La méga-crise financière qui vient

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Michel Garroté - Il y a toujours eu, il y a encore, et, il y aura à l'avenir, des gens pour proclamer que la méga-crise financière c'est maintenant. Dans les années 1980, on parlait de "catastrophistes", et, aujourd'hui, on évoque les "complotistes" ou les "conspirationnistes". Cela dit, ceux qui prédisent "la méga-crise financière qui vient" ont, peut-être, un peu, raison.
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J'ai longtemps travaillé dans le secteur privé (15 ans au siège mondial de Nestlé...) ; et cela m'a vacciné contre les "catastrophistes", les "complotistes" et les "conspirationnistes" qui, trop souvent, ne comprennent strictement rien à l'économie réelle et pataugent dans des sphères académiques sur le déclin.
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Cependant, j'admets volontiers que le secteur de la finance - et les milliers de milliards qu'il brasse - semble, en partie, incontrôlable. Depuis le milieu des années 1980, nous sommes progressivement passé d'un monde qui raisonne en millions à un monde qui raisonne en milliards, puis en milliers de milliards. D'où l'hypothèse de la méga-crise financière qui vient.
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A ce propos, sur Le 4 Vérités, Kerstens Pieter écrit notamment (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : À première vue, rien de catastrophique ne devait arriver à Fortis au début de l’automne 2007. Cette holding venait d’ailleurs de racheter le géant hollandais ABN-AMRO. Pendant les 9 mois qui ont précédé la formation du gouvernement Leterme, début 2008, con­sacrés à des palabres partisanes, la tempête financière dé­vastait pourtant les USA. De son côté, le comte Maurice Lippens, à la tête de Fortis, avait déjà procédé à une première dilution de capital pour trouver les deniers indispensables à l’achat d’ABN-AMRO. Et la pilule passait mal auprès de certains gros actionnaires, qui se dégagèrent donc, anticipant la catastrophe.
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Kerstens Pieter : Par contre, pour les centaines de milliers d’actionnaires crédules, les millions de clients et les dizaines de milliers d’employés, « tout allait très bien, Madame la Marquise ». Depuis quelques années, on nous avait assuré, juré et promis que la « transparence et la bon­ne gouvernance seraient les deux mamelles de la finance ». Des lois avaient été mises en place le 1er janvier 2005, et c’est le comte Lippens lui-même qui en avait été l’artisan. La déconfiture qui a secoué le groupe Fortis est donc un cas d’école. Tout le petit monde de la planète finance était parfaitement informé depuis août 2007 de la crise des subprimes. Mais beaucoup refusèrent d’affronter la vérité en face. Le gouvernement Leterme intervint alors, bafouant les lois et les règlements, et nationalisa le groupe Fortis durant le week-end du 27-28 septembre. Pour­quoi ?
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Kerstens Pieter : Au prétexte qu’il fallait sauver les petits épargnants et le personnel ! En réalité, parce que le gouvernement tremblait à l’idée de voir des files de clients hurlant devant les banques pour réclamer leur fric. Donc Leterme injecte des dizaines de milliards d’euros dans la banque Fortis. Le 2 octobre, c’est au tour de Dexia d’être recapitalisée. Mais le summum sera atteint le week-end du 5 octobre : la spoliation pure et simple des actionnaires de Fortis. Sans assemblée générale des actionnaires, le groupe Fortis est dépecé, les bijoux étant répartis entre copains, alors que les actifs toxiques restent dans la holding Fortis. L’action, qui avait coté 30 € au printemps 2007, ne valait plus que 0,60 € début octobre. Mais tira-t-on la leçon de la crise de 2008 ? Non ! Les bilans de nombreuses ban­ques européennes sont truffés d’actifs pourris.
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Kerstens Pieter : Les banksters ont continué à spéculer avec les dépôts des clients. La BCE a in­jecté des centaines de milliards d’euros dans le système. Depuis le 1er janvier 2016, les clients ne sont plus propriétaires de leurs comptes bancaires, mais seulement « créanciers » de la banque et rien ne garantit les dépôts inférieurs à 100'000 €, malgré les déclarations mensongères des États. En inondant la planète de mil­liers de milliards de dollars, les USA ont créé des « bulles » qui éclateront inévitablement. Ces dernières semaines ont vu la concrétisation des craintes à l’égard des banques, en particulier la déliquescence du système bancaire italien. lus préoccupant, la Deutsche Bank, première banque allemande, porte le titre peu enviable de « banque la plus dangereuse au monde », avec des engagements hors-bilan de milliards d’euros.
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Kerstens Pieter : Avec la baisse des taux d’intérêt, les banques ne peuvent plus être rentables sur leur métier de base. De plus, l’excès de réglementations les pousse à investir dans des activités plus risquées. En Italie, la banque Monte dei Paschi di Siena est en quasi faillite, avec 47 milliards d’euros de créances douteuses. Les actionnaires de la majorité des banques italiennes sont des petits porteurs. Or, une faillite provoquerait leur ruine et ils ne comprendraient pas que la BCE soutienne les systèmes financiers irlandais, grec et portugais et non le système financier italien. Certes, mais c’était avant cette fameuse réglementation. Et ne croyez pas que seules la Deutsche Bank et Monte dei Paschi soient concernées, conclut Kerstens Pieter sur Le 4 Vérités (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Introduction, adaptation et mise en page de Michel Garroté
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http://www.les4verites.com/economie-4v/une-nouvelle-crise-financiere-sannonce
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Le chiffre du jour : 4.620.000

