les Verts libéraux par exemple), contredisant l'étiquette tenace de Neinsager qu'on leur colle systématiquement. La préservation des espaces agricoles fait toujours mouche auprès d'une partie de cet électorat, même si l'initiative trouve son origine chez des bobos urbains qui dissertent sur la vie d'agriculteur bien plus qu'ils ne la pratiquent.

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Tout de suite les grands mots...

Mais ce n'est pas tout de rejeter un mauvais texte ; encore faut-il le refuser pour les bonnes raisons. C'est là que le bât blesse.

La campagne des adversaires repose sur une charge de mots-clés à connotation négative, allant qualifier l'initiative d'extrême jusque dans le nom de leur site web. On voit le métier des campagnes anti-UDC où l'important est plus de stigmatiser l'adversaire que d'apporter des arguments. Parce que niveau arguments c'est un peu le calme plat ; tout au plus reproche-t-on à l'initiative des Verts de ne pas respecter le fédéralisme (ok...) et surtout, d'être inutile parce que les effets de la dernière révision de la Loi sur l'Aménagement du Territoire (la "LAT 1") ne sont pas encore connus.

Si on suit le raisonnement, l'initiative est superflue parce qu'une loi fédérale a déjà les mêmes effets "extrêmes" et donc tout va bien?

Comme d'habitude, le débat politique en Suisse est un miroir aux alouettes, et le soutien massif des partis du centre-gauche est lié à des raisons qui n'ont rien à voir avec les surfaces agricoles. Il s'agit de préserver la construction de logements et à travers lui l'accueil des populations étrangères introduites par la sacro-sainte libre-circulation. La croissance à tout prix par l'importation d'habitants allogènes.

Après, il ne s'agit pratiquement plus que d'un choix esthétique: choisirons-nous de nous entasser dans des alvéoles de béton avec vue sur des champs de patate, ou un étalement urbain laid et continu? Quelle stratégie pour le SimCity du zonage?

Les disputes sur la préservation des surfaces agricoles helvétiques n'auraient pas de sens si celles-ci n'étaient pas menacées. Elles le sont par la croissance démesurée du nombre d'habitants dans le pays, et sur cet aspect des choses, le peuple s'est déjà exprimé. En 2014, il a choisi de refuser l'immigration de masse. Mais cela dérangeait trop d'intérêts particuliers pour être fait ; alors, on laisse rugir l'incendie en discutant des différentes façons de se répartir la fumée: les clapiers vertigineux pour les Jeunes Verts, les banlieues moches pour le trio PBD-PDC-PLR. Merveilleux choix.

Genève a mal aux dents

Un premier objet intéressant vient à Genève: une assurance dentaire obligatoire. Alors que les primes d'assurance-maladie sont la deuxième raison qui font basculer les Suisses dans la spirale de l'endettement - merci la gauche ! - les Genevois, toujours à la pointe, se proposent d'en rajouter une couche avec une assurance-dentaire obligatoire.

Mutualisation des soins, mieux-vaut-prévenir-que-guérir, quelques cafés par mois, ne vous inquiétez pas c'est les patrons et les méchantes caisses maladies qui payent, tout le baratin habituel nous est sorti par les protagonistes pour justifier que la population mette un nouveau doigt dans l'engrenage fatal. Les Vaudois ne seront pas surpris, eux qui ont eu droit aux mêmes salades avant de refuser la proposition à 57% il y a quelques années.

Mais voilà, Vaud n'est pas Genève, et le progressiste Canton du bout du Lac pourrait bien choisir une voie... intéressante, dirons-nous, le soir du 10 février. Le vote est d'autant plus ouvert que le capital-sympathie du PLR est en chute libre avec l'affaire Maudet, diminuant d'autant l'impact de son message. Je ne souhaite évidemment pas que les Genevois se retrouvent avec une nouvelle taxe dans les dents (pour reprendre un excellent slogan de campagne anti-assurance dentaire) mais si le Canton du bout du lac franchit le pas, il aura définitivement valeur d'exemple pour ce qui se passera ensuite.

Genève tente la laïcité

Ce dimanche, Genève va également tenter de se doter d'une loi sur la "laïcité", ce mot creux qu'on emploie désormais pour tenter de limiter la propension du prosélytisme musulman à envahir l'espace public. Le résultat est un compromis très genevois tentant de coucher sur le papier quelques règles élémentaires de vivre-ensemble, comme de proscrire les signes religieux pour les employés de l'Administration. Mais uniquement ceux qui sont en contact avec le public, attention. Le prosélytisme doit pouvoir se poursuivre à l'interne, pourvu qu'il soit à l'abri des regards.

