La sécurité est un bien trop précieux pour la confier à la naïveté du GSsA

Denis Froidevaux
Brigadier, Président de la Société suisse des officiers

En date du 22 septembre 2013, le peuple suisse sera appelé à se prononcer sur l’énième initiative du GSsA visant la suppression de l’obligation de servir, mais qui vise en réalité un autre but : faire faire un exercice d’apnée mortelle à notre armée en la privant de son capital essentiel, les hommes qui la composent.

Mais, dans le fond, cet objet dépasse largement le strict cadre de l’armée pour questionner un fondement de notre système démocratique, à savoir le rôle du citoyen versus le rôle de l’Etat. A ce sujet, il n’est pas inutile de rappeler l’article 6 de la Constitution, à savoir :

"Toute personne est responsable d’elle-même et contribue selon ses forces à l’accomplissement des tâches de l’Etat et de la société".

C’est précisément l’idée de la milice !

Le groupe pour une Suisse sans armée, remet donc clairement en question ce modèle de société, où l’Etat joue un rôle subsidiaire alors, qu’au centre, se trouve le citoyen. Dans le fond, il n’y a rien de surprenant de la part de ce mouvement apolitique de gauche, qui souffre à la fois d’une forme d’hémiplégie intellectuelle mais aussi d’un grave aveuglement face aux réalités du monde d’aujourd’hui. Comment peut-on affirmer sans sourciller, comme le fait le GSsA, que la Suisse est, pour l’éternité, à l’abri des affres de l’histoire ? Serait-il touché par la grâce divine pour lire l’avenir avec une telle assurance ? Que nenni… demain le malheur peut frapper là et où on s’y attend le moins.

Aussi, il faut prendre au sérieux cette initiative car elle pourrait paraître, de prime abord, séduisante pour une partie de la population: d’une part, parce que toute suppression d’une obligation est perçue comme un cadeau et, d’autre part, parce qu'une proportion grandissante de la population ne perçoit plus la nécessité de disposer d’une armée forte et crédible faute d’une capacité des Autorités à le démontrer factuellement.

Mais que propose donc concrètement le GSsA ? Tout simplement la suppression de l’obligation de servir et la refonte de l’art. 59 de la Constitution. Pour ce faire, ils avancent des propositions spécieuses, qui ne visent qu’à masquer leur intention d’en finir au plus vite avec l’existant. Il est ainsi question, en matière de sécurité nationale, de recourir au volontariat, en clair, de se décharger sur autrui d’une tâche que l’on considère comme totalement secondaire, à savoir la sécurité collective. On veut donc faire croire à la population en l’équivalence entre volontariat et obligation… on croit rêver lorsque l’on sait que ce modèle n’existe nulle part dans le monde.

C’est une évidence, il s’agit non seulement du modèle suisse, qui est remis en question, mais aussi de l’ensemble de la politique de sécurité nationale. Dans un pays fédéraliste comme la Suisse où la sécurité se conçoit du bas vers le haut, avec chaque échelon qui porte une part de responsabilité (communes-cantons-confédération), l’armée est le seul moyen physique dont dispose la Confédération pour, d’une part, assumer les missions qui sont les siennes et, d’autre part, soutenir les cantons et, in fine, la population de ce pays.

Il faut le rappeler sans cesse, l’armée est la seule réserve stratégique disponible en Suisse…vouloir s’en passer relève de la folie pure ou alors d’une volonté de déconstruire la Suisse.

Oui, le système sécuritaire suisse repose en partie sur l’obligation de servir pour ce qui est des deux acteurs clefs que sont l’armée et la protection civile. Ne pas vouloir reconnaître cette réalité démontre une méconnaissance totale des réalités du terrain. Aucun canton ne peut se passer de l’aide subsidiaire de l’armée, que ce soit dans le domaine de l’aide en cas de catastrophe ou de sûreté, sans doubler son poste budgétaire lié à la sécurité. L’acceptation de cette initiative présenterait donc une très lourde facture humaine, financière, logistique pour les communes et les cantons, sans parler de la Confédération.

Aussi j’aimerais inviter chacun à s’interroger sur le sens même de cette initiative, et à considérer qu’elle vise d’abord à supprimer l’armée mais aussi à démanteler un fondement de notre démocratie, l’implication individuelle au profit de tous.

Le destin d’un pays dépend d’abord et avant tout du rassemblement de citoyens libres, animés par des valeurs égalitaires en droit ET en devoirs, dont celui de servir.

