Le chef d’état-major américain n’exclut pas une coordination avec les talibans pour lutter contre Daesh

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· 6 septembre 2021

La semaine passée, dans un entretien donné au quotidien « The Telegraph« , le chef d’état-major de la Royal Air Force, l’Air Chief Marshal Sir Mike Wigston, a suggéré que, malgré le retrait de l’Otan – et donc des États-Unis – d’Afghanistan, les forces aériennes britanniques resteraient prêtes à frapper, si nécessaire, l’État islamique [EI ou Daesh], dont sa branche afghano-pakistanaise [EI-K].

« Nous devons être en mesure de tenir notre rôle dans la coalition internationale pour vaincre Daesh, qu’il s’agisse d’une frappe ou de déplacer des troupes et du matériel dans un pays particulier, à grande échelle et rapidement », a-t-il dit, insistant sur le fait que les forces britanniques doivent se tenir prêtes à intervenir dès qu’une « menace directe ou indirecte » pèse sur le Royaume-Uni et ses alliés. Et d’ajouter : « L’Afghanistan est probablement l’une des régions les plus inaccessibles du monde, et nous pouvons y opérer ».

Seulement, le chef de la RAF n’a pas dit comment il comptait s’y prendre étant donné que l’Afghanistan est un pays enclavé et qu’il n’y a que très peu de chances que ses voisins autorisent le survol de leur territoire par des chasseurs-bombardiers dont la mission serait de détruire des camps d’entraînement de l’EI-K ou d’al-Qaïda. Qui plus est, faute de disposer de moyens de renseignement et d’intervention dans le pays, déceler les menaces éventuelles s’annonce très compliqué.

La tentation serait donc de s’appuyer sur… les talibans. Le 4 septembre, un autre quotidien, le Daily Mirror [proche du Parti travailliste] a évoqué l’existence d’un plan consistant à solliciter les forces spéciales britanniques pour former les talibans aux missions de contre-terrorisme. Cependant, une telle mesure ne serait prise qu’en dernier recours.

« Le Royaume-Uni doit être pragmatique », a indiqué une source du journal. Et celui-ci d’ajouter que le « point du vue du ministère des Affaires étrangères et du 10 Downing Street [Premier ministre, ndlr] est que si les Occidentaux n’offrent pas de soutien au talibans, alors la Chine et la Russie le feront ».

Cependant, une telle éventualité ne passe évidemment pas dans les rangs des forces britanniques, qui ont perdu 457 des leurs en Afghanistan.

« Nous n’avons aucune idée de ce que les talibans feraient avec le soutien que nous leur fournirions. On ne peut pas leur faire confiance, quoi qu’ils disent », a résumé l’ex-colonel Richard Kemp, qui a servi en Irak et en Afghanistan. D’autant plus que les liens entre le mouvement taleb et al-Qaïda subsistent toujours.

« Ce que le gouvernement britannique doit d’abord faire, c’est définir ses objectifs stratégiques. Ce n’est qu’après que nos actions futures auront un sens » car, faute de quoi, on ira « vers un nouveau désastre », a fait valoir le général Lord Dannatt, un ancien chef d’état-major de la British Army.

Cela étant, outre-Atlantique, et sous réserves qu’ils montrent un nouveau visage, le chef d’état-major interarmées, le général Mark Milley, n’a pas exclu une possible « coordination » entre les forces américaines et les talibans pour des frappes contre l’EI-K. Ce qui ne serait pas une première…

En mars 2020, soit quelques jours après la signature de l’accord de Doha, le général Kenneth McKenzie, alors chef de l’US Centcom, le commandement pour l’Asie centrale et le Moyen-Orient, avait indiqué que les forces américaines avaient fourni un « soutien limité » aux talibans, alors aux prises avec l’EI-K dans la province afghane de Nangarhar.

« Ces derniers mois, dans l’est de l’Afghanistan, nous avons observé les talibans contenir et écraser une présence de l’EI sur le terrain dans la province de Nangarhar et ils l’ont fait avec beaucoup d’efficacité. Il y avait un soutien très limité de notre part », avait-il en effet déclaré, sans donner plus de détails, lors d’une audition parlementaire.

Plus tard, interrogé sur la nature de ce « soutien limité », un porte-parole du Pentagone avait botté en touche. « Je n’ai aucun détail à vous fournir. Mais c’est ce qu’on espère : l’espoir est que toutes les forces là-bas combattent l’EI, que toutes les forces là-bas combattent al-Qaïda, parce que l’espoir, c’est que l’Afghanistan ne redevienne jamais un refuge pour des opérations terroristes », avait-il répondu à la presse.

Quoi qu’il en soit, le 4 septembre, à l’antenne de Fox News, le général Milley a estimé que « les conditions d’une guerre civile » étaient « susceptibles d’être réunies » en Afghanistan, ce qui pourrait conduie « à une reconstitution d’Al-Qaïda ou à un renforcement de l’EI ou d’autres groupes terroristes ».

source: http://www.opex360.com/2021/09/06/le-chef-detat-major-americain-nexclut-pas-une-coordination-avec-les-talibans-pour-lutter-daesh/

2 commentaires

  1. Posté par Jim-Alain DROZ DIT BUSSET le

    La naivete des americains fait vraiment pitie !Combien de combats et vies humaines perdus ?

  2. Posté par Eclair le

    Curieux de savoir ce qu’en pensent les victimes du 11 septembre 2001.

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