Italie : 132.489 "réfugiés" ont été hébergés en 2016

                        COÛT: 4.620.000 EUROS par jour

Du premier janvier au 6 juillet de cette année, 76.809 clandestins ont débarqué sur les côtes italiennes, 4,23% de plus qu'en 2015 pour la même période (73.691). Il est évidemment important de faire le calcul de ce que cela coûte.

Ces données ont été mises à jour par le Viminal (siège du gouvernement à Rome, ndt), après les fortes augmentations d'arrivées de migrants ces 2 dernières semaines provenant de Libye et  parmi lesquels on trouve 16.000 jeunes hommes africains.

En ce moment, dans les centres d'accueil (hôtels compris, ndt), sont hébergés 132.489 africains, ce qui coûte  4.620.000 euros par jour au contribuable italien. [...]

Source en italien / traduit par D. Borer pour lesobservateurs.ch

 

Le paiement en espèces limité à 1.000 euros est une mesure ” inadmissible ”

C'est ce qu'a déclaré Serge Maître, président de l’Association française des usagers des banques

Inscrit au journal officiel depuis le 27 juin, le paiement en espèces limité à 1.000 euros va entrer en vigueur, ce mardi.

Une décision “inadmissible” selon Serge Maitre, président de l’Association française des usagers des banques. Divisé par trois. Le paiement en espèces va être limité, à partir de ce mardi, à 1.000 euros au lieu des 3.000 euros auparavant.

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Comment la Grèce pourrait larguer les amarres de l’euro

Les négociations entre le gouvernement grec et la Troïka ressemblent toujours à un dialogue de sourd. Alors, au jour le jour, le gouvernement d'Alexis Tsipras calcule s'il a encore des expédients pour rembourser la prochaine tranche de dette... L'image n'est pas sans rappeler celle d'un sportif dans une course de haies, trébuchant sur chaque obstacle mais n'ayant pas encore complètement perdu l'équilibre.

A moins d'une hypothétique renégociation de la dette grecque, que ses créanciers lui interdisent afin de sauvegarder leur propre bilan, le jeu se terminera bientôt. Mais sa conclusion pourrait prendre une autre forme que le Grexit, le Graccident et tous les autres vocables plus ou moins effrayants inventés pour évoquer les différents scénarios.

Contre toute attente, la sortie de la Grèce de la zone euro pourrait avant tout être progressive. Et elle pourrait même ne pas être décidée officiellement par les politiciens.

La décision surviendra non pas lorsque la Grèce n'aura plus assez d'argent dans les caisses pour payer ses créanciers, mais lorsqu'elle n'en aura plus assez pour payer à la fois ses créanciers et ses engagements intérieurs, une étape qui interviendra forcément avant.

Si la Grèce n'a plus qu'un milliard d'euros en caisse et qu'elle en doit un au FMI et un autre en versement de pensions et salaires, traitement de ses fournisseurs, etc., que faire? Qui aura l'argent et qui n'aura rien?

Sur la base de ce qu'il a fait par exemple début mars en décidant de piller les fonds de pension de retraite pour payer une échéance du Fonds Monétaire International, nous savons que le gouvernement grec prendra probablement une décision en faveur de l'international. Entre les obligations intérieures d'une part et les créanciers internationaux d'autre part, le gouvernement grec a jusqu'ici clairement décidé de sacrifier les premiers en faveur des seconds.