Non à la fin de l’obligation de servir et renvoyons le GSSA dans son monde, celui de Bisounours.

Denis Froidevaux

8 commentaires

  1. Posté par Streit Jean le

    Nous avons plus les personnes aux commandes de notre Gouvernement soit communales, cantonales et gouvernement fédérale qui ont une vrais vision de la Suisse de nos ancêtres, ou sont les Delamuraz, Felber, Minger Mottaz, Furgler et bien d’autres Nous avons trop de politicien avec double nationalité. A qui la faute? Nous les votants c’est ma réponse.

  2. Posté par Kümmerling Pascal le

    Nous y voilà, la dernière arnaque du GSsA est arrivée, attendue par certains comme l’arrivée du beaujolais nouveau ! Mais, très vite, derrière son joli emballage on découvre les artifices synthétiques de l’escroquerie.
    Sous prétexte de suppression de l’obligation de servir qui ne toucherait pas l’armée, cette initiative fonctionne comme un virus dont le but final est la suppression de l’armée en saucissonnant celle-ci. N’osant plus attaquer frontalement, le GSsA se positionne depuis un certain temps par des attaques indirectes, à la manière d’un cancer. Cette fois-ci, l’argument de liberté lancé par les initiants est en fait une utilisation de l’individualisme, ce même individualisme qui ronge notre société, divise et sème le chaos.
    Une fois de plus le GSsA est ses amis tentent de tromper l’individu, comme le SIDA trompe les défenses immunitaires, il est temps de détruire ce SIDA qu’est le GSsA !

  3. Posté par Philippe Druey le

    G. Vuilliomenet cite à bon escient « cette clique d’élus venant du puits de la diversité étrangère, probablement filles et fils de révolutionnaires ratés ou de communistes s’étant réfugiés chez nous », et je trouve cette citation particulièrement percutante. Mais il ne faudrait pas non plus minimiser une autre clique d’élus, celle des fils à papa de la gauche caviar et des petits moralisateurs qui s’arrangent pour que (dans leur couple) Monsieur siège à Berne et Madame à Lausanne ou Genève (ou vice-versa).
    Jusqu’à quand devra-t-on supporter ces cliques ? Que font nos politiciens « de droite » pour mettre à l’index les vices évidents de leurs adversaires ?

  4. Posté par Bidasse le

    Charrette, vous me faite plus peur que l’envahisseur les gars.

  5. Posté par Pierre-Henri Reymond le

    Il est possible que, dans une utopie future, ces gens réclament le droit de servir! Ce sera trop tard.

  6. Posté par Jacouille le

    Il est plus qu’évident qu’il y a en Suisse une forme de 5ème colonne, de couleur rose-verte qui n’est rien d’autre qu’une secte d’oligophrènes gauchistes empreint de jalousie, de frustration et d’incompétence et qui ne travaillent qu’à la disparition de nos institutions et coutumes qui ont fait la force de notre pays. Daladier en rentrant de Munich en 38 avec un pacte de non agression signé du fuhrer, s’est fait applaudir par la foule à grande majorité socialo-communiste à cette époque en France….il aurait chuchoté à l’oreille de son accompagnateur : « ah les cons » !..

  7. Posté par G. Vuilliomenet le

    « Dans le fond, il n’y a rien de surprenant de la part de ce mouvement apolitique de gauche, qui souffre à la fois d’une forme d’hémiplégie intellectuelle mais aussi d’un grave aveuglement face aux réalités du monde d’aujourd’hui.  »

    Il n’est surtout pas apolitique! Et croire que ce groupe est atteint d’hémiplégie intellectuelle est également une erreur! Cela fait partie de leur dogme. Ils restent persuadés que l’on peut construire un monde meilleur sans s’attaquer à la racine au mal. Pourtant il est dit plus bas:

    « Il faut le rappeler sans cesse, l’armée est la seule réserve stratégique disponible en Suisse…vouloir s’en passer relève de la folie pure ou alors d’une volonté de déconstruire la Suisse. »

    et vous l’avez mis en gras, bien en évidence. Le but est bel et bien de déconstruire la Suisse, et pour l’y aider, nous avons toute cette clique d’élus venant du puits de la diversité étrangère, probablement filles et fils de révolutionnaires ratés ou de communistes s’étant réfugiés chez nous.

    Le monde du GSsA n’est pas un monde de bisounours, c’est surtout une logique, celle de la destruction de la société européenne, voire occidentale. Avez-vous de tels mouvements hors monde libre?

Et vous, qu'en pensez vous ?

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