François d’Orcival : « Je n’ai jamais vu ça ! »

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​« Les usages de la République ont été bafoués ! » Ministre de l’Intérieur puis président de l’Assemblée nationale sous Jacques Chirac, avant de présider le Conseil constitutionnel sous Nicolas Sarkozy et François Hollande, Jean-Louis Debré n’en pouvait plus devant les désordres qui se répandaient au Palais-Bourbon. Il est sorti de son silence. « Je n’ai jamais vu ça ! », dit-il à propos de ce que l’on a fait du règlement de l’Assemblée.

​De ses 80 articles, Jean-Louis Debré détache le dixième, qui concerne l’élection des membres du Bureau de l’Assemblée, ses six vice-présidents, trois questeurs et douze secrétaires, élection qui a lieu « en s’efforçant de reproduire au sein du Bureau la configuration politique de l’Assemblée ». Il insiste sur un point de l’article 10 : « Le président [en l’occurrence la présidente, NDLR] de l’Assemblée réunit les présidents des groupes en vue d’établir la répartition entre les groupes de l’ensemble des fonctions du Bureau. »

A-t-il été respecté ? Ce préalable aurait évité l’exclusion du groupe le plus nombreux, celui du Rassemblement national (126 membres contre les 99 du groupe Ensemble de Gabriel Attal, les 72 de La France insoumise de Mathilde Panot et les huit autres moins nombreux). « On s’est moqué du règlement qu’on ne connaît même plus », dit Debré.

​Comme si l’Assemblée était un lieu de guerre civile

Or le plus étonnant, c’est qu’avant de dérailler, cette procédure a commencé sous les auspices de deux députés du RN, le plus âgé et le plus jeune de la nouvelle Assemblée. Le premier, José Gonzalès, le doyen d’âge, préside la séance au cours de laquelle va être élue la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, à la majorité simple. Né en avril 1943 à Oran, en Algérie, José Gonzalès est député de la première circonscription des Bouches-du-Rhône. Élu pour la première fois en 2022, avec près de 60 % des voix, il est réélu ce 7 juillet. Il aurait dû faire face à deux adversaires si l’un d’eux ne s’était pas retiré pour tenter de le faire battre ; les électeurs lui ont conservé 55,7 % des voix.

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Le plus jeune, Flavien Termet, 22 ans, est invité à prendre place lui aussi à la tribune de l’Assemblée, mais pour y saluer les élus venus déposer leur bulletin dans l’urne. Il avait d’abord adhéré au parti des Républicains avant d’être recruté par le RN qui a fait de lui un délégué départemental dans les Ardennes. Il vient d’y être élu en battant le député sortant de l’ex-majorité, Lionel Vuibert. C’est donc lui qui, filmé par les caméras, tend la main à chacun des députés. Et l’on va voir défiler les élus qui lui serrent la main, avec plus ou moins d’attention, et ceux qui, au contraire, membres de La France insoumise en général, se font remarquer en l’évitant soigneusement, comme si l’Assemblée était un lieu de guerre civile. Devant ce comportement imbécile et télévisé, Jean-Louis Debré se rappelle avoir vu, dans les années 1986-1988, Georges Marchais et Jean-Marie Le Pen échanger au contraire dans l’enceinte de l’Assemblée des propos en toute cordialité.

Un spectacle désolant

Député insoumis de Marseille de 37 ans, sans profession, Sébastien Delogu adresse au jeune Flavien Termet des phrases du genre « t’es un fada », « t’es un fou », lui qui brandit sur les bancs de l’Assemblée un drapeau palestinien ou lance, au mois de mai dernier, des revendications définitives sur Gaza… Autre insoumis, mais de Seine-Saint-Denis, où tous les élus sont de cette couleur ou apparentés, Thomas Portes n’hésite pas à inciter à la haine antisémite devant un public conquis. Ces appels aux outrages, aux provocations, ces injures et voies de fait sont en principe sanctionnés quand ils sont prononcés dans l’enceinte de l’Assemblée. On verra ce qu’il en sera, avec deux vice-présidentes membres de LFI.

L’Assemblée a maintenant fermé ses portes. Le gouvernement démissionnaire expédie les affaires courantes. Devant ce spectacle désolant, le président de la République en est réduit à demander une « trêve » en espérant qu’elle fasse oublier le chaos institutionnel provoqué par sa dissolution. Avant d’assister à l’ouverture des Jeux olympiques.

Notre prochain éditorial paraîtra le 29 août prochain.

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