Mais que se passera-t-il lorsqu'il n'y aura plus d'euros dans les caisses et que tous ceux qui y reviennent seront entièrement phagocyté par le paiement de la dette publique? Que fera le gouvernement grec pour toutes les autres dépenses courantes? Supprimera-t-il d'un coup les rentes des retraités, des chômeurs, le salaire des fonctionnaires, le paiement de ses fournisseurs? On peut le concevoir, mais cette trajectoire risque de provoquer des troubles civils énormes, des faillites en cascade, voire un danger immédiat pour le régime - les militaires devenant parfois une catégorie de personnel assez chatouilleuse lorsqu'ils ne sont plus payés...

Le plus simple pour donner le change à la place serait d'émettre des reconnaissances de dettes. La méthode fut employée à de nombreuses reprises de part le monde - jusqu'en Californie où les affrontements politiques autour du budget, bloquant tous les paiements, amenèrent l'Etat fédéré à émettre des IOU (pour "I owe you", "Je te dois") en guise de salaires pour ses fonctionnaires en attendant que la situation se débloque.

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Un IOU californien de 2008 (cliquez pour agrandir)

En Grèce, la chose se pratiquerait quasiment de la même façon. Plutôt que de payer 1'000 euros à un fonctionnaire, ce dont il serait bien incapable, le gouvernement grec lui donnerait plutôt un certificat - officiel, signé, sur un joli papier à motif etc. - inscrivant une dette de 1'000 euros au porteur. Ou peut-être dix certificats de reconnaissance de dette de 100 euros, histoire de rendre les transactions plus pratiques...

On l'aura compris, ces reconnaissances de dettes seraient de facto une nouvelle monnaie.

Compte tenu de l'attachement des Grecs à l'euro il n'est pas certain que le gouvernement d'Alexis Tsipras ose nommer ses reconnaissances de dettes "nouvelle drachme" ou quoi que ce soit qui évoque trop ouvertement une monnaie alternative, même si dans les faits elle joue exactement ce rôle. Mais que la nouvelle monnaie s'intitule à nouveau "drachme", "G-euro" ou quoi que ce soit d'autre n'a finalement aucune importance.

La coexistence en Grèce de l'euro avec une seconde monnaie officielle purement locale n'a rien de nouveau ; l'idée fut suggérée dès 2012 par un économiste de la Deutsche Bank. Mais elle semble avoir fait son chemin durant ces quelques années puisque c'est désormais par le biais de responsables européens qu'elle reviendrait sur le devant de la scène, selon des discussions formulées il y a moins d'une semaine.

La monnaie-papier n'est, par essence, rien d'autre qu'une reconnaissance de dette. Cette dette était initialement sensée être remboursable contre un équivalent-or auprès d'une banque centrale mais, depuis l'abandon de la convertibilité, la monnaie-papier a perdu toute signification. La seule caractéristique qu'elle conserve encore est celui du monopole légal: dans la zone euro, les reconnaissances de dettes émises par la banque centrale européenne, c'est-à-dire les euros, doivent être acceptés comme moyens de paiement. Un commerçant doit afficher ses prix en euros et ne peut théoriquement pas refuser le paiement d'une marchandise contre des euros.

On s'en doute, la nouvelle monnaie émise par le gouvernement grec n'aurait pas cette qualité, en particulier hors des frontières. Mais à l'intérieur du pays, elle trouvera forcément un usage - ne serait-ce que parce que beaucoup de gens n'auraient rien d'autre pour payer. Quel sera le cours entre cette nouvelle monnaie et l'euro? Quel "montant scriptural de reconnaissances de dette en euro de l'Etat grec" faudra-t-il aligner pour acheter un bien vendu à 100€? Certainement pas cent, on s'en doute, puisque pareille transaction reviendrait à échanger à 1 pour 1 une monnaie ayant court dans toute la zone euro contre une autre ne valant qu'en Grèce. Mais alors combien? Cent vingt? Cent cinquante? Mille? A ce stade, c'est pure spéculation. Cela dépendra non seulement des circonstances mais aussi du volume de nouvelle monnaie émis par le gouvernement - et à beaucoup de montagnes russes alors que la Grèce continue à s'empêtrer dans la crise économique.

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Projet de billet de 500 Nouvelles Drachmes selon une étude du gouvernement grec

L'émission de reconnaissances de dettes par le gouvernement grec fera à nouveau de lui un émetteur de monnaie-papier, au minimum auprès de son public captif (fonctionnaires, fournisseurs, bénéficiaires de rentes), ce lui restituera un attribut de souveraineté abandonné lors du passage à l'euro.

