Suède — échec de l’intégration des immigrés, ce n’est pas faute de moyens ou de bons sentiments

post_thumb_default

 

Écolières à Malmö (sud de la Suède)

La Suède propose probablement la politique d’asile la plus accueillante et les programmes d’aide sociale les plus généreux de l’Union européenne. Un réfugié typique, Natanaël Hailé, a échappé en 2013 de peu à la noyade en Méditerranée. Mais les gens chez lui en Érythrée ne s’intéressent pas aux dangers liés à son périple. Comme il l’a déclaré au New York Times, ils veulent en savoir plus sur « sa voiture d’occasion, les allocations du gouvernement qu’il reçoit et ses projets pour trouver du travail comme soudeur une fois qu’il aura terminé un cours de langue de deux ans. » En tant que réfugié enregistré, il reçoit une indemnité de séjour mensuelle de plus de 925 $ canadiens.

Une généreuse politique d’immigration fait partie de l’image de marque que la Suède (comme le Canada) veut projeter. La Suède se targue d’être une superpuissance morale. Depuis 40 ans, la plupart des immigrants en Suède sont des réfugiés et des membres de famille qui rejoignent un parent déjà installé, à tel point que les mots « immigrant » et « réfugiés » sont synonymes en Suède (contrairement au Canada et au Québec).

La Suède accueille plus de réfugiés par habitant que tout autre pays européen, et les immigrants – principalement en provenance du Moyen-Orient et en Afrique – forment aujourd’hui environ 16 pour cent de la population. Les principaux partis politiques, ainsi que les médias dominants, approuvent cet état de fait. Remettre en question ce « consensus » est considéré comme xénophobe et haineux.

Alors, dans ce climat de générosité et de suppression de tout discours critique, comment se passe l’intégration des « réfugiés » dans le pays le plus réceptif en matière d’immigration sur la planète ?
Pas si bien, si l’on en croit Tino Sanandaji (le frère de Nima Sanandaji dont nous avons récemment publié une recension de son dernier livre).

M. Sanandaji est lui-même un immigrant. Cet économiste kurdo-suédois est né en Iran et a déménagé en Suède à l’âge de 10 ans. Il possède un doctorat en économie de l’Université de Chicago et se spécialise dans les questions d’immigration. Le Globe and Mail de Toronto s’est entretenu avec lui la semaine passée.

« Les non-Européens s’intègrent mal », a déclaré M. Sanandaji. Quarante-huit pour cent des immigrants en âge de travailler ne travaillent pas, d’ajouter l’économiste. Même après 15 ans en Suède, leur taux d’emploi atteint à peine 60 pour cent. La Suède possède le plus grand écart dans les taux d’emplois en Europe entre autochtones et non-autochtones.

En Suède, l’égalité est vénérée, mais c’est l’inégalité qui est désormais bien ancrée dans les faits. Selon M. Sanandaji, quarante-deux pour cent des chômeurs de longue durée sont des immigrants. Cinquante-huit pour cent des prestations d’aide sociale sont distribuées aux immigrants. Quarante-cinq pour cent des enfants aux notes scolaires médiocres sont des immigrants. Les immigrants gagnent en moyenne 40 pour cent de moins que les Suédois. La majorité des personnes accusées de meurtre, de viol ou de vol sont des immigrants de première ou de deuxième génération. « Depuis les années 1980, la Suède a connu la plus forte augmentation au chapitre de l’inégalité des revenus parmi tous les pays de l’OCDE », a déclaré M. Sanandaji.

Ce n’est pas faute de ne pas y avoir mis les moyens. En effet, la Suède est la championne en Europe pour ce qui est des efforts consentis en matière d’immigration. Il ne semble pas que ce soit la faute des nouveaux venus, car le marché du travail de la Suède exige une main-d’œuvre très qualifiée et même des Suédois peu qualifiés ne trouvent pas de travail. « Quelle chance peut donc avoir une femme africaine de 40 ans ? » de demander M. Tino Sanandaji.

