Quand l’idéologie prend le pouvoir

Yves Nidegger
Avocat, Conseiller national UDC, Genève
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Quand l’idéologie prend le pouvoir…

 

Dans une dictature classique, le peuple apeuré est en souffrance mais le dictateur, lui au moins, se délecte des pleins pouvoirs qu’il peut exercer sans partage sur autrui. Parfois avec l’aide d’une idéologie. Mais lorsque l’idéologie prend elle-même le pouvoir, les dictateurs rejoignent les apeurés en souffrance à l’image du biélorusse Gromyko, grand ponte aux éternels yeux de chien battu, qui régna indéboulonné jusqu’en 1985 sur la diplomatie soviétique, sans jamais oublier toutefois qu’il y était entré en 1939 à la faveur des grandes purges...  Si l’exploitation de l’homme par l’homme est humainement choquante, la soumission de tous à une seule idée relève de l’inhumain.

 

C’est à la faveur d’une crise, dont la brutalité envoie dans les cordes de l’hébétude des schémas de pensée avérés mais en flagrant délit d’incompétence face au besoin urgent de nommer afin de donner sens à l’irruption d’un danger inconnu, qu’une idée parvient en général à s’emparer du pouvoir en imposant une fiction destinée à prendre la place du réel. Par défaut, du fait du besoin impérieux des humains de donner sens aux choses en les nommant et de l’absence de tout discours alternatif autorisé qui permettrait de confondre la fiction par confrontation à une réalité d’autant plus effrayante qu’elle reste encore mal définie.

 

Deux exemples font craindre actuellement un retour massif des idéologies au pouvoir : la crise sanitaire, d’une part, l’enfant pour tous, d’autre part. Dans la sidération de l’irruption mondialisée d’un agent pathogène inconnu dont on ne sait pas soigner les complications graves, un quarteron d’experts autorisés a proclamé l’état d’urgence planétaire et renvoyé sa levée au jour où le dernier habitant humain de la planète aura été inoculé. Personne ne pouvant, et pour cause, formuler de vérité alternative, l’idée est devenue un dogme, immunisé à ce titre contre la réalité : peu importe aujourd’hui que les pays les plus vaccinés soient devenus les plus contaminés, la fiction énoncée une fois pour toutes ne peut être rediscutée avant que le plan ait été entièrement réalisée, tout comme les bienfaits du communisme véritable ne pouvaient être contemplés avant que le monde entier ne soit devenu communiste.

 

Dans l’intervalle on enchainera les plans quinquennaux et on multipliera les doses en rapprochant les prises pour les populations accoutumées capables de financer l’exercice.

 

Dans leur volonté d’éliminer toute forme d’inégalité entre hommes et femmes, un quarteron d’idéologues a déclaré la guerre aux pires différences qui soient, celles instaurées par la nature : les bébés sortent toujours du ventre des dames, jamais de celui des messieurs. L’inverse étant vrai pour le sperme, ils ont proclamé l’inscription de l’enfant sans père dans le code civil et promu son mode d’emploi dans la loi sur la procréation, préalable nécessaire à l’institution de l’enfant sans mère, égalité de traitement oblige.

 

L’idée est devenue un dogme, immunisé à ce titre contre la réalité : peu importe les problèmes de structuration de l’identité bien connus chez les enfants privés de la connaissance de la moitié de la filiation qui les compose, la fiction de l’absence de problème proclamée une fois pour toutes par les idéologues ne pourra être rediscutée avant qu’une génération entière d’enfants condamnés à ce destin en vue de favoriser le rêve d’épanouissement particulier de certains adultes n’ait atteint l’âge du droit de vote et ne puisse s’en plaindre.

 

Yves NIDEGGER, 6.09.2021

 

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