Ce n'est une surprise pour personne, notre canton a pour habitude de se signaler à l'attention du reste du pays par le fait qu'il s'y passe toujours quelque chose qui serait impensable ailleurs. Cette semaine, c'est le gratuit 20Minutes qui nous faisait part de deux exploits du Conseil d'Etat.
Le premier, c'est la tentative de chantage exercée sur le numéro deux de la police Christian Cudré-Mauroux suite aux événements de décembre. Suspendu depuis février, l'homme constitue un fusible rêvé pour ses supérieurs qui souhaitent être exonérés de toute responsabilité dans le saccage de la vielle ville. Monica Bonfanti et surtout son chef Pierre Maudet redoutent comme la peste une éventuelle enquête de la Commission de gestion du Parlement. Pareille démarche serait sans doute de nature à démontrer que le commandant n'a pas démérité et donc mettrait en évidence la culpabilité de celle et celui qui la portent véritablement. Comme le relève Marc Baudat, président du syndicat de police UPCP, si Christian Cudré-Mauroux avait fauté, il eût été révoqué depuis bien longtemps déjà. Hélas, il se trouve qu'il n'y a pas grand-chose à reprocher au haut fonctionnaire, il faut donc procéder différemment. C'est ainsi que le Conseil d'Etat se comporte aujourd'hui en vil maître-chanteur, se livrant à une pratique dont le code pénal suisse résume le principe à son article 156.
Cette affaire est bien une spécificité genevoise où, pour sauver la réputation d'un ministre PLR, on se livre aux plus basses besognes, n'hésitant pas à salir un policier brillant pour lui faire endosser la médiocrité de ses accusateurs.
Bien que déjà bien entachée, la réputation du Conseil d'Etat en prend un autre coup dans les gencives avec l'affaire Hani Ramadan. En effet, le directeur du centre islamique de Genève, promoteur de la lapidation des femmes adultères ou du Sida punition divine a été invité à parler d'islamophobie devant des adolescents dans une classe du Centre de la transition professionnelle.
Surpris par la présence de cet orateur d'un autre âge, de nombreux parents se sont inquiétés et ont signalé la chose au département de l'instruction publique qui souligne par le biais de son porte-parole Pierre Antoine Preti que le directeur du centre islamique est "connu comme prédicateur militant en faveur d'une conception particulière de l'Islam; son intervention unilatérale dans un cadre scolaire n'est pas compatible avec l'approche neutre et scientifique du fait religieux". C'est clair. Mais alors, si l'homme préside un centre qu'il voudrait plus islamiste qu'islamique, comment a-t-il pu s'exprimer sans la moindre contradiction devant des élèves contraints à écouter des sornettes orientées ?
Et bien tout simplement parce qu'une enseignante dont on dit qu'elle a bonne réputation a décidé toute seule, dans son coin, d'inviter le triste idéologue sans en référer le moins du monde à sa hiérarchie. La faute est d'autant plus lourde qu'Hani Ramadan a été exclu des rangs de l'instruction publique en 2003 eu égard au caractère incompatible entre ses fonctions ecclésiastiques et le principe de laïcité. Même s'il n'y a pas photo quant à la responsabilité de l'enseignante, le cas est épineux pour le Conseil d'Etat. Comment désavouer la personne sans être taxé d'islamophobie ? Allez, parions qu'il y aura deux poids, deux mesures !