Le fantasme suédois consiste à penser qu’il suffit de socialiser les enfants d’immigrants et de réfugiés correctement et ils deviendront semblables à des Suédois de souche. Mais voilà, cela ne s’est pas produit ainsi. Une bonne partie de la deuxième génération des immigrés vit dans de beaux ghettos sociaux suédois. Les tensions sociales – l’exode des blancs, recul général de la confiance – ne font qu’empirer. La ville de Malmö qui concentre une forte population immigrée, juste en face du pont vers le Danemark, est un désastre économique et social.

La générosité de la Suède coûte une fortune alors que la croissance économique stagne. Le pays dépense actuellement environ 4 milliards $ par année pour l’accueil de nouveaux réfugiés. Ce chiffre n’était encore que de 1 milliard $ il y a quelques années, selon M. Sanandaji. Et le flux de réfugiés ne diminue pas. La Suède accepte automatiquement tous les mineurs non accompagnés. « Nous avions l’habitude de prendre 500 mineurs non accompagnés par an », a-t-il ajouté. « Cette année, nous nous attendons à 12.000 mineurs non accompagnés. »

M. Sanandaji remarque que les graves problèmes liés à l’immigration en Suède apparaissent à peine dans les médias traditionnels. Les journalistes considèrent que leur mission est d’abord de lutter contre le racisme, de sorte qu’ils ne répercutent pas les mauvaises nouvelles. Malgré — ou peut-être à cause de — cette autocensure, le fossé entre les leaders d’opinion et les électeurs sur la question de l’immigration est devenu un gouffre. Selon un récent sondage d’opinion, 58 pour cent des Suédois pensent qu’il y a trop d’immigrants, note M. Sanandaji. Selon des sondages récents, 20 à 25 % des Suédois soutiennent désormais le parti anti-immigration des Démocrates de Suède.

Voir aussi

La non-exception scandinave : les bons côtés ont précédé l’État-providence

« Le système de garderie universel en Suède forme des enfants moins instruits »

Suède : des résultats scolaires en baisse depuis dix ans

Le pronom personnel neutre « hen » fait son entrée dans le dictionnaire suédois

Suède — Cour d’appel retire les droits parentaux de parents coupables d’instruction à la maison

Vidéo — Comment la Suède a fait maigrir l’État (y compris l’école)

Suède – Père veut instruire son enfant à la maison : « un fanatique des droits de l’homme » selon les autorités

Garderie asexuée en Suède

 

Extrait de: Source et auteur

Suisse shared items on The Old Reader (RSS)

2 commentaires

  1. Posté par Markus le

    Excellent article. Tout est là.

  2. Posté par Luc R. le

    L’article source a été mis à jour.

Et vous, qu'en pensez vous ?

Poster un commentaire

Votre commentaire est susceptible d'être modéré, nous vous prions d'être patients.

* Ces champs sont obligatoires

Avertissement! Seuls les commentaires signés par leurs auteurs sont admis, sauf exceptions demandées auprès des Observateurs.ch pour des raisons personnelles ou professionnelles. Les commentaires sont en principe modérés. Toutefois, étant donné le nombre très considérable et en progression fulgurante des commentaires (259'163 commentaires retenus et 79'280 articles publiés, chiffres au 1 décembre 2020), un travail de modération complet et exhaustif est totalement impensable. Notre site invite, par conséquent, les commentateurs à ne pas transgresser les règles élémentaires en vigueur et à se conformer à la loi afin d’éviter tout recours en justice. Le site n’est pas responsable de propos condamnables par la loi et fournira, en cas de demande et dans la mesure du possible, les éléments nécessaires à l’identification des auteurs faisant l’objet d’une procédure judiciaire. Les commentaires n’engagent que leurs auteurs. Le site se réserve, par ailleurs, le droit de supprimer tout commentaire qu’il repérerait comme anonyme et invite plus généralement les commentateurs à s’en tenir à des propos acceptables et non condamnables.

Entrez les deux mots ci-dessous (séparés par un espace). Si vous n'arrivez pas à lire les mots vous pouvez afficher une nouvelle image.