Évidemment, l'euro authentique continuera d'avoir cours en Grèce et sera activement recherché, mais seuls les touristes et les acheteurs étrangers permettront de s'en procurer. Il en faudra pourtant, non seulement pour payer des marchandises importées en Grèce (comme du carburant) mais aussi parce que l'Etat grec, toujours autant aux abois lorsqu'il s'agira de payer des échéances de remboursement de la monstrueuse dette publique grecque, devra en disposer en quantité suffisante pour régler les échéances. La dette publique grecque a été creusée en euros, elle devra être payée en euros aussi longtemps qu'il est possible...

Comme on imagine aisément, l'arrivée d'une monnaie locale ne mettra de loin pas un terme aux problèmes financiers de l'Etat grec. Elle ne sera au mieux qu'un pis-aller et représentera surtout un point de non-retour. Si cette monnaie apparaît parce que l'Etat grec est en cessation de paiement en euro, on voit mal comment la situation pourrait s'améliorer alors même que cette nouvelle monnaie, sans cours à l'international, se répand progressivement dans les rouages économiques du pays. L'euro ne subsistera que dans quelques secteurs particuliers comme le tourisme et l'industrie d'exportation.

Si l'arrivée de la nouvelle monnaie donne un peu de répit à Athènes, il arrivera assez vite un moment où les reconnaissances de dettes auront fait un tour complet jusqu'à revenir dans les caisses du gouvernement. Les citoyens grecs s'empresseront d'utiliser cette nouvelle monnaie en priorité pour payer leurs impôts, et on voit mal comment l'Etat grec pourrait refuser une promesse qu'il émet lui-même! Les rentrées fiscales en euro s'étioleront rapidement et deviendront donc trop faibles pour permettre le remboursement de la dette publique. On reviendra donc au point de départ de la crise, le défaut grec.

Malgré tout, on ne peut exclure totalement l'hypothèse de l'émergence d'une monnaie grecque locale. Il s'agirait certes d'une hérésie pour les puristes de l'euro mais apparemment cette perspective est envisagée en haut lieu. De plus, cette solution à deux monnaies, relativement facile à mettre en place, aurait l'avantage de proposer une alternative - fut-elle temporaire - à la cessation de paiement pure et simple. Lorsqu'un gouvernement navigue autant à vue au jour le jour que l'équipe d'Alexis Tsipras, tous les expédients semblent sur la table pour gagner encore quelques semaines, quelques mois...

Dans la crise de la dette publique, procrastination et chemin de moindre résistance sont les deux principes majeurs qui ont prévalu jusqu'ici ; ceux-ci passent par la création d'une nouvelle monnaie en Grèce. Voilà pourquoi la nouvelle drachme pourrait bien faire son apparition, alors que les choses se précipitent.

Stéphane Montabert - Sur le web et sur Lesobservateurs.ch

L’euro sent le sapin

 

Michel Sapin, ministre des finances français, a déclaré aux médias le 27 février que la Suisse avait vocation à rejoindre l’union monétaire européenne. Edifiante affirmation d’un euro-béat déconnecté des réalités. L’euro n’est pas viable et les peuples européens finiront tôt ou tard par s’en libérer.
Dans cet article, nous expliquons pourquoi l’économie européenne fonctionnait bien avant l’euro, pourquoi elle bat de l’aile depuis son introduction, et pourquoi les peuples du sud de l’Europe vont s’en débarrasser.

La croissance économique en Europe avant l’euro :
Avant d’adopter l’euro, les pays européens suivaient un modèle de croissance qui peut être schématisé comme suit :
Prenons un continuum de ces pays de 0 à 10. Les pays proches de 10 (par exemple l’Allemagne et les Pays-Bas) bénéficiaient d’un haut niveau de productivité ainsi que d’une spécialisation dans des produits à forte valeur ajoutée comme les biens d’équipement et les automobiles haut de gamme.

