Puisque Vincent Peillon est nommé professeur de philosophie à l'Université de Neuchâtel, j'en profite pour vous décrire un peu qui est ce personnage, afin que vous soyez prêts. On critique souvent les politiques sur le fait qu’ils n’ont pas de vraies convictions. Avec Peillon, c’est tout l’inverse. Il faut rester très vigilant et très sérieux devant ce genre d’idéologue.
Vincent Peillon, prophète d'une religion laïque. Par Vivien Hoch, CERU, 2012
Nul ne doit être dupe, ni se tromper sur le personnage. Lorsqu'il a été nommé Ministre de l'éducation Nationale, j'avais rédigé une étude sur le personnage pour le CERU (Centre d’Études et de Recherches Universitaires), et proposé une sorte d'exégèse de la philosophie de Vincent Peillon. Autant dire tout de suite qu’après à la lecture de son oeuvre complète, le résultat se situe bien au-delà de toutes mes inquiétudes.
Derrière le personnage apparemment lisse, voir ennuyeux, se cache en fait un terrible idéologue, quelqu’un de très dangereux, un Robespierre en herbe, un disciple en droite lignée des grands "bienfaiteurs" de l’Eglise que furent Jean Jaurès ou Ferdinand Buisson, qui sont ses "deux papas".
Vincent Peillon, c’est un docteur en philosophie – et il n’y a rien de plus dangereux qu’un philosophe qui fait de la politique, un visionnaire pour qui « la révolution française n’est pas terminée », parce que cette Révolution est « un événement religieux», une « nouvelle genèse » un « nouveau commencement du monde », une « nouvelle espérance » qu’il faut porter à son terme, à savoir : « la transformation socialiste et progressiste de la société toute entière ».
En fait, Peillon n’est ni un homme politique, ni un simple philosophe. C’est un prophète, un Pape laïque, un grand-prêtre du socialisme, plus religieux que le Souverain Pontife lui-même.
Responsable de l’éducation nationale. Ce n’est évidemment pas par hasard. L’éducation a un rôle capital dans son système idéologique, car l’école est « un instrument de l’action politique, républicaine et socialiste. ». Plus encore, l’école est un instrument de la religion laïque dont il se fait le prophète, car « c’est au socialisme qu’il va revenir d’incarner la révolution religieuse dont l’humanité a besoin » (La révolution française n’est pas terminée, p. 195) Et évidemment, l’école sera le temple de cette nouvelle religion :
« c’est bien une nouvelle naissance, une transusbtantiation qui opère dans l’école et par l’école, cette nouvelle Église, avec son nouveau clergé, sa nouvelle liturgie, ses nouvelles tables de la Loi » (La révolution française n’est pas terminée, p. 18)
On comprend alors dans le détail les grands thèmes qu’il a imposé à l’éducation nationale en France.
- La scolarisation précoce des enfants, de moins de trois ans s’il vous plaît ! (annoncée le 10 septembre 2012 par Jean-Marc Ayrault) dans le but, selon lui, de « lutter contre la délinquance » (sic), mais qui correspond en fait en tout point à l’idée peillonienne de coupure totale de l’enfant d’avec autre chose que la République socialiste : (je cite son interview au Jdd) « Il faut être capable d’arracher l’élève à tous les déterminismes, famillial, ethnique, social, intellectuel… » (Entretien au JDD, 2 septembre 2012)
Pour ce faire, Peillon se fonde sur une pédagogie bien à lui : il y a un « infini flottant dans l’âme de l’enfant », et l’éducation « se fixe pour tâche de lui donner une forme » (La révolution française n’est pas terminée, op. cit., p. 194). Je vous laisse imaginer quelle forme il faut lui donner, à ce enfant nu et dépouillé face au dogme étatique.
- La morale laïque. Alors une fois encore ne soyons pas dupes : évidemment que ce qui manque le plus à nos enfants, c’est de la morale. Mais ceux qui applaudissent cette idée doivent vigilants. Car le but de la morale laïque, c’est de former des futurs électeurs socialistes avec la théorie du Genre, l’enseignement des « grands homosexuels de l’histoire », la lutte contre les discriminations et l’imposition d’une morale non pas seulement laïque, a-religieuse, voir anti-religieuse. La morale laïque correspond en tous points à la ligne Buisson de la laïcité que Peillon s’est tracé – en référence à Ferdinand Buisson, l’acteur de premier plan de l’expulsion des congrégations religieuses, auquel Peillon a consacré un ouvrage en 2005. Cette ligne buisson de la laïcité, c’est « de forger une religion qui soit non seulement, plus religieuse que le catholicisme dominant, mais qui ait davantage de force, de séduction, de persuasion et d’adhésion, que lui. ». Aussi, si « la République socialiste perdure dans la mort Dieu », elle perdure également dans la mort de son incarnation terrestre, l’Eglise…
- La fronde contre l’enseignement catholique trouve elle aussi son sens. Pendant les débats sur le mariage homosexuel, Peillon a produit une circulaire qui demandait aux Recteurs d'Académie de « rester vigilant envers l’enseignement catholique » parce que ce dernier s’était prononcé contre le mariage homosexuel. « Rester vigilant envers l’enseignement catholique » veut dire, dans son système, qu’aucune idée ne peut se transmettre en dehors des cadres dogmatiques de la République socialiste.
Nous sommes clairement dans une dialectique marxiste, que la contradiction n’effraie aucunement. Le moment passé (à savoir les traditions, l’histoire de nos nations européennes, les valeurs chrétiennes) doit être annulé par le moment à venir : le monde poli, libre, joyeusement socialiste, délivré enfin du joug de la méchante Eglise catholique et de ses principes désuets.
C'est grâce à ce genre d’idéologues au pouvoir, que nos enfants en savent davantage sur la contraception, le mariage homosexuel, l’homophobie, l'islam, le trans-genre et le cannabis, que sur l’histoire de France ou les règles de conjugaison. Le catéchisme socialiste doit se réciter dans toutes les écoles, par la bouche de tous les fonctionnaires-prêcheurs, et les enfants doivent apprendre cette vérité tombée du ciel sans broncher…
Finalement, la plus grande honnêteté pour Monseigneur Peillon et son clergé serait de se l’appliquer à eux-mêmes, la laïcité...
Vivien Hoch, 17 décembre 2014
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