La Suisse enfin démasquée

Stéphane Montabert
Suisse naturalisé, Conseiller communal UDC, Renens
masque

Par la voix de son président Ignazio Cassis, le Conseil fédéral vient de décréter ce mercredi la fin de presque toutes les restrictions liées à la pandémie de Covid.

Presque toutes? Il reste les masques dans les transports en commun et les établissements de santé. Les seconds, passe encore, mais les trains? Alain Berset, qui s'y connaît en port du masque dans le train, répond "qu'on peut choisir le moment d'aller faire ses courses comme y aller dans les heures creuses, par contre souvent on n'a pas le choix pour les transports publics". Euh, non, Alain. Les gens qui vont faire leurs courses aux heures creuses prennent aussi les transports publics aux heures creuses - pour faire leurs course, tiens! - et ceux qui prennent les transports publics aux heures de pointe sont au même régime pour leurs achats.

Bref, comme depuis le début de cette crise, on prend des décisions arbitraires habillées de raisonnements indigents. Mais le grand public a cessé de s'interroger. Il est aidé en cela par des journalistes qui recopient pieusement les paroles de l'Autorité sans jamais les remettre en question. Je suppose qu'un tel trait de caractère est éliminatoire dans les études romandes de journalisme.

Comme ironisait un Internaute, "j'espère qu'un jour nous aurons le décompte exact des vies que tous ces marquages de flèches sur le sol dans les commerces auront permis de sauver..."

Le port du masque dans les transports publics remonte au 6 juillet 2020. Il fallait voir la Suisse se couvrir le visage quasiment du jour au lendemain! Cette démonstration de docilité collective illustrait que les Suisses, débrouillards, avaient bien réussi à mettre la main sur des stocks de masques malgré toutes les pénuries ; et qu'ils croyaient davantage en l'obéissance aux autorités qu'à l'utilité du masque, faute de quoi ils n'auraient pas attendu qu'il soit obligatoire pour s'en servir. Il est vrai qu'à l'époque nous ne savions pas encore que des recherches avaient prouvé que le masque ne servait à rien. Ni que les autorités le savaient depuis longtemps (et l'avaient même affirmé en début de crise, une excès coupable de sincérité dont elles surent se reprendre par la suite).

Certes, je ne m'attendais pas à ce que le grand public soit au courant de ces détails mais tout de même, survivre à l'apocalypse méritait d'aller faire un petit tour sur le terrain ce matin. Las! Si beaucoup d'employés de commerce et de clients de cafés montraient une satisfaction visible à ne plus arborer la marque de la soumission, j'aperçus encore beaucoup de visages chirurgicaux lors de ma petite excursion - le plus souvent des femmes, et beaucoup de gens, ironie suprême, continuant de porter le masque, mais sur le menton.

Les habitudes sont fortes après un an et demi sous la contrainte. Et puis, la plupart des Romands ont encore de sacrés stocks à écouler. Il ne faudrait pas gâcher, comme on dit ici.

Plus amusant encore, il y a des gens - si si, je vous promets - qui regrettent la fin du port du masque obligatoire. Des personnes qui continuent religieusement de le porter, aujourd'hui encore. C'est assez cohérent, en fin de compte. Si on a peur du Covid et qu'on pense que les masques sont efficaces, alors il n'y a pas de raison de se priver. Mais je suis curieux de voir combien de temps ces irréductibles subsisteront dans leur acharnement facial, alors que nous avons quitté le régime de l'autoritarisme.

Je n'ai strictement rien contre les gens qui portent encore le masque - c'est un choix personnel, et en tant que libéral je n'ai jamais cessé de prôner que chacun fasse comme bon lui semble. Je pense juste qu'il leur sera plus difficile de le faire sans se couvrir de ridicule, maintenant que l'obligation est tombée.

À partir de ce jour, c'est en portant encore le masque qu'on se fait remarquer.

Mauvaise saison pour les menteurs

Bien qu'il annonçât plutôt de bonnes nouvelles, le Conseil fédéral semblait fébrile ce mercredi. Peut-être à cause de la petite fièvre d'Ignazio Cassis, ironie du destin. Mais aussi parce qu'il est difficile de garder son calme en mentant comme des arracheurs de dents. Reprenons les mots de M. Berset: "Nous entrons dans une phase de transition, la phase aigüe est terminée, la situation nous permet de prendre cette décision d'ouverture..." Baratin, baratin, baratin.