Les pays proches de 0 (par exemple la Grèce et le Portugal) étaient caractérisés par une productivité limitée et une spécialisation dans des secteurs à faible valeur ajoutée comme l’agriculture et les textiles.
Plus un pays était proche de 0, …
… plus rapide était la dévaluation de sa monnaie par rapport aux monnaies des pays proches de 10: pour compenser la faible valeur ajoutée de leurs produits et leur productivité insuffisante, les pays en bas de l’échelle devaient laisser leur monnaie se déprécier. Ils comptaient sur la compétitivité-prix via une monnaie dévaluée pour pallier un manque de compétitivité par la qualité et la productivité.
… plus élevé était son différentiel de taux d’intérêt avec les pays les plus proches de 10: à cause d’une productivité réduite, de hausses importantes des salaires nominaux et d’une monnaie faible, les pays proches de 0 souffraient d’une forte inflation. Combinée à des profils de risque économique et politique élevés, cette situation se traduisait par de hauts taux d’intérêt, ce qui limitait les montants des dettes que les ménages, les entreprises et les gouvernements pouvaient se permettre de contracter.
… plus basse était la croissance des salaires réels en comparaison avec celle des pays proches de 10: une faible productivité implique des salaires réels peu élevés. Avant l’euro, les salaires nominaux augmentaient rapidement mais une inflation soutenue maintenait les salaires réels sous contrôle. Cela contribuait à préserver la compétitivité des pays d’Europe du Sud vis-à-vis de leurs partenaires européens.
Ces trois mécanismes agissaient en fonction de l’évolution des caractéristiques économiques, sociales et politiques des différents pays européens les uns par rapport aux autres. Ils étaient à l’œuvre depuis de nombreuses années et illustraient notamment une loi économique irréfutable, à savoir qu’une économie avec une compétitivité et une productivité faibles ne peut bénéficier d’une monnaie forte, de taux d’intérêt bas et d’une forte croissance des salaires réels.

La croissance économique en Europe après l’euro :
Suite à la création de l’euro, ces trois mécanismes qui agissaient comme autant de forces de rappel permettant aux différentes économies européennes de toujours trouver un équilibre et de croître, disparurent. Les pays proches de 0 qui adoptèrent l’euro expérimentèrent dès lors une monnaie forte, des taux d’intérêt bas et une croissance élevée des salaires réels, avec les conséquences suivantes :
L’ancrage de fait de leur monnaie aux monnaies fortes de la zone euro se traduisit par une détérioration de leur compétitivité-prix.
Les taux d’intérêt chutèrent fortement à cause de la perception des investisseurs que le risque de défaut était dès lors partagé entre tous les pays de la zone euro, et surtout que l’Allemagne, le pays le plus solide économiquement et financièrement, renflouerait les pays en difficultés. Ce phénomène déclencha une demande très forte et sans précédent de crédits en Europe du Sud de la part des gouvernements (Grèce), des agents économiques privés (Espagne), ou des deux. Cela
conduisit d’une part à des bulles d’actifs, particulièrement dans l’immobilier. D’autre part, la quantité de crédits accumulés devint totalement disproportionnée par rapport à la capacité des Etats, des sociétés et des ménages à les rembourser compte tenu de la faible productivité des pays concernés.
Même si l’inflation baissa, en partie grâce aux avantages d’une monnaie forte qui limite l’inflation importée, les salaires nominaux continuèrent à augmenter à peu près au même rythme qu’avant l’euro. En conséquence, les salaires réels progressèrent plus rapidement dans le sud que dans le nord de l’Europe, ce qui eut pour résultat de dégrader encore davantage la compétitivité des pays d’Europe du Sud.
En empêchant les nécessaires dévaluations régulières des monnaies des pays d’Europe du Sud, l’euro a totalement désorganisé leur économie, après avoir laissé croire à leur population que la monnaie unique avait apporté une prospérité éternelle. Avec pour conséquence que ces pays sont en récession, ou au mieux en stagnation, depuis maintenant sept ans.

La fin de l’euro programmée
Pour restaurer la compétitivité-prix des pays d’Europe du Sud, la seule alternative à la sortie de l’euro est la baisse des salaires et des prix, combinée avec des plans permanents de sauvetage financier et de subventions accordées par les pays proches de 10 aux pays proches de 0. Cette alternative part du principe que la zone euro deviendra avec le temps une zone monétaire optimale.
Un tel plan s’avèrera cependant trop coûteux en termes de croissance et d’emploi, et finalement inacceptable à cause de ses conséquences sociales désastreuses. Il implique en effet des décennies de déflation, de chômage de masse et de misère sociale dans le sud. Il finira par être rejeté par les populations qui porteront au pouvoir une nouvelle génération politique non compromise par l’échec de l’euro, et qui aura le courage d’organiser le démantèlement de la monnaie unique.
Après une période turbulente d’adaptation, la croissance économique repartira selon le modèle d’avant l’union monétaire. L’Europe pourra enfin tourner la page de l’expérience dysfonctionnelle de l’euro. L’espoir renaîtra en Grèce, dans la péninsule ibérique, en Italie, et en France, pour des millions de laissés-pour-compte, aujourd’hui victimes d’un projet technocratique insensé qui aura voulu défier les lois de la gravité économique.