Ce "compromis", porté à titre politiquement posthume par le très souple Pierre Maudet, est combattu par la gauche officielle, la perspective alléchante de s'attirer le vote musulman intégriste l'emportant sur le risque de victimes collatérales (homosexuels, juifs et autres minorités stratégiquement secondaires).

On contemplera par exemple une des affiches des opposants à cette loi:

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Où est Charlie (-Hebdo)? Cliquez pour agrandir et compter les voiles...

Comme d'habitude, les gauchistes tombent dans le piège habituel des islamistes pour lesquels seules les femmes portant le voile sauraient être de bonnes musulmanes. Pour les Camarades, il fait bon défendre le patriarcat de temps à autres. D'ailleurs, M. Ramadan est contre cette loi et s'en épanche... dans les colonnes du Temps, vous l'aviez deviné. Non, pas Tariq le violeur en série ; son doux frère (-musulman) Hani, celui qui aimait et aime toujours la lapidation des femmes adultères.

Avec des parrains comme ça, qui peut hésiter, je vous le demande?!

Ce dimanche, une fois acté le rejet de l'initiative stop-mitage, il sera temps de s'attarder sur les résultats des votations de Genève.

Stéphane Montabert - Sur le Web et sur LesObservateurs,ch, le 5 février 2019

3 commentaires

  1. Posté par Edi o le

    Merci pour cet article qui résume parfaitement la situation au niveau du mitage. J’ai le même point de vue. J’ai été tenté par le oui au début jusqu’à ce que je me rende compte qu’il y aurait toujours autant d’immigration en cas de oui, on l’entasserait simplement dans les villes (densification) et les campagnes ne pourraient plus du tout se développer, même de façon modérée. Ca serait un autogoal.

    Ce sont des articles comme celui-ci que j’apprécie particulièrement de lire sur les observateurs. L’actualité de Suisse Romande vue sous un autre angle que celui des médias « traditionnels » bien-pensants et mondialistes.

  2. Posté par Antoine le

     »Il s’agit de préserver la construction de logements et à travers lui l’accueil des populations étrangères introduites par la sacro-sainte libre-circulation. La croissance à tout prix par l’importation d’habitants allogènes. »
    NON !
    Dénonçons les accords de Schengen !
    Cela ne me gène pas de présenter mon passeport aux douanes de l’aéroport !
    Rétablissons les contrôles à nos frontières et les visas !
     »Comme d’habitude, les gauchistes tombent dans le piège habituel des islamistes pour lesquels seules les femmes portant le voile sauraient être de bonnes musulmanes »
    Très mauvaise habitude ! Les musulmanes DOIVENT jeter leurs voiles dans les poubelles !
     »En 2014, il a choisi de refuser l’immigration de masse. Mais cela dérangeait trop d’intérêts particuliers pour être fait .. »’
    Notre gouvernement corrompu a proposé, après 3 ans d’attente, un ersatz impropre à l’application réelle ! Préférence à l’embauche des autochtones dès qu’il y a plus que 8% dans la branche professionnelle … Inapplicable en réalité, C’est de l’Aaaaadministration dans sa plus grande splendeur !!

  3. Posté par Bussy le

    Le pire c’est que certaines femmes de gauche sont contre cette loi pour ne pas stigmatiser les musulmanes qui portent le voile…….
    Soit le voile est un signe de soumission de la femme, soit c’est le signe que les hommes musulmans sont des faibles qui n’arrivent pas à maîtriser leurs pulsions sexuelles, les femmes devant se voiler pour les tenir à distance.
    Dans tous les cas, c’est un signe qui ne devrait que déplaire à ceux qui sont pour l’égalité homme/femme et pour que l’humanité sorte des ténèbres…
    Mais bon, nos grandes féministes semblent brûler toute leur énergie pour taper sur le mâle blanc occidental qui ne vide pas assez souvent la machine à laver, et montrent plein de respect pour des comportements qui nous ramènent au moyen-âge….
    Mais est-ce seulement une question d’avoir les votes des musulmans ou serait-ce pas plutôt que cette soumission peut attirer des femmes qui au fonds d’elles-mêmes ne s’assument pas et rêvent d’être prises en mains par un macho ?

Et vous, qu'en pensez vous ?

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