Pourquoi le Conseil fédéral assouplit-il soudainement les mesures à ce point-là? La réponse nous est fournie entre autres par Le Temps - comme quoi nous vivons vraiment une période exceptionnelle. Elle tient en une phrase: la stratégie du tout-vaccinal est un échec total, chiffres à l'appui:

Alors que le Conseil fédéral a déjà commandé environ 15 millions de doses de vaccins pour 2022 (réparties équitablement entre Moderna et Pfizer), les autorités cantonales peinent à convaincre leurs habitants de se faire administrer la troisième dose. Au total, seul 40% de la population suisse (et liechtensteinoise) a reçu le booster et le nombre d’injections ne cesse de diminuer.

Ces "vaccins" qui n'en méritent même pas le nom sont mauvais et les Suisses ont fini par s'en rendre compte. Les menaces du Conseil fédéral et ses innombrables revirements (comme la réduction de la validité du Certificat Covid d'un an à 270 jours) ont provoqué l'effet inverse de celui que les autorités escomptaient. Les gens se sont détournés du vaccin, du booster et du reste.

Le Conseil fédéral s'est retrouvé dans une impasse. Continuer la politique du poing sur la table aurait amené des centaines de milliers d'habitants double-vaccinés du pays à grossir les rangs des parias non-vaccinés, leur coupant du même coup toute vie sociale, sorties et autre participation à la vie économique du pays. Une situation catastrophique, entièrement liée aux décisions du Conseil fédéral, pour tous les secteurs économiques vivant d'une quelconque interaction avec le public. Il est d'ailleurs probable qu'un certain nombre d'entreprises publiques "refusant" d'employer des non-vaccinés auraient elles aussi cessé leur activité faute de personnel.

Alors, le Conseil fédéral a reculé. Et menti, bien sûr. Pareille chose ne s'admettra jamais en public.

Ce n'est pas encore le printemps mais un petit vent de liberté retrouvée souffle sur la Suisse. Et on sent une certaine inquiétude monter chez les partisans de la manière forte - les médias, par exemple.

Les gens vont se poser des questions sur les décisions prises pendant la crise - une crise largement plus politique que sanitaire. Il va y avoir des enquêtes, des demandes de justification, des détails à fournir quant aux contrats entre Pfizer et Moderna et la Confédération, ou ces étranges exemptions de responsabilité. Quels sont les liens entre les membres de la Task force fédérale et les entreprises pharmaceutiques? Quels éléments scientifiques ont justifié le régime d'exception que s'est octroyé le Conseil fédéral? Quelles sont les séquelles de ces deux ans sur les enfants, les adolescents, les personnes âgées isolées, les gens au psychisme plus vulnérable? Pourquoi toutes ces statistiques erronées?

Oui, il y aura des enquêtes, des scandales et des plaintes. En un mot, des conséquences.

On comprend pourquoi tant de gens n'avaient pas le sourire hier, tant chez les politiciens que chez les journalistes. Vraiment un beau mercredi.

Stéphane Montabert - Sur le Web et sur LesObservateurs.ch, le 17 février 2022

3 commentaires

  1. Posté par Stephane Montabert le

    @Al K0lic: votre désespoir et votre défaitisme font de vous un triste individu, dont je ne partage pas le cynisme stérile. Je vous laisse à votre dépression, et je continue à espérer et à soutenir ceux qui tentent de dévoiler la vérité et de trouver les responsabilités, car il y en a.

    La première étape est facile, elle consiste à trouver les traces. Nous verrons bien où tout cela nous mène.

  2. Posté par Al K0lic le

    Il n’y aura jamais d’enquête, de scandale. Peut-être quelques plaintes, mais qui seront vite classées car allez prouver qu’ils savaient ! Il n’y aura donc jamais de conséquences pour ces gens-là.

    Et même s’ils devaient passer par une élection pour retrouver leurs postes, ils les retrouveraient facilement. Regardez en France, vous pensez sincèrement que EM ne sera pas réélu, malgré le fait qu’il soit une calamité sans nom ?

  3. Posté par Serguei le

    S’il y a une chose qui DOIT être faite M.Montabert, c’est au niveau politique et judicaire… les partis, l’UDC entre autre, doit, et cela n’est pas discutable, doit exiger les réponses aux décisions prises par tous les intervenants aussi bien politique que professionnels lors de ce tragique épisode de pandémie. Et les mesures qui devront être prise à leur encontre. Car laisser sans aucune réaction politique, judiciaire ces ignominies subies, ce sera encourager ces mêmes individus et sociétés à recommencer.

Et vous, qu'en pensez vous ?

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