Pierre Châtain, 27 mars 2015

Adopter l’euro n’y ferait rien

Myret ZakiPar Myret Zaki

Depuis le 15 janvier, la courbe la plus scrutée en Suisse n’est pas celle des cimes enneigées, mais celle du taux de change euro-franc.

En semaine 3 après le «krach» du taux plancher, l’euro semblait trouver la terre ferme à 1,06 franc, et les prévisionnistes voyaient un retour à la raison à 1,10. L’écran de fumée dissipé sur les injections de 1040 milliards d’euros par la Banque centrale européenne et les intentions du parti anti-Europe Syriza en Grèce, on soufflait un peu.

L’innovation, planche de salut

Finalement, l’euro ne sombrerait peut-être pas à 50 centimes, et le franc fort ne condamnerait peut-être pas l’économie suisse à une sanction permanente et définitive.

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Après l’euphorie, l’inquiétude des frontaliers

Franc fort - Les entreprises réfléchissent aux moyens de rester compétitives, notamment par des baisses de salaires ou du chômage partiel.

Après la joie, le doute: alors que les frontaliers travaillant en Suisse ont vu leur pouvoir d'achat bondir de près de 20% mi-janvier avec l'appréciation du franc, certains craignent un retour de bâton avec des conséquences sur leur emploi.

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Allemagne : vers la sortie de l’euro ?

 

Par Charles Sannat.

Merkel credits lea leamm (licence creative commons)

Tous les problèmes de l’euro perdurent, tels que je les avais décrits en 2011. Rien n’a été réglé depuis. Nous avons juste acheté du temps. Reste l’essentiel : nous approchons à nouveau d’une période de doutes existentiels. Ces doutes, il y aura deux façons de les affronter et peut-être trois.

La première sera le grand saut fédéral auquel je ne crois pas, tant les divergences sont profondes, à savoir une fiscalité commune, une émission de dette commune, un gouvernement commun et l’utilisation, tous en chœur, de la planche à billets et une bonne dose de monétisation. C’est possible mais fort peu probable et, au bout du compte, les Allemands seraient ruinés par les cigales du Sud et notre monnaie finirait comme le yen japonais. Une mort lente et douce certes, mais une mort tout de même.

La deuxième serait « l’explosion » de la zone et le retour aux monnaies nationales. Ce ne serait pas la solution politiquement et économiquement la plus efficace et la plus élégante. Le mieux, comme je le disais dès 2011, serait en réalité une sortie de l’euro de l’Allemagne et la conservation de l’euro pour les pays du Sud dont la France, ce qui permettrait d’avoir un choc de dévaluation plus modéré.

La troisième façon d’affronter ces doutes serait de ne rien faire comme depuis sept ans et le début de la crise, mais de parler pour ne rien dire, comme sait le faire Mario Draghi qui nous explique à l’envi qu’il fera tout ce qu’il faut pour sauver la zone euro et que ce sera assez… Sauf que cette fois-ci, le bluff risque de ne pas prendre.

Messieurs les Allemands, sortez les premiers

Voici ce que je disais dès 2011 :

« « Messieurs les Anglais, tirez les premiers. » C’est lors de l’épisode de la bataille de Fontenoy (en 1745) que ce mot fameux aurait été prononcé.

Dans notre Europe moderne, nous avons su depuis quelques décennies faire taire les armes et les canons. C’est bien sûr le principal succès de l’Union européenne. C’est d’ailleurs ce succès et cette connaissance historique partagée par tous des affres des guerres ayant ravagé notre continent pendant des siècles qui rend, dans l’esprit de tous, indépassable l’idée de construction européenne.

Pourtant, pourtant, l’année 2012 pourrait être celle où l’ensemble des européens demandera à nos amis allemands de sortir les premiers de l’euro.

L’Euro est une construction politique. Pas économique.

La monnaie unique a été créée et pensée il y a presque vingt ans. À l’époque, et c’est important de le rappeler, le Mur de Berlin vient de s’effondrer. La France, inquiète, voit poindre le danger d’une grande Allemagne réunifiée. François Mitterrand, alors président de la République, reste avant tout un homme de la Seconde Guerre mondiale. Il n’aura de cesse d’arrimer l’Allemagne à la France, à moins que ce ne soit le contraire, afin de rendre le destin de nos deux nations indissociable. La monnaie unique est un peu comme une corde reliant plusieurs alpinistes mais qui ne pourrait pas être coupée en cas d’accident. Dès lors, si l’un des membres de l’euro tombe, toute la cordée sera entraînée dans la chute.

L’euro est une monnaie économiquement allemande mais de construction politique française.
Le Président Mitterrand a donc négocié l’aide et le soutien de la France à la réunification allemande contre l’adhésion de l’Allemagne à l’euro en échange de quelques critères de bonne gestion financière (les célèbres critères de Maastricht) oubliés par tous (y compris nos camarades allemands) depuis bien longtemps. Il ne faut pas oublier la décision politique prise à ce moment-là par le Chancelier allemand de l’époque, Helmut Kohl. Ce dernier a décidé de convertir la monnaie des Allemands de l’Est au prix de la monnaie de l’Ouest. En clair, un Deutsche Mark (RFA-ouest) valait un Ost Mark (RDA-est). L’Allemagne n’avait pas l’argent nécessaire, bien sûr, pour convertir cette masse monétaire nouvelle sur la base de 1 pour 1. Une telle conversion n’avait d’ailleurs aucun sens économique. L’Ost Mark valait plutôt dix fois moins d’un Deutsche Mark. Là encore, l’idée était politique. Il s’agissait d’affirmer la réunification du peuple allemand, et qu’un Allemand de l’Ouest « valait » un Allemand de l’Est.

N’oublions pas qu’hier comme aujourd’hui, les Allemands ont toujours refusé la notion de monétisation. Les Allemands n’ont pas imprimé les Deutsche Mark nécessaires. Ils les ont empruntés sur les marchés. Ce faisant, ils ont asséché le marché monétaire, provoqué une hausse massive des taux d’intérêt, à l’origine de la récession et de la crise économique des années 90 à 95. Nous avons tous payé le prix de la réunification allemande en Europe et particulièrement en France. Mais l’adhésion de l’Allemagne à l’euro était à ce prix. »

Le plan secret d’Angela Merkel pour revenir au Deutsche Mark

C’est le titre de cet article qui nous vient d’Italie. Je vous livre ici ma traduction des points essentiels et à retenir de cet article.

« Selon ce plan, Berlin pense à se déconnecter de la monnaie unique avant qu’il ne soit trop tard, en raison de plusieurs éléments.

Il y aurait d’abord la décision de la France de ne pas respecter la contrainte de 3% de déficits publics et les difficultés à maintenir les politiques d’austérité et de rigueur imposées par les traités de l’UE dans la zone euro et enfin le désir d’Angela Merkel de mettre fin à cette aventure monétaire devenue plus que douteuse et douloureuse pour tout le monde.

Non seulement cette hypothèse circule à Berlin dans les milieux politiques liés au parti chrétien-démocrate de la chancelière, mais en plus les plans seraient déjà bien établis. En cas d’effondrement soudain de l’euro, l’Allemagne se prépare pour un retour offensif à son cher vieux Deutsche Mark…

C’est un plan que la chancelière Angela Merkel serait en train de finaliser dans les détails. Les autorités allemandes nient officiellement toute l’idée (NDLR ils ne peuvent en aucun cas dire l’inverse « bien sûr, bien sûr, on se prépare à l’effondrement de l’euro et au retour au Mark, mais dormez tranquille tout va bien se passer »… ce serait la panique assurée).

Cependant, selon certaines rumeurs circulant constamment, non seulement en Allemagne, mais aussi à Bruxelles, dans les rangs de la CDU, le parti de Mme Merkel serait bel et bien en train de se préparer pour l’effondrement de la monnaie unique. Une telle sortie ne peut évidemment être totalement improvisée !

Dans un tel scénario, semi-apocalyptique, le Mark recommencerait à circuler dans les poches des citoyens et dans les banques allemandes très rapidement pour ne pas dire presque instantanément (NDLR d’après de nombreuses rumeurs sérieuses, mais n’en ayant jamais eu en main je ne peux que les qualifier de « rumeurs », les nouveaux marks en particulier les billets auraient déjà été imprimés dès 2011). »

Voilà pour l’essentiel de cet article italien.

L’euro n’a aucun avenir

Allemagne sortie de l'euro rené le honzecL’euro, encore une fois, n’a aucun avenir et il ne s’agit pas là d’idéologie mais de faits. Les faits sont têtus et les faits sont froids. L’euro ne fonctionne pas, ou en tout cas très mal, et sur ce point, toute personne objective sera d’accord. Dès lors se pose la question de comment faire pour « réparer » l’euro et qu’il marche bien. Vous aurez d’un côté ceux qui pensent que la seule façon d’avoir une monnaie unique réellement opérationnelle sera, comme je le disais en introduction, le grand saut fédéral et c’est d’ailleurs toujours la même et unique solution avancée. « Ce grand saut fédéral est-il possible ? » est donc la question logique à se poser après.

Ma réponse est non. Pourquoi ? Tout simplement parce que, encore une fois, les intérêts économiques, politiques, géopolitiques ou encore démographiques sont trop divergents. Parce qu’en réalité, il n’y a qu’une convergence économique de façade mais des divergences de fond et irréconciliables à tous les niveaux. Et je vous passe les immenses différences de culture entre, par exemple, la rigueur financière allemande et le côté artistique de la gestion des finances publiques françaises…

Conséquence logique de cette petite démonstration : si le saut fédéral n’est pas possible à court et moyen terme (et il ne l’est manifestement pas), une grande attaque d’envergure sur les marchés devra forcer les dirigeants européens à faire des choix. Le choix du plus d’euro ou du moins d’euro. Si les États-Unis d’Europe sont impossibles alors ce sera le retour aux monnaies nationales.

Encore une fois, et comme je le disais dès 2011, la sagesse économique, la stabilité sociale et l’intelligence politique voudraient que l’Allemagne sorte de l’euro pour laisser l’euro aux autres. Cette solution permettrait de retrouver un fonctionnement non pas parfait mais plus optimal, et surtout le choc serait moins violent ainsi que plus facilement absorbé par les économies du sud de l’Europe, dont notre pays. Ce serait une première étape vers le détricotage de l’euro car il se posera pour la France très rapidement les mêmes problèmes avec les pays qui seront restés dans l’euro. Mais sans doute que cela permettrait d’engager un processus de sortie de l’euro en relativement bon ordre plutôt que de plonger dans le chaos de l’inconnu et des incertitudes.

J’espère que vous commencez à comprendre pourquoi il est déjà trop tard, préparez-vous.


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L’UE jette l’argent par les fenêtres

Feu vert de l'UE pour distribuer 5,5 milliards ces prochaines années en faveur de la coopération avec les pays voisins :

Dans le programme des priorités, c'est le Maroc qui encaisse le plus de fonds : entre 728'000 et 890'000 euros pour la période 2014-2017. Ces aides à Rabat sont destinées à un accès équitable au services sociaux de base (30%), au soutien de l'état démocratique, de l'état de droit et à la mobilité (25%), et pour la croissance et l'emploi (25%).

En deuxième position et pour la même période, on trouve la Jordanie qui recevra entre 312'000 et 382'000 euros, destinés à orienter le pays vers un état de droit (25%), à développer le secteur privé et l'emploi (30%), et à développer les énergies renouvelables (30%).

La Tunisie, de son côté, recevra entre 202'000 et 246'000 euros pour la seule période 2014-2015 pour des réformes socio-économiques et la croissance (40%), un développement local et régional soutenu (30%) et le renforcement de la démocratie (15%).

Suivent le Liban (entre 130'000 et 159'000 euros pour la période 2014-2016), l'Arménie (entre 140'000 et 170'000 euros pour la période 2014-2017), l'Algérie (entre 121'000 et 148'000 euros pour la période 2014-2017), l'Azerbaijan (77'000-94'000 euros pour 2014-2017), la Biélorussie (71'000-89'000 euros pour 2014-2017) et pour finir, la Libye (36'000-44'000 pour 2014-2015).

Les sommes prévues pour 2014-2017 concernant le programme de coopérations régionaux à l'Est se situeront entre 418'000 et 511'000 euros, tandis que pour le Sud, on parle de 371'000 à 453'000 euros.

Les programmes qui couvrent l'ensemble de la "politique de voisinage" européen pour la période 2014-2017, programmes destinés au développement démocratique et à la mobilité, comme le programme Erasmus+, coûteront entre 1 milliard 675 millions et 1 milliard 876 millions d'euros. (ANSAmed.)

Source en italien (trad. pour lesobservateurs.ch par D. Borer)