Le féminisme est mort, vive les femmes !

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Extraits d’un article de Valeurs actuelles du 7 avril 2016 :

[...]

« Il serait temps que ces militantes qui n’ont été mandatées, que l’on sache, par aucune espèce de “peuple féminin” qu’elles auraient seules vocation à représenter, aient l’obligeance d’exprimer leur ressentiment haineux en leur nom propre et non en celui de toutes les femmes de France et de l’univers qui ne leur ressemblent heureusement pas », écrivait pourtant Anne-Marie Le Pourhiet, professeur de droit public à l’université Rennes-I. Tel est, en effet, le point crucial : des milliers de femmes ne se sentent pas représentées, ni même seulement concernées, par les combats des féministes. Des milliers de femmes ont envie de leur crier « pas en mon nom ».

C’est à toutes ces femmes (mais aussi aux hommes) que s’adressent trois ouvrages récemment parus, trois ouvrages consacrés chacun à sa manière à la question du féminisme et qui font souffler sur ce sujet un air profondément rafraîchissant.

Il y a Adieu Simone !, de la journaliste Gabrielle Cluzel, dont le titre dit assez bien qu’il s’agit de solder l’héritage du féminisme incarné par Simone de Beauvoir, « une femme rompue, à la plume talentueuse, mais qui donnait la nausée ».

Sous une étonnante similitude de titre, on trouvera aussi Adieu mademoiselle, d’Eugénie Bastié (ci-contre), journaliste au Figaro, déjà épinglée par le magazine l’Express comme nouvelle jeune figure de la « droite réac » et qui se propose d’analyser en quoi la situation présente procède « de ces idées féministes devenues folles ». Enfin, se centrant davantage sur la question de la sexualité, en particulier la sexualité des jeunes, l’une des grandes « conquêtes » de la révolution initiée par Mai 68, on lira Une jeunesse sexuellement libérée (ou presque) de la philosophe et sexologue Thérèse Hargot (lire ci-dessous).

Trois ouvrages. Trois regards de femmes. Un même constat : ce qu’on appelle couramment le féminisme a mené les femmes, les jeunes, la société en général dans une impasse mortifère. « Qu’en est-il réellement de la femme européenne, attaque Gabrielle Cluzel. Qu’a-t-elle vraiment gagné depuis cinquante ans ? Qu’a-t-elle surtout perdu ? Quelles sortes de lendemains qui ne chantent pas se prépare-t-elle ? » Pour répondre à cette question, les principaux articles du catéchisme féministe et progressiste en vigueur sont passés au crible d’une analyse lucide, incarnée, souvent drôle malgré la gravité du sujet.

Le travail des femmes, par exemple. Pour Cluzel, il s’agit d’un combat « plein de bonnes intentions, mais qui se révèle étrange, rigide, coercitif, visant à changer en profondeur la femme. Dans ses habitus et sa nature ». Après la servitude volontaire, la libération forcée. « Plutôt que d’adapter l’économie au destin physiologique des femmes, la potentialité d’être mères, la préoccupation des féministes est d’adapter les femmes à la technostructure de l’économie », reprend Eugénie Bastié qui rappelle la phrase de Chesterton : « Le féminisme pense que les femmes sont libres lorsqu’elles servent leurs employeurs, mais esclaves lorsqu’elles aident leurs maris. »

Le contrôle de la fertilité, ensuite. Si les auteurs concèdent volontiers que pouvoir éviter les grossesses multiples a permis de préserver le corps des femmes et leur a offert de davantage disposer d’elles-mêmes, la banalisation des outils de contrôle - pilule, stérilet - a beaucoup nui à la femme. « Le féminisme a voulu libérer la femme d’elle-même : et ce faisant, il l’a niée », écrit Gabrielle Cluzel. Aujourd’hui près d’une jeune fille de 15 à 19 ans sur deux a déjà pris la pilule du lendemain — une prise de risque étonnante, surtout à l’époque du principe de précaution, et à laquelle de très jeunes personnes se soumettent, totalement à l’insu de leurs parents.

Hier considéré comme une réponse douloureuse donnée à un échec, l’avortement est aujourd’hui le droit « féministe » par excellence, un combat sur lequel il faudrait avancer toujours plus loin, quand bien même il s’en pratiquerait déjà plus de 220 000 par an [en France]. Revenant sur la décision récente visant à supprimer tout élément de réflexion, comme si l’IVG était « le seul acte de la vie d’un être humain pour lequel la réflexion serait une régression », Eugénie Bastié analyse : « Il faut donc à la fois ériger l'avortement en principe fondamental et le fondre dans la pure banalité, les deux objectifs n'étant pas antithétiques, puisque le droit n'a désormais d'autre fonction que de canoniser la tendance. »

Ce que nos deux auteurs pointent aussi du doigt avec un mélange d'humour et de commisération, c'est le caractère dérisoire de toutes ces luttes : voilà un féminisme qui forme des comités, rédige des dépêches, fomente des « actions coup de gueule » pour corriger une langue jugée toujours trop sexiste ou faire interdire des jouets encore trop "genrés", mais ne se soucie pas du sort des femmes en terre d'islam, sauf pour dénoncer une improbable "extrême droite musulmane" responsable, par exemple, des agressions de Cologne. Un féminisme qui lutte contre la publicité. Contre les "violences symboliques" (et assez peu contre les violences réelles, comme l'excision ou les mariages forcés, trop exotiques). Qui traque "le sexisme bienveillant" de la politesse, de la galanterie, de la phrase "les femmes et les enfants d'abord", qui veut débaptiser les écoles maternelles...[...]

Mais une ère nouvelle s'ouvre. Comme l'écrivait déjà Élisabeth Lévy, qui exerce son talent critique sur ce sujet depuis longtemps déjà : « Le prochain combat féministe, c'est celui qu'il faut livrer à ce faux féminisme qui, sous couvert de défendre les femmes, veut les assigner à une norme. » La voilà désormais entendue.


Presse féminine Zélie contre la pensée unique

[...] Pour Solange Pinilla, littéraire passée par le journalisme, aujourd'hui jeune mère de famille, rien dans la presse dite "féminine" n'était à même de saisir la femme de manière plus globale : dans ses dimensions physique, intellectuelle, affective, spirituelle. De fait la lecture, même superficielle, de cette presse est édifiante. Son credo tient en trois mots : consommation, hédonisme, air du temps. Ou en "3M" : mode, maquillage, mecs. « Hé, les gars ! C'est comment d'avoir un pénis ? » (Biba, mars 2016). « Sexe : oublier un bon coup... c'est possible ? » (Cosmopolitan, mars 2016), « Bisexualité des stars, la fin d'un tabou » (Elle), etc. Comment changer les choses ? « Je ne voulais pas mener une réflexion théorique sur la femme, reprend Solange Pinilla, mais proposer des sujets qui concernent les femmes d'aujourd'hui et d'hier, des sujets incarnés, avec des exemples concrets. » Ce sera Zélie, un magazine "100 % féminin, 100 % chrétien", sous forme d'un mensuel gratuit sur Internet. Zélie, en hommage à Zélie Martin, la mère de sainte Thérèse, récemment canonisée avec son époux Louis. Zélie, mère de famille, mais également chef d'entreprise et qui fit même travailler son mari - comme une façon d'échapper à tout cliché. Après sept numéros, le magazine compte déjà plus de huit mille lectrices (et sans doute quelques lecteurs). On y parle de tout : de femmes  n politique, de décoration, des méthodes naturelles, des dominicaines, de l'accueil de l'enfant, des chrétiennes d'Orient, de la relaxation... Pour une autre image de la femme. www.magazine-zelie.com

Sexualité Une jeunesse libre et perdue

Il faut lire l'ouvrage de Thérèse Hargot (ci-contre en classe). Non parce que l'auteur est qualifiée de « nouveau visage du puritanisme » par l'hebdomadaire [très bobo] Les Inrockuptibles, ce qui serait déjà l'indication d'une personne de qualité, mais parce que ce livre donne parfaitement à voir le désarroi dans lequel la libération sexuelle voulue par Mai 68 a jeté la jeunesse d'hier et d'aujourd'hui.

Avec énormément d'empathie, Thérèse Hargot, elle-même enfant de la pilule,du divorce, de l'avortement de masse (elle est née en 1984), et maintenant mère de famille, donne à voir et à comprendre les questions, les angoisses, les névroses de jeunes hommes et de jeunes femmes que l'on a voulu, depuis trois générations, "libérer"des "tabous" liés à la sexualité. Elle les a écoutés, elle est intervenue auprès d'eux dans les classes, elle raconte : la banalisation de la culture porno, l'obsession de l'orientation sexuelle, la confusion identitaire, la déshérence affective et, malgré tout, l'aspiration du plus grand nombre à l'amour, au couple, à l'équilibre. Édifiant et salutaire.

À lire

Une jeunesse sexuellement libérée (ou presque), de Thérèse Hargot, Albin Michel, 224 pages, 16 €.

Adieu mademoiselle, d'Eugénie Bastié, Les Éditions du Cerf, 224 pages, 19 €.

Adieu Simone ! , de Gabrielle Cluzel, Le Centurion, 128 pages, 11,90 €.

Voir aussi

La sexologue Thérèse Hargot : « La libération sexuelle a asservi les femmes »

Rediffusion : Idées fausses sur les différences salariales entre hommes et femmes

Discrimination — Les lesbiennes gagnent plus que les hétérosexuelles.

 

Extrait de: Source et auteur

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Un commentaire

  1. Posté par Hérodote le

    Fort intéressant! Merci d’avoir affiché cet article!

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