Pour Boualem Sansal

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« La gauche n’aime pas la liberté ! » se désole notre directrice de la rédaction au micro de Sud Radio


Boualem Sansal reste en prison. La Cour d’Appel d’Alger a rejeté son appel hier. En son absence, et en l’absence de son avocat français, interdit d’entrer en Algérie. Depuis le 16 novembre, un écrivain français est détenu par la justice algérienne, poursuivi pour « atteinte à l’unité nationale » et « complot contre la sûreté de l’État ». Il risque la perpétuité. Personne n’a eu de contact avec lui sinon ses avocats algériens commis d’office.
Ses crimes: des écrits, des propos et son irrévérence assumée et joyeuse envers l’islam et envers le régime algérien. Je connais peu d’hommes aussi libres.
Il est otage de la crise franco-algérienne. Son arrestation est un bras d’honneur des Algériens après le tournant marocain et notre reconnaissance du Sahara oriental. Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris (sous tutelle directe d’Alger depuis 1982), longtemps présenté comme un modéré, n’a pas eu un mot pour son collègue de l’Académie des sciences d’outre-mer. Et tous les réseaux algériens en France répètent les éléments de langage du régime de façon assez dégoutante.
La France officielle s’agite en sous-main, mais semble tétanisée. Pas de vagues. Ne les énervons pas. Pour l’instant, cette stratégie de l’hyper-prudence et du silence s’est avérée inefficace. Sommes-nous capables d’utiliser nos moyens de pressions réels : visas, traité de 1968, comptes de la nomenklatura algérienne ?

À lire aussi, Arnaud Benedetti: Qui a peur de Boualem Sansal?

Pour Arnaud Benedetti, directeur de la Revue Politique et Parlementaire, qui organise une soirée de soutien lundi à Paris, le plus grand danger est l’ensevelissement dans l’indifférence. Il y a pire que l’oubli : certains, toute honte bue, en profitent pour cracher sur l’écrivain. Comme Sandrine Rousseau, au micro de Sud Radio, il y a deux jours.

C’était le pompon de l’abjection. J’ai bondi quand je l’ai entendue. Sansal n’a pas à être en prison MAIS ses positions relèvent de l’extrême droite et du suprémacisme, nous a-t-elle dit. Selon la députée, il dirait qu’une civilisation est supérieure à une autre. Cela prouve qu’elle n’a jamais lu une ligne de lui et récite sa leçon. Elle aurait certainement dit aussi que Soljenitsyne était trop anticommuniste et Salman Rushdie islamophobe. Son tweet a d’ailleurs été publié par TSA, un des médias aux ordres du gouvernement algérien – à sa place j’aurais honte. Commentaire : vous voyez bien, cet écrivain d’extrême droite ne fait pas l’unanimité en France.
Je vois là une faillite morale de presque toute la gauche. Un écrivain est accusé de crime-pensée comme on dit dans 1984, emprisonné parce qu’il est libre et ose défier un pouvoir prédateur et dictatorial, et c’est le silence radio chez LFI et les Ecolos. Au PS, c’est service minimum à quelques voix près (M. Guedj, M. Delafosse, Mme Delga). Nos personnalités politiques de toute la vieille gauche sont doublement gênées : un peu complaisantes avec la dictature algérienne par repentance coloniale, et aussi un peu complaisantes avec l’islam politique par ailleurs. C’est exactement comme après Charlie. C’est pas bien de tuer des journalistes, MAIS ils n’auraient pas dû… Je vois là-dedans de la lâcheté, du cynisme et surtout, une haine sidérante de la liberté. Cette gauche a déjà le déshonneur, j’espère que les Français lui infligeront vite la défaite qu’elle mérite.

[email protected]
16 décembre à 20 h, 4 boulevard de Strasbourg, Paris


Retrouvez Elisabeth Lévy dans la matinale de Sud Radio

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