Le 28 février 2016 restera dans les mémoires un jour noir pour…le service public !

Caïn Marchenoir
Nom de plume, chroniqueur

En ce dimanche, je le dis franchement, j’ai perdu sur tous les tableaux ! Tout ce que j’ai voté a été balayé devant le peuple. C’est la démocratie ma foi et je m’en remettrai. On doit accepter les règles du jeu et donc la défaite quand elle survient sinon cela ne fonctionne pas.

Cette campagne fut plutôt intéressante. J’ai eu des débats passionnés autour de l’initiative sur le renvoi notamment, avec des gens qui ne partageaient pas mon opinion mais qui la respectaient. Des gens qui arrivaient à comprendre que pour moi un cambriolage peut être un cas suffisamment grave qui justifie l’expulsion comme j’arrive à admettre, qu’à l’inverse, on puisse penser le contraire. Des gens honnêtes avec qui j’ai croisé le fer verbalement, rationnellement et sans tromperie. De beaux échanges, de grands moments de raisonnement, d’argumentation, en bref des joutes verbales de qualité dans le respect et la tolérance les uns des autres.

Malheureusement, tout le monde n’a pas forcément le temps, la volonté ou les capacités de s’informer et de se faire une idée rationnellement. C’est sans doute pour cela que des politiciens et militants de tous bords usent de stratagèmes plus que douteux pour faire pencher le vote en leur faveur. Ne nous voilons pas la face : les raccourcis, simplifications, omissions et autres mensonges ne sont l’apanage de personne. Dans tous les camps, on se sert des pulsions primitives que sont les émotions des gens pour faire triompher son camp. C’est inquiétant, la démocratie n’est pas faite pour fonctionner de la sorte. Si la raison et le respect des opinions divergentes ne sont pas à l’œuvre, il y a lieu de s’inquiéter : c’est là un terreau fertile pour la tyrannie.

Cela l’est d’autant plus lorsque ce sont les organes mêmes de l’état qui se mettent à agir de la sorte. Nombreux sont ceux qui dénoncent cette dérive. Et il faut bien avouer qu’ils ont raison. C’est ce qu’il ressort en tout cas du visionnage du 19 :30  de ce dimanche 28 février. Et ce alors même que la votation avait déjà eu lieu et que rien ne pouvait plus altérer le vote !

On a en effet pu voir débarquer sur le plateau du journal télévisé Bernard Rappaz, le responsable de l’actualité de la rédaction se fendant d’un commentaire absolument inouï de mépris pour l’immense majorité des votants. Selon lui, et je cite, ce dimanche a été la victoire de la Suisse rationnelle contre celle de l’émotionnelle.  Ce qui signifie que ce monsieur dénie à plus de 40% de votants la capacité de raisonner. Nous ne sommes à ses yeux qu’une masse d’abrutis incapables de penser et tout juste capables de réflexes primitifs basés sur les émotions. J’ai bien dit plus de la majorité de la population car il ne fait aucun doute que tous ceux qui comme moi croient débattre avec des gens raisonnables mais ont voté non à cette initiative n’échappent pas non plus à la critique : on ne peut décemment pas faire usage de la raison lorsqu’on estime qu’autrui est raisonnable alors qu’il n’agit que sous la contrainte de ses pulsions émotives. En d’autres termes, si vous faites partie de la catégorie des gens qui ont voté oui à l’initiative de l’UDC ou simplement de celle qui tient les opinions divergentes comme étant le fruit d’une pensée respectable, alors vous n’êtes pas digne d’entrer dans la catégorie de ceux qui raisonnent avec leur tête !

Outre ce manque de respect flagrant pour la pluralité des pensées pourtant inhérente et nécessaire à la démocratie, ce 19 :30 fut également l’occasion de l’exécution d’un stratagème plus que douteux visant justement à exacerber les émotions : y furent interrogés trois secundos d’origine portugaise dont on a bien compris qu’ils étaient soulagés de l’issu du scrutin. L’ensemble du contexte laisse entendre que leur situation était également potentiellement visée par cette initiative. Le petit hic qui me permet d’affirmer qu’il s’agit d’une manipulation émotionnelle et pas d’une expression rationnelle se situe dans le fait que ces trois personnes sont naturalisées ! Et par conséquent, pas concernées par la loi. Oui les secundos criminels étaient également visés par l’initiative, mais uniquement ceux qui n’ont pas acquis la nationalité suisse ! Mais ça, le reportage s’est bien gardé d’en faire mention.

En l’espace de quelques minutes, les acteurs du 19 :30, et donc du service public se sont donc permis le luxe de dénigrer les opinions divergentes et d’user de stratagèmes douteux visant à toucher l’émotivité du téléspectateur pour le faire réagir, soit deux des mamelles nourricières de la déstabilisation du principe démocratique !

Ce dimanche soir a été un dimanche noir. Un dimanche noir pour tous ceux qui souhaitent vivre dans un pays dont le service public respecte et promeut les règles d’un jeu réellement démocratique.

Caïn  Marchenoir, 29.2.2016

8 commentaires

  1. Posté par pierre frankenhauser le

    Que les votants disent OUI à 50.34% ou à 41%, la RTS les traitent de toutes manières comme des abrutis. Ces bienpensants devraient commencer par essayer de se respecter eux-mêmes, avant d’utiliser leur temps d’antenne gigantesque pour dénigrer tout ce qui ne leur plaît pas, à coups de mises en scène, de manipulations langagières et de propagande stalinienne.

  2. Posté par Pehem Veyh le

    Un vrai article de prof, gentil et tout et tout. Je ne suis pas d’accord. Les arguments émotionnels sont le fait, et uniquement, des opposants. Il n’y a pas d’émotion dans les arguments pour l’initiative. Expulser un criminel pour débarrasser le territoire d’un risque de récidive potentielle est tout à fait pragmatique. Tout le contraire des opposants. Et, dans les débats, je n’ai pas entendu, ni dans la rue d’ailleurs, de raisonnements émotionnels concernant l’expulsion de criminels. Et j’aimerais bien les connaître…

  3. Posté par leptifuté le

    J’adhère absolument et sans réserve aux propos ci-dessus. En effet, la presse et les médias, ont glissé dans une gauche glauque et antinationaliste. Nous ne luttons pas à armes égales car ils tiennent les médias dans leur quasi totalité (la gauche donc) et cela lui suffit pour exister. car s’il elle n’avait que les voix et sa représentation aux chambres, elle serait cuite. Mais on sait très bien d’où vient le mal. Des hautes écoles, l’université est pourrie par la gauche, c’est le terreau, le ferment de la révolution intérieure. Ils ont tout compris, et comme dans les grands renversement du pouvoir, on envahit d’abords la radio et la télévision, pourquoi ? Et bien voilà vous avez tout compris, d’où viennent les maux de la société actuelle. Il faut reformater les hautes écoles pour former une jeunesse, non pas insurrectionnelle mais une dynamique consensuelle à la recherche du meilleur pour tous et non une gauche caviar, qui n’a plus rien à voir avec les aspirations sociales des débuts. J’espère que mes mots frustres auront été compris.

  4. Posté par P. Monnard le

    La propagande socialiste fonctionne. Ce dernier exercice de matraquage, de fabrication d’opinion, de marketing politique, a prouvé son efficacité. Il sera déployé à nouveau au besoin comme le dit bigjames, par exemple au sujet de l’initiative NoBillag.

    Cette fabrication du consentement est d’autant plus aisée puisqu’à l’heure de l’hyper connectivité, les avis se forgent à coup de slogans se limitant à 140 caractères ou une vingtaine de mots, redoutablement efficaces car répétés inlassablement.

    Les contributeurs de ce site, comme aujourd’hui M. Marchenoir, qui nous offrent des textes de 900 mots rédigés avec soin, réfléchis et originaux n’ont d’impacts qu’auprès des lecteurs cherchant activement à se forger leur propre opinion, soit une minorité.

    Les faiseurs d’opinion résolument gauchistes tels que la RTS présument que leur robinet à millions est intarissable. Il est urgent de le fermer.

  5. Posté par bigjames le

    @Icing
    Ne vous réjouissez pas trop tôt.
    Le rouleau compresseur médiatique, la propagande tous azimuts pour sauver la RTS va se mettre en marche très rapidement et tout laminer sur son passage, à coups de mensonges et menaces.
    C’est très loin d’être gagné, avec les brebis béates et naïves que sont certains de nos compatriotes.

  6. Posté par Icing le

    Excellent article ! Un grand bravo . Il va être intéressant dans les mois qui viennent de voir comment le service public va pouvoir survivre , car on va devoir bientôt aller voter sur son financement ….. Je me réjouis d’avance

  7. Posté par Jan Marejko le

    Excellent article

  8. Posté par Pierre H. le

     » J’ai eu des débats passionnés autour de l’initiative sur le renvoi notamment, avec des gens qui ne partageaient pas mon opinion… »

    Je respecte aussi les opinions contraires aux miennes, sauf quand les dites opinions contraires sont anti-démocratiques ou en faveur de la criminalité. Elles sont le fruit de gens tournés vers la destruction, qu’ils en soient conscients